Plus ennemi du Quinquina Que d'Augufte ne fut Cinna.
Vrai Bafilic, qui tuoit d'une œillade, Des plus beaux jours il trancha le filet: Et n'auroit pas épargné fon mulet, Si fon mulet avoit été malade,
'Ou qu'il n'eût pas lui-même été pris au colet. ̧
Epitaphe d'un Prêtre.
SONNE T.
Frere Jean l'autre jour mourut de la gravelle,, Et foudain aux enfers fon ame devala.
Un Démon, qui pour lors étoit en sentinelle,, Le voïant approcher, lui cria, qui va-là ?
Un Prêtre, répondit cette ame criminelle. Alte, dit le Démon, alte, arrêtez-vous là, Je vais au Caporal en porter la nouvelle Qui me poftant ici m'a commandé cela.
Le Prêtre fur cela voulant forcer la porte, Le Caporal s'avance, & lui dit de la forte, Prêtre retirez-vous, fachez qu'en ce bas lieu,
Vous ne pouvez entrer ni vous, ni vos femblables, Car puis qu'étant là haut vous mangez vôtre Dieu, Quand vous feriez ici vous mangeriez les Diables.
DIE U.
Toutes les créatures doivent louer Dien, & rendre hommage à leur Créateur.
CANTIQUE.
Temple du Monarque du monde,
Ciel, près de qui les autres Cieux De honte ferment tous ces yeux Qui brillent dans la nuit profonde: Ciel, qui par un heur fans pareil, As Dieu même pour ton Soleil, Par une amoureuse présence, Palais de fa céleste Cour, Trône de fa magnificence,
Adore fon pouvoir, & beni fon amour.
Rares & fuperbes ouvrages, Merveilles, chefs-d'œuvres divers, Qui paroiffez dans l'Univers, Venez rendre à Dieu vos hommages; Ce que vous avez de beauté, De richeffe, & de majesté, Vous le devez à sa puissance; Elle vous a formez de rien, Et la loi de fa providence
Eft de vôtre grandeur l'infaillible foûtien.
Globes d'airain, miroirs mobiles, Où l'on voit la Divinité, ̈
Sans que fon ardente clarté Eblouiffe nos yeux débiles;
Cieux, à qui par des noeuds cachez Les élemens font attachez, Sacré fejour de l'harmonie, Voiles femez de Diamans,
Louez la fageffe infinie,
Qui d'un ordre éternel régle vos mouvemens.
Honneur de l'immortelle Cour,
Ardentes fournaises d'amour, Chantres des divines louanges; Vous, à qui de fes faints arrêts Dieu fait connoître les fecrets, -Aigles qui portez fon tonnerre, Aftres vivans, ames des Cieux, Vengeurs des crimes de la terre, Louez Dieu, qui vous donne un rang fi-glorieux.
Toi qui d'or, d'azur, & de rofes Semes l'horizon blanchissant,
Et vois avec le jour naiffant Renaître tant de belles chofes, Lors qu'en cet appareil pompeux, Au pere des célestes feux
Tu reviens ouvrir la carriere, Beni la main dont tu reçois
Les richeffes de ta lumiere
Et demeure fidéle à l'ordre de fes loix.
Vous, dont la nuit feme fes voiles Cheres compagnes du fommeil, Claires rivales du Soleil,
Yeux du Ciel, puiffantes étoiles, Toûjours d'un feu luifant & pur, Eclatez dans le fombre azur,
Où le Seigneur vous a placées;
Et foiez chacune un miroir - Qui repréfente à nos pensées
Un Dieu qu'avec raison l'on aime fans le voir...
Roi des campagnes azurées,
Qui des aftres fais tes maisons, Grand flambeau, par qui les faifons Sont fi juftement mesurées,
Ame, dont le monde est le corps, Soleil, qui de tant de tréfors Rens nos vaftes plaines fecondes, Lors que couronné de fplendeur, Tu fortiras du fein des ondes, Du Dieu, qui te conduit adore la grandeur.
Beni fa main toute-puiffante, Toi qui d'un cours fi diligent Sur un char d'ébene & d'argent Fournis ta carriere inconftante; Aftre, que le filence fuit, Lune, qui de l'obscure nuit Illumines les fombres voiles, Qui regnant au Ciel à ton tour, Te fais un trône des étoiles,
Et confoles nos yeux de la perte du jour..
Toi, que nous voïons couronnée, De tant de bouquets précieux, Lors qu'après l'hiver ennuyeux Le printems rajeunit l'année, Riche centre de l'Univers, Qui combles de préfens divers Le laboureur qui te déchire; Corps d'éternelle fermeté, Terre nôtre premier empire
Du Dieu qui te foûtient beni la majesté.
Fameux théatre des naufrages Toi dont les flots impetueux Viennent d'un pas refpectueux Baifer le fable des rivages; Creux & vafte empire du vent, Dont le calme eft fi decevant, Molle ceinture de la Terre, Lien des peuples écartez,
Champ de la paix & de la guerre, Mer, fais benir ton Maître à tes flots redoutez
Vents, dont les forces redoutées Troublant la bonace des flots Font perdre à l'art des matelots- L'efpoir des rives fouhaitées; Grêles, ravines, tourbillons, Qui de nos fertiles fillons Coupez les richeffes tremblantes, Louëz Dieu qui conduit vos coups
Lors que nos fautes infolentes Contraignent fa justice à s'armer contre nous...
Feu, qui voles devant sa face, Et qui par fes commandemens, Des plus fuperbes bâtimens A peine laiffes quelque trace: Tempêtes, par qui le courroux D'un Monarque amant & jaloux Fait des ravages fi funeftes; Fléches de fon riche carquors, Foudres, louez les bras céleftes, Qui vous favent lancer fur la tête des Rois.
Courier, qui jamais ne reposes, Sage médecin des ennuis,
Flambeau, qui des plus noires nuits Tires la verité des choses;
Temps, dont le pouvoir fouverain, Sur le fer, le marbre & l'airain,
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