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et Raton. Réaction de la tragédie contre le drame.
MM. Ponsard et Latour

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- Mademoiselle Rachel. -
de Saint-Ybars : Lucrèce.·
ginie. M. Emile Augier.

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LIVRE DOUZIÈME.
L'Utopie dans l'histoire.

Agnes de Meranie.-Vir-Nouveaux historiens de la Révolution. - M. de La-
martine les Girondins. — M. Michelet dans la se-
conde phase de son talent: Histoire de la Révolution
française. Examen de la théorie historique de l'an-
teur. M. Louis Blanc: Histoire de la Révolution

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DE LA

BIBLIOGRAPHIE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE

No 7

PARIS, 30 JUIN, 1855.

1re ANNÉE.

Deux numéros par mois, le 15 et le 30 ou 31. - Chaque numéro une ou deux feuilles, 32 ou 64 colonnes. Prix de l'abonnement: 4 fr. par an. - Paris, rue de Choiseul, 21.

NOUVELLES ET FAITS BIBLIOGRAPHIQUES

La vente de la bibliothèque de M. l'abbé Bearzi a beaucoup nui à celle de M. A. S.; et il est probable qu'elle aura également une fàcheuse influence sur celle de M. le baron de Waren

turés de façon à les rendre complétement méconnaissables.

-La bibliothèque de M. Jules Renouard ne de son père; mais elle ne manquait pourtant pouvait, sur aucun point, être comparée à celle

pas
de valeur. Cet éditeur avait l'habitude de
conserver un exemplaire de chacun des ouvra-

ghien. Ces trois collections ont, en effet, beau-ges qu'il publiait, et, en dehors de cette louable

coutume, il avait réuni un assez bon choix
d'ouvrages, dont quelques-uns se sont assez bien
vendus. Les figures de l'Histoire de France, des-
sinées par Moreau le jeune, avec le discours de
l'abbé Garnier, 2 vol. in-4o, 120 fr.; les Mémoi-
res du duc de Saint-Simon, exemplaire en pa-
pier vélin, de l'édition in-8° de 1829, 152 fr.;
les 3 volumes publiés du Journal historique de
Barbier, 73 fr.; on sait combien le premier est
difficile à trouver; le Traité des Monnaies des
Barons, de Tobiesen Duby, 100 fr.; les manus-
crits autographes de Girodet ne se sont vendus
que 28 fr.; il est vrai qu'ils ne contenaient
rien en dehors des deux volumes d'œuvres pos-
thumes de ce peintre, bien moins célèbre com-

coup d'analogie puisque leur richesse consiste
surtout en éditions de classiques grecs et latins.
Habitant ordinairement l'Allemagne, pays où le
culte de l'antiquité est poussé à un plus haut
degré que de notre côté du Rhin, M. l'abbé
Bearzi, a eu plus de facilité pour former sa col-
lection; mais il l'a aussi complétée d'une façon
bien supérieure à ses deux concurrents. Ainsi
un superbe exemplaire de la première édition
d'Homère, Florentiæ sumptibus Bernardi et Nerii
Neriiorum, 1488, 2 vol. in-fol. a rapidement
monté à 1,350 fr.; les mêmes œuvres, édition
des Aldes, 2 vol. petit in-8°, 1504, ont été adju-
gées à 725 fr.; un autre exemplaire sortant aussi
des presses de ces célèbres imprimeurs, édition | me poète que comme artiste.
de 1524, a été vendu 153 fr. Il est rare qu'un
collectionneur possède trois éditions aussi im-
portantes. Les fables d'Esope, édition des Al-
des, in-fol. 1505 se sont vendus 130 fr. Un
manuscrit de la concordance des bibles exé-
cuté au commencement du quatorzième siècle,
sur peau de vélin a été adjugé à 105 fr.

M. Edwin Tross, qui était chargé de cette vente, a importé à la salle Silvestre une coutume de l'Allemagne qui nous l'espérons sera imitée par les libraires français. Il appelle seulement les numéros du catalogue au lieu de lire les titres des ouvrages; cette méthode qui fait que la vente s'exécute plus rapidement a aussi l'avantage de ne pas écorcher les oreilles des bibliophiles par la lecture des titres en langue étrangère, et souvent même en français déna

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La vente des autographes de M. A. A. Renouard est commencée depuis le 21 juin; nous en rendrons compte dans le prochain numéro. Celle de la bibliothèque de M. le baron de Warenghien doit avoir lieu le 9 juillet; le catalogue est en distribution chez M. Jannet. Cette collection est surtout remarquable par les éditions de classiques et par un grand nombre d'ouvrages relatifs à l'histoire et à la littérature de la Flandre et de l'Artois. M. le baron Warenghien habitait Douai.

Les Anglais se montrent tout aussi curieux que nous d'autographes et de livres précieux. On vendait, il y a quelques jours, à Londres, la bibliothèque de lord Stuart de Rothesay, qui avait rassemblé, en grande partie, la collection curieuse de livres et de manuscrits précieux

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ayant appartenu au marquis de Pombal, ce cuei li ces productions légèrement éerites, graPortugais illustre qui, après avoir gouverné son pays en ministre omnipotent pendant vingt-sept, ans, mourut exilé et oublié. Calomnié par ses ennemis, loué à l'excès par ses partisans, le marquis de Pombal a le mérite incontesté, pour les bibliophiles, d'avoir rassemblé des documents précieux pour l'histoire et pour les

arts.

vement pensées, et j'ai même trouvé que ces spirituels travaux, si dissemblables de date, d'origine, de sujets, gagnaient en intérêt, par le seul fait d'être ainsi groupés matériellement, groupés qu'ils étaient moralement par une tendance uniforme, et que, de plus, il ne laissait pas que d'y avoir quelque chose de piquant dans le rapprochement de personnalités si contraires. J'avais sous les yeux une galerie d'esquisses tracées d'un coup de crayon vif et hardi, dans laquelle figuraient côte à côte les silhouettes ou les portraits de MM. Guizot, Mignet, Béranger, Nicolardot, George Sand, Veuillot, Alfred de Musset, d'hommes enfin qui, dans les combats littéraires comme dans les luttes politiques, servent sous des drapeaux, dans des rangs et avec des grades bien divers.

La Divine Comédie, commentée par le fils du Dante, manuscrit sur vélin, s'est élevée au prix de 127 livres sterling; les Merveilles du Monde, de Marco Polo, imprimées à Venise en 1496, 19 livres sterling; 11 volumes des premières éditions du Voyage de Bry, 205 livres sterling; le Miroir de l'Histoire, manuscrit sur vélin, avec de nombreuses et riches enluminures, qui coùta plusieurs années de patience et de travail à Gille Gratien, 535 livres sterling 10 schell.; Of- Je suis loin de partager d'une manière absocium beatis Virginis Mariæ, très petit manus-lue et complète les opinions de M. de Poutmarcrit sur vélin du seizième siècle, avec quatre merveilleuses miniatures de Guilio Clovio, élève de Jules Romain, dont les travaux en ce genre sont souvent attribués à son maître, s'est vendu 115 livres sterling 10 schell.

MÉLANGES.

J. A.

Un recueil considérable et à juste titre fort estimé, la Bibliothèque de Genève, a publié dans sa dernière livraison un article que nous croyons devoir reproduire en entier. Il n'est pas sans intérêt de voir comment la critique et les écrivains les plus distingués à l'étranger, apprécient et condamnent certaines attaques formulées par certaines gens. Voici cet article:

M. A. DE PONTMARTIN

ET

M. GUSTAVE PLANCHE

Les Nouvelles Causeries littéraires de M. Armand de Pontmartin forment un joli volume que j'ai eu hâte de me procurer aussitôt que la publication en a été annoncée. Je me réjouissais d'y revoir d'anciennes connaissances, de retrouver là d'aimables études qui avaient paru pour la première fois dans la Revue Contemporaine, dans la Revue des Deux Mondes et en d'autres excellents endroits.

L'agréable souvenir que j'avais conservé de ces articles épars a été rafraîchi et nullement gâté par une seconde lecture. Je me suis applaudi de ce que M. de Pontmartin avait re

tin: je ferai mes réserves avant que d'adopter nn grand nombre de ses déductions; j'ai, tout en courant, marqué du bout de l'ougle quelques passages nuancés autrement que je ne voudrais; mais je trouve dans ces causeries un grand fond de courageuse honnêteté et de rectitude morale, une intelligence saine et à qui la probité n'a rien ôté de la largeur des vues, un esprit délicat et droit, et puisqu'il est convenu que le style c'est l'homme, un homme avec qui la discussion ne saurait dégénérer en dispute, convaincu mais jamais persécuteur, un gentilhomme enfin, et non pas un sectaire.

A qui de nous n'est-il arrivé d'être, par les hasards de la vie, rapproché pour quelques heures d'un de ces sympathiques compagnons de route qui charment et dissipent les ennuis du voyage, grâce à une certaine communauté d'impressions non moins qu'à l'attrait de leur conversation et au charme de leur esprit. Après avoir lu le livre de M. de Pontmartin, je me suis dit : « Voilà une de ces heureuses rencontres. >>

Il parait que mon appréciation n'avait pas le sens commun et que ces Causeries littéraires sont un fort mauvais livre. C'est M. Gustave Planche qui le déclare1, et il faut bien qu'il dise vrai, car l'amour seul de la vérité peut, je ne dirai pas excuser, mais pallier la brutalité avec laquelle il déchaîne contre le volume sans prétention de M. de Pontmartin les dogues furieux de sa critique. J'avoue naïvement que j'ai été fort étonné d'apprendre que l'auteur de cet ouvrage était un homme perdu par sa vanité, ruiné moralement et sans retour, aussi perfide ennemi

Revue des Deux-Mondes, numéro du 15 mai 1855.

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et abondante, un souffle lyrique qui donnent à
son style un charme magnifique et une séduc-
tion irrésistible. Ces belles et mélodieuses créa
tions resteront toujours jeunes, car elles ont
traversé, sans y contracter la moindre ride,
l'époque périlleuse pour un livre: les vingt ans
qui suivent un succès.

que vil flatteur, et qu'il occupérait désormais | tine. Il y a dans les premières œuvres de Geordans l'opinion publique la place ridicule que ges Sand une richesse dé pensée, une simplicité M. Planche lui assigne à côté de M. Nicolardot. d'expression, une verve tout à la fois contenue Je n'en suis point à apprendre que M. Planche considère ses propres opinions comme des axiomes qu'il est inutile de prouver et stupide de discuter; je sais qu'il donne volontiers à ses idées les allures d'un dogme, et qu'il est aussi absolu dans ses doctrines que despotique dans sa façon de les imposer; je sais enfin qu'entre ses Mais après avoir posé le pied sur ces glorieumains expérimentées la plume est une férule dont il se sert en magister de village. Cepen- ses et poétiques sommités qui portaient encore dant, il est ordinairement plus raide qu'emporté, l'empreinte des pas de Rousseau, Georges Sand et je n'avais jamais vu chez lui une colère aussi les a quittées, et dès lors son talent est deséclatante, (car je n'ai qu'atténué les termes et cendu graduellement et presque sans réaction; amoindri les développements), ni assisté à une elle a d'abord asservi son imagination aux ennuagression, j'allais dire si peu parlementaire, je yeux développements de systèmes obscurs et ridirai si peu littéraire. La violence du coup qui dicules; puis elle a saisi les cornes de la charrue portait en plein sur mes vives sympathies a été et appris le patois; cette culture ingraté a été telle que j'en ai d'abord été étourdi; j'ai laissé promptement délaissée pour des essais dramatitomber à terre mes illusions froissées et meur-ques qui ont pris place sans trop de peine dans tries, et je me suis dit : « M. Planche est un ter-la petite monnaie courante des vaudevilles éphérible exécuteur; mais, certes, ce n'est pas à lui qu'on pourra reprocher de dorer la guillotine.» Toutefois, la réflexion est survenue qui m'a rendu quelque courage; je me suis rappelé le M. de Pontmartin juge ces mémoires avec rimot de Figaro : « Il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits. » On n'emploie gueur; eh bien! je dois le dire, l'indulgence pas une massue pour écraser une mouche; pour une œuvre pareille eût été de la faiblesse. puisqu'on siffle avec tant de haine, c'est qu'il y Comment? voilà une femme qui remplit trois a des gens qui applaudissent. Evidemment, je volumes des détails les plus puérils sur son enn'étais pas seul, ai-je pensé; je suis alors re- fance, et ces volumes-là ne seraient pas fastitourné vers ma bibliothèque, et j'ai repris les dieux qui remplit trois autres volumes des déCauseries littéraires sur le rayon où elles som-tails les plus significatifs sur les intrigues, et pire meillaient depuis quelques jours entre les Cau- que cela, de ses parents, sur l'impiété de sa series du Lundi de M. Sainte-Beuve et les Por-grand-mère et sur les aventures galantes de sa traits révolutionnaires de M. Cuvillier-Fleury.

Sur les vingt-deux études qui composent le livre de M. de Pontmartin, il y en a deux qui servent de texte et de prétexte aux diatribes de M. Planche; des autres il n'en est pas même fait mention; c'est donc d'après deux chapitres, deux seuls, c'est-à-dire un dixième de l'ouvrage, que l'auteur est condamné au ridicule à perpétuité. Il ne fallait, du reste, que deux lignesà Laubardemont pour faire pendre un homme; il n'y a donc pas lieu de s'étonner que vingt pages aient paru suffisantes à M. Planche, qui est bien un aussi grand juge que Laubardemont.

Voyons donc ces deux chapitres coupables: l'un concerne Georges Sand, l'autre Béranger.

Je crois sincèrement que notre siècle a produit quatre poëtes: Lamartine, Victor Hugo, Alfred de Musset et Georges Sand. Je ne connais rien de plus harmonieux que cette phrase pleine et sonore d'Indiana, de Mauprat ou de Valen

mères; enfin, elle en est arrivée aujourd'hui à publier l'histoire de sa vie, et c'est ainsi que, de chute en chute, le génie s'est enfui pour faire place au métier.

mère, et ces volumes-là ne seraient pas scandaleux, et M. de Pontmartin serait ridicule parce qu'il se fait l'interprète de toutes les intelligences honnêtes qu'attristent ces pages humiliantes, et qu'il montre la décadence du talent inséparable de la décadence des doctrines. Quand quelqu'un jette ainsi sa vie et les os de ses ancètres pèle-mèle sur la grande route publique, de quel droit M. Planche interdirait-il aux passants de les fouler aux pieds?

Quant à Béranger, je regrette que M. Planche n'ait pas mieux précisé ce qui, dans l'article dé M. de Pontmartin excite si fort sa colère. Est-ce la critique littéraire? Est-ce la critique politique? Est ce la critique religieuse? Est-ce, en un mot, l'analyse du talent ou le procès intenté aux tendances de Béranger, qui cause l'indignation de M. Planche. Plutôt que de poser ainsi la question sur son véritable terrain, M. Planche a préféré prendre pour ainsi dire en bloc la renommée de

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Béranger et en faire une personnalité glorieuse, | Charité, soient une insulte à tous les sentiments poétique, excellente, à laquelle il est défendu de religieux? Est-il vrai qu'il ait constamment froissé toucher, comme il était interdit au moyen-âge et outragénos croyances dans ce qu'elles ont de de contester la science d'Aristote. plus délicat comme dans ce qu'elles ont de plus élevé? Tout cela est-il vrai?

Il me paraît, je l'avoue, difficile de croire que ce soit la critique littéraire de M. de Pontmartin qui ait blessé le goût si habituellement difficile de M. Planche. M. Sainte-Beuve et M. de Pontmartin après lui, affirment que le nombre des sacrifices au refrain et des mauvais vers, commis par Béranger, est très-considérabl, et ils citent à l'appui de leur opinion quelques exemples tirés du Dieu des Bonnes gens.

Ainsi :

Vous rampiez tous, ô rois qu'on déifie!
Nous pour braver des maitres exigeants

et plus loin:

Sur nos débris Albion nous défie.

ou encore:

O chérubins à la face bouffie,
Réveillez donc les morts peu diligents.

Je me bornerai à ces citations, provenant d'une des chansons les plus vantées de Béranger. Si M. Planche trouve que ces vers soient dignes d'un poète, je n'ai qu'une chose à dire, c'est qu'il n'a pas jusqu'ici habitué ses lecteurs ni ses victimes à tant d'indulgence.

Passons donc à la critique politique.

M. Planche évitera de répondre et dira: « Accuser l'auteur des Hirondelles d'impiété! C'est ridicule!

« Un chansonnier n'est pas un homme politique, ni un théologien, ni un moraliste, il est chansonnier, et des chansons on les chante, on ne les discute pas. >>

Entendons nous, je vous prie. Dans une émeute, un enfant se glisse derrière une barricade; il s'approche, il arme un pistolet et il tire sur un soldat; le soldat est tué, la populace entoure l'enfant, le porte en triomphe et applaudit. Mais l'assassin vient-il a être saisi: Serez-vous assez lâche, s'écrie la populace, pour frapper cet enfant? et elle s'indigne. Voilà la logique de la multitude, et, paraitrait-il, celle de M. Planche.

C'est à ce sentiment que Béranger doit le singulier privilége qu'il a eu jusqu'ici de paraître inattaquable, et tandis que les uns acclament: qu'elle puissance dans ces chansons! les autres s'écrient: tant de colère contre des chansons! Cependant il faut choisir : être homme ou enfant; quand un poète s'affuble d'un manteau politique, il doit s'attendre aux sévérités de l'histoire, et l'on ne peut avoir, n'en déplaise à M. Planche, le double privilége d'être agressif et inviolable.

Béranger est populaire, cela est vrai, dans un siècle qui critique tout et qui voit plus volontiers les taches du soleil que son éclat, il a partagé avec Châteaubriand, et par des motifs qui ne sont pas sans analogie, les honneurs

Est-il vrai, oui ou non, que Béranger ait mis son talent au service de toutes les passions ré- | volutionnaires? Est-il vrai qu'il a personnifié les souverains les plus débonnaires dans Denys le tyran, Tibère et Louis XI? Est-il vrai qu'il ait poussé à la révolte dans tous les sens, sur tous les tons, sous toutes les formes? Est-il vrai qu'il ait attaqué sans relâche par l'arme puissante et inces-incontestés d'un culte à peu près universel, et sante de ses couplets, le gouvernement de la Restauration? Est-il vrai enfin qu'il ait, et dans la mesure de ses forces, contribué à amener les perturbations auxquelles la France a été livrée, et à entraver par là le développement de sa liberté et le tranquille et prospère établissement de sa grandeur? Tout cela est-il-vrai?

M. Planche évitera de répondre et dira avec indignation: « Accuser d'ètre un tribun l'auteur du Roi d'Yvetot! C'est ridicule. >>

Maintenant est-il vrai que, dans plusieurs de ses chansons, Béranger déverse la raillerie et le mépris sur tout ce que le christianisme, et il ne s'agit pas ici de protestants ou de catholiques, mais du christianisme le moins dogmatique et le plus tolérant, est habitué à aimer et à respecter? Est-il vrai que ses couplets sur le Jour des morts, sur l'Ange gardien, sur les Deux Sœurs de

que M. Planche s'efforce de rendre intolérant. Eh bien! M. de Pontmartin est rigoureux mais vrai, quand il accuse Béranger d'avoir été, à bien des égards, le courtisan d'une popularité de mauvais aloi, de l'avoir recherchée constamment, tantôt par ses refrains, comme je l'ai déjà dit, tantôt par son silence.

Il vous souvient sans doute de 1848, quand nous vîmes les hommes dispersés jusqu'alors par les vents contraires et divisés par l'amour-propre des factions, accourir tous à la défense du pays, se serrer les uns contre les autres, pour tenir tète à l'effroyable orage qui se déchaînait. Que fit Béranger, dans ce moment de péril suprème? dans cet instant où la patrie réclamait le concours de toutes les intelligences, de tous les cœurs, de tous les bras? Il eut la migraine, comme le remarque spirituellement M. Sainte

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