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Les éditeurs-propriétaires se réservent le droit de traduction de cet ouvrage.

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PRÉFACE.

Les Conseils et Instructions aux demoiselles de SaintCyr pour leur conduite dans le monde, sont le complément des écrits de Mme de Maintenon sur l'éducation. Ils se divisent naturellement en trois parties ayant le même objet, mais présentant trois formes trèsdistinctes :

1o Les Avis généraux, les Lettres particulières, les Entretiens avec les demoiselles;

2o Les Conversations ou Dialogues;

3o Les Proverbes.

Dans la première partie, les Entretiens avec les demoiselles sur le monde, sur la bonne gloire, sur la parure, sur le danger des occasions, etc., ont le même but moral et offrent le même intérêt que ceux que nous avons publiés dans les volumes précédents; ils traitent de sujets plus délicats et semblent avoir une utilité plus directe et plus pratique. Les Lettres particulières sont en très-petit nombre, et pourtant Mme de Maintenon en écrivit des centaines, car il n'y

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eut guère de demoiselle mariée à qui elle n'ait donné des avis de tout genre, mais ces lettres ont été perdues, et nous n'avons que celles que les Dames de Saint-Cyr avaient pu conserver. Les Avis généraux sont très-remarquables: on y trouve toute la hauteur de pensées, la raison suprême, la netteté d'idées et d'expressions que nous avons admirées dans les instructions aux Dames et aux demoiselles sur des sujets moins importants ou moins difficiles à traiter. Ces Avis sont en petit nombre, et il ne pouvait en être autrement : des généralités sur les dangers du monde, des instructions dogmatiques sur la conduite qu'on doit y tenir, ne pouvaient être nombreuses qu'à la condition presque certaine d'être monotones, d'exciter l'ennui, de n'être ni lues ni écoutées. Mme de Maintenon, pour varier et multiplier ses conseils sur un sujet d'une telle importance, s'imagina, avec son bon sens tout pratique, de les présenter sous une autre forme, plus saisissante, plus vive, plus attrayante, où elle put sans danger, au moyen d'un dialogue amusant et à l'abri d'une fiction' dramatique, traiter tous les sujets de morale, donner les enseignements les plus familiers, entrer dans les détails les plus directs, enfin frapper l'esprit, pénétrer le cœur de ses chères filles, et «<les instruire en les divertissant'. » C'est alors qu'elle se mit à écrire les Conversations.

L'idée de ces petites compositions dramatiques lui avait été donnée par Me de Scudéry qui publia, de

1 Lettres sur l'éducation des filles, p. 171.

1680 à 1690, 10 vol. de Conversations sur divers sujets, de Conversations morales, etc. Les deux volumes qui parurent en 1690 avaient été faits à la demande de Mme de Maintenon et destinés à la maison de SaintLouis. Ce fut en effet l'une des lectures habituelles des demoiselles pendant un ou deux ans, c'est-à-dire jusqu'à l'époque où l'éducation donnée à Saint-Cyr fut réformée et rendue plus sévère. C'est alors aussi que Mme de Maintenon commença à substituer aux Conversations de Mule de Scudéry', qui sont très-morales, mais aussi très-prétentieuses, plus païennes qu'évangéliques, et par dessus tout ennuyeuses, ses propres Conversations, qui sont essentiellement chrétiennes, sensées, pratiques et généralement fort intéressantes.

« Ces Conversations, dit Languet de Gergy', pleines d'esprit, de sentiment, de réparties vives et agréables, sont préparées pour chaque classe et proportionnées à l'âge des enfants. >>

« Je ne trouve rien de plus sensé, ni de plus divertissant, écrivait l'évêque de Chartres, GodetDesmarets. Je ne sais rien de plus propre aux enfants

1 Elle écrivait à Mme de Montfort, Dame de Saint-Louis, le 20 septembre 1691: « Élevez vos filles bien humblement; ne songez qu'à les instruire dans la religion; n'élevez pas leur cœur et leur esprit par des maximes païennes parlez-leur de celles de l'Évangile. Ne leur apprenez pas les Conversations que j'avois demandées (celles de Mlle de Scudéry); laissez tomber toutes ces choses là sans en rien dire.» (Lettres historiques et édifiantes, 1. J, p. 175).

? Mémoires manuscrits pour servir à l'histoire de la maison de Saint-Louis, t. I.

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