Une meute appaifa la noife. Le Chat dit au Renard; Fouille en ton fac, ami : Cherche en ta cervelle matoise Un ftratagême für: Pour moi, voici le mien. Entra dans cent terriers, mit cent fois en défaut Et ce fut par-tout fans fuccès; La fumée y pourvut, ainsi que les Baffets. Au fortir d'un terrier deux Chiens aux pieds agiles L'étranglerent du premier bond. Le trop d'expédiens peut gâter une affaire: On perd du temps au choix, on tente, on veut tout faire : N'en ayons qu'un, mais qu'il foit bon. FABLE X V. Le Mari, la Femme & le Voleur. UN mari fort amoureux, Fort amoureux de fa femme, Bien qu'il fût jouiffant, fe croyoit malheureux. Tome 11. H Jamais œillade de la Dame, Mot d'amitié, ni doux fourire, N'avoit fait foupçonner qu'il fût vraiment chéri. La pauvre femme eat fi grand peur, Ami voleur, dit-il, fans toi ce bien fi doux C'est la peur elle fait vaincre l'averfion; J'en ai pour preuve cet amant, Le conte m'en a plû toujours infiniment : FABLE XVI. Le Tréfor & les deux Hommes. UN N homme n'ayant plus ni crédit, ni ref- Et logeant le diable en fa bourse, S'imagina qu'il feroit bien De fe pendre, & finir lui-même fa mifere, Puifqu'auffi-bien fans lui la faim le viendroit faire ; Genre de mort qui ne duit pas A gens peu curieux de goûter le trépas. La muraille vieille & peu forte, S'ébranle aux premiers coups, tombe avec un tréfor. Notre défefpéré le ramafe & l'emporte : Tandis que le galant à grands pas fe retire, Abfent. Quoi, dit-il, fans mourir je perdrai cette fomme ? Je ne me pendrai pas? Et vraiment s'y ferai, Ou de corde je manquerai. Le lacs étoit tout prêt, il n'y manquoit qu'un homme : Celui-ci fe l'attache, & fe pend bien & beau. Ce qui le confola peut-être, Fut qu'un autre eût pour lui fait les frais du cordeau. Auffi-bien que l'argent le licou trouva maître, L'avare rarement finit fes jours fans pleurs : Il a le moins de part au tréfor qu'il enferre, Thefaurifan pour les voleurs, Pour fes parens, ou pour la terre. Mais que dire du troc que la Fortune fit? Ce font là de fes traits: elle s'en divertit. Plus le tour est bisarre, & plus elle est contente. Cette Déeffe inconftante Se mit alors en l'efprit De voir un homme fe pendre, S'y devoit le moins attendre. D'animaux malfaifans c'étoit un très-bon plat: Ils n'y craignoient tous deux aucun, quel qu'il pû être. Trouvoit-on quelque chofe au logis de gâté, L'on ne s'en prenoit point aux gens du voifinage: Bertrand déroboit tout : Raton, de son côté, Etoit moins attentif aux Souris qu'au fromage. Un jour, au coin du feu, nos deux maîtres fripons Regardoient rôtir des marons : Les escroquer étoit une très-bonne affaire; |