Rougit, & fans répondre, elle court au ha meau, Et raconte à chacun ce miracle nouveau. Ses compagnes d'abord s'affemblent autour d'elle : Zoon fuit en triomphe, & chacun applaudit. Je ne vous dirai point, mes fœurs, tout ce qu'il fit, Ni fes foins pour plaire à la Belle. Enleve à Zoon fa conquête. On ne foupçonnoit point qu'il eût un tel deffein. Iole en eft le prix, auffi bien que le juge, Hélas! cette bonté lui devint inutile: Ce Satrape cût mieux fait d'oublier les amours. La jeune Iris à peine achevoit cette hiftoire ; Et les fœurs avouoient qu'un chemin à la gloire C'eft l'amour on fait tout pour se voir eftimé : Eft-il quelque chemin plus court pour être aimé? Quel charme de s'ouir louer par une bouche Qui même, fans s'ouvrir, nous enchante & nous touche ! Ainfi difoient ces fœurs. Un orage foudain Où font, dit-il, ces fœurs à la main facrilége? Aîlés, noirs & velus, en un coin s'attacher, trace: Leurs métiers font brifés: on éleve à leur place Une chapelle au Dieu, pere du vrai nectar. Pallas a beau fe plaindre, elle a beau prendre part Au deftin de ces fours par elle protégées. Quand quelque Dieu voyant fes bontés négli gées, Nous fait fentir fon ire, un autre n'y peut rien; L'Olympe s'entretient en paix par ce moyen. Profitons, s'il fe peut, d'un fi fameux exemple Chommons: c'eft faire affez qu'aller de temple en temple Rendre à chaque Immortel les vœux qui lui font dus : Les jours donnés aux Dieux ne font jamais perdus. FABLE XXX. La Matrone d'Ephefe. 1 Left un conte ufé, commun & rebattu, C'est celui qu'en ces vers j'accommode à ma guife. Et pourquoi donc le choifis-tu ? Au prix de celle de Pétrone? Comment la rendras-tu nouvelle nos efprits? Sans répondre aux Cenfeurs, car c'eft chofe in finie, Voyons fi dans mes vers je l'aurai rajeûnie. Dans Ephèse il fut autrefois Une Dame en fageffe & vertus fans égale ; Et, felon la commune voix, Ayant fu raffiner fur l'amour conjugale. On l'alloit voir par rareté : C'étoit l'honneur du fexe: heureuse fa Patrie ! Son mari l'aimoit d'amour folle. Ce féroit un détail frivole : Il mourut ; & fon teftament N'étoit plein que de legs qui l'auroient confolée, Si les biens réparoient la perte d'un mari Amoureux autant que chéri. Mainte veuve pourtant fait la déchevelée, rant. Celle-ci, par fes cris, mettoit tout en alarme ; Un bruit & des regrets à percer tous les cœurs, De quelque défespoir qu'une ame foit atteinte La douleur cft toujours moins forte que la plainte ; Toujours un peu de fafte entre parmi les pleurs. Chacun fit fon devoir de dire à l'affligée, Que tout a fa mefure, & que de tels regrets Chacun rendit par-là fa douleur rengrégée.- Elle entre dans fa tombe, en ferme volonté D'accompagner certe ombre aux enfers defcendue. Et voyez ce que peut l'exceffive amitié, Prête, je m'entends bien, c'est-à-dire, en un mot N'ayant examiné qu'à demi ce complot, Comme l'esclave avoit plus de fens que la Dame, |