La rareté du fait donnoit lieu à la chofe. L'Oiseau, par le Chaffeur, humblement présenté, Si ce conte n'eft apocrife,. Va tout droit imprimer fa griffe Sur le nez de fa majesté. Quoi, fur le nez du Roi? Du Roi même en perfonne. Il n'avoit donc alors ni Sceptre ni Couronne? mun. Dire des Courtifans les clameurs & la peine, 1 L'Oiseau garda fon pofte. On ne put feulement Håter fon départ d'un moment. Son Maître le rappelle, & crie & fe tourmente, Le maudit animal à la ferre infolente, Et fur le nez facré voudroit paffer la nuit : 1 Je les affranchis du fupplice, Bien peu, modele, Et le Veneur l'échappa belle, Coupable feulement, tant lui que l'animal, Que les hôtes des bois : Etoit-ce un fi grand mal? Ne touche aux animaux pour leur fang épancher: Peut être y tint il lieu d'un Prince ou d'un Des plus hupés & des plus hauts. Ce qu'il fut autrefois, il pourra l'être encore. Tantôt Humains, puis Volatilles, Comme l'on conte en deux façons L'accident du Chaffeur, voici l'autre maniere. Un certain Fauconnier ayant pris, ce dit-on, A la chaffe un Milan ( ce qui n'arrive guere ), En voulut au Roi faire un don, Comme de chose finguliere. Ce cas n'arrive pas quelquefois en cent ans, Prend le nez du Chaffeur, hape le pauvre Sire. Monarque & Courtisans. Qui n'eût ri? Quant à moi Je n'en euffe quitté ma part pour un Empire. Je n'ofe l'affurer, mais je tiendrois un Roi C'eft le plaifir des Dieux. Malgré fon noir fouci, Il en fit des éclats, à ce que dit l'Histoire, Quand Vulcain, clopinant, vint lui donner à boire. Que le Peuple Immortel fe montrât fage ou non, J'ai changé mon fujet avec jufte raison, Car, puifqu'il s'agit de morale, Que nous eût du Chaffeur l'aventure fatale Enfeigné Enfeigné de nouveau? L'on a vu de tout temps Plus de fots Fauconniers, que de Rois indulgens. FABLE XIII Le Renard,les Mouches,& le Hériffon. Aux traces de fon fang, un vieux hôte des bois, Renard fin, fubtil & matois, Bleffé par des Chaffeurs, & tombé dans la fange, Autrefois attira ce Parafite aîlé Que nous avons Mouche appellé. Il accufoit les Dieux, & trouvoit fort étrange Quoi fe jetter fur moi, fur moi le plus habile Depuis quand les Renards font-ils un fi bon mets? tile ? Va, le Ciel te confonde, animal importun: Que ne vis-tu fur le commun! Un Hérisson du voisinage, Dans mes Vers nouveau perfonnage, Voulut le délivrer de l'importunité Tome II. R Du peuple plein d'avidité. Je les vais de mes dards enfiler par centaines, Voifin Renard, dit-il, & terminer tes peines. Garde-t'en bien, dit l'autre ami, ne le fais pas, Laiffe-les, je te prie, achever leur repas. Ces animaux font fouls: une troupe nouvelle Viendroit fondre fur moi, plus âpre & plus cruelle. Nous ne trouvons que trop de mangeurs ici-bas: Ceux-ci font Courti fans; ceux-là sont Magistrats. Ariftote appliquoit cet Apologue aux Hommes. Les exemples en font communs, Sur-tout au pays où nous fommes. Plus telles gens font pleins, moins ils font importuns, FABLE XIV. L'Amour & la Folie. TOUT OUT eft myftere dans l'Amour; Ses fleches, fon carquois, fon flambeau, fon enfance. Ce n'est pas l'ouvrage d'un jour, Que d'épuifer cette Science. |