S'empara : c'est une rusée. Le maître étant absent, ce lui fut chose aisée. Après qu'il eut brouté, trotté, fait tous ses tours, << O dieux hospitaliers ! que vois-je ici paraître ! Que l'on déloge sans trompette, Ou je vais avertir tous les rats du pays. » « C'était un beau sujet de guerre, A Jean, fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume, Jean lapin allégua la coutume et l'usage: « Ce sont, dit-il, leurs lois qui m'ont de ce logis Or bien, sans crier davantage, Rapportons-nous (1), dit-elle, à Raminagrobis. » (1) Rapportons-nous-en. LA FONTAINE. C'était un chat vivant comme un dévot ermite, Un chat faisant la chattemite (1), Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras, Arbitre expert sur tous les cas. Jean lapin pour juge l'agrée. Les voilà tous deux arrivés Devant sa majesté fourrée. Grippeminaud leur dit : « Mes enfants, approchez, Approchez; je suis sourd: les ans en sont la cause. » L'un et l'autre approcha, ne craignant nulle chose. Aussitôt qu'à portée il vit les contestants, Grippeminaud, le bon apôtre, Jetant des deux côtés la griffe en même temps, Loin de chercher à se nuire, il faut secourir le voisin, pour qu'il vous aide en un besoin vousmême. « Il se faut entr'aider; c'est la loi de nature, » dit La Fontaine d'un ton plus grave qu'à son ordinaire; car c'est un principe qui lui est particulièrement cher, et, ailleurs, répétant les mêmes expressions presque impérieuses: Telle est la loi de l'univers: Si tu veux qu'on t'épargne, épargne aussi les autres. (1) Faire la chatte mite, faire la chatte doucereuse. Reproduction de Fessard. Jetant des deux côtés la griffe en même temps, Pour avoir manqué à cette loi, et n'avoir pas secouru le chien mourant de faim, l'âne fut à son tour abandonné du chien et étranglé sans façon par le loup. L'ANE ET LE CHIEN. ; Il se faut entr'aider ; c'est la loi de nature. Car il est bonne créature. Il allait par pays, accompagné du chien, Tous deux suivis d'un commun maître. Ce maître s'endormit. L'âne se mit à paître : Dont l'herbe était fort à son gré. Point de chardons pourtant; il s'en passa pour l'heure : Il ne faut pas toujours être si délicat; Et, faute de servir ce plat, Rarement un festin demeure (1). Notre baudet s'en sut enfin Passer pour cette fois. Le chien, mourant de faim, (1) Reste sans qu'on y touche. (2) L'âne ne souffle mot, |