Mais dès que Sophonisbe avec son hyménéc Vous voyez son ouvrage en ma captivité : Et Le venge pleinement de notre inimitié. Mais pour peu de pouvoir qu'elle ait sur son courage, Ce vainqueur avec elle épousera Carthage. L'air, qu'un si cher objet se plaît à respirer, A des charmes trop forts pour n'y pas attirer. Dans ce dernier malheur, c'est ce qui me console. TITUS LIVIUS. Lib. 30, cap. 136. Quum Scipio a Syphace quæreret, quare non solùm societatem abnuisset Romanam, sed ultro bellum intulisset; tum ille, non odio magis in Masinissam quam amoris stimulis incensus, quum amatam apud æmulum cerneret, respondit : Peccavi quidem ego atque insanivi; sed non tum demum quum arma adversus populum Romanum cepi: exitus hic mei furoris fuit, non principium. Tum ego insanivi, tum hospitia privata et publica foedera, omnia ex animo ejeci, quum Carthaginiensem matronam domum accepi. Illis nuptialibus facibus regia conflagravit mea. Illa furia pestisque omnibus delinimentis animum meum avertit atque alienavit. Nec conquievit, donec ipsa manibus suis nefaria mihi arma adversus hospitem atque amicum induerit. Perdito tamen atque afflicto mihi hoc in miseriis solatii est, quod in omnium hominum inimicissimi mihi domum ac penates eamdem pestem ac furiam transisse videam. Neque prudentior neque constantior Masinissa quàm Syphax erit; etiam juventá incautior. Certè stultius ille atque intemperantius eam, quàm ego, duxit. Acte 5, scène 3. Masinissa, ne pouvant empêcher que Sophonisbe ne fût conduite à Rome avec Syphax, lui envoya secrètement du poison avec la lettre suivante : Il ne m'est pas permis de vivre votre époux. Et vous éviterez l'aspect du Capitole; Ce poison que je vous envoie En est la seule et triste voie. SOPHONISBE au messager. Voilà de son amour une preuve assez ample. Quel présent nuptial d'un époux à sa femme! Qu'au jour de l'hyménée il lui marque de flamme! Reportez, Mézétulle, à votre illustre roi Un secours dont lui-même a plus besoin que moi. TITUS LIVIUS. Lib. 138, cap. 26. Masinissa, æger animi, quum nec Romanos offendere, nec Sophonisbam in eorum potestatem tradere sustineret, fidum e servis vocat, venenumque mixtum in poculo ferre ad Sophonisbam jubet, ac simul nuntiare : Masinissam libenter primam ei fidem præstiturum quam vir uxori debuerit. Quoniam arbitrium ejus, qui possint, adimant, secundam fidem præstare, ne viva in potestatem Romanorum veniat. Memor patris, imperatoris, patriæque et duorum regum quibus nupta fuisset, sibi ipsa consuleret. SOPHONISBA ad nuntium. Accipio nuptiale munus, nec ingratum, si nihil majus vir uxori præstare potuit. Hoc tamen nuntia, meliùs me morituram fuisse, si non in funere meo nupsissem. On ne s'attend pas à une réponse aussi calme de la part d'une furie, telle que Tite-Live représente Sophonisbe. Corneille lui conserve jusqu'à la fin son caractère impérieux et violent. Le discours qu'il lui prête convient parfaitement à la fière et digne sœur d'Annibal. ATTILA. Acte 3, scène 4. (Ilione, sœur de Mérovée, roi des Français, ayant cédé à Honorie, sa rivale, le cœur d'Attila, celle-ci refuse par fierté d'accepter le rebut d'Ilione. L'orgueilleux Attila s'étonne et s'indigne d'un pareil refus, dont il se plaint à Honorie.) Peut-il être honteux de devenir ma femme? " Corneille avait employé déjà cette grande image dans une pièce de vers intitulée : Epitre de la France à Rome. Dans cette Épitre, la France dit à Rome : (1) Un de nos plus illustres chansonniers a voulu enchérir sur Corneille dans une de ses odes anacréontiques. Un conquérant, dans sa fortune altière, Et de ses pieds on peut voir la poussière Quelques censeurs out blâmé le quatrième vers : « Ce conquerant, di sent-ils, ne marchait pas les pieds nus; c'est la poussière de ses bottes, « et non de ses pieds, qui est empreinte sur le bandeau. » Si l'on trouve cette critique trop sévère, et qu'on ne veuille pas l'admettre, alors le grand Corneille est ici surpassé par Bérenger. |