Page images
PDF
EPUB

terrá (1); plurimùm mari pollent. Memor esto, jam quùm signum pugnæ dabis, has duas acies spectaculo fore; ut fessos confectosque simul victorem ac victum aggrediantur.

Itaque, si nos dii amant, quoniam, non contenti libertate certá, in dubiam imperii servitiique aleam imus, ineamus aliquam viam, quá utri utris imperent, sine magná clade, sine multo sanguine utriusque populi, decerni possit.

HORACE.

Acte 2, scène 5.

CINNA A CAMILLE.

En l'état où je suis,

Vous aimer sans espoir, c'est tout ce que je puis.
Vous en pleurez, Camille?

CAMILLE.

Il faut bien que je pleure;

Mon insensible amant ordonne que je meure.

Ici Corneille n'imite aucun poëte grec ou latin; mais il s'est imité lui-même dans Cinna et dans Polyeucte:

FULVIE A ÉMILIE.

Acte 3 de Cinna.

Il va vous obéir aux dépens de sa vie;

Vous en pleurez.

(1)

Ils sont craints sur la terre; ils sont rois sur les eaux.
VOLTAIRE, Henriade, chant 1.

ÉMILIE.

Hélas! cours après lui, Fulvie;

Et si ton amitié daigne me secourir,

Arrache-lui du cœur ce dessein de mourir.

Dans Polyeucte, ce n'est plus une femme, c'est un homme qui pleure :

POLYEUCTE ET PAULINE.

Hélas!

Acte 4, scène 3.

POLYEUCTE.

PAULINE.

Que cet hélas a de peine à sortir!

Encor s'il commençait un heureux repentir,

Que, tout forcé qu'il est, j'y trouverais de charmes ! Mais, courage, il s'émeut... Je vois couler des larmes.

POLYEUCTE.

J'en verse, et plût à Dieu qu'à force d'en verser,
Ce cœur trop endurci pût enfin se percer!
Le déplorable état où je vous abandonne

Est bien digne des pleurs que mon amour vous donne.

Racine et Voltaire, dans leurs tragédies, ne font jamais pleurer que les femmes (1).

(1) Corneille, après s'être imité lui-même, a trouvé deux célèbres imitateurs dans Racine et dans Voltaire. On met ici les imitations de ces deux grands tragiques, pour ne pas renvoyer le lecteur au second et au troisième Volume de cet ouvrage.

[blocks in formation]

C'en est fait, j'ai parlé, vous êtes obéie :
Vous n'avez plus, Madame, à craindre pour ma vie;
Et je serais heureux, si la foi, si l'honneur

Ne me reprochaient pas mon injuste bonheur;
Si mon cœur, dont le trouble en secret me condamne,
Pouvait me pardonner aussi bien que Roxane.

Que vois-je ? Qu'avez-vous? Vous pleurez?

ATALIDE.

Non, Seigneur ;

Je ne murmure point contre votre bonheur.

Dan's Mithridate, vous pleurez est remplacé par un équivalent, plus convenable dans la bouche de ce roi barbare, incapable de dire tendrement: Vous pleurez!

MITHRIDATE A MONIME.

Acte 2, scène 4.

Hé quoi! n'avez-vous rien, Madame, à me répondre?
Tout mon empressement ne sert qu'à vous confondre.
Vous demeurez muette; et, loin de me parler,
Je vois, malgré vos soins, vos pleurs prêts à couler.

MONIME.

Moi, Seigneur! Je n'ai point de larmes à répandre; J'obéis. N'est-ce pas assez me faire entendre?

Dans Iphigénie, Clytemnestre, instruite que sa

fille doit aller à l'autel, non pour y épouser Achille, mais pour y être immolée à Diane, lui adresse cette invitation ironique (acte 4, scène 1):

Venez, venez, ma fille on n'attend plus que vous. Venez remercier un père qui vous aime,

Et qui veut à l'autel vous conduire lui-même.

AGAMEMNON.

Que vois-je! quels discours! Ma fille, vous pleurez!
Et baissez devant moi vos yeux mal assurés.
Quel trouble! Mais tout pleure, et la fille et la mère.
Ah! malheureux Arcas, tu m'as trahi!

Dans Britannicus, Junie, ne doutant pas que la réconciliation apparente de Néron avec Britannicus, ne couvre le projet d'un attentat contre la vie du jeune prince, son amant, lui exprime ses mortelles alarmes (acte 5, scène 1):

Hélas! si cette paix, dont vous vous repaissez,
Couvrait contre vos jours quelques piéges dressés;
Si Néron, irrité de notre intelligence,

Avait choisi la nuit pour cacher sa vengeance;
S'il préparait ses coups, tandis que je vous vois;
Et si je vous voyais pour la dernière fois!
Ah! prince!

BRITANNICUS.

Vous pleurez! Ah! ma chère princesse! Et pour moi jusque-là votre cœur s'intéresse!

Dans Bajazet, Roxane se plaint et se reproche à elle-même d'avoir été la dupe de Bajazet et d'Atalide :

Tu pleures, malheureuse! Ah! tu devais pleurer,
Lorsque, d'un vain désir à ta perte poussée,
Tu conçus de le voir la première pensée.
Tu pleures! et l'ingrat, tout prêt à te trahir,
Prépare les discours dont il veut t'éblouir.

(Acte 4, scène 5.)

Tu pleures, malheureuse! se retrouve dans la Zaïre de Voltaire, qui a pris beaucoup d'hémistiches et même des vers entiers dans Racine et dans Corneille :

LUSIGNAN A NÉRESTAN ET A ZAÏRE,

(dont l'un se trouve être son fils, et l'autre sa fille).

De vos bras, mes enfants, je ne puis m'arracher.
Je vous revois enfin, chère et triste famille :
Mon fils, digne héritier... vous... hélas! vous, ma fille!
Dissipez mes soupçons, ôtez-moi cette horreur,
Ce trouble qui m'accable au comble du bonheur.
Toi qui seul as conduit sa fortune et la mienne,
Mon Dieu, qui me la rends, me la rends-tu chrétienne?
Tu pleures, malheureuse, et tu baisses les yeux!
Tu te tais! Je t'entends... O crime! ô justes cieux !

ZAÏRE.

Je ne puis vous tromper... Sous les lois d'Orosmane..... Punissez votre fille... elle était musulmane.

(Acte 2, scène 3.)

Après tu pleures, malheureuse! on doit bien s'attendre à trouver aussi le vous pleurez!

OROSMANE A ZAÏRE.

Acte 4, scène 2.

Il est trop vrai que l'honneur me l'ordonne,

« PreviousContinue »