Prophètes, sorciers, rumeurs: la violence dans trois romans de Jules Barbey d'Aurevilly (1808-1889)

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Prophètes, sorciers, rumeurs: La violence dans trois romans de Jules Barbey d'Aurevilly (1808 - 1889) étudie la représentation de la violence dans trois romans de Barbey d'Aurevilly. On a souvent dit de l'univers de Barbey qu'il est saturé de violence. Jusqu'ici, cependant, on n'avait jamais mis cette violence en rapport avec les discours comme la prophétie, la sorcellerie ou les rumeurs. On ne l'avait jamais lue non plus sous l'angle de la violence collective. C'est maintenant chose faite, dans une étude qui se consacre plus précisément aux rapports que ces discours violents entretiennent avec le phénomène du bouc émissaire.
Cette étude fait largement appel aux sciences humaines: à l'ethnographie des sorts de Jeanne Favret-Saada, mais aussi à la sociologie des rumeurs - et tout particulièrement aux travaux de Françoise Reumaux - et, bien sûr, aux travaux de René Girard sur la théorie mimétique.
Cette approche pluridisciplinaire ne prend cependant pas le pas sur la dimension littéraire des textes, qui est mise en valeur par de nombreuses analyses d'extraits et de personnages que la critique aurevillienne a peu commentés jusqu'ici.
Cette étude n'intéressera pas seulement les lecteurs de Barbey d'Aurevilly, mais aussi tous ceux qu'intéressent les sciences humaines et plus particulièrement leur application aux textes littéraires.

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Contents

In memoriam
5
Introduction
9
Chapitre I Dans le récit la tombe
33
Chapitre II Les temps sont proches
75
Chapitre III Les sorts la lande
115
Chapitre IV Rumeurs
165
Chapitre V René Girard contre Joseph de Maistre
223
Conclusion
269
Annexes
275
Bibliographie
285
Index
299
Table des matières
303
Copyright

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Common terms and phrases

Popular passages

Page 51 - ... La toux la prit. C'était la plus faible d'entre nous. Mais la maladie et son corps, qui se fondait comme un suif au feu, ne l'empêchèrent point de mener la vie que nous menions à Haut-Mesnil. Ce n'étaient pas des délicats que les débauchés qui y vivaient ! L'amour de la Malgy pour Jéhoël, sa maladie, sa maigreur, sa langueur, qu'elle enflammait en buvant du genièvre comme on boit de l'eau quand on a soif, ce qui lui fit bientôt trembler les mains, bleuir les lèvres, perdre la voix,...
Page 74 - ... qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, et elle n'a pas croulé : c'est qu'elle avait été fondée sur le roc.
Page 119 - Tainnebouy, écrire, quand nous fûmes arrivés à la Haie-du-Puits, tout ce qu'il m'avait raconté, mais je passai mon temps à y songer, et c'est ce que j'en puis dire de mieux. Aujourd'hui que quelques années se sont écoulées, m'apportant tout ce qui complète mon histoire, je la raconterai à ma manière, qui, peut-être ne vaudra pas celle de mon herbager contentinais.
Page 118 - Cette histoire, mon compagnon de route me la raconta comme il la savait, et il n'en savait que les surfaces. C'était assez pour pousser un esprit comme le mien à en pénétrer plus tard les profondeurs. Je suis naturellement haïsseur d'inventions. J'aurais pu, la mémoire fraîchement imbibée du langage de maître Tainnebouy, écrire, quand nous fûmes arrivés à la Haie-du-Puits, tout ce qu'il m'avait raconté, mais je passai mon temps à y songer, et c'est ce que j'en puis dire de mieux.
Page 54 - II y en avait sur le front, aux joues. Plusieurs se montraient déjà sur le cou et sur la poitrine, et c'était à croire, à tous ces désordres de teint, que maître Tainnebouy avait raison avec sa grossière physiologie, et qu'elle avait le sang tourné!
Page 150 - ... pour les éviter ou les fuir, les personnes qui auraient pu venir au secours des gens attaqués par les bandits de ces parages, et, dans la nuit, un si vaste silence aurait dévoré tous les cris qu'on aurait poussés dans son sein. Mais ce n'était pas tout. Si l'on en croyait les récits des charretiers qui s'y attardaient, la lande de Lessay était le théâtre des plus singulières apparitions. Dans le langage du pays, il y revenait. Pour ces populations musculaires, braves et prudentes,...
Page 116 - ... puissances occultes et mauvaises dans les luttes de l'humanité. J'ai pour moi dans cette opinion l'histoire de tous les temps et de tous les lieux, à tous les degrés de la civilisation chez les peuples, et, ce que j'estime infiniment plus que toutes les histoires, l'irréfragable attestation de...
Page 208 - Recueillis et dans des attitudes pieuses, ils écoutaient l'office qui s'ouvrait, quand un mouvement singulier qui se produisit dans les profondeurs de la nef attira leur attention. . .Ils regardèrent. Néel sentit passer une palpitation dans son cœur, et presque aussitôt il aperçut Sombreval, dominant la foule de la coupole de son front bronzé et s'avançant résolument dans la nef, ajusté, fusillé par mille regards de mépris courroucé et de haine, mais n'y prenant seulement pas garde,...
Page 132 - J'ai cru longtemps qu'il n'y avait pas d'âme, qu'il n'y avait pas de Satan non plus. Mais ce que les prêtres n'avaient jamais su faire, tu l'as fait, toi ! Je crois au démon, et je crois à vos sortilèges, canailles de l'enfer ! On a tort de vous mépriser, de vous regarder comme de la vermine... de hausser les épaules quand on vous appelle des sorciers. Vous m'avez bien forcé à croire les bruits qui disaient ce que vous étiez. . .Vous avez du pouvoir. Je l'ai éprouvé... Eh bien...
Page 123 - ... fit-il avec explosion. Les coups attirent les coups. Lâchez c'te pierre que vous avez prise et soyez tranquille. Je ne vous toucherai pas! Ils diraient que je vous ai assassinée si je portais seulement la main à votre chignon, et je roulerais bientôt au fond de la prison de Coutances. Il ya de meilleures vengeances, et plus sûres. La corne met du temps à venir au tauret et ses coups n'en sont que plus mortels. Allez ! marchez ! — insista-t-il d'une voix sinistre. — Vous vous souviendrez...

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