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du point d'appui que le poids de quatre livres. Il n'en eft pas de même des premiers principes des choses; c'eft alors que ne pas recourir à DIEU eft d'un ignorant; car ou il n'y a point de DIEU, ou il n'y a de premiers principes que dans DIEU.

C'est lui qui a imprimé aux planètes la force avec laquelle elles vont d'Occident en Orient; c'eft lui qui fait mouvoir ces planètes et le foleil fur leurs axes. Il a imprimé une loi à tous les corps, par laquelle ils tendent tous également à leur centre. Enfin il a formé des animaux auxquels il a donné une force active, avec laquelle ils font naître du

mouvement.

La grande queftion eft de favoir fi cette force donnée de DIEU pour commencer le mouvement est toujours la même dans la

nature.

Defcartes, fans faire mention de la force, avançait fans preuve qu'il y a toujours quantité égale de mouvement; mais les premiers géomètres, qui trouvèrent les lois du choc des corps, trouvèrent que cette opinion était

une erreur.

Bernouilli, disciple de Leibnitz en métaphy fique, trouva que fi la quantité du mouvement n'était pas toujours la même, la fomme des forces eft une quantité conftante; mais pour

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cela il fallait changer la manière ordinaire d'eftimer cette force: au lieu donc que Merfenne, Defcartes, Newton, Mariotte, Varignon, &c. ont toujours, après Archimède, mefuré le mouvement d'un corps en multipliant sa masse par fa vîteffe; les Leibnitz, les Bernouilli, les Herman, les Poleni, les s'Gravefende, les Wolf, &c. ont multiplié la maffe par le quarré de la vîteffe.

Cette difpute, qui eft le fcandale de la géométrie, a partagé l'Europe; mais enfin il me femble qu'on reconnaît que c'est au fond une dispute de mots. Il eft impoffible que ces grands philofophes, quoique diamétralement. oppofés, fe trompent dans leurs calculs. Ils font également juftes; les effets mécaniques répondent également à l'une et à l'autre manière de compter. Il y a donc indubitablement un fens dans lequel ils ont tous raison. Or ce point où ils ont raison est celui qui doit les réunir; et le voici, comme le docteur Clarke l'a indiqué le premier, quoique un peu durement.

Si vous confidérez le temps dans lequel un mobile agit contre des obftacles qui retardent fon mouvement, la force qu'il aura écartée avant d'arriver au point de repos fera comme le quarré de sa vîteffe par sa masse. Pourquoi ? parce que le temps pendant lequel

il aura agi fera proportionnel à cette vîtesse initiale. Mais cette durée de l'action du corps eft l'effet de fa force, elle doit donc entrer dans la mesure de cette force. En ce cas les leibnitziens n'ont pas tort. Mais auffi les cartéfiens et les newtoniens réunis ont grande raifon quand ils confidèrent la chose dans un autre fens car ils difent: En temps égal un corps de quatre livres, avec un degré de vîteffe, agit précisément comme un poids d'une livre avec quatre degrés de vîtesse. Il ne faut pas confidérer ce qui arrive à des mobiles dans des temps inégaux, mais dans des temps égaux, et voilà la fource du malentendu. Donc la nouvelle manière d'envifager les forces eft vraie en un sens, et fausse en un autre; donc elle ne fert qu'à compliquer, qu'à embrouiller une idée fimple; donc il faut s'en tenir à l'ancienne règle. Newton n'adopta point cette nouvelle mesure des forces proposée par Leibnitz. Quant au principe de la confervation des forces vives, il vivait encore quand Bernouilli le fit connaître ; mais il ne reftait plus rien de lui que ce qu'il avait de commun avec les autres hommes. Il ne put donc avoir une opinion fur cet objet.

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Voilà ce qu'a pensé Newton fur la plupart des queftions qui tiennent à la métaphyfique. C'eft à vous à juger entre lui et Leibnitz.

Je vais paffer à fes découvertes en phyfique. (8)

(8) Le principe de la confervation des forces vives a lieu en général dans la nature, toutes les fois qu'on fuppofera que les changemens fe feront par degrés infenfibles, c'est-à-dire, tant que la loi de continuité y eft obfervée. Il en eft de même du principe de la confervation d'action. Celui de la moindre action eft vrai auffi en général, dans ce fens que le mouvement eft déterminé par les mêmes équations générales qu'on aurait trouvées, en fuppofant que l'action eft un minimum; mais cela ne fuffit pas pour que l'action foit réellement un minimum; elle peut être un maximum, ou n'être ni l'un ni l'autre, quoique ces équations aient lieu. L'accord de ces équations avec la nature prouve feulement que dans les changemens infiniment petits qui ont lieu dans un temps infiniment petit, la quantité d'action refte la même.

Au refte, ce ferait en vain qu'on croirait voir des caufes finales dans ces différentes lois; elles ne font comme l'a démontré M. d'Alembert, que la conféquence néceffaire des principes effentiels et mathématiques du mouvement. La découverte de ces principes, qu'il a étendus aux corps folides, flexibles et fluides, en trouvant en même temps le nouveau calcul qui était néceffaire pour y appliquer l'analyfe mathématique, doit être regardée comme le plus grand effort que l'efprit humain ait fait dans ce fiècle.

SECONDE

PARTIE.

CHAPITRE PREMIER.

PREMIERES RECHERCHES SUR LA LUMIERE, ET COMMENT ELLE VIENT A NOUS. ERREURS DE DESCARTES A CE SUJET.

Définition fingulière par les péripatéticiens. L'efprit fyftematique a égaré Defcartes. Son fyftême. Faux. Du mouvement progreffif de la lumière. Erreur du Spectacle de la nature. Démonftration du mouvement de la lumière, par Roëmer. Expérience de Roëmer contestée et combattue mal à propos. Preuves de la découverte de Roëmer par les découvertes de Bradley. Hiftoire de ces découvertes. Explication et conclufion.

LES Grecs, et enfuite tous les peuples barbares qui ont appris d'eux à raisonner et à fe tromper, ont dit de fiècle en fiècle : La

lumière eft un accident, et cet accident eft "l'acte du transparent, en tant que tranf"parent; les couleurs font ce qui meut les

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