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l'élévation du foleil et de la lune doit faire quelque effet sur ces tropiques.

1. Si le foleil et la lune exercent une action fur les eaux qui font en ces régions, cette action doit être plus grande dans le temps où la lune fe trouve plus vis-à-vis du soleil, c'est-à-dire, en oppofition et en conjonction, en pleine et en nouvelle lune, que dans les quartiers; car dans les quartiers, étant plus oblique au foleil, elle doit agir d'un côté, quand le soleil agit de l'autre ; leurs actions doivent fe nuire, et l'une doit diminuer l'autre ; auffi les marées font-elles plus hautes dans les fizygies que dans les quadratures.

2. La lune étant nouvelle, se trouvant du même côté que le foleil, doit agir d'autant plus fur la terre, qu'elle l'attire à peu près dans le même fens que le foleil l'attire. Les marées doivent donc être un peu plus fortes, toutes chofes égales, dans la conjonction que dans l'oppofition, dans la nouvelle lune que dans la pleine; et c'eft ce que l'on éprouve.

3. Les plus hautes marées de l'année doivent arriver aux équinoxes. Tirez (figure 44) une ligne du foleil paffant près de la lune L, et arrivant fur l'équateur de la terre. L'équateur A Q eft attiré prefque dans la même ligne par ces globes; les eaux doivent Phyfique, &c. Tome I. * вь

s'élever plus qu'en tout autre temps; et comme elles ne peuvent s'élever que par degrés, leur plus grande élévation n'est pas précisément au moment de l'équinoxe, mais un jour ou deux après en D Z.

4. Si par ces lois les marées de la nouvelle lune à l'équinoxe font les plus hautes de l'année, les marées dans les quadratures après l'équinoxe doivent être les plus basses de l'année; car le foleil est encore à peu-près sur l'équateur; mais la lune s'en trouve alors fort loin, comme vous le voyez; car la lune L (figure 45) en huit jours fera vers R. Alors il arrive à l'Océan la même chofe qu'à un poids tiré par deux puiffances agiffant perpendiculairement à la fois fur lui, et qui n'agissent plus qu'obliquement ces deux puissances n'ont plus la même force; le foleil n'ajoute plus à la lune le pouvoir qu'il y ajoutait, quand la lune, la terre et le foleil étaient prefque dans la même perpendiculaire.

5. Par les mêmes lois nous devons avoir des marées plus fortes immédiatement avant l'équinoxe du printemps qu'après, et au contraire plus fortes immédiatement après l'équi noxe d'automne qu'avant; car fi l'action du foleil aux équinoxes ajoute à l'action de la lune, le foleil doit d'autant plus ajouter

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d'action que nous ferons plus près de lui: or nous fommes plus près du foleil avant le 21 mars à l'équinoxe qu'après, et nous fommes au contraire plus près du foleil après le 2 1 feptembre qu'avant ce temps; donc les plus hautes marées, année commune, doivent arriver avant l'équinoxe du printemps, et après celui d'automne, comme l'expérience le confirme.

Ayant prouvé que le foleil confpire avec la lune aux élévations de la mer, il faut savoir quelle quantité de concours il y apporte. Newton et d'autres ont calculé que l'élévation moyenne dans le milieu de l'Océan eft de douze pieds; le foleil en élève deux et un quart, et la lune huit et trois quarts.

Au refte, ces marées de la mer Océane femblent être, auffi - bien que la préceffion des équinoxes, et que la période de la terre en vingt-cinq mille neuf cents ans, un effet néceffaire des lois de la gravitation, fans que la cause finale en puiffe être affignée; car de dire, avec tant d'auteurs, que DIEU nous donne les marées pour la commodité de notre commerce, c'eft oublier que les hommes ne commercent au loin par l'Océan que depuis deux cents cinquante ans : c'est hafarder beaucoup encore, que de dire que le flux et le

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reflux rendent les ports plus avantageux; et
quand il ferait vrai que les marées de l'Océan
fuffent utiles au commerce, doit-on dire que
DIEU les envoie dans cette vue ? Combien
la terre et les mers ont-elles fubfifté de fiècles
avant que nous fiffions fervir la navigation à
nos nouveaux befoins?", Quoi, disait un
philofophe ingénieux, parce qu'au bout
" d'un nombre prodigieux d'années, les
" beficles ont été enfin inventées, doit-on
" dire que DIEU a fait nos nez pour porter
"des lunettes? Les mêmes auteurs affurent
auffi que
le flux et le reflux font ordonnés de
DIEU, de peur que la mer ne croupiffe et ne
fe corrompe; ils oublient encore que la Médi-
terranée ne croupit point, quoiqu'elle n'ait
point de marée. Quand on ofe affigner ainfi
les raifons de tout ce que DIEU a fait, on
tombe dans d'étranges erreurs. Ceux qui se
bornent à calculer, à peser, à mesurer, fe
trompent souvent eux-mêmes que fera - ce
de ceux qui ne veulent que deviner ?

On ne pouffera pas ici plus loin les recherches fur la gravitation (28). Cette doctrine.

(28) Obfervons ici que l'on doit encore à Newton d'avoir prouvé que les comètes font des planètes qui décrivent autour du foleil des ellipfes affez alongées pour être confondues avec des paraboles dans toute l'étendue où les comètes font visibles.

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était encore toute nouvelle en France, quand l'auteur l'exposa en 1736. Elle ne l'eft plus; il faut fe conformer au temps. Plus les hommes font devenus éclairés, moins il faut écrire.

CHAPITRE XII.

CONCLUSION.

CONCLUONS

ONCLUONS en prenant ici la fubftance de tout ce que nous avons dit dans cet ouvrage :

1o. Qu'il y a un pouvoir actif, qui imprime à tous les corps une tendance les uns vers les

autres.

2o. Que par rapport aux globes céleftes, ce pouvoir agit en raison renversée des quarrés

Ainfi une feule apparition ne fuffit point pour déterminer l'orbite entière et prédire le retour d'une comète qui n'a été vue qu'une fois. Halley, difciple de Newton, a calculé l'orbite de quelques comètes dont la période était à peu-près connue parce qu'elles avaient été vues deux fois, et a effayé d'en déterminer le retour en ayant égard aux perturbations caufées par les planètes près defquelles paffent les comètes. Une de ces planètes devait reparaître en 1759, elle a reparu réellement à très-peu-près à l'époque où elle devait paraître d'après les calculs de fes perturbations faits par M. Clairault, fuivant une méthode beaucoup plus certaine que celle dont Halley avait pufe fervir. On en attend une autre vers 1789. La période de la première comète eft d'environ soixante et feize ans, et celle de la feconde d'environ cent trente.

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