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De la nature et des effets du désir.

S1. Le désir donne une tendance aux idées. § 2. Son origine est dans l'organisation. § 5. Le désir s'annonce par certains mouvemens dans les organes.

LE sentiment moteur de l'imagination, § 1. qui est toujours un désir, donne aux idées qu'il éveille quelque chose de la tendance de ce désir. Or dans les passions, l'idée réagit toujours sur les organes, où elle trouve déjà une forte tendance à l'achevement du désir par la jouissance. Il faut ne perdre jamais de vue l'accord constant des phénomènes de l'âme avec ceux de l'automate, en vertu duquel l'esprit est mis en contact avec l'univers , tandis qu'il est lui-même développé par l'influence des choses qui ne sont pas lui, mais avec lesquelles la nature l'a mis en rapport: sublime harmonie des deux substances, l'existence se développe par la connoissance, et où l'on peut dire avec Pope qu'obéir à Dieu c'est jouir!

T'enjoy is to obey,

'

Ecoutons l'excellent De La Roche, qui a écrit sur les organes de la sensibilité, c'est-àdire sur les nerfs.

<« Il n'y a aucune partie du corps humain » où la substance médullaire soit exposée à >> l'action immédiate des corps qui l'envi

ronnent. Les extrémités des nerfs sur la » peau sont recouvertes par l'épiderme, et » dans la bouche, la gorge et les intestins >> par une membrane qui lui est analogue.

» D'ailleurs toutes les parties du corps sont » défendues à la surface par l'excudation de >> quelque humeur grasse ou muqueuse, qui >> contribue aussi à tempérer leur sensibilité. » Il est aisé de voir que ces humeurs et ces >> membranes interposées entre les corps exté>>rieurs et les extrémités sentantes des nerfs, >> doivent beaucoup modifier la sensibilité de >> ceux-ci, laquelle augmente lorsque ces >> corps intermédiaires soit solides, soit >> humides, viennent à manquer ou à s'atténuer. >> C'est ce qui arrive lorsque la peau est » dépouillée de son épiderme, ou lorsque >> dans un rhume récent le mucus de la gorge et >> des bronches perd la consistance et devient » aqueux. Les doigts perdent la finesse du » toucher, lorsque par des travaux rudes

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» l'épiderme s'épaissit. Dans d'autres organes » la nature à cherché à augmenter l'intensité » des uerfs, comme dans l'œil et probablement >> aussi dans l'oreille, où les nerfs tout-à-fait >> épanouis seroient aisément lésés, s'ils » n'étoient défendos par les enveloppes des >>> organes ».

§ 3. Telles sont les dispositions naturelles des organes de la sensibilité, quelque désir vient-il à se manifester, nous en voyons résulter des phénomènes constans, qui annoncent la vivacité de la sensation et sans doute la tendance des organes à se porter dans le sens de ce désir.

« Les extrémités destinées à recevoir des >> sensations, sont partout accompagnées de » petits vaisseaux, que la nature paroît avoir » multipliés dans les organes des sens, comme >> pour y maintenir la substance nerveuse dans » l'état de tension nécessaire à la sensibilité. » Aussi le nerf optique avance dans l'orbite » de l'œil accompagné d'une artère qui se >> divise en une multitude incroyable de petits >> vaisseaux, lesquels se dispersent par toute » la rétine. La surface de la substance olfactive » est de même couverte de petites artères qui » s'y ramifient à l'infini. Nous voyons la même

>> chose sur toute la peau. Dans quelques >> organes, dont la sensibilité n'est pas appelée » à s'exercer toujours, il se fait une tension >> momentanée à l'instant où cela devient >> nécessaire; les vaisseaux de ces parties étant >> par un mécanisme particulier susceptibles » d'admettre une plus grande quantité de »sang qu'ils n'en contiennent à l'ordinaire. >> C'est ce qu'on voit manifestement dans les >> houppes nerveuses de la langue, qui à >> l'approche de quelque mets agréable, » s'élèvent et se dressent comme pour mieux » en savourer le goût. »

Je ne fais que citer un exemple pour faire voir à quel point le langage du désir est précis et prononcé. S'il nous étoit donné de pénétrer dans les profondeurs de l'organisation, nous

y

verrions à chaque désir quelque mouvement commencé qui n'attend pour s'achever que les ordres de la volonté, et qui s'achèveroit tout seul, si une force opposée n'y mettoit pas obstacle.

CHAPITRE V.

Ce qui fait la force des Passions.

§ 1. La force des passions est dans l'organisation. § 2. Dans les idées. § 5. Dans l'unité des mouvemens.

§ 1. Les germes des passions sont préformés,

et déposés dans l'organisation. Les appétits, nécessaires à la conservation de la vie de l'individu et de l'espèce, se développent en première ligne, et cela dans l'ordre assigné par la nature. L'enfant nouveau né veut manger et boire comme l'adulte veut aimer avant toute autre chose. Tel est pour ainsi dire le fond de l'organisation.

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Mais comme la sensibilité n'est jamais sans émotion, le sentiment sans cesse combiné avec les idées, produit des mouvemens plus ou moins accélérés ou rallentis, des associations d'idées, et des réactions plus ou moins énergiques, plus ou moins décidées, qui composent le jeu de l'imagination, et font naître des passions accidentelles plus ou moins fortes.

2. Les passions se développent par les

idées

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