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de causes et de tant de combinaisons variées; elle chercheroit à connoître les produits singuliers de tant d'élémens opposés, et s'appliqueroit surtout à déterminer leurs rapports avec le bonheur et la vertu, c'est-à-dire avec le bien de l'individu et la félicité publique.

LE BONHEUR.

AVANT-PROPOS.

J'AI fait voir, dans tout le cours de cet

ouvrage, la distinction qu'il y a entre sentiment et idée; distinction qui ne se fait pas seulement sentir dans l'âme, mais qui se remarque encore dans l'automate, puisque les sentimens sont des sensations d'un sens, distinct des sens qui donnent les idées. Nous avons vu, que tout ce qui donne le mouvement aux idées, a sa source dans la sensibilité; et que tout ce qui s'appelle connoissance, et tout ce qui présente l'idée d'un objet extérieur, ne peut naître que des cinq sens. Nous avons vu que les mouvemens du sixième sens étoient représentés dans l'âme par les sensations appelées plaisir ou douleur, destinées à donner le mouvement aux idées. Nous avons retrouvé dans l'intelligence quelque chose de semblable au mouvement; mais le mouvement, attribué à l'intelligence, a des carac tères différens du mouvement de sensibilité.

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La direction du mouvement de l'intelligence
est toujours différente et souvent opposée à
celle de la sensibilité; elle tend par sa nature
au développement de la faculté de connoître,
tandis que l'imagination tend au développe-
ment de la faculté de sentir. Enfin, on a vu
la liberté de l'homme dans la faculté d'agir
l'un ou par
l'autre de ces mouvemens, en
par
suivant à son gré, les directions de l'intel-
ligence, ou les mouvemens de l'imagination.

Je vais dans la dernière partie de cet ouvrage, développer les grands résultats de l'action et de la réaction réciproques des sentimens et des idées. Ces résultats sont le bonheur ou le malheur de l'homme, dont les idées et les sentimens sont les intrumens nécessaires. L'un de ces instrumens, la sensibilité, donne le mouvement et règle les intensités et les vîtesses de ce mouvement, tandis que l'autre instrument, les idées, donne les sons qui expriment ces vitesses et ces intensités. Nous allons voir, que des rapports entre les mouvemens de la sensibilité avec les idées mues par la sensibilité, résulte l'harmonie ou la discordance de notre être, dont le sentiment est ce que nous exprimons par les termes de bonheur ou de malheur.

CHAPITRE PREMIER.

Définition du bien et du mal.

IL importe de bien distinguer dans cette

dernière partie ce qui appartient aux idées de ce qui appartient à la sensibilité.

Par idée il faut entendre toutes les sensations des cinq sens, et par sentiment toutes celles du sixième, et se rappeler, que tout ce qui est émotion ou mouvement appartient à la sensibilité, et que tout ce qui est objet extérieur appartient aux idées, par lesquelles seules les objets existent pour nous.

Il y a deux sortes d'idées; les idées réfléchies, qui, si elles sont pures, sont sans aucun mouvement de sensibilité; et les idées d'imagination, qui sont des idées toujours liées à quelque sentiment, et par lui à quelque mou

vement.

Une idée associée à quelque sentiment, je l'appelle idée d'imagination.

On conçoit qu'il faut séparer, dans les idées d'imagination, ce qui est sentiment de ce qui est idée.

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