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CONTINUATIO N.

DES PASSION S.

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CHAPITRE PREMIER.

Des différentes espèces de passions.

§ 1. Il est nécessaire de classer les passions. IL y a trois classes de passions. § 2. Sousdivision des passions primitives.

1.

LES

ES passions n'ont rien qui les distingue essentiellement de tous les autres mouvemens de l'imagination. Les mouvemens foibles de l'imagination tracent de foibles traits, les mouvemens forts en tracent de plus prononcés; et si les mêmes mouvemens sont prolongés, l'image prendra du relief, et enfin un ensemble et une unité, qui la placeront parmi les grandes passions ou parmi les œuvres des beaux-arts: car c'est selon que la réaction de l'âme se portent ou sur les organes ou sur le sentiment, qu'il en résulte ou les passions ou les beaux-arts,

Ce sont les passions qui forment les mou vemens tumultueux et confus de ce qu'on appelle le monde. Cherchons un fil pour nous conduire dans ce labyrinthe.

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La classification est la première condition de l'ordre et des principes. La variété semble infinie dans les individus ; mais sitôt que, parmi tant de confusion, on est parvenu à établir quelques caractères généraux, l'infini s'évanouit, et dans l'ordre qui s'établit de partout, tout semble se rapprocher de nous."

2. Les passions sont des mouvemens prolongés de sensibilité, qui ont pour principes un sentiment unique, moteur de tous les sen timens et de toutes les idées subordonnées.

Les passions sont soumises à trois forces qui se combinent avec une variété presque infinie. Ces forces sont 1.° la sensibilité, 2.° les idées, 3.o et les circonstances. Dans chaque passion quelqu'un de ces élémens prédomine, et forme le caractère sur lequel je vais établir les différentes espèces de passions. Je distingue les passions.

1. En passions primitives directement émanées de la sensibilité, comme la faim, la soif, l'amour physique, le besoin de mouvement et de repos, etc.

2.*

2.° En passions secondaires, ou passions pour les moyens, qui ont leur principale source dans les idées, comme l'ambition et l'avarice avec leur nombreux cortège d'orgueil, de vanité, de cupidité, d'industrie, etc.

3.o En passions de circonstance ou d'accident, qui ont leur principe dans l'action de quelqu'objet extérieur, combiné avec la passion dominante, comme dans la colère, l'impatience, la peur, la jalousie, le dépit, l'attente trompée, etc.

Ce qui distingue toutes les passions des opérations ordinaires de l'imagination, c'est la durée, la force, et surtout l'unité de leur

mouvement.

§ 3. On peut, dans les passions primitives, distinguer les passions de l'automate, des passions de l'homme; mais cette distinction est presqu'idéale. Les passions de l'automate sont des besoins sans objet, tandis que les passions de l'homme sont fixées à un objet, c'est-àdire à une idée. Les premières privées d'idées n'ont que la moitié du jeu de l'imagination.

Les passions purement animales sont la faim, la soif, l'amour physique, le besoin de mouvement et de repos, et tous les besoins émanés uniquement de l'organisation. On conçoit

que tous ces besoins pourroient exister sans idées: le sentiment pressant de la faim ou de la soif pourroit parler avant de connoître son objet, et l'oiseau solitaire éprouve le besoin d'amour avant de savoir ce qu'il désire.

L'automate, que je suppose encore privé d'idées, auroit sans doute dans son âme une disposition bien prononcée à toutes les sensations propres à calmer ses désirs. Ouvrezlui les cinq sens, et vous verrez le sentiment moteur se porter de préférence sur les objets de ses désirs, c'est-à-dire de ses besoins.

Donnez à l'automate les idées, dont nul homme sain n'est privé, et vous verrez d'autres passions naître peu-à-peu de l'action combinée des idées avec les sentimens. Placez-le au milieu des obstacles et le mouvement intérieur des passions sera forcé à se combiner avec l'action des objets extérieurs.

Sitôt que, dans les passions primitives, on suppose le sentiment lié à un objet on suppose l'action et la réaction des idées sur la sensibilité, et de la sensibilité sur les idées, c'est-à-dire le jeu complet de l'imagination.

Dans cette seconde époque des passions primitives on voit l'amour grossier s'épurer dans l'amour d'un objet unique; bientôt l'amour

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