Et le bras tout fouillé du fang des innocens, O combien de héros indignement périrent! En implorant leur roi qui les trahit tous deux. ,, Du haut de ce palais excitant la tempête, Médicis à loifir contemplait cette fête ; Ses cruels favoris, d'un regard curieux, Voyaient les flots de fang regorger fous leurs yeux; Et de Paris en feu les ruines fatales Etaient de ces héros les pompes triomphales. "QUE dis-je? ô crime! ô honte!ô comble de nos maux! Leroi, (31) le roi lui-même, au milieu des bourreaux, Pourfuivant des profcrits les troupes égarées, Du fang de fes fujets fouillait fes mains facrées ; Et ce même Valois que je fers aujourd'hui, (32) Ce roi qui par ma bouche implore votre appui, Partageant les forfaits de fon barbare frère, A ce honteux carnage excitait fa colère. Non qu'après tout Valois ait un cœur inhumain : "QUELQUES-UNS, il eft vrai, dans la foule des morts, Du fer des affaffins trompèrent les efforts. De Caumont, (33) jeune enfant, l'étonnante aventure Son vieux père, accablé fous le fardeau des ans, Un lit feul enfermait et les fils et le père : ,, L'ETERNEL en fes mains tient feul nos deftinées; Il fait, quand il lui plaît, veiller fur nos années, Tandis qu'en fes fureurs l'homicide eft trompé. D'aucun coup, d'aucun trait Caumont ne fut frappé ; Un invifible bras, armé pour sa défense, fa Aux mains des meurtriers dérobait fon enfance : "CEPENDANT, que fefais-je en ces affreux momens? O nuit! nuit effroyable! ô funefte fommeil ! "MAIS foit qu'un vieux refpect pour le fang de leurs maitres Quand un roi veut le crime, il eft trop obéi: CHANT I I I. ARGUMENT. Le Héros continue l'histoire des guerres civiles de France. Mort funefte de Charles IX. Règne de Henri III: fon caractère. Celui du fameux duc de Guife, connu fous le nom du Balafré. Bataille de Coutras. Meurtre du duc de Guife. Extrémités où Henri III eft réduit. Mayenne eft le chef de la Ligue d'Aumale en eft le héros. Réconciliation de Henri III et de Henri roi de Navarre. Secours que promet la reine Elifabeth. Sa réponse à Henri de Bourbon. „QUAND l'arrêt des deftins eut,durant quelques jours, A tant de cruautés permis un libre cours, Aisément fa pitié fuccède à sa furie : Il entendit gémir la voix de fa patrie. Bientôt Charles lui-même en fut faifi d'horreur ; Le remords dévorant s'éleva dans fon cœur. Des premiers ans du roi la funefte culture N'avait que trop en lui corrompu la nature ; Mais elle n'avait point étouffé cette voix Qui jufque fur le trône épouvante les rois. Par fa mère élevé, nourri dans fes maximes, Il n'était point comme elle endurci dans les crimes. Le chagrin vint flétrir la fleur de fes beaux jours; Une langueur mortelle en abrégea le cours: DIEU, déployant fur lui fa vengeance févère, Marqua ce roi mourant du fceau de fa colère, Et par fon châtiment voulut épouvanter Quiconque à l'avenir oferait l'imiter. Je le vis (1) expirant : cette image effrayante A mes yeux attendris femble être encor préfente. Son fang, à gros bouillons de fon corps élancé, Vengeait le fang français par fes ordres verfé: Il fe fentait frappé d'une main invisible ; Et le peuple, étonné de cette fin terrible, Plaignit un roi fi jeune et fitôt moissonné, Un roi par les méchans dans le crime entraîné, Et dont le repentir permettait à la France D'un empire plus doux quelque faible espérance. "SOUDAIN du fond du Nord, au bruit de fon trépas, L'impatient Valois, accourant à grands pas, |