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TIMOCLÉS.

Vous en userez comme vous voudrez.

SCENE IV.

IPHICRATE, TIMOCLÉS, CLITIDAS.

IPHICRATE.

Clitidas se resouvient bien qu'il est de mes amis; je luy recommande toûjours de prendre mes interests auprés de sa maistresse contre ceux de mon rival.

CLITIDAS.

Laissez-moy faire : il y a bien de la comparaison de luy à vous, et c'est un prince bien bâty pour vous le disputer!

IPHICRATE.

Je reconnoistray ce service.

TIMOCLÉS.

Mon rival fait sa cour à Clitidas, mais Clitidas sçait bien qu'il m'a promis d'appuyer contre luy les pretentions de mon amour.

CLITIDAS.

Assurément, et il se mocque de croire l'emporter sur vous voilà, auprés de vous, un beau petit morveux de prince!

TIMOCLÉS.

Il n'y a rien que je ne fasse pour Clitidas.

CLITIDAS.

Belles paroles de tous côtez. Voicy la princesse ; prenons mon temps pour l'aborder.

SCENE V.

ERIPHILE, CLEONICE.

CLEONICE.

On trouvera étrange, Madame, que vous vous soyez ainsi écartée de tout le monde.

ERIPHILE.

Ah! qu'aux personnes comme nous, qui sommes toûjours accablées de tant de gens, un peu de solitude est parfois agreable, et qu'aprés mille impertinens entretiens, il est doux de s'entretenir avec ses pensées! Qu'on me laisse icy promener toute seule.

CLEONICE.

Ne voudriez-vous pas, Madame, voir un petit essay de la disposition de ces gens admirables qui veulent se donner à vous? Ce sont des personnes qui, par leurs pas, leurs gestes et leurs mouvemens, expriment aux yeux toutes choses; et on appelle cela pantomimes. J'ay tremblé à vous dire ce mot, et il y a des gens dans vostre cour qui ne me le pardonneroient pas.

ERIPHILE.

Vous avez bien la mine, Cleonice, de me venir icy regaler d'un mauvais divertissement: car, grace au Ciel, vous ne manquez pas de vouloir produire indifferemment tout ce qui se presente à vous, et vous avez une affabilité qui ne rejette rien. Aussi

est-ce à vous seule qu'on voit avoir recours toutes les muses necessitantes; vous estes la grande protectrice du merite incommodé, et tout ce qu'il y a de vertueux indigens au monde va débarquer chez

vous.

CLEONICE.

Si vous n'avez pas envie de les voir, Madame, il ne faut que les laisser là.

ERIPHILE.

Non, non, voyons-les; faites-les venir.

CLEONICE.

Mais peut-estre, Madame, que leur dance sera méchante.

ERIPHILE.

Méchante ou non, il la faut voir ce ne seroit, avec vous, que reculer la chose, et il vaut mieux en estre quitte.

CLEONICE.

Ce ne sera icy, Madame, qu'une dance ordinaire; une autre fois...

ERIPHILE.

Point de preambule, Cleonice; qu'ils dancent.

SECOND INTERMEDE

La confidente de la jeune princesse luy produit trois danceurs, sous le nom de Pantomimes, c'est à dire qui expriment par leurs gestes toutes sortes de choses. La princesse les voit dancer, et les reçoit à son service.

ENTRÉE DE BALLET

DE TROIS PANTOMIMES.

ACTE II

SCENE PREMIER E.

ERIPHILE, CLEONICE, CLITIDAS.

V

ERIPHILE.

OILA qui est admirable! Je ne croy pas qu'on puisse mieux dancer qu'ils dancent, et je suis bien aise de les avoir à moy.

CLEONICE.

Et moy, Madame, je suis bien aise que vous ayez veu que je n'ay pas si méchant goust que vous avez pensé.

ERIPHILE.

Ne triomphez point tant, vous ne tarderez guere à me faire avoir ma revanche. Qu'on me laisse icy.

CLEONICE.

Je vous avertis, Clitidas, que la princesse veut estre seule.

CLITIDAS.

Laissez-moy faire, je suis homme qui sçais ma

cour.

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