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CHEZ LEFEVRE, LIBRAIRE,

RUE DE L'ÉPERON, N° 6.

M DCCC XXI.

CXFORD

PRÉFACE

DE L'ÉDITEUR.

PLUSIEURS circonstances se réunissent pour assurer à cette traduction du Traité du sublime un rang distingué dans les œuvres de son auteur: l'importance, les difficultés, et le succès de l'entreprise.

L'excellence de cet ouvrage de Longin a été si généralement reconnue, son utilité si bien sentie par les philologues les plus célèbres, qu'ils n'ont pas cru pouvoir le mieux caractériser, qu'en l'appelant UN LIVRE D'OR (Libellus aureus); et son auteur, un trésor d'érudition, une Bibliothèque vivante. La perte de tous les autres ouvrages attribués à ce fameux rhéteur ne nous permet pas d'apprécier aujourd'hui la justesse de ce dernier éloge. Est-il même bien sûr que le Traité du sublime soit de lui? C'est une question qu'il n'entre point dans notre plan de traiter ici dans toute son étendue; mais nous renverrons les amateurs de ces sortes de discussions, à l'excellente Dissertation philologique de RUHNKEN, De Vita et scriptis Longini 1; et au ju

I

Voyez le LONGIN de M. Weiske, p. 69 et suiv.

dicieux auteur de l'article LONGIN, dans la Biographie universelle 1. Mais s'il peut y avoir plusieurs sentiments sur la personne de l'auteur, il n'y aura jamais qu'une voix sur le mérite de l'ouvrage; et, quel que soit l'écrivain de génie qui nous a donné le Traité du sublime, il faut reconnoître en lui un homme prodigieux pour son siècle. Je dis pour son siècle: car, malgré l'étendue et la profondeur de ses vues; malgré la hauteur d'où il plane sur le génie des Homère et des Démosthène, on retrouve néanmoins dans l'ouvrage quelques traces de ces subtilités sophistiques, de cette critique pointilleuse, qui accusent une époque de décadence, et ne permettent pas de remonter au siècle d'Auguste, ni d'attribuer par conséquent ce précieux Opuscule à Denys d'Halicarnasse; à moins que l'on n'adopte l'opinion d'un savant distingué, M. Jérôme Amati, qui, guidé dans son ingénieuse conjecture par l'inscription même des deux plus anciens manuscrits de Longin 2, restitue le Traité du sublime à Denys d'Halicarnasse, et ne voit plus,

Tome XXIV, p. 666.

2 Ceux de Paris et du Vatican, qui portent pour titre, de Denys ou de Longin. Voyez Weiske, p. 213 et suiv.

3

On sait que cette méthode d'abréviation, restreinte d'abord aux grands corps d'histoire, s'étendit insensiblement jusqu'aux simples traités de grammaire, de philosophie, ou de rhétorique.

dans Longin, que son abréviateur 3 : rôle encore assez beau, puisqu'il nous auroit conservé ce vénérable et dernier rempart, opposé à la barbarie qui deja menaçoit, et ne tarda pas d'envahir tout l'empire des lettres.

Tel est le précieux monument que Boileau s'efforça, le premier, de rendre à l'admiration des modernes : entreprise d'autant plus difficile, que les secours philologiques étoient alors plus rares, et devenoient cependant d'autant plus nécessaires ici, que le texte de Longin nous étoit parvenu dans un état de désordre et de mutilation vraiment déplorable1. L'idée seule de traduire le Traité du sublime supposoit donc dans l'auteur une connoissance profonde de la langue grecque, et de celle des rhéteurs en particulier; une grande habitude des matières traitées dans l'ouvrage, et sur-tout ce courage de persévérance, qui ne se rebute de rien, et n'abandonne les difficultés qu'après les avoir vaincues. Soit, en effet, qu'elles fussent de nature à effrayer la timidité des traducteurs; soit que le mérite réel de Longin ne fût pas encore reconou seulement apprécié de quelques savants de profession, aucune langue moderne ne s'étoit jusqu'alors emparée du Traité du sublime. Boi

nu,

I

Voyez Lévesque, Notices et Extraits des manuscrits de la Bibliothèque du Roi, tome VII, p. 101.

a.

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