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22988

DICTIONNAIRE

RAISONNÉ

DES DIFFICULTÉS

GRAMMATICALES ET LITTÉRAIRES

DE LA LANGUE FRANÇAISE

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REVUE D'APRÈS LE NOUVEAU DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE

ET LES TRAVAUX PHILOLOGIQUES LES PLUS RÉCENTS

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BIBLIOTECA

ERECHO

AVERTISSEMENT

SUR CETTE TROISIÈME ÉDITION.

Nous n'avons annoncé qu'une simple révision du Dictionnaire des difficultés grammaticales et littéraires, de J. Ch. Laveaux. Nous ne pouvions, en effet, avoir l'intention de corriger les ouvrages d'un philologue distingué, que nous serions heureux de pouvoir un jour suivre de loin.

Respectant son jugement en général, sans cependant nous en tenir toujours aux opinions qu'il a émises dans le Dictionnaire des difficultés, nous avons souvent puisé sans serupule dans ses derniers ouvrages, soit des définitions plus claires et plus conformes à l'usage, soit des articles entiers se rapportant à notre sujet 2.

Quant aux décisions que Laveaux a maintenues constamment, elles ont toutes été conservées. Mais une note avertit le lecteur lorsqu'elles ne sont pas conformes à celles de l'Académie.

Nous avons même laissé subsister cet arrêt, souvent un peu trop absolu, qu'on trouve dans un grand nombre d'articles: Ce mot n'est pas du style noble 3.

Toutefois, certaines suppressions ont été jugées nécessaires.

Dans la seconde édition de son livre, Laveaux avait ajouté de longs articles de rhétorique, extraits textuellement de l'Encyclopédie, et qui n'avaient pas de liaison intime avec le reste de l'ouvrage; ils ont disparu de celle-ci. Retranchant également les jugements portés par Laveaux sur une foule de termes barbares recueillis par Mercier dans son dictionnaire de Néologie, nous nous sommes contenté de conserver les articles relatifs à des expressions,

1 Ces ouvrages sont : le Nouveau dictionnaire de la langue Française, Paris, Dėterville et Lefèvre, 1820, 2 vol. in-4., et le Dictionnaire synonymique de la langue Française, Paris, Alexis Eymery, 1826, 2 vol. in-8.

2 Voyez, par exemple, l'article Genre.

3 Au lieu de le modifier dans chaque passage, nous nous contenterons de citer ici, comme correctif, ce morceau plein de modération et de justesse que nous trouvons dans un discours de M. Patin, et où l'emploi légitime des termes familiers nous parait parfaitement distingue de l'abus qu'on en a fait :

.

« Cet abandon du met propre, ce recours à la circonlocution, à l'équivalent, devaient, à la longue, énerver et appauvrir le

* style, le rendre vague, froid, tendu, monotone. C'est ce qui est arrivé, et ce dont on s'est senti très-fatigué, lorsque après deux

⚫ siècles de fécondité littéraire a commencé l'épuisement; c'est à quoi on a tâché de remédier en relâchant la rigueur des règles prohibitives.

Il y avait une aristocratie de style, fière, dédaigneuse, qui avait toujours été s'épurant, se resserrant, mais qui, à la fin, pour se recruter, fut bien obligée d'ouvrir ses rangs aux mots pléhéiens, roturiers, qu'elle avait jusque-là repoussés. Cette revolution se fit peu à peu, avec gradation. D'abord on y procéda par des anoblissements partiels; ensuite ce fut une irrup«tion, une conquête violente, une prise de possession turbulente et déréglée de la part de la démocratie des mots. A la fin du • XVIIIe siècle, quelques écrivains avaient repris les mots techniques proscrits par Buffon. J.-J. Rousseau en avait hasardé plusieurs ; Bernardin de Saint-Pierre les avait prodigués dans ses belles descriptions de la nature qu'ils contribuèrent à animer *par leur nouveauté. Après les mots techniques, les mots propres, ce fut le tour des mots familiers. On comprit de quel avan*tage ils pouvaient être pour détendre le style, qui avait grand besoin d'être détendu. On les employa d'abord avec un art fort discret. On les prenait parmi les plus voisins du haut style; on leur choisissait une place où ils n'attirassent trop particulière, ⚫ment ni l'œil, ni l'oreille, ni l'effort de la voix, ni l'attention de l'esprit ; on les relevait par un entourage distingué.......

Bientôt on fit différemment et même tout autrement. On puisa dans la partie la plus basse de notre vocabulaire, et • ces mots, étonnes de leur subite élévation, on les mit le plus possible en lumière; à notre vieille pourpre usée et déchirée, * on n'eut pas honte de coudre des haillons, et l'on obtint ainsi un effet de surprise infaillible, qui dut passer pour du plaisir • et de l'admiration auprès de tous ceux que cela ne révoltait pas. » (Mélanges de littérature ancienne et moderne, p. 189-190.)

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