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dixisse ei nocuerat: sed elatum abunde spiritum et audaces sententias deprehendas etiam in his, quae manent. Sunt et alii scriptores boni, sed nos genera degustamus, non bibliothecas excutimus.

Oratores vero vel praecipue latinam eloquentiam parem 105 facere graecae possunt: nam Ciceronem cuicumque eorum fortiter opposuerim. Nec ignoro, quantam mihi

avec d'autres écrits jusqu'alors reputés séditieux, ceux de Labienus et de Cassius Severus, remis en circulation sous Caligula, mais expurgés de leurs plus grandes hardiesses. C'est ce que veut dire: circumcisis quae dixisse ei nocuerat... in his quae manent

=

Libertas παρρησία. Cf. plus haut 65 et 94 avec les

notes sur ce mot.

Sunt et alii.. On n'est pas étonné que Quint. ait omis de nommer expressément Cornelius Nepos, Trogue Pompée, Velleius Paterculus, Valère Maxime et Quinte-Curce; mais on aurait voulu que César eût sa place parmi les historiens utiles à l'orateur. Il est vrai que la pura et illustris brevitas in historia qui ravissait l'orateur Cicéron (Brut. 75, 262) devait plaire beaucoup moins au rhéteur Quintilien. Scriptores συγγραφεῖς, designe surtout les historiens.

=

Degustamus. Cf. plus bas, 5, 22 inchoatae et quasi degustatae. Nous avons la métaphore effleurer. Cf. 45: genera ipsa lectionum... persequor.

Parem facere. Cicéron avait déjà formulé une prétention analogue à propos de Crassus et d'Antoine. Brut. 36, 138; in his primum cum graecorum gloria latine dicendi copiam aequatam.

Ciceronem. (106 à 43 av. J.-C.) TEUF. 175 et suiv. BERNH. 799 et suiv.

Cuicumque. Pronom indé

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Quantam pugnam... hoc tempore. Le talent de Cicéron était contesté déjà de son vivant (TAC. Dial. 18) Asinius Pollion le jugeait sévèrement, Quint. dit etiam inimice (XII, 1, 22); son fils Asinius Gallus avait écrit un ouvrage réfuté par l'empereur Claude: de comparatione patris et Ciceronis (PLIN. Ep. VII, 4 et SUET. Claud. 41) où l'orateur était fort malmené: Ciceronem parum integre atque improprie atque inconsiderate locutum (AULU-GEL. XVII, 1). Au temps même de Quintilien un certain Largius Licinus rédigea un Ciceromastix où la thèse de Gallus était reprise. Mais c'est dans le discours d'Aper (Dial. 22) qu'il faut chercher l'expression la plus vivante de la controverse à laquelle Quintilien pense s'exposer en écrivant cette page. L'éminent rhéteur, par tout son enseignement, réagit contre l'école personnifiée dans Aper et tente de ramener, par l'exemple et par le précepte, à l'imitation de Cicéron, comme il se flatte d'y être retourné lui-même. Mommsen chez les

concitem pugnam, cum praesertim non id sit propositi, ut eum Demostheni comparem hoc tempore: neque enim attinet, cum Demosthenem in primis legendum vel edis106 cendum potius putem. Quorum ego virtutes plerasque arbitror similes, consilium, ordinem, dividendi, praeparandi, probandi rationem, omnia denique quae sunt inventionis. In eloquendo est aliqua diversitas: densior ille, hic copiosior, ille concludit adstrictius, hic latius, pugnat

modernes a dépassé contre Cicéron les violences injustes de ses détracteurs anciens. C'est de Mommsen qu'est cette phrase: « Cicéron était en réalité un sipitoyable ouvrier (Pfuscher) en toutes choses, qu'il lui était à peu près indifférent de labourer tel champ plutôt que tel autre. »

Non id sit propositi. En effet; mais Quint. plus d'une fois déjà, pour Virgile, pour Salluste et Tite-Live a ébauché des parallèles avec les auteurs grecs. Ces parallèles étaient un des éléments essentiels de l'enseignement des grammairiens à Rome. Sur le génit. avec esse, v. K. II, 331, 2.

106. Virtutes plerasque similes, serait faux si on le prenait d'une façon absolue; est limité par quae sunt inven

tionis.

Consilium. II, 13, 2: res in oratore praecipua consilium est, quia varie et ad rerum momenta convertitur. Ce mot désigne l'appréciation raisonnée d'une cause et des moyens qui y sont propres.

Praeparandi. Cf. 21. Praeparat.. orator, et la note.

Aliqua. En réalité, la différence est beaucoup plus grande que ne le dit Quintilien. Fénelon comparant Cicéron à Dėmosthènes (Lettre à l'Académie, S 4) fait preuve de plus de jugement et de goût. Pascal de même avait dit: « Toutes

les fausses beautés que nous blamons en Cicéron ont des admirateurs, et en grand nombre. >> (Pensées sur le style, I, 106). M. Havet. p. 112, remarque que trois de nos plus grands esprits, Pascal, la Fontaine et Fénelon, se sont montrés sévères à l'égard de de cette éloquence tant admirée: C'est justement parce qu'elle était trop indiscrètement admirée de leur temps, et que le nom de Cicéron était compromis par les déclamateurs cicéroniens. Rollin encore, qui a tant de sens, avait peine à consentir qu'on préférât à Cicéron Démosthènes. » C'est que Rollin jurait surtout par Quintilien.

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Concludit. Ne s'entend pas de l'argumentation, mais de la manière de bâtir la période ou le vers. HOR. Sal. I, 4, 40: concludere versum. Cf. IX, 4, 22: περtódov, quae est..conclusio. Cic. Orat. 5, 20: oratio conclusa = style périodique; de même les termes de conclusio, comprehensio, ambitus verborum (Brul. 44, 162). Ecrire en style coupé se dit membratim dicere (CIC. Orat. 63, 212); membratim caesimque (QUINT. IX, 4, 126) et: carpere membris minutioribus orationem (Cic. de orat. III, 49, 190).

Pugnat. Sur l'assimilation de l'orateurà un combattant. Cf. la note au § 4. Acumine...

ille acumine semper, hic frequenter et pondere, illic nihil detrahi potest, hic nihil adici, curae plus in illo, in hoc naturae. Salibus certe et commiseratione, quae duo plu- 107 rimum in adfectibus valent, vicimus. Et fortasse epilogos illi mos civitatis abstulerit, sed et nobis illa, quae Attici mirantur, diversa latini sermonis ratio minus permiserit. In epistulis quidem, quamquam sunt utriusque, dialogisve,

pondere continuent la métaphore, en l'adoucissant. Acumen qui s'entend de la pénétration intellectuelle, (cf. CIC. de orat. 1, 28, 128: acumen dialecticorum) renferme l'idée d'acies = la pointe du glaive; pondus, désignant le poids des arguments, suggère l'idée du poids de l'arme; Démosthène pénètre avec la pointe, Cicéron frappe avec le tranchant. Cf. XII, 10, 36: subtilitate vincimur (a Graecis): valeamus pondere, où l'intention métaphorique n'existe pas.

Curae.. naturae. Pour Quint. l'éloquence de Démosthène sent l'effort plus que celle de Cicéron; est-ce un souvenir du ¿λλuɣvíwv õòwòɛv, que reprochait Pytheas à l'orateur athénien (Cf. PLUT. Vie de Demosth. VIII, et Parallele, I,? En tous cas il y a là une illusion produite par la grande vigueur de l'un et l'abondance souvent stérile de l'autre; il y a plus de soin chez Démosthene, mais aussi plus de dispositions naturellés.

107. Salibus. Plutarque rappelle les plaisanteries dont Ciceron cribla Caton dans le pro Murena et dit de l'orateur: Aozat da nai yêhwtos oizat og ó Kuzépwv yeyovévaɩzzi púloczúrty; (Ib. éd. Graux. p. 184). Cf. QUINT. VI, 3, 2: plerique Demostheni facultatem defuisse huic rei (salibus) credunt, Ciceroni modum; et il n'accepte pas cette dernière

QUINT, LIB. I

restriction mihi quidem... mira quaedam in eo videtur fuisse urbanitas. Commiseratio le pathétique.

In adfectibus. On appelle de ce nom opus... movendi judicum animos (VI, 2, 1). La plaisanterie quae risum judicis movendo... illos tristes solvit adfectus (ib. 3, 1), est de leur ressort.

Epilogos. Les péroraisons. Quint. emploie plus haut, 50 le même mot pour désigner le dernier épisode de l'Iliade. Mos civitatis; cf. II, 16, 4: Athenis, ubi actor movere adfectus vetabatur, velut recisam orandi potestatem. Cela n'est vrai que des discours prononcés devant l'Areopage. Partout ailleurs l'orateur gree jouissait d'une entière liberté; mais la modération, qui est lé fond du génie hellénique, ne s'accommodait guère des effets violents où se complait Cicéron.

Illa, quae Allici mirantur. Cf. 100: illam solis conces 8am Allicis venerem ; et XII, 10,35: illam gratiam sermonis Allici.

In epistulis. Il reste aujourd'hui six lettres attribuées

Démosthène ; mais elles sont apocryphes. Quint. en connaissait if d'autres? On en pent douter. Quoi qu'il en soit, cette façon d'établir la precellence de Cicéron est quelque peu puérile.

Dialogis. Les oeuvres oratoires et philosophiques qui

in quibus nihil ille, nulla contentio est.

Cedendum vero

in hoc, quod et prior fuit et ex magna parte Ciceronem, 108 quantus est, fecit. Nam mihi videtur M. Tullius, cum se totum ad imitationem Graecorum contulisset, effinxisse vim 109 Demosthenis, copiam Platonis, jucunditatem Isocratis. Nec vero quod in quoque optimum fuit, studio consecutus est tantum, sed plurimas vel potius omnes ex se ipso virtutes extulit immortalis ingenii beatissima ubertate. Non enim pluvias, ut ait Pindarus, aquas colligit, sed vivo gurgite exundat, dono quodam providentiae genitus, in quo totas vires suas eloquentia experiretur.

ont revêtu la forme du dialogue. In quibus nihil ille est une naïveté qui fait sourire. Pourquoi ne pas citer aussi à cette place les œuvres poétiques de Cicéron? Quint. les cite, mais avec regret, XI, 1, 24.

108. Nam. Etablit la transition sur l'idée d'imitation. Cicéron doit le meilleur de son talent à Démosthène, car il l'a imité, et non seulement lui etc.

Effinxisse. Exagération manifeste. Le génie de Cicéron, si haut qu'on le place, ne peut être considéré comme la synthèse de ces trois génies grecs. Il s'est formé à leur école, il leur a pris quelques-unes de leurs qualités, mais il ne les résume pas toutes. Les trois noms se rapportent d'ailleurs aux trois genres de style que doit posséder l'orateur; cf. 44 et les notes. Démosthène est le représentant du style simple, Platon du style sublime et Isocrate du style fleuri. Tout cela est bien factice.

109. A partir de cet endroit l'éloge devient lyrique et excessif. Il convient de rapprocher César, qui dans le traité de Analogia adressé à Cicéron lui rendait justice en ces termes: Ac si, ut cogitata prae

clare eloqui possent, nonnulli studio et usu elaboraverunt, hujus (?) te paene principem copiae atque inventorem, bene de nomine ac dignitate populi Romani meritum esse existimare debemus... (Brut. 72, 253) Cf. PLINE, H. N. VII, 30: Facundiae Latiarumque litterarum parens atque... omnium triumphorum gloria major, quanto plus est ingenii Romani terminos in tantum promovisse quam impe

rii.

Ut ait Pindarus. Il n'y a point de passage dans Pindare, tel que nous le possédons, qui réponde à cette citation. Peut-être un souvenir inexact du début de la XIe

Olymp.: ἔστιν (χρῆσις) δ' οὐρα νίων ὑδάτων, ομβρίων, παίδων νεφέλας.

Providentiae. Ce mot désigne tantôt la prévoyance divine (povola) tantôt la sagesse et la sollicitude des empereurs, s'occupant d'assurer le bonheur du monde. De la Providentia Augusta ou Augustorum. Divi Caesaris etc. La signification concrète qu'il possède ici est également postérieure à Auguste et appartient au vocabulaire stoïcien. Cf. PLINE, Pan. 10: Jamte Providentia Deorum primum in locum

Nam quis docere diligentius, movere vehementius potest? 110 Cui tanta unquam jucunditas adfuit? ut ipsa illa, quae extorquet, impetrare eum credas, et cum transversum vi sua judicem ferat, tamen ille non rapi videatur, sed sequi. Jam in omnibus, quae dicit, tanta auctoritas inest, ut dissentire pudeat, nec advocati studium, sed testis aut judicis 111 adferat fidem, cum interim haec omnia, quae vix singula quisquam intentissima cura consequi posset, fluunt illaborata, et illa, qua nihil unquam pulchrius auditum est, oratio prae se fert tamen felicissimam facilitatem. Quare non immerito ab hominibus aetatis suae regnare in judiciis dic- 112 tus est, apud posteros vero id consecutus, ut Cicero jam non hominis nomen, sed eloquentiae habeatur. Hunc

provexerat.

Quis etc. Interrogations répétées qui semblent un souvenir de Cicéron jugeant Caton. Brut. 17, 65.

110. Docere... movere. On s'attend à delectare qui exprime le 3e des buts de l'art oratoire. C'est jucunditas qui en tient lieu (Cf. Brut. 49, 185). On remarquera combien la technique scolaire régit partout la pensée de Quint., comment elle est au fond de tous ses jugements.

Transversum.. ferat, c.-à-d. loin du droit chemin. Cf. au sens moral, SALL. Jug. 6, 3: opportunitas quae etiam mediocres viros... transvorsos agit. Ib. 14, 20.

111. Advocati. Ce mot désigne chez Cicéron les gens qui assistent un client en justice de leurs références, ou le recommandent par leur présence. Brut. 84, 289: Isti Attici (oratores)... etiam ab advocatis relinquuntur. Chez Quint. le mot s'applique frequemment à l'actor causarum, au causidicus, au parum, au causidicus, au pa

tronus.

Fidem. Cf. CIC. Brut. 50,

dation où les effets de l'éloquence sont énumérés.

Felicissimam facilitatem. Cf. plus haut 1, et 7.

112. Regnare. Cicéron a luimême employé cette expression en parlant de sa personne. Ep. ad fam. VII, 24, 1: Olim quum regnare existimabamur; IX, 18, 1: amisso regno forensi...

Non hominis... sed eloquentiae. Voilà le fond de la pensée de Quintilien sur la comparaison de Cicéron avec Démosthène; il se défendait de la faire, et il, l'a faite en sacrifiant l'orateur attique, ce dont Cicéron et ses amis se sont bien gardés. Cf. Brut. 73, 254: Quo... uno vinceba mur a victa Graecia, id aut ereptum ab illis est aut certe nobis cum illis communicatum. S'il en faut croire Plutarque, Brutus dans ce passage n'est que l'écho de Molon, un des maitres de Cicéron: Σè μέν, ὦ Κικέρων, ἐπαινῶ καὶ θαυ ¿ dè μάζω, τῆς δὲ Ἑλλάδος οἰκτείρω την τύχην ὁρῶν, ἃ μόνα τῶν καλῶν ἡμῖν ὑπελείπετο, καὶ ταῦτα "Ρωμαίοις σοῦ

187: facit fidem oratio, com-Papaiois dià oоб прооуενóμεvα, me le dernier terme d'une gra

παιδείαν καὶ λόγον. (Cic. 4).

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