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99 Aelii Stilonis sententia, Plautino dicat sermone locuturas fuisse, si latine loqui vellent, licet Caecilium veteres laudibus ferant, licet Terentii scripta ad Scipionem Africanum referantur (quae tamen sunt in hoc genere elegantissima et plus adhuc habitura gratiae, si intra versus

table de celles de Plaute. Il ne faut pas oublier que Quint. en jugeait ainsi par comparaison, tout d'abord avec la comédie grecque, d'une fécondité et d'une supériorité également merveilleuses; ensuite avec les autres genres latins, notamment avec la tragédie que les modernes connaissent d'une façon très insuffisante. Horace est encore plus sévère que Quint. à l'endroit de la comédie, Ep. II, 1,170 et suiv. Art poét. 270 et suiv.

Aelius, L. Praeconinus surnommé Stilo à cause de son talent d'écrivain: quod orationes nobilissimo cuique scribere solebat. SUET. de Gram. 2; s'occupait surtout de commenter les anciens auteurs latins; fut le maître de Varron et quelque peu aussi aussi celui de Cicéron, qui fait son éloge. Brut. 56, 205. Varron avait donc recueilli de sa bouche même le jugement sur Plaute.

Musas: cf. l'épigramme connue de Platon sur Aristophane : Αι χάριτες τέμενός τι λαβεῖν, ὅπερ οὐχὶ πεσεῖται Διζόμεναι ψυχὴν εὗρον ̓Αριστοφά VOUS. OLYMP. Vit. Plat. Un ancien commentateur, Muret (Var. Lect. XVI, 13) a observé non sans raison: « Ne illae (Musae) saepe, si Plautino more loquerentur, meretricio magis quam virginali more loquerentur. » Vellent, et non voluissent, parce que la possibilité générale, latine loqui, dure toujours.

trimetros stetissent), vix

Plaute, Cecilius, Térence les trois grands comiques latins. Volcatius Sedigitus, grammairien de la seconde moitié du 7e siècle de Rome (AUL. GELL. XV, 24), avait dressé un canon de dix comiques latins, où Caecilius et Plaute occupent les premiers rangs, Térence seulement le sixième. Les trois avant lui sont Naevius, Licinius et Atilius. Le grammairien Nonius nous a conservé ce jugement de Varron (au mot poscere): In argumentis Caecilius poscit palmam, in ethesin Terentius, in sermonibus Plautus. Caecilius Statius était un gaulois Insubre, qui mourut un an après Ennius, dont il avait été l'ami. Cicéron lui reprochait d'écrire en mauvais latin (ad Att. VII, 3). Il imitait surtout Ménandre, à qui Aulu-Gelle (11, 23) le compare, en le mettant bien au-dessous du modèle grec. - Pour Plaute et Térence v. TEUF. 96 et suiv. 108 et suiv. BERNHARDY. 452 et suiv.

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Ad Scipionem Afric. V. SUET. Vit. Ter. 2: adjutum Terentium in scriptis a Laelio et Scipione; et le prologue des Adelphes, v. 15: homines nobiles eum adjutare adsidueque una scribere, etc.

Intra versus trimetros. Cette remarque s'inspire d'une critique qui a déjà dicté à Horace ses jugements sur Plaute; cf. Art poét.270 et suiv. Si modo... legitimum.. sonum digitis callemus et ore. Sur les

levem consequimur umbram: adeo ut mihi sermo ipse Ro- 100 manus non recipere videatur illam solis concessam Atticis venerem, cum eam ne Graeci quidem in alio genere linguae obtinuerint. Togatis excellit Afranius: utinam non inquinasset argumenta puerorum foedis amoribus, mores suos fassus.

licences et les irrégularités de la métrique de Plaute, que les modernes ont vainement tenté de justifier par des règles plus ou moins fàctices, v. l'excellent aperçu de BERNHARDY, 442, n. 325. Seulement l'expression de Quint. trahit sa pensée. Voulait-il dire vraiment que la comédie latine eût à s'astreindre toujours aux lois du trimètre iambique? Cette exigence serait absurde, Aristophane et Ménandre ayant employé eux-mêmes et avec raison des formes métriques diverses. Il faut croire que Quint. entendait parler d'une manière générale de métrique astreinte à des règles fixes; or avec la meilleure volonté du monde il est difficile de la reconnaître toujours chez Plaute; pour Térence la restriction de Quint. est absolument inadmissibble. Cf. BENOIST. Morceaux choisis de Plaule. Préf. p. V et suiv. et QUICHERAT, Traité de versification latine, 222 et suiv. Cicéron a dit beaucoup mieux Comicorum senarii, propter similitudinem sermonis, sic saepe sunt abjecti, ut nonnunquam vix in eis numerus et versus intellegi possit (Orat. 55, 184).

100. Levem umbram. Expression proverbiale qui vient du grec. Cf. Luc. Hermot. 79: τὴν σκιάν θηρεύειν, ἐάσαντες τὸ σῶμα.

Atticis... alio genere linguae: Dans un autre dialecte. Cette grâce est la propriété exclusive des attiques,

mais non pas seulement de la comédie attique.

Togatis. On appelait Togatae fabulae dans le sens le plus général du mot: quae scriptae sunt secundum ritus et habitum hominum togatorum, i. e. Romanorum (DIOм. III, p. 489) par opposition aux palliatae qui sont des comédies à personnages grecs, vêtus du pallium. Cf. QUINT. XI, 3, 143 togam veteres ad calceos usque demittebant, ut Graeci pallium.

Afranius, L. contemporain de Térence; florissait vers 130 av. J.-C. Quoique transportant sur la scène des sujets romains, il imita Ménandre Dicitur Afrani toga convenisse Menandro (HOR. Ep. II, 1,57). C'est de lui qu'est le mot rajeuni par Molière: Prendre son bien où on le trouve. MACR. Sat. VI, 44: Sumpsi non ab illo (Menandro) modo sed ut quisque habuit conveniret quod mihi quodque me non posse melius facere credidi, etiam a Latino. Cicéron l'appelle (Brut. 45, 167): homo perargutus, in fabulis quidem etiam, scitis, disertus.

ut

Foedis amoribus. Cf. AuSONE, Epigr. 71, 2: repperit obscenas veneres vitiosa li

bido... quam toga facundi scenis agitavit Afrani.

Surutinam non différent de utinam ne. V. K. II. 147, 5. Il eût été à désirer que... ne pas...

101

At non historia cesserit Graecis. Nec opponere Thucydidi Sallustium verear, nec indignetur sibi Herodotus aequari T. Livium, cum in narrando mirae jucunditatis clarissimique candoris, tum in contionibus supra quam enarrari potest eloquentem: ita quae dicuntur omnia cum rebus, tum personis accommodata sunt : adfectus quidem praecipueque eos qui sunt dulciores, ut parcissime dicam, nemo historicorum commodavit magis. Ideo102 que illam immortalem Sallustii velocitatem diversis virtuti

101. Cesserit; même formule que plus haut: « Vergilius... dederit exordium; cf. 86: naturae caelesti cesserimus. Sp: cesserim avec historia à l'ablatif.

Salluste. (C. Crispus, 87 à 34 av. J.-C.). V. TEUF. 205 et 206. BERNHARDY, 702 et suiv. Velleius Paterculus dit de même, II, 36, 2: Aemulum Thucydidi Sallustium. Senèque le rhéteur fait un rapprochement analogue, (Suas. 6, 21). Cependant Salluste ressemble surtout à Thucydide par les défauts ou, si l'on veut, par l'exagération des qualités de son style. Cf. SEN. Ep. 114: Sallustio vigente, amputatae sententiae et verba ante expectatum cadentia et obscura brevitas fuere pro cultu. Scaliger avait qualifié son style de: anxium atque insiticium dicendi genus. En même temps que Quintilien, Martial XIV, 191 le célébrait avec enthousiasme: Primus Romana Crispus in historia.

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nisse statimque ut viderat abisse?

Clarissimi candoris. Cf. la note plus haut, 32 et plus bas, 121.

Eloquentem. Cf. QUINT. VIII, 1, 3: mirae facundiae viro... TAC. Agr. 10: Livius veterum, Fabius Rusticus recentium eloquentissimi auctores. Ann. IV, 34: T. Livius, eloquentiae ac fidei praeclarus inprimis. Caligula (SUET. Cal. 34) le trouvait verbosum in historia neglegentemque. M. Taine, dans l'Essai sur Tite-Live, excelle à mettre en relief le côté oratoire de l'histoire de Tite-Live.

Supra quam etc.; TiteLive, 41, 15, 2, a l'adverbe : inenarrabiliter. Cf. SALL. Cat. 5, 3: Supra quam cuiquam credibile est.

Adfectus. Cf. 48: adfectus quidem, vel illos mites etc. Dulciores = jucundiores vel visu vel lectu. Parcissime. Cf. plus bas, 4, 4: qui parcissime: ceux qui en parlent avec le plus de modération.

Commodavit. (Halm; au sens de praestitit). D'autres : commendavit, qui se rencontre avec le sens de faire valoir, 5,8.

102. Immortalem. Même épithète plus haut (86) pour Virgile. Ici elle sent l'emphase.

Velocitatem rapidité, conséquence de la brièveté; cf. HOR. Sat. I, 10, 9: Est brevi

bus consecutus est. Nam mihi egregie dixisse videtur
Servilius Nonianus, pares eos magis quam similes:
qui et ipse a nobis auditus est, clari vir ingenii et senten-
tiis creber, sed minus pressus quam historiae auctoritas
postulat. Quam paulum aetate praecedens eum Bassus 103
Aufidius egregie, utique in libris belli Germanici,
praestitit, genere ipso probabilis, in operibus quibusdam
suis ipse viribus minor. Superest adhuc et ornat aetatis 104

late opus ut currat sententia. De même Aristote, Rhet. III, 16, 4: ταχεῖαν διήγησιν pour Spayetav. Le comique Eupolis (SCHOL. ARISTOPH. Acharn. 535) avait dit de Périclès : ταχὺς λέγειν μὲν, πρὸς δέ γ' αὐτ τῷ τῷ τάχει πειθώ τις. Cf. plus haut, 82. Quint. XII, 10, 65, traduit par celeritas: hanc vim et celeritatem in Pericle miratur Eupolis.

Consecutus: a égalé (au point de vue de la renommée) par des qualités différentes. L'expression complète est chez Cicéron, Phil. XIV, 35: parem virtutis gloriam consecuta est (legio). La phrase de Quintilien ne répond pas exactement à sa pensée.

Servilius. Déjà célèbre sous Claude, qui honora une de ses lectures publiques de sa présence (PLIN. Ep. I, 13, 3). Tacite parle de son éloquence dans le Dial. des orat. 23 et dit dans les Annales XIV, 19, qu'il fut : diu foro, mox tradendis rebus Romanis celebris. Perse l'avait vénéré comme un père: il mourut en 60. Et ipse. Quintilien l'entendit en personne: il avait entre 20 et 25 ans quand Servilius mourut.

Sententiis. Cf. 68: sententiis densus. L'antithèse avec minus presus éclaire les deux expressions; la seconde désigne la concision, la netteté rigoureuse dans la manière de rendre chaque pensée; la pre

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mière indique une grande richesse de pensées morales, de sentences. Elles peuvent donc aller l'une sans l'autre. V. plus haut, 44.

103. Aetale praecedens. Aufidius Bassus était déjà décrepit du vivant de Sénèque (Ep. 30, 1). Il avait mêné l'histoire romaine jusqu'à la fin du règne de Claude; c'est de là que Pline l'Ancien la reprit. Sénèque le rhét. (Suas. VI, 18 et 23) cite de lui deux fragments sur la mort de Ciceron qui sont d'un style prétentieux. Tacite (Dial. 23) parle de son éloquence en même temps que de celle de Servilius.

In libris belli Germanici. Comme il écrivit une histoire d'un objet plus général, il se peut que les livres sur la guerre de Germanie en aient formé la partie la plus remarquable.

Genere ipso, c'est-à-dire dicendi par le style.

Suis ipse viribus: Au-desSous de lui-même. Sur la construction du possessif au nomin. avec le sujet ou l'objet auxquels il s'oppose, v. K. II, 185, 4.

104. La phrase qui suit est peut-être de tout l'ouvrage de Quintilien, celle qui a causé le plus de tourments aux commentateurs, d'abord parce que le texte dans les MS. est fort corrompu, ensuite parce que le vague des indications laisse

ال

nostrae gloriam vir saeculorum memoria dignus, qui olim nominabitur, nunc intellegitur. Habet amatores nec immerito Cremutii libertas, quamquam circumsisis quae

un vaste champ aux conjectures. On s'en fera une idée en lisant l'Excursus II au Xe livre de Frotscher, p. 233 à 250. Nous gardons le texte de Halm; et puisqu'il faut mettre un nom propre au bout du jugement de Quintilien, nous nous décidons avec Sarpe pour Fabius Rusticus, l'historien que Tacite (Agr. 10) associe à Tite-Live avec le titre de eloquentissimi auctores. Le lecteur moderne pense plus volontiers à Tacite; mais au moment où Quint. écrit, Tacite n'a rien publié encore, et il est douteux que pendant le règne de Domitien il se fût avisé de lire publiquement ni la Vie d'Agricola, ni une partie quelconque des Annales; plus douteux encore que le prudent Quintilien, qui s'est interdit de nommer aucun auteur vivant, à l'exception de Domi tien, se fût hasardé à vanter en ces termes une histoire aussi audacieuse. D'autres n'ont pas séparé la phrase superest de la suivante: Habet amatores etc. et ont rapporté le tout à Cremutius Cordus: c'est le sens que préfére Krüger. Mais superest est identique ici à superstes est, ce qu'implique également le: ornat aetatis nostrae gloriam

la gloire de notre génération; cf. 38: aetatis suae quibuscumque vivebat. Or, Cremutius est mort depuis longtemps. Tous les termes employés par Quint. conviennent parfaitement à Fabius, dont Tacite invoque plusieurs fois l'autorité. V. outre le passage de la Vie d' gricola, Ann. XIII, 20; XIV, 2; XV, 61.

Le testament de Dasumius (v. TEUF. 330, 8) le nomme comme héritier à côté de Tacite et de Pline le Jeune, ce qui établit qu'en 108 il était encore en vie; et ses ouvrages sont lus sous le règne de Domitien comme le prouve la mention qu'en fait Tacite. Mommsen, Index des lettres de Pline, à la suite de l'édition de Keil, 424, suppose que la lettre 29 du IXe livre lui est adressée. Il serait tout au moins étrange que Quint. eût omis de mentionner un écrivain de cette importance.

Olim... nunc intellegitur. Quint. III, 1, 21, avait déclaré : parcere se nominibus viventium, venturum eorum laudi suum tempus. Il suivait en cela l'exemple des grammairiens d'Alexandrie, d'Aristarque et d'Aristophane qui ne dérogèrent jamais à cette règle, même pour l'impeccable Apollonius, l'auteur des Argonautiques. Cf. SARPE, chez Frot. 240. Le sens très clair de cette phrase, empêche absolument de la rapporter à Cremutius qui est nommé dans la suivante.

Cremutius, Cordus, historien du temps de Tibère, qui se montra d'une rare audace dans la profession de ses sentiments républicains. Accusé de lèse-majesté, (TAC. Ann. IV, 34) pour avoir fait l'éloge de Brutus et appelé Cassius le dernier Romain, il se défendit lui-même devant le Sénat ; puis, en prévision d'une condamnation, se laissa mourir de faim (25 après J.-C.). Le Sénat condamna ses ouvrages au feu; mais sa fille Marcia réussit à les cacher; ils furent,

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