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est parem consecuta. Densus et brevis et semper instans sibi Thucydides, dulcis et candidus et fusus Herodotus: ille concitatis, hic remissis adfectibus melior, ille contionibus, 74 hic sermonibus, ille vi, hic voluptate. Theopompus his proximus, ut in historia praedictis minor, ita oratori magis similis, ut qui, antequam est ad hoc opus sollicitatus, diu

Densus, etc. τὸ μὲν σύντομόν ἐστιν παρὰ Θουκυδίδη... ῥώμῃ δὲ καὶ ἰσχύϊ καὶ τόνῳ καὶ τῷ περιττῷ xal ToλUGXμatiot παρηυδοκίμησε... Instans sibi: c'est la rapidité de la pensée qui se renouvelle sans cesse. Cf. HOR. Sal. I, 10, 9: Est brevitate opus, ut currat sententia, neu se impediat verbis lassas onerantibus

aures.

Denys, Jugem. sur Thucyd., 9 et suiv., et Lettre à Pompée insiste sur les défauts de Th., dont la Critique des Anciens n'énumère que les qualités. Thucydides, né à Athènes en 471, peut-être un peu plus tard, mort vers 396. Pour les détails, v. PIERRON, Hist. de la Littérat. gr., p. 342 et suiv. J. GIRARD, Elude sur Thucydide, nouv. édit., Paris, 1884.

Dulcis : τῆς δὲ σαφηνείας (candidus; cf. plus bas 101 et la note) αναμφισβητήτως προδότῳ τὸ καθόρθωμα δέδοται... ἡδονῇ δὲ καὶ πειθοῖ καὶ χάριτι καὶ

τῷ ἀφελεῖ αὐτοφυεῖ ἀβασανίστῳ, μακρῷ διενεγκόντα τὸν ΠρόδοTOV EUρioxoμεv. Ailleurs Denys (Comp. Verb. 3, 4, 24) vante chez Hérodote la yλuxútqs (dulcis) qui chez le lecteur produit le plaisir, comme la limpidité produit la persuasion. Catulus chez Cic. de Orat. II, 13, 55, dit de ses discours: tanta est eloquentia ut me magnopere delectet.

Concitatis. Ib: ἐν μέντοι τοῖς ἡθικοῖς κρατεῖ Η., ἐν δὲ

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Contionibus. Cicéron qui connaissait les harangues de Th. mieux que Q., fait ses réserves; Orat. 9, 30: Ipsae illae contiones ita multas habent obscuras abditasque sententias vix ut intelligantur. Cf. Brut. 83, 287. L'antithèse de Q. semble suggérée encore par Denys: Hp. μèv εξείργασται... ἐξείργασται... τὸ πραγματικὸν εἶδος (sermonibus) τῷ δὲ λεκ τικῷ (contionibus) ποτὲ ὁ μὲν πλεονεκτεῖ Θ., ποτὲ δὲ ἔμπαλιν ; ce qui est plus exact que le jugement de Quint.

74. Théopompe de Chios, né en 378, élève d'Isocrate, écrivit l'histoire grecque à partir de la guerre du Peloponèse dans deux ouvrages aujourd'hui perdus, intitulés 'Enνικά οι Φιλιππικά. 11 y imitait le style de son maître, avec

plus de pompe encore et d'or

nement. (DEN. ouvr. cit. 3). Cicéron (Brut. 17, 66), le comparant à Philiste et à Thucydide, dit qu'il leur faisait tort: elatione atque altitudine orationis suae.

Praedictis. Dans la latinité classique, ce mot signifie : annoncer d'avance; chez Quint. et les autres écrivains de son temps, il équivaut le plus souvent à : antea diçere

Sollicitatus. Cf. Cic. de Orat. II, 13, 57: duo praestan

fuerit orator. Philistus quoque meretur qui turbae quamvis bonorum post eos auctorum eximatur, imitator Thucydidi et ut multo infirmior, ita aliquatenus lucidior. Ephorus, ut Isocrati visum, calcaribus eget. Clitarchi probatur ingenium, fides infamatur. Longo post intervallo temporis 75 natus Timagenes vel hoc est ipso probabilis, quod intermis

tes ingenio, Theopompus et Ephorus, ab Isocrate magistro impulsi, se ad historiam contulerunt.

Philiste de Syracuse, contemporain du premier Denys (406-367), auteur d'une Histoire de la Sicile, partisan dévoué de la tyrannie des deux Denys, dont il écrivit l'apologie plus passionnée que véridique: θεραπευτικὸν τῆς τυράννων καὶ ἄλλων πλεονεξίας (Den.).

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Eximere... turbae. Dans la latinité classique classique avec de ou ex seulement; le datif pour le complément de la personne. K. II, 244. Eximere, avec le sens de distinguer, mettre à part. Imitator: DEN. op. cit. μntýs ἐστι Θουκυδίδου, ἐξω τοῦ ἤθους. Cf. Cic. ad Quint. Fr. II, 13, 4: Creber, acutus, brevis, paene pusillus Thucydides. Et de Orat. II, 13, 57:... Syracusius Philistus, qui cum Dionysii tyranni fami liarissimus esset, otium suum consumpsit in historia scribenda maximeque Thucydidem est, sicut mihi videtur, imitatus.

Aliquatenus: jusqu'à un certain point, pour aliquanto avec le comparatif; appartient à la latinité d'après Auguste, comme longe au lieu de multo. Cf. plus haut 67 et la note. A remarquer dans ce passage la répétition ut minor... ita similis... ut qui... ut infirmior... ita lucidior: négligence.

Ephorus, de Cymé en Eolie,

vécut vers 340 et fut comme Théopompe un disciple d'Isocrate; auteur d'une histoire universelle. Plutarque (DION, 36) lui reproche des tendances sophistiques contraires à la véracité; Polybe (V, 33, 2) loue sa science.

Calcaribus. Suidas au mot Ἔφορος: ὁ γοῦν Ισοκράτης τὸν μὲν Θεόπομπον ἔφη χαλινοῦ δεῖσθαι, τὸν δὲ Εφορον κέντρου. Cicéron rappelle ce jugement, Brut., 56, 204: ut Isocratem in acerrumo ingenio Theopompi et lenissumo Ephori dixisse traditum est, alteri se calcaria adhibere, alteri frenos. Cf. de Orat. III, 9, 36: Quod dicebat Isocrates, doctor singularis, se calcaribus in Ephoro, contra autem in Theopompo frenis uti solere, etc. V. encore ad Att. VI, 1, 12 et QUINT. II, 8, 11. Il paraît que ce jugement a servi pour d'autres; cf. DIOG. LAERT. V, 39, où Aristote le prononce sur Théophraste et Callisthène, le reprenant à Platon qui l'avait appliqué à Aristote et à Xénocrate.

Clitarque, né à Mégare, contemporain d'Alexandre le Grand, dont il écrivit la vie dans un style ampoulé et sur le ton des rhéteurs; auteur aussi d'une Histoire des Per. ses avant et après Xerxès, à laquelle Cicéron fait une allusion, Brut. 11, 42, en employant l'expression de finxit, qui concorde avec le fides infamatur de Quint.

75. Timagenes d'Alexandrie, contemporain d'Auguste,

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sam historias scribendi industriam nova laude reparavit. Xenophon non excidit mihi, sed inter philosophos reddendus est.

Sequitur oratorum ingens manus, ut cum decem simul Athenis aetas una tulerit. Quorum longe princeps

ami d'Asinius Pollion, écrivit une histoire d'Alexandre le Grand et de ses successeurs. Intervallo: il est digne de remarque que Quint. semble ignorer les ouvrages de Timée, de Polybe. de Denys d'Halycarnasse, qui se placent précisément dans cet intervalle. Intermissam, que Quint. n'écrit qu'au point de vue des Grecs, n'est donc pas fondé en fait.

Historias. Cf. plus haut, 34. Historia au singulier désigne le genre en général; au pluriel les productions diverses rentrant dans ce genre. Cf. HOR. Sat. I, 3, 89: amaras Porrecto jugulo historias captivus ut audit. Od. II, 12, 9: pedestribus dices historiis praelia Caesaris. Cicéron emploie le plus souvent le singulier. Brut. 83, 287 si historiam scribere... cogitatis. V. cependant le pluriel ib. 11, 42: Quoniam concessum est rhetoribus ementiri in historiis...

Xénophon est jugé comme historien et comparé à Philiste par Denys, qui ne manque pas cependant de faire ressortir le caractère philosophique de son œuvre : ovdè τοῦ πρέποντος τοῖς προσώποις πολλάκις ἐστοχάσατο, περιτιθεὶς ἀνδράσιν ἰδιώταις καὶ βαρβάροις ἔσθ' ὅτε λόγους φιλοσόφους κτλ. (op. cit. 2.) Pour les compositions historiques de Xénophon, v. PIERRON, 384 et suiv.

Cf. plus bas, 82. Sur l'ensemble des jugements concernant les historiens, on peut comparer FENELON, Lettre à l'Acad. 8.

76. Oratorum. Quint. suit encore une fois l'apx-xpís, qui cite également six orateurs classiques dans l'ordre suivant Lysias, Isocrate, Lycurgue, Démosthène, Eschine, Hypéride. Quint. a omis Lycurgue et l'a remplacé par Démétrius de Phalère, qu'il connaît surtout, grâce à Cicéron.

Ut cum pour quippe cum, utpole cum qui sont seuls usités avec ce sens dans la latinité classique. V. K. Gr. L. 852, 2.

Decem. C'est un chiffre rond; Quint. en nomme encore cinq au livre x, 10, 22: Antiphon, Andocide, isée, Lycurgue et Aristogiton; d'autres excluent ce dernier et nomment Dinarque. V. PLUT. Dec. Orat. Vit. Cicéron, Brut. 9, 36, donne une place à Démade.

Aetas una. Ce mot désigne généralement l'ensemble des hommes qui se groupent autour d'une génération déterminée. Cf. 104: ornat aetatis nostrae gloriam vir... et 38 avec la note: de omnibus aetatis suae (oratoribus) quibuscum viveval (Cicero)

silentium egit. Cf. Cic. Brut. 9, 36, parlant des mêmes orateurs que Quint. : haec enim aetas effudit hanc copiam.

Demosthenes ac paene lex orandi fuit : tanta vis in eo, tam densa omnia, ita quibusdam nervis intenta sunt, tam nihil otiosum, is dicendi modus, ut nec quod desit in eo nec quod redundet invenias. Plenior Aeschines et magis fusus et 77 grandiori similis, quo minus strictus est, carnis tamen plus

Démosthène, du bourg de Paeania (384-322). Pour les détails, v. H. WEIL, Vie de Démosthène, en tête de l'édition des Harangues, collection des éditions savantes.

Lex orandi. Souvenir du Brutus (9, 35), qui dicte plus d'une fois à Quint. les termes de ses jugements sur les orateurs attiques: Nam plane quidem perfectum et cui nihil admodum desit Demosthenem facile dixeris.

Vis. C'est la qualité que les rhéteurs grecs appellent chez Démosthène dewóτns. Cf. DEN. περὶ τῆς λ. Δ. δεινότητος.

- Densa revient souvent sous la plume de Quint. Cf. 68 et la note; 73: Densus... Thucydides; 106: densior ille (Démosthenes), hic (Cicero) copiosior. Chez les rhéteurs grecs, τὸ πυκνόν, ἡ πυκνότης.

Quibusdam, adoucit ce que la métaphore a de trop violent. Dans ce cas il est souvent associé avec quasi: eloquentia est bene constitutae civitatis quasi alumna quaedam. (CIC. Brut. 12, 46); ce sont là des atticismes ciceroniens.

Tam nihil otiosum. Sénèque parlant de Fabianus, un orateur de son temps qui n'a rien de démosthénique, dit de son discours : Interdum otiosa praeterlabetur oratio. Ep. ad. Luc. 100. Cf. TAC. Dial. 18: Brutum... otiosum atque disjunctum.

Is dicendi modus. Il faut lire chez Fénelon un éloge de Démosthène, qui n'est pas seulement d'un rhéteur, mais

d'un homme de goût: Dialog. s. l'éloquence, I: « Démosthène émeut, échauffe et entraîne les cœurs, etc. Lettre à l'Académie, 4: Démosthène parait sortir de soi..., etc.

77. Aeschines, le rival de Démosthène en éloquence, son adversaire dans le Procès de la Couronne et de l'Ambassade, né à Athènes en 389 av. J.-C., mort à Samos en 314. N'a écrit que trois discours que nous possédons, les deux en réponse à Démosthène et un plaidoyer contre Timarque. Plenior et non pas planior, par opposition à densus: bien en chair, comme dans ces vers d'Ovide, Ars Am. II, 661: Dic habilem quaecumque brevis, quae turgida plenam, et Rem. 327: Turgida, si plena est, si fusca est, nigra vocetur.

Grandiori... quo. L'expression et le tour manquent également de netteté, on voudrait eo grandi (?) similior quo minus strictus: il a d'autant plus les apparences du sublime que. La conjecture de Schoell: gladiatori similis lui est suggérée sans doute par non athletarum toris sed militum lacertis opus esse (v. plus haut, 33 et la note), mais ne s'accommode pas de la suite du texte. Magis est à rapporter à la fois à fusus et à similis. Pour grandis au sens de sublimis, cf. 65: Comoedia et grandis et elegans et venusta (avec la note) et 2, 16: pro grandibus tumidi. Saint Augustin a gardé ce terme dans la divi

habet, minus lacertorum. Dulcis in primis et acutus Hyperides, sed minoribus causis, ut non dixerim utilior, magis 78 par. His aetate Lysias major, subtilis atque elegans et quo nihil, si oratori satis sit docere, quaeras perfectius : nihi

sion des trois styles: submisse, temperate, granditer dicere. (Doctr. christ. IV.)

Lacertorum. Ainsi CIC. Brut. 16, 64: in Lysia saepe sunt etiam lacerli, sic ut fieri nihil possit valentius. Pour ce jugement sur Eschine, cf. DEN. op. cit., § 5: ἀτονώτερος μὲν τοῦ Δημοσθένους, ἐν δὲ τῇ τῶν λέξεων ἐκλογῇ πομπικὸς ἅμα καὶ δεινός...

Hyperides. Contemporain de Démosthène et disciple d'Isocrate; après le triomphe des Macédoniens, fut mis à mort par ordre d'Antipater en 322. Cicéron, Brut. 9, 86, le nomme immédiatement après Démosthène et avant Eschine: Huic (Demostheni) Hyperides proximus, cf. 36, 138; plus loin (17, 68) il l'associe à Lysias comme fait ici Q., à titre de représentant du genus atticum: Hyperidae volunt esse et Lysiae (les faux attiques de Rome cf. 82, 285), ce qui a suggéré à Quint. la restriction minoribus causis... magis par.

Acutus. CIC. de Orat. III, 7, 28: acumen Hyperides... habuit. C'est sa qualité dominante, comme vis celle de Démosthène. Cf. plus haut, 76 et la note. Cf. DEN., op. cit. 5, 6: καὶ συνέσει πολλῇ (acumen) κεχορήγηται καὶ χάριτος μεστός ἐστι (dulcis) καὶ δοκῶν ἁπλοῦς, οὐκ ἀπήλλακται δεινό τητος. Τούτου ζηλωτέον μάλιστα τῶν διηγήσεων τὸ λεπτὸν καὶ σúμμзтρоv. Pour acumen, cf. 106 et la note.

Minoribus. Rien dans l'ex

istence oratoire d'Hypéride, qui cultiva avant tout l'éloquence politique, n'autorise ce jugement. Outre ses souvenirs inexacts de Cicéron, Q. est ici trompé par certaines expressions de Denys telles que : εὔστοχος μὲν, σπάνιον δ ̓ αὐξη Txós, qui veulent dire que si Hypéride voit bien le fin d'une cause, il ne la grossit pas par l'amplification. Sur la vie et les discours d'Hypéride, v. J. GIRARD, Etudes sur l'éloquence attique, 85 et suiv.

78. Lysias, né à Athènes vers 459, fut avant tout un avocat, c'est-à-dire qu'il écrivit pour des clients les plaidoyers qu'ils avaient à prononcer en justice; de là le nombre considérable de ses discours. Denys lui en attribne plus de 200 authentiques; mourut à l'âge de 80 ans.

Subtilis. Cf. Cic. de Orat. III, 7, 28: subtilitatem Lysias... habuit. Brut. 9, 35: in causis forensibus non versatus, sed egregie subtilis scriptor alque elegans et quem jam prope audeas oratorem perfectum dicere. Cf. DEN. op. cit. 5, 1 : κομψὸς καὶ ἀληθὴς καὶ τῶν ἀττικισμῶν εὔχαρις...

Docere. DEN. (ib.) constate également le caractère pratique de l'éloquence de Lysias: ὁ Λυσιακός λόγος πρὸς τὸ χρήσιμον καὶ ἀναγκαῖον ἐστὶν αὐτάρκης... Pour la restriction de Quint., cf. IV, 5, 6: non enim solum oratoris est docere, sed plus eloquentia circa movendum valet.

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