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affaires, comme il est porté sur le livre de ladite damoiselle exhibé, lequel présent article et autres tirés dudit livre sont différents, non confins ni faisant partie l'un de l'autre. Ci x l. viii s.

« Item de la somme de xxx1 1. 11 s. vi d. pour sa moitié des LXII 1. v S. qu'elle a payés pour le carrelage neuf fait par Jean Tessier, maître potier de terre, ès chambres mentionnées en sa quittance du 29 octobre 1672, exhibée. Ci. xxxi l. II s. vi d.

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<< Item fait aussi dépense de la somme de xx l., tant pour ce que ledit sieur de la Bruyère, trésorier, est tenu des XLV 1. par la rendante payées à Étienne Hutain, menuisier, pour ouvrages faits la plus grande partie en sa chambre, dont il a donné quittance le 14 janvier 1673, ci exhibée, que pour les ouvrages de vitres faits et posés en ladite chambre. Ci.

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<< Somme de ce présent chapitre de dépenses particulières audit la Bruyère, trésorier, contenant onze articles, IXM IC XXXI 1. I IXM IC XXXI 1. I

Ci.

xx l.

sieur de s. vi d. s. vid. »

Les dépenses de chacun des autres enfants de Mme de la Bruyère sont de même énumérées dans les autres chapitres du compte conservé dans les archives de l'étude précédemment citée.

La trace d'un autre fournisseur de la Bruyère se trouve dans le testament de sa sœur Élisabeth. Il s'agit d'un tailleur, auquel il avait été constitué une rente, pour les fournitures qu'il avait faites tant au compte de notre auteur qu'au compte de ses frères : l'une des dispositions du testament exige que l'on continue aux trois enfants « de défunt Richer, tailleur, qui travailloit pour les frères de la damoiselle testatrice, une rente au principal de víc livres sur le pied du denier vingt, mème que l'on leur paie quinze années ou environ, non compris l'année courante, qui leur sont dues de ladite rente, et que l'on leur rembourse le principal, si le rachat s'en peut faire commodément, suivant qu'il sera jugé à propos par le sieur exécuteur testamentaire ci-après nommé (Me Patu, notaire), que l'on ne se prévale pas contre eux de la prescription, et que même on ne les oblige pas à la représentation du titre, qui est égaré depuis longtemps. >>

IV

Vol commis dans la chambre de la Bruyère.

« Plainte et information pour Messire Jean de la Bruière, comparant, contre François Blondel, son laquais, accusé 1.

« Du 8 août 1679.

<< L'an mil six cent soixante-dix-neuf, le mardi huitième jour d'août, environ les sept heures du matin, est venu et comparu en l'hôtel et par-devant nous Jean David, conseiller du Roi, commissaire enquêteur et examinateur au Châ

1. Voyez ci-dessus, p. Liv. Les documents qui suivent ont été découverts aux Archives nationales par M. E. Campardon, à qui nous en devons la copie. Conservés précédemment dans le carton Y 14 738, ils sont aujourd'hui déposés au Musée des Archives, A E, II 875 bis.

telet de Paris, Messire Jean de la Bruyère, trésorier de France à Caen, demeurant rue des Grands-Augustins, paroisse Saint-André des Arts, lequel nous a rendu plainte et dit que, son laquais étant malade et hors de son service, il se seroit servi depuis quelques jours du nommé François Blondel, laquais du sieur Robert-Pierre de la Bruyère, abbé, son frère : lequel Blondel suivant ledit sieur plaignant par la ville, il le mena ce jour d'hui 1 chez le sieur Huerne, auditeur des comptes, et là, ledit Blondel prenant l'occasion que ledit sieur plaignant avoit laissé la clef à la porte de sa chambre 2, il s'en seroit allé et quitté ledit plaignant, chez ledit sieur Huerne, environ les sept heures du soir; et sortant de chez ledit sieur Huerne, ayant demandé où étoit son laquais, on lui dit qu'il s'en étoit allé quérir la clef de sa chambre, qu'il avoit oubliée, ce qui étonna ledit sieur plaignant; et néanmoins s'étant en allé chez lui, il n'y trouva point ledit Blondel, et lui fut seulement dit qu'il avoit fait plusieurs allées et venues en ladite maison, ce qui l'obligea de croire que ledit Blondel lui avoit fait quelque friponnerie, d'autant plus qu'il ne seroit point revenu depuis, et qu'il avoit emporté la clef de la porte de sa chambre, et ainsi n'y pouvoit entrer; et de fait, ce jour d'hui, environ les cinq à six heures du matin, ayant envoyé quérir un serrurier pour faire ouverture de la porte de ladite chambre, étant entré en icelle avec plusieurs personnes de la maison, il auroit été surpris de voir son bureau forcé et déboîté par en haut, et de trouver un fermoir 3 proche ledit bureau, dans les tiroirs duquel bureau on lui auroit malpris et volé sept sacs remplis, savoir l'un d'or et les autres de pièces de quatre sols et quelques pièces de trente sols, le tout montant à deux mille quatre cent quatre-vingt-dix livres. Et d'autant que le vol ne peut avoir été fait que par ledit Blondel, qu'il n'est depuis ce temps revenu, ayant aussi emporté son habit de couleur, culotte, bas, souliers, chapeau et linges appartenant audit sieur son frère; et d'autant qu'un tel vol domestique mérite une punition exemplaire, c'est la raison pour laquelle il a été conseillé de nous en venir rendre la présente plainte, etc.... Signé: DELABRUYÈRE, David. »

Sur la demande faite le lendemain, par un procureur, au nom de la Bruyère, le lieutenant civil signa le permis d'informer, et un commissaire reçut les dépositions d'Élisabeth-Marguerite Blainville, fille damoiselle suivante de Mme de Romeau (laquelle demeurait dans la même maison que le plaignant), du compagnon serrurier qui avait ouvert la porte et le bureau, du laquais de M. Huerne, du laquais de M. de Romeau et enfin du laquais de Mlle de la Bruyère.

La première déclare que dans la soirée du lundi, « environ les sept heures du soir, étant dans la chambre de ladite dame de Romeau,... elle entendit cogner quelques coups;... le sieur plaignant étant de retour de ville environ les onze heures du soir, il demanda si son laquais n'étoit pas revenu», etc. Le serrurier raconte qu'appelé le mardi, vers cinq ou six heures du matin, il «< fit ouverture de la porte d'une troisième chambre, en laquelle étant entré, ledit sieur plaignant ayant été son bureau, qui est en forme d'armoire, il trouva que l'on avoit forcé ledit bureau, et remarqua que l'on avoit levé le dessus dudit bureau.... Et ledit plaignant se plaignit à l'instant que son laquais l'avoit volé, et qu'il lui

1. Lisez hier.

2. Les mots : «< ainsi qu'il faisoit le plus souvent », ont été effacés. 3. Ciseau de menuisier.

avoit emporté deux mille livres en or et quelques sommes en argent blanc. >> Voici la déposition des trois derniers témoins :

« Simon Jacquet, dit Bourguignon, laquais de M. Huerne, demeurant rue du Batoir-Saint-André-des-Arts, âgé de ving-cinq ans ou environ, lequel, après serment par lui fait, etc. dépose que, lundi dernier, environ les sept heures du soir, ledit sieur plaignant étant en visite chez ledit sieur son maître, il remarqua au visage dudit Blondel, laquais dudit sieur plaignant, qu'il étoit triste et chagrin, et qu'il avoit quelque dessein à exécuter; et ledit laquais lui ayant témoigné, audit déposant, qu'il avoit volonté d'aller voir un de ses camarades qui étoit malade à l'Hôtel-Dieu, ledit déposant lui dit de n'y point aller, parce que ledit sieur plaignant son maître alloit bientôt sortir; et néanmoins ledit Blondel, impatient d'exécuter son dessein, dit qu'il alloit y courir et qu'il seroit bientôt revenu, et dit audit déposant, en cas que ledit sieur plaignant son maître vint à sortir, qu'il lui dît qu'il étoit allé quérir la clef de sa chambre, qu'il avoit oubliée; et, ledit sieur plaignant étant venu à sortir, il lui dit que sondit laquais n'y étoit pas, et qu'il étoit [allé] chercher sa clef, qu'il avoit oubliée ce qui surprit ledit sieur plaignant; et le lendemain apprit que ledit sieur plaignant avoit été volé, et que ledit Blondel, son laquais, s'en étoit allé, et qu'il avoit fait ledit vol....

<< Jean de la Chaussée, laquais du sieur de Romeau, frère dudit sieur plaignant, demeurant avec lui, rue des Grands-Augustins, âgé de vingt ans environ, lequel, après serment, etc. dépose que, lundi dernier, environ les six à sept heures du soir, ledit déposant étant en la cour de la maison de son maître, où demeure ledit sieur plaignant, son frère, il vit le laquais du sieur abbé [de la] Bruyère (duquel ledit sieur plaignant se servoit à cause que le sien étoit malade), qui alloit et venoit en ladite maison et en sortit plusieurs fois, paroissant chagrin et triste; et ledit laquais ne revint point pour coucher, de manière que le lendemain, ayant fait ouverture de la chambre dudit sieur plaignant, on trouva que ledit laquais l'avoit volé....

<< Jean Jeannat, laquais de Mademoiselle de [la] Bruyère, sœur du sieur plaignant, demeurant rue des Grands-Augustins, âgé de quatorze ans ou environ, lequel, après serment, etc. dépose que, lundi dernier, environ les sept heures du soir, étant dans la cour de la maison où il demeure, il vit le nommé Blondel, laquais du sieur abbé de [la] Bruyère, duquel ledit sieur plaigant se servoit d'autant que le sien étoit tombé malade, qui alloit et venoit en ladite maison et paraissoit fort inquiet, le vit monter par deux différentes fois en la chambre dudit sieur plaignant, et lorsqu'il en descendoit, il alloit fort doucement sur les montées, quoiqu'il eût appris de toujours courir, et paroissoit être chargé ; et sortit en la rue, et ne revint point coucher, ayant emporté la clef de la chambre dudit sieur plaignant.... L'on fut obligé le lendemain de la faire ouvrir par un serrurier, et ledit plaignant étant entré en ladite chambre, trouva que ledit Blondel avoit forcé et déboîté son bureau et qu'il avoit volé l'argent qui y étoit.... >>

CHANSONS ET ÉPIGRAMMES SUR LA RÉCEPTION DE LA BRUYÈRE A L'ACADÉMIE PRANÇAISE 1.

I.

Chanson sur l'air : D'une main je tiens mon pot.

Sur la réception de l'Académie françoise de la Bruyère, le 15 juin 1693.

Les quarante beaux esprits,

Grâce à Racine, ont pris

L'excellent et beau la Bruyère,

Dont le discours ne fut pas bon....

Du dernier, je vous en réponds,
Mais de l'autre, non, non 2.

Avec un air de soldat,

Bien qu'il soit un pied plat,
Devant les maîtres du langage,
Il parla presque bas breton........
Du dernier, etc.

Dans son fichu compliment,

Il dit effrontément,

Qu'il n'avoit pas brigué sa place 3.
Cet endroit fut assez bouffon....

Du dernier, etc.

Avec d'assez brillants traits,
Il fit de faux portraits.
Racine au-dessus de Corneille
Pensa faire siffler, dit-on....
Du dernier, etc.

L'Académie en frémit,

Et dans son courroux dit :

1. Extraits du Chansonnier Maurepas, tome VII, fol. 431-449. — Voyez ci-dessus le récit de la réception de la Bruyère, p. cxxxvi et suivantes.

2. « L'auteur de cette chanson, dit en note le commentateur, assure avec vérité que la Bruyère fit une mauvaise harangue à sa réception.... Il ne répond pas que la Bruyère soit excellent ni beau, et il a raison. » Le même annotateur explique de même comment, au couplet suivant, l'auteur se refuse à convenir que les académiciens soient les « maîtres du langage, » et déclare que le discours de réception de la Bruyère n'est pas écrit en français. Nous ne reproduisons que par exception (et entre guillemets) le commentaire qui accompagne dans le Chansonnier chaque couplet, et presque chaque vers, et toujours de la façon la plus désobligeante pour la Bruyère, qui est présenté comme un « homme de rien. »>

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« Je vengerai bien ce grand homme,
L'honneur le veut et la raison.... >>
Du dernier, etc.

Racine, ce franc dévot,

En a fait dire un mot

Par un grand et modeste évêque,
Qui vint menacer en son nom 1..
Du dernier, etc.

L'Académie a cédé.

Quelques-uns ont grondé ;

Mais, toujours juste et toujours sage,
Elle a tremblé pour le jeton....
Du dernier, etc.

Mais la Bruyère a pris feu.
Il jure que, dans peu,
Dans ses merveilleux Caractères
Il la mettra tout de son long....
Du dernier, etc.

Dieu veuille que cet auteur,
Dont je suis serviteur,

Et que toutes les dames courent 2,
Fasse encore pis qu'un factum 3 !....
Du dernier, etc.

2.

Chanson sur l'air de Lampon.

Les quarante beaux esprits (bis)
Sont tombés dans le mépris (bis).
Ils n'avoient plus Furetière ;
Mais ils ont pris la Bruyère....
Lampon, lampon, la Bruyère lampon.

Par des portraits ressemblants,
Il seront en beaux draps blancs :
Chacun aura son affaire,

On ne les respecte guère....
Lampon, etc.

1. « M. l'évêque de Meaux vint [dire] de la part de Racine à l'Académie françoise que si, comme on l'avoit proposé, on ôtoit cet article où Racine étoit mis au-dessus de Corneille, lorsqu'on feroit imprimer cette harangue suivant l'usage de l'Académie, Racine n'y mettroit plus le pied, et que cela feroit un tort considérable à cette compagnie.

2. « L'auteur ne répond pas que les dames courent la Bruyère, qui est fort laid. >>

3. « L'auteur veut parler des factums d'Antoine de Furetière. »

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