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dont du reste beaucoup de passages sont extraits de la Gemarah, appartient généralement à la période talmudique; les auteurs du moyen âge ont compilé plusieurs anciens Midraschim partiels pour en faire un seul Midrasch complet.

Les Midraschim les plus importants sont: la Mechilta, le Siphra, le Siphrè, la Pesikta, le Midrasch Rabbah, le Midrasch Tanchouma, le Midrasch Schocher Tob et le Ialkout'.

La Mechilta, le Siphra et le Siphrè sont les plus anciens des Midraschim que nous possédons2. Ils constituent ensemble un commentaire de presque tout le Pentateuque: le premier se rapporte à l'Exode, le second au Lévitique, le troisième aux Nombres et au Deuteronome.

La Pesikta, attribuée à Rab Kahana, est un commentaire sur quelques chapitres du Pentateuque et des Prophètes : l'auteur a suivi l'ordre dans lequel ces chapitres sont lus aux offices des fêtes ou des jours de sabbat.

Le Midrasch Rabbah est relatif au Pentateuque, au livre de Ruth, au Cantique des cantiques, à l'Ecclésiaste, aux Lamentations et au livre d'Esther.

Le Midrasch Tanchouma ou Ielamdenou se rapporte au Pentateuque.

Le Midrasch Schocher Tob comprend des interprétations sur les Psaumes, les Proverbes et une partie des livres de Samuel.

Le Ialkout, qui est le Midrasch le plus récent, est aussi le plus vaste et le plus complet; c'est le seul qui embrasse tous les livres de l'Écriture sainte. L'auteur de cet ouvrage est un rabbin du xe siècle, nommé Siméon. Rabbi Siméon a rassemblé dans son

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On peut également rattacher aux Midraschim quelques ouvrages cabalistiques tels que le Pirkè de Rabbi Éliézer et le Zohar.

Attribués à des docteurs du siècle de l'ère vulgaire, ils ont été complétés et disposés en ordre au commencement du m° siècle.

Ialkout1, d'après l'ordre des versets bibliques, les différentes observations répandues dans le Talmud et dans les nombreux Midraschim.

Passons au Talmud proprement dit, qui se compose de la Mischnah et de la Gemarah. Le sens littéral de ces différents termes est pour ainsi dire identiquement le même : Mischnah et Gemarah signifient étude 2, comme Talmud qui exprime à la fois l'idée d'étude et d'enseignement.

Étude et enseignement, tel est, en effet, le véritable caractère des livres talmudiques. Ce ne sont point des traités réguliers, écrits avec un ordre parfait et conçus avec une méthode rigoureuse; ce ne sont point des résumés analytiques et clairs des opinions des différents docteurs; ce sont des comptes rendus in extenso des discussions des écoles3: les leçons sont rapportées dans toute leur intégrité; les questions et les réponses, les objections et les répliques, les digressions, enfin toute la dialectique de ce temps est prise sur le vif et reproduite avec une fidélité parfaite. De là souvent un certain manque de liaison qui déroute tant soit peu celui qui n'est pas familiarisé avec ce genre d'étude. A 'd'étude. A propos d'un verset appliqué à une question de casuistique, on recherche ou on objecte les autres applications que ce verset a déjà reçues; de là on passe aux sujets que cette objection vient d'évoquer ce sont des digressions qui souvent mènent fort loin et font perdre de vue le sujet principal. A propos d'un docteur dont on cite l'opinion, on raconte les détails relatifs au pays où il a vécu, on rapporte les sentences qu'il a exprimées, les faits auxquels il a pris part. De cette manière on arrive à parler d'histoire et de

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Le mot Ialkout, de la racine lakat, signifie Recueil.

Le terme Mischnah renferme encore le sens de répétition (des doctrines), et celui

de Gemarah désigne la continuation des anciennes études.

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Il faut cependant excepter la Mischnah, dont l'auteur se contente, le plus souvent,

d'indiquer les différentes opinions, sans entrer dans le détail des discussions.

géographie en s'occupant d'une question de jurisprudence; une discussion sur les règles relatives aux sacrifices et aux prières, ou sur les lois de purification, amènera des observations sur les mœurs, ou un récit légendaire ou une étude sur l'hygiène. Il est parlé de tout dans le Talmud, c'est une véritable encyclopédie : lois traditionnelles, morale, jurisprudence, médecine, philosophie, histoire, géographie, astronomie, proverbes, légendes, histoire naturelle, il s'y trouve de tout, mais éparpillé, sans suite.

Voici, maintenant, comment s'est formé le Talmud. A côté de la loi écrite, ou Écriture sainte, le peuple juif avait encore sa loi traditionnelle, qui était l'interprétation développée de la loi écrite et qui, confiée à la mémoire, passait oralement d'une génération à l'autre. On enseignait la tradition orale dans les différentes écoles fondées soit en Palestine soit en Babylonie. Cet état de choses cependant ne pouvait pas se prolonger indéfiniment, car bientôt, à cause des guerres, des luttes politiques et des persécutions, les écoles ne conservèrent plus la même stabilité, le nombre des élèves diminua, et on ne put plus se livrer à l'étude avec la même sécurité et le même ordre qu'auparavant. Aussi, par suite de ce ralentissement dans les études, causé par les préoccupations politiques, on finit par oublier ou on arriva à connaître imparfaitement certaines lois traditionnelles. Comme rien n'était écrit, il y eut divergence d'opinions sur bien des points; le texte sacré était diversement interprété dans les différentes écoles, les traditions diversement rapportées; de là des luttes interminables, des discussions continuelles.

Pour remédier à cet inconvénient, et aussi pour préserver d'un oubli complet les lois orales et traditionnelles, Rabbi Iehouda, surnommé le Saint, les réunit dans une sorte de code appelé Mischnah, vers l'an 180 de l'ère actuelle. Dans ce recueil, Rabbi lehouda transcrivit non-seulement les lois sur lesquelles tout le

monde était d'accord, mais il y inséra aussi les cas en discussion et indiqua les différentes opinions.

La Mischnah se compose de six sections (sedarim); chaque section est divisée en un certain nombre de traités (massechtoth), dont le total est de soixante-trois, et chaque traité se subdivise en chapitres et en paragraphes.

La Mischnah a toute la concision d'un code; aussi n'est-il pas étonnant qu'elle ait été l'objet de nouvelles interprétations et observations. Les écoles se multiplièrent tant en Babylonie qu'en Palestine, et dans chacune d'elles on reprenait les décisions de la Mischnah pour les examiner et les commenter. On rapportait les anciennes díscussions, on les discutait de nouveau, on se livrait à de véritables tournois de dialectique. Ces nouveaux développements, en venant s'ajouter aux anciens, formèrent une telle accumulation de matériaux qu'il arriva un moment où l'on comprit la nécessité de les fixer par écrit, car la mémoire ne suffisait plus à les contenir. C'est Rab Aschi qui, au commencement du ve siècle, entreprit de réunir en un seul corps les éléments multiples de la tradition.

Ce travail de compilation, d'où sortit la Gemarah, dura pendant plus d'un siècle. L'œuvre de Rab Aschi fut continuée par son fils Mar et complétée par Rabina (Rab Abina), Rabbi losée et les premiers Saboraïm.

Nous possédons deux recueils dont chacun porte le nom de Gemarah. Celui dont nous venons de parler forme la Gemarah ou Talmud de Babylone et est dû à des docteurs de la Babylonie. A côté de cette Gemarah, il y a celle de Jérusalem qui est sortie des écoles de la Palestine et qui a été achevée vers la fin du IVe siècle. Cette dernière Gemarah est moins connue que l'autre; elle est écrite dans un idiome plus obscur, et contient aussi moins de digressions sur des sujets étrangers aux discussions des lois

traditionnelles. C'est à cette double cause qu'elle doit, sans doute, d'avoir toujours été reléguée au second rang1.

Élaboré pendant près de dix siècles, le Talmud est le livre auquel il faut toujours recourir lorsqu'on veut savoir ce qu'était le peuple juif. Quand on songe que le Talmud n'est pas l'œuvre d'un seul homme, mais que trente générations y ont travaillé et y ont laissé l'empreinte de leur esprit et de leur caractère, on ne sera pas étonné de l'importance que de tout temps on a attachée à ce recueil. On rencontre dans le Talmud la trace de tous les événements par lesquels a passé le peuple juif; les doctrines que cette nation a professées, les sentiments qu'elle a éprouvés, ses amours comme ses haines, ses espérances comme ses défaillances trouvent leur écho dans cette œuvre colossale, qu'on peut considérer à juste titre comme les archives d'Israël. Aussi le Talmud a-t-il fourni le sujet des études les plus intéressantes.

Le travail que nous avons entrepris offre, nous le croyons, un certain intérêt en ce qu'il fait connaître quels étaient le caractère, l'esprit et les idées de la race israélite. Pour se rendre compte des mœurs d'une nation, il faut étudier ses comédies; si on veut voir quel est le genre d'esprit d'un peuple, il faut examiner ses proverbes. Les proverbes de chaque peuple sont comme l'image de sa manière de concevoir, comme le miroir où viennent se refléter ses idées.

Les proverbes les plus instructifs sous ce rapport sont naturellement ceux qui sont particuliers à un pays et dont on ne trouve aucune trace ailleurs. Mais il ne faudrait cependant pas négliger ceux qu'on rencontre avec une certaine analogie dans des contrées différentes.

En effet, à côté des proverbes qui, tant sous le rapport du fond que sous celui de la forme, sont pour ainsi dire la propriété ex

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Nous avons surtout puisé, pour notre recueil, dans le Talmud de Babylone : celui de Jérusalem contient un nombre très-restreint de sentences et de proverbes.

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