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les moins importants aussi bien que les préceptes les plus graves', car tu ne sais pas quelle est la récompense attachée à l'accomplissement de chacun d'eux. Compare la perte que pourra t'occasionner une bonne action avec la récompense qu'elle te procurera, et aux avantages que tu peux retirer d'un péché, oppose la peine qu'il te fera subir 2.

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pas

Pénètre-toi de ces trois choses, et tu ne tomberas dans le péché: Sache qu'il y a au-dessus de toi un œil qui voit tout, une oreille qui entend tout, et n'oublie pas que toutes tes actions sont inscrites dans le livre 3."

2.

Rabban Gamaliel, fils de Rabbi lehouda ha-Nasi, disait : «Il est beau de joindre l'étude des lois religieuses à celle des lois sociales, car le respect pour les unes et pour les autres nous fait éviter le mal.

Toute étude religieuse qui n'est pas accompagnée d'un travail est stérile et conduit au péché.

«Que ceux qui s'occupent des intérêts publics le fassent dans des vues religieuses; ils seront soutenus dans leur tâche par le mérite de leurs ancêtres; le souvenir de leur équité subsistera à jamais, et Dieu leur tiendra compte du bien qu'ils ont voulu faire, comme s'ils l'avaient fait", "

1

Comp. Aboth, iv, 2; Sentences et Proverbes, n° 1148.

* Si ton imagination te présente l'image de quelque volupté, retiens-toi comme sur tous les autres objets, de peur qu'elle ne t'entraîne. Que cette volupté l'attende un peu, et prends quelque délai; ensuite compare les deux temps, celui de la jouissance et celui du repentir qui la suivra, et des reproches que tu te feras à toi-même, et oppose-leur la satisfaction que tu goûteras et les louanges que tu te donneras, si tu résistes.» (Maxime d'Épictète, trad. Dacier.)

3 Aucune de tes actions n'échappe à Dieu, tu auras à rendre compte de chacune : rien n'est oublié. (Comp. Aboth, 11, 20; Sentences et Proverbes, n° 209, 704, 1099.) "On entend surtout par ce terme la civilité, l'usage du monde.

que

5 D'une profession. Aux yeux des anciens docteurs c'était déshonorer la Loi sacrée d'en faire un métier, ou d'en vouloir tirer avantage : il fallait done

que

le rabbin, à côté de l'étude de la Loi, apprît un état afin de pourvoir aux besoins de sa famille. (Comp. Aboth, 1, 13; IV, 7; Sentences et Proverbes, no 1032.)

6

Et non pour satisfaire leur amour-propre ou leur ambition. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 251.)

Comp. Sentences et Proverbes, n° 599.

3.

Il disait aussi : «Soyez circonspects dans vos relations avec les grands, car ils ne se rendent accessibles que lorsque leur intérêt le leur commande1 : ils se disent vos amis quand ils ont besoin de vous; mais si vous êtes dans l'adversité, ils vous refusent leur appui 2. "

4.

Le même disait encore Exécute sa volonté (celle de Dieu) comme la tienne, afin qu'il considère ta volonté comme la sienne. Sacrifie ton désir au sien, afin qu'il sacrifie à ton désir celui des

autres."

5 (4).

Hillel disait «Ne te sépare pas du public3. Ne réponds pas de ta vertu avant le jour de ta mort. Ne juge pas ton prochain avant

Un proverbe du xv° siècle dit: Asne convié à nopces eau ou boys y doibt aporter, c'est-à-dire on n'invite les pauvres que pour en tirer service. (Le Roux de Lincy, Prov. français, t. I, p. 139.)

2

On lit dans l'Ecclésiastique, xm, 5-8 : «Si tu peux lui servir (au riche), il t'emploiera en son travail; mais si tu es dans la nécessité, il t'abandonnera. Si tu as de quoi, il vivra avec toi, il t'épuisera, et ne travaillera point. A-t-il affaire de toi, il te trompera, il te sourira, et te donnera de l'espérance, et t'entretiendra de belles paroles, et te dira: De quoi as-tu besoin? Il te fera si bonne chère, que tu en seras tout honteux, jusqu'à ce que deux ou trois fois il ait tant tiré de toi qu'il t'ait épuisé; puis, à la fin, il se moquera de toi, après cela il te regardera, et t'abandonnera, et hochera la tête contre toi. (Trad. Ostervald.)

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Un proverbe du Rouergue dit:

Boun grat de senhour,

Escoliè de beire,

Des qu'o fach de bous

Noun bous pouot pus beire.

«Gratitude de seigneur, escalier de verre, dès qu'il s'est servi de vous, il ne peut plus vous voir. »

Phèdre, liv. I, fable 5, dit :

Nunquam est fidelis cum potente societas.

3 Selon les uns cela veut dire : ne refuse pas ton concours à la chose publique; selon d'autres cela signifie : conforme-toi aux usages communs, ne cherche pas à te distinguer par des habitudes singulières. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 1168, 1187.)

4

Un auteur, dont le nom nous échappe, exprime la même pensée dans les termes suivants : «De trois il ne faut faire l'éloge que lorsqu'ils sont au bout: de la récolte seu

que tu te sois trouvé dans la même situation que lui. Ne t'exprime pas en termes inintelligibles dans l'espoir d'être compris plus tard. Ne dis pas1: j'étudierai quand j'aurai le temps; peut-être n'auras-tu pas le temps."

1

6 (5).

Il disait aussi : « Le sot ne craint pas le péché, et l'ignorant ne peut être véritablement pieux 2. L'élève timide n'apprend rien3, et le maître irascible enseigne mal. Celui qui se laisse trop absorber par le commerce n'acquiert pas la sagesse. Là où il n'y a pas d'hommes, efforce-toi d'être un homme.”

7 (6).

Hillel aussi, voyant un jour un crâne flotter sur l'eau, dit : Parce que tu as noyé d'autres personnes, tu as été noyé toi-même; et ceux qui t'ont noyé seront noyés à leur tour. »

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8 (7).

Le même disait : « Augmenter sa chair, c'est augmenter les vers"; augmenter sa fortune, c'est augmenter ses soucis 7; plus on a de lement lorsqu'elle est rentrée, du guerrier lorsqu'il est revenu de la guerre, et de l'homme pieux lorsqu'il est mort. »

Selon quelques commentateurs, cette dernière phrase fait suite à la proposition précédente, et se traduit ainsi : ne dis pas si on ne me comprend pas, je m'expliquerai plus tard; car peut-être n'auras-tu plus le temps de t'expliquer.

2 La dévotion machinale ou superstitieuse de l'ignorant ne constitue pas la vraie piété; la piété raisonnée et éclairée est seule conforme aux principes de la religion.

3 S'il a des doutes ou s'il ne comprend pas, il n'a pas le courage de faire des

tions.

a

quesComp. Aboth, IV, 12; Sentences et Proverbes, no 914, 1038. M. Durlacher (Rituel des prières journalières, p. 379) traduit ce passage ainsi : «Celui qui change trop souvent de commerce ne deviendra pas connaisseur. »

5 C'est-à-dire d'hommes capables. Il est bon d'être modeste et de se tenir à l'écart quand il y a des personnes capables qui gèrent la chose publique; mais si les administrateurs capables font défaut, alors il faut faire trêve à la modestie et se mettre en avant : l'inaction serait condamnable dans un cas pareil. (Comp. Sentences et Proverbes, n° 565.)

6 Dans la tombe.

7

Horace, liv. III, ode xvi, V. 17, dit presque dans les mêmes termes :

Crescentem sequitur cura pecuniam.

femmes, plus on a de superstition dans sa maison; plus on a de servantes, plus on voit s'accroître l'inconduite; plus on a de serviteurs, plus on est volé1. Augmenter ses connaissances religieuses, c'est prolonger sa vie; augmenter le nombre de ses élèves, c'est perfectionner son instruction 2; consulter souvent développe la prudence; faire beaucoup d'actes de charité, c'est propager la concorde. Celui qui acquiert une bonne réputation se procure un bien (dont il profite ici-bas); mais celui qui acquiert la connaissance de la Loi divine se procure la vie éternelle."

9 (8).

Rabbi lochanan, fils de Zaccaï, continua la tradition après Hillel et Schammaï; il disait : «Si tu t'es beaucoup appliqué à l'étude de la Loi, ne t'en fais pas un mérite, car c'est pour cela que tu as été créé, n

10 (8).

Rabbi Jochanan, fils de Zaccaï, avait cinq disciples, savoir: Rabbi Éliézer, fils d'Hyrcan; Rabbi Josué, fils de Chanania; Rabbi Josée le Cohen (prêtre); Rabbi Siméon, fils de Nathaniel, et Rabbi Éléazar, fils d'Arach.

11 (8).

Voici comment il caractérisait leur mérite : « Éliézer, fils d'Hyrcan, est une citerne bien cimentée qui ne perd pas une goutte de ses eaux 3; Josué, fils de Chanania, heureuse celle qui lui a donné le jour; Iosée le Cohen est un homme pieux; Siméon, fils de Nathaniel, craint le péché; et Éléazar, fils d'Arach, est comme une source qui va toujours en grossissant.”

Un proverbe du Rouergue dit également : «Que creis en bes, creis en pessomens. Qui croît en biens, croît en soucis.»

Publius Syrus dit:

Quot servos, totidem habemus quisque hostes domi.

Cette pensée a passé en proverbe: Quot servi, tot hostes.

2

Comp. Sentences et Proverbes, n° 536, 951. — D'autres traduisent : plus on fréquente les écoles, plus on acquiert de sagesse.

3 Allusion à sa mémoire prodigieuse.

12 (8).

Il disait aussi : « Si tous les sages d'Israël se trouvaient dans un des plateaux d'une balance et Éliézer, fils d'Hyrcan, dans l'autre, il l'emporterait sur tous. » Abba Saül rapporte ainsi cette parole: « Si tous les sages d'Israël, y compris même Éliézer, fils d'Hyrcan, se trouvaient dans un plateau de la balance et qu'Éléazar, fils d'Arach, se trouvât dans l'autre, il l'emporterait sur tous."

13 (9).

Un jour Rabbi lochanan dit à ses disciples: « Qu'y a-t-il, à vos de plus avantageux pour l'homme? » Rabbi Éliézer répondit :

yeux,

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Le contentement1. » Rabbi Josué : « Un ami sincère. » Rabbi losée : « Un bon voisin 2. » Rabbi Siméon: «La prévoyance 3." Rabbi Éléazar: « Un bon cœur. » Je préfère, répliqua le maître, l'opinion d'Éléazar, fils d'Arach, car vos réponses sont contenues dans la sienne". "

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14(9).

Maintenant, continua-t-il, dites-moi ce que l'homme doit éviter avec le plus de soin. » Rabbi Éliézer répondit : « Le mécontente

ment 5. Rabbi Josué : « Un ami faux. » Rabi Iosée : « Un mauvais voisin. » Rabbi Siméon : « Celui qui emprunte et ne paye pas, car

1

lant."

Interprétation de Maïmonide. Selon d'autres, il faut traduire : «Un œil bienveil

* Selon les uns cela veut dire ce qu'il y a de plus avantageux, ce qu'on doit rechercher de préférence, c'est un ami sincère et un bon voisin. Selon d'autres, cette réponse ainsi que la question auraient un sens subjectif. Le maître aurait demandé quelle est la meilleure qualité que l'homme doive chercher à acquérir; Rabbi Josué aurait répondu : c'est d'être un ami sincère, et Rabbi losée, d'être un bon voisin. La même divergence d'interprétation se retrouve dans le paragraphe 14. Selon les uns, il faut traduire : «Qu'est-ce que l'homme doit éviter avec le plus de soin? Rabbi Josué dit c'est d'avoir un faux ami; Rabbi Iosée d'avoir un mauvais voisin, et Rabbi Siméon : d'avoir affaire avec un mauvais payeur.» D'autres expliquent : «le défaut le plus biâmable, c'est d'être un faux ami, un mauvais voisin, un mauvais payeur."

3

Comp. Sentences et Proverbes, n° 65.

* Un bon cœur suppose toutes les autres qualités.

* Interprétation de Maïmonide. D'autres traduisent: «Un œil malveillant, l'envie.»

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