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tences qui ne se trouvent pas dans les autres anthologies. Nous avons, de plus, attaché une grande importance aux comparaisons entre les sentences et les proverbes des différentes nations. Cependant cette dernière partie de notre travail ne peut être qu'un essai imparfait. Il est évident que bien des comparaisons, et souvent peut-être les plus intéressantes, nous ont échappé. Il faudrait connaître toutes les langues et les proverbes de tous les pays pour faire ce travail d'une manière complète. Le lecteur sera indulgent pour notre insuffisance, et il suppléera de lui-même aux omissions qu'il constatera. Nous recevrons toujours avec reconnaissance les améliorations et les additions qu'on voudra bien nous proposer.

Qu'il nous soit permis, en terminant, d'exprimer notre gratitude à M. le Directeur de l'Imprimerie nationale et à MM. les Membres du Comité des Impressions gratuites pour la bienveillance avec laquelle ils ont jugé ce volume.

SENTENCES ET PROVERBES

DU TALMUD ET DU MIDRASCH.

א

1.

אבב חנואתא נפישי אחי ומרחמי אבב בזיוני לא אחי ולא מרחמי

A la porte de l'abondance', les amis et les parents sont nombreux; à la porte de la pauvreté2, il n'y a ni amis ni parents.

(Rab Pappa: Schabbath, 32°; Midrasch lalkout sur Genèse, § 31.)

Cette pensée a été exprimée dans toutes les langues. Ainsi on lit dans les Proverbes de Salomon: Le pauvre est haï même de son compagnon, mais les amis du riche sont en grand nombre.» (xiv, 20.) «Les richesses assemblent beaucoup d'amis; mais celui qui est pauvre est abandonné de son ami." (XIX, 4.)

Ovide (I Trist. Ix, 5 et 6) dit également :

Donec eris felix, multos numerabis amicos,
Tempora si fuerint nubila, solus eris.

Dans les Pontiques (liv. II, lettre ), il dit :
Et cum fortuna statque caditque fides.

La même pensée se trouve dans ces deux vers de Théognis :
Πᾶς τις πλούσιον ἄνδρα τίει, ἀτίει δὲ πενιχρόν·

Πᾶσιν δ ̓ ἀνθρώποις αὐτὸς ἔνεσίαι νόος.

Chacun honore le riche, méprise le pauvre; c'est là l'esprit de tous

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Аих

gens riches il pleut des amis, dit le proverbe français; au contraire, les malheureux n'ont point de parents.

Un vers de l'Hitopadésa dit : «La richesse donne des amis."

On lit dans Horace, liv. I, ode xxxv:

Diffugiunt cadis

Cum fæce siccatis amici,

Ferre jugum pariter dolosi.

Pauvres gens n'ont guerres d'amys, dit un adage du xvr° siècle. Un autre vieux proverbe dit : Que Dieu nous donne saluts et florins, et nous trouverons un grand nombre de cousins.

La sentence suivante de Publius Syrus trouve également sa place ici :

Amicum, an nomen habeas, aperit calamitas.

Cela revient à ce que dit le proverbe français: On connaît les amis au besoin. Publius Syrus dit encore:

Secundæ amicos res parant, tristes probant.

2.

אבוב לחרי זמר לגרדאי לא מקבלוהי מיניה

L'instrument de musique, qui plaît aux personnes de qualité, ne convient souvent pas aux tisserands.

(loma, 201.)

Les gens de bas étage ont parfois de plus grandes prétentions que les hommes les plus éminents. A l'époque talmudique, on employait le mot tisserand pour désigner un homme grossier, ou appartenant au bas peuple. (Cf. n° 404, 1218.)

3.

אבידת אביו ואבידת רבו של רבו קודמת שאביו הביאו לעולם הזה ורבו שלמדו חכמה מביאו לחיי העולם הבא... היה אביו ורבו נושאין משאוי מניח את של רבו ואחר כך מניח את של אביו וכו'

Si votre père et votre maître ont besoin de votre assistance, vous devez aider votre maître avant votre père; car celui-ci vous a donné la vie de ce monde, tandis que votre maître, qui vous a enseigné la sagesse, vous a procuré la vie du monde futur.

(Mischnah de Baba Metzia, II, 11. Voy. Sanhedrin, 101°, et Talkout snr Exode, $ 303.)

Plutarque (Alex. S vii) cite un mot semblable d'Alexandre. Le prince macédonien disait qu'il n'aimait pas moins Aristote que son père, parce que s'il devait à l'un de vivre, il devait à l'autre de bien vivre. Apoloτέλην δὲ θαυμάζων ἐν ἀρχῇ καὶ ἀγαπῶν οὐχ ἦτον, ὡς αὐτὸς ἔλεγε, τοῦ πατρὸς, ὡς δι' ἐκεῖνον μὲν ζῶν, διὰ τοῦτον δὲ καλῶς ζῶν.

4.

אבר קטן יש לו לאדם מרעיבו שבע משביעו רעב

Si on assouvit la passion, elle revient plus affamée encore; si on l'affame au contraire, elle s'assoupit1.

(Rabbi Iochanan : Souccah, 52°; Sanhedrin, 107"; Midrasch Ialkout sur Samuel, S 148.) Comp. no 674.

5.

סמכי ליכטי :

אגב אורחך לבעל דבבך אשתמע

Il y a un proverbe qui dit :

Mets-toi d'accord avec ta partie adverse, tandis que tu es en chemin avec elle 2.

(Sanhedrin, 95; Midrasch Ialkout sur Rois, § 241.)

Cette maxime se trouve dans les mêmes termes dans l'Évangile. (S. Matth. v, 25; et S. Luc, x1, 58.)

Le Talmud (l. c.) interprète ce proverbe ainsi : «Fais que ton ennemi entende de tes nouvelles, au moment où tu t'approches de lui. » C'est-àdire, prépare ta vengeance, sans que ton ennemi puisse s'en douter.

6.

אגרא רבי הלולא מילי

Ce qui donne du prix à votre présence à un repas

une conversation enjouée3.

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(Rab Aschi: Berachoth, 6.) Comp. n° 792.

1 Littéralement : « Membrum parvum est homini; fame debilitatum satiatur, satiatum esurit.

• Pendant que tu te rends avec elle devant le tribunal.

3 Pour égayer les jeunes mariés.

7.

אגרא דבי טמיא שתיקותא

Ce qui donne du prix à la visite que vous faites à une personne en deuil, c'est votre silence (qui marque que vous prenez part à la douleur).

Ne vous livrez pas à une conversation frivole devant une personne en deuil; car ce maintien semblerait prouver que vous ne ressentez aucun chagrin.

(Rab Pappa: Berachoth, 6.)

8.

אגרא והספרא דלוי

La plus belle oraison funèbre est celle qui excite les larmes.

9.

(Rab Schescheth: Berachoth, 6.)

אגרא דפרקא רהטא

Le sermon le plus éloquent est celui qui attire le monde.

(Rabbi Zéira: Berachoth, 6.)

אגרא רכלה רוחקא

La conférence la plus intéressante est celle où il y a presse.

(Abayé: Berachoth, 6.)

10.

אגרא דשמעתא סברא

Ce qu'on gagne par une exposition claire, c'est un jugement net.

(Raba Berachoth, 6.) Comp. n° 536.

11.

אגרא דתעניתא צדקתא

Ce qui donne du mérite au jeûne, c'est l'aumône.

(Mar Zoutra: Berachoth, 6.)

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