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Clément XI, qui connaissait tout son mérite, le nomma à cette place. Innocent XIII et Benoît XIII lui donnèrent des marques publiques de leur estime. En 1705, le sénat l'agrégea à la noblesse romaine, honneur qu'il étendit à tous ceux de sa famille, et à leurs descendants. Ce savant mourut en 1729, membre de plusieurs académies. Il y avait 8 ans qu'il s'occupait à faire des observations qui pussent le conduire à tracer une méridienne pour l'Italie. Les citoyens de Vérone lui firent ériger après sa mort un buste dans la cathédrale, distinction qu'ils avaient déjà rendue à la mémoire du cardinal Noris. On a de Bianchini Palazzo di Cesari, Vérone, 1758, in-fol., figures. Iscrizioni Sepolcrali della casa di Augusto, Rome, 1727, in-fol. Ces deux ouvrages prouvent qu'il connaissait bien les antiquités. Une édition d'Anastase le Bibliothécaire De vitis Romanorum Pontificum, 1718-1723, en 4 volumes in-fol., avec des notes, des dissertations, des préfaces, des prolégomènes et des variantes. L'érudition y est répandue avec profusion, mais le livre est plein de fautes typographiques. Des pièces de poésie et d'éloquence. Histoire universelle, en italien, imprimée à Rome, in-4, 1697, avec figures. Quoiqu'elle contienne quelques sentiments particuliers, elle est recherchée, parce que l'auteur s'appuie sur les monuments de l'antiquité. De Calendario et cyclo Cæsaris, ac de Paschali canone sancti Hippolyti martyris, dissertationes duæ, Rome, 1703, in-fol., ouvrage savant et généralement estimé. De tribus generibus instrumentorum musicæ veterum organicæ, Rome, 1743. C'était un savant universel.—ll ne faut pas le confondre avec Joseph BIANCHINI, aussi Véronois, son neveu, oratorien à Rome, qui a écrit contre le Bellum Papale de Thomas James (Voy. ce mot et BUKENTOP). Sa réponse se trouve dans le recueil intitulé Vindiciae canonicarum Scripturarum Vulgatæ edit., Rome, 1740, in-fol. Il a aussi publié un Recueil de Discours qui retracent ce que la maison de Médicis a fait en faveur des sciences et des arts, Venise, 1741, in-fol., en italien, orné de figures.

BIANCO ou BIANCHO (André), géographe de Venise, né vers l'an 1430, a laissé un recueil de cartes hydrographiques, restées longtemps en oubli dans la bibliothèque de Saint-Marc. Vincent Formaleoni, à qui l'abbé Morelli les fit connaître, en copia trois qui furent insérées dans l'ouvrage intitulé Saggio sulla nautica antica de Veneziani, Venise, 1783. Les cartes de Bianco nous font connaître l'étendue de la navigation des Vénitiens avant la découverte du Nouveau-Monde, et celle du cap de Bonne-Espérance; les côtes de la Méditerranée et de la mer Noire y sont représentées avec exactitude.

* BIANCOLINI (Jean-Baptiste-Joseph), littérateur, né à Vérone, mort en 1780, travailla toute sa vie, malgré ses occupations commerciales, à l'étude de l'histoire et à la recherche des manuscrits relatifs à sa patrie. On lui doit : une édition augmentée de la Chronique de la ville de Vérone, par Pierre Zagata, très-estimée, Vérone, 1745-49, 2 vol. in-4; Notices historiques des églises, des évêques et des gouverneurs de Vérone, 1757. Il travailla également à la Collection des traductions des historiens grecs.

* BIANCONI (Jean-Louis), célèbre médecin et littérateur italien, né à Bologne le 30 septembre 1717, fut reçu docteur en 1742, et s'acquit en peu de temps une réputation due à son savoir et à la régularité de ses mœurs. Appelé à la cour du landgrave de Hesse, il y demeura six ans en 1750 il se rendit à Dresde, muni d'une lettre de recommandation du pape Benoît XIV pour le roi de Pologne Auguste III. Ce monarque le nomma son conseiller aulique, l'admit dans son intimité et lui fit faire un brillant mariage. La cour lui confia plusieurs affaires importantes qu'il remplit avec habileté et bonheur. Enfin il fut nommé en 1764 ministre résident en cour de Rome. Bianconi mourut subitement à Pérouse le 1er janvier 1781. Il fut universellement regretté. On a de lui : Une bonne traduction de l'Anatomie de Winslow, Bologne, 1745, 6 vol. in-8. Une Dissertation sur l'électricité, écrite en français, adressée au comte Algarotti, et publiée en Hollande en 1748, in-8; Lettere sopra alcuné particolarita della Baviera e di altri paesi della Germania, Lucques, 1765; Lettere sopra Cornelio Celso, Rome, 1779, pleines d'érudition et de goût; Une Dissertation sur le cirque de Caracalla, écrite en italien et en français, superbe édition, ornée de 19 belles gravures, Rome, 1790. Il fut un des créateurs des Ephémérides littéraires de Rome, auxquelles il fournit plusieurs morceaux intéressants, entre autres l'éloge du docteur Mengs, qui fut réimprimé séparément en 1780.

BIARD (Pierre), célèbre sculpteur, né en 1559, mort à Paris, sa patrie, en 1609, âgé de 50 ans. Il avait fait le voyage de Rome, pour s'instruire dans son art d'après les grands modèles qu'offre cette ville fameuse; il revint à Paris avec de riches connaissances. Le chef-d'œuvre de cet artiste était la statue équestre de Henri IV, qu'on voyait en bas-relief sur la grande porte qui est au milieu de la façade de l'Hôtel-de-ville. En 1562 des séditieux l'endommagèrent. La figure de ce roi était si bien placée, son visage était si ressemblant et si majestueux, que, selon bien des connaisseurs, c'était le meilleur portrait que l'on en eût. Il a été détruit pendant la révolution.

BIARD (Paul), jésuite, ne à Grenoble, entra de fort bonne heure dans la société et fut un des premiers missionnaires envoyés au Canada. Il eut beaucoup à souffrir des peuples barbares auxquels il portait la lumière de l'Evangile, et il commençait à les adoucir, lorsqu'une expédition anglaise le renvoya en France, après l'avoir fort maltraité en haine du catholicisme et des jésuites. Il professa 9 ans la théologie à Lyon, et mourut à Avignon en 1622. On a de lui une Relation de la nouvelle France, et du voyage que les jésuites y ont fait, Lyon, 1606, in-12, insérée dans les lettres édifiantes; et quelques autres ouvrages sur lesquels on peut consulter la bibliothèque du Dauphiné.

BIAS, fils de Teutamus, natif de Priène, ville de Carie, l'un des sept Sages de la Grèce, et suivant quelques anciens, le plus sage, ce qui cependant n'est pas beaucoup dire, naquit vers l'an 570 avant J.-C. et florissait vers l'an 608. Il commença à se faire connaître par le rachat de quelques filles cap

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tives. On lui attribue plusieurs bons mots. Quelqu'un lui ayant demandé ce qu'il y avait de plus difficile à faire, il dit que c'était de supporter un revers de fortune...... Il avait coutume de dire qu'un homme qui ne pouvait supporter l'infortune, était véritablement malheureux..... Une autre de ses sentences était celle-ci Puisque le monde est plein de méchanceté, il faut aimer les hommes comme si l'on devait les hair un jour... Il ne s'apercevait pas qu'aimer ainsi, c'est ne pas aimer et qu'il donnait comme un axiome de morale une véritable contradiction. On rapporte que durant le siége de sa patrie, il répondit à quelqu'un qui lui demandait pourquoi il était le seul qui se retirait de la ville sans rien emporter, Je porte tout avec moi.... Diogène Laërce assure qu'il composa plus de deux mille vers sur l'lonie, et qu'il expira entre les bras d'un fils de sa fille, en plaidant pour un de ses amis. Ses concitoyens, que ses leçons n'avaient pas rendus sages, eurent l'extravagance de lui consacrer un temple.

* BIBAUC ou BIBAUT ou Bibaucius (Guillaume), général des chartreux, né à Tielt en Flandre, était professeur à Gand, où son éloquence et son érudition le faisaient regarder comme un prodige. Un jour le tonnerre tomba au milieu de sa classe et blessa plusieurs de ses auditeurs. Cet accident le frappa tellement, qu'il fit le vœu de se faire chartreux, et il l'exécuta l'an 1500. Après avoir passé par les principaux emplois de son ordre, il en devint général en 1521; il gouverna avec sagesse, mourut le 24 juillet 1535. On a de lui des discours prononcés dans les chapitres de l'ordre, intitulés Orationes et conciones capitulares, publiés par Josse Hess, prieur de la chartreuse d'Erfurt, et deux petits poèmes sur saint Joachim, imprimés à la fin de la vie de J.-C. de Ludolphe, Paris, 1534, in-fol. (Voy, LUDOLPHE de SAXE). Levin Ammon, chartreux de Gand, a publié la vie de Bibauc.

et

BIBIANE (sainte), vierge romaine, illustre par sa foi et ses vertus, souffrit, à ce que l'on croit, sous Julien l'Apostat. Ammien-Marcellin nous apprend que cet empereur établit Apronien gouverneur de Rome, en 363, et qu'Apronien étant en route pour venir dans cette ville, eut le malheur de perdre un œil. Cet officier aussi superstitieux que son maître, attribua cet accident au pouvoir de la magie; et dans cette folle persuasion, il résolut d'exterminer les magiciens, nom sous lequel on entendait les chrétiens (nouvelle preuve que les païens ne méconnaissaient pas les prodiges qu'ils opéraient). On compte sainte Bibiane parmi les martyrs qui souffrirent alors. Les chrétiens érigèrent une chapelle sur son tombeau, lorsqu'ils eurent la liberté de professer leur religion. En 465, le pape Simplice y fit construire une belle église, laquelle fut appelée Olym– pina, du nom d'une dame pieuse qui avait payé les frais de la construction. Honorius III la fit depuis réparer. Comme elle tombait en ruines, dans la suite des temps, on l'unit à Sainte-Marie-Majeure. Urbain VIII la fit rebâtir en 1628, et y plaça les reliques des saintes Bibiane, Démétrie et Dafrose. Elles avaient été découvertes dans le lieu qu'on a quelquefois appelé Cimetière de sainte Bibiane.

BIBIENA ou BIBBIENA (Bernard Dovizi ou DoviSIO

da), cardinal, mort à Rome en 1520, est compté
parmi les restaurateurs du théâtre; ce qui à tous
égards fait très-peu d'honneur à un homme de son
état. Sa comédie, intitulée Calandra, imprimée à
Rome en 1524, in-12, est la première qui ait été
faite en prose italienne. L'auteur la composa pour
amuser dans le carnaval Isabelle d'Est, marquise
de Mantoue, dont la cour était le séjour des plaisirs,
qu'un cardinal eût pu se dispenser de nourrir ou
de partager.

BIBIENA ou BIBBIENA (Ferdinand GALLI) peintre, architecte, naquit à Bologne en 1657. Il étudia les principes de son art sous Cignani, artiste distingué. Le maître produisit son disciple dans le monde. Ses talents pour l'architecture, pour les décorations de théâtre et pour la perspective, l'y firent bien recevoir. Le duc de Parme et l'empereur lui donnèrent le titre de leur premier peintre, et le comblèrent de bienfaits. On éleva, sur ses dessins, plusieurs édifices magnifiques. Ses morceaux de perspective sont pleins de goût. Il mourut aveugle en 1743, laissant des fils dignes de lui. Il est auteur de 2 livres d'architecture.

BIBIENA ou BIBBIENA (François GALLI), frère du précédent, né à Bologne en 1659, mort en 1759, fut comme lui peintre et architecte. Il dirigea, conjointement avec le marquis Maffei, la construction du théâtre de Vérone, qui est plus beau que celui qu'il construisit depuis à Rome. Il enseigna à Bologne les règles de l'architecture.

BIBLIANDER (Théodore), né à Bischops-Zell, professeur de théologie à Zurich, y mourut de la peste en 1564, âgé d'environ 65 ans, après avoir publié plusieurs ouvrages. Les principaux sont Apologia pro editione Alcorani, edita à J. Fabricio, Rostoch, 1658, in-4; Un Recueil d'anciens écrits sur le mahométisme, in-fol. Ce recueil est curieux, et renferme beaucoup de pièces sur la doctrine de l'imposteur de la Mecque. Il est devenu rare. Une édition de la Bible de Léon de Juda, Zurich, 1545, in-fol. Des Commentaires sur plusieurs livres de l'Ecriture sainte, etc. De ratione communi linguarum et litterarum omnium, Zurich, 1548, in-4, où il fait des efforts pour montrer qu'il y a de l'analogie entre toutes les langues et toutes les lettres en usage dans le monde. Il était habile dans les langues orientales.

BIBLIS, fille de Millet et de la nymphe Cyanée. N'ayant pu toucher le cœur de son frère Caune, qu'elle aimait insensément, elle pleura tant qu'elle fut changée en fontaine.

BIBULUS (Marcus-Calpurnius), fut créé consul sous le premier triumvirat, l'an de Rome 693. II avait dans Jules-César un redoutable collègue, et il passa tout le temps de sa magistrature à lutter contre lui. César proposa une loi agraire, dont l'effet était la distribution de terres dans la Campanie à vingt mille pauvres citoyens. Bibulus et tout le sénat s'y opposèrent avec force comme à une mesure dangereuse. La querelle, à ce sujet, fut si vive, que Bibulus fut chassé de l'assemblée, ses faisceaux furent brisés, ses licteurs et trois tribuns blessés. La loi passa ensuite sans opposition. Le lendemain de cette scène, Bibulus en rendit compte

au sénat; mais trouvant tout ce corps intimidé, et voyant que personne ne prenait la parole, il s'enferma dans sa maison, et y passa les huit mois qui restaient encore à expirer de son consulat sans agir autrement que par des édits. Cette inertie donnait de l'odieux à son collègue, mais lui laissait le champ libre: elle n'était cependant pas sans force. Bibulus, par des édits multipliés qui avaient la faveur du peuple, contraria César, au point que ce dernier ameuta la populace pour assiéger la maison de son collègue, et l'en tirer par la violence; ce fut sans succès. Bibulus n'était pas grand homme de guerre. Pendant qu'il était proconsul en Syrie, il eut à se défendre contre les Parthes, qui vinrent assiéger Antioche. Au lieu de les repousser par des sorties, et de troubler les travaux du siége, il se tint enfermé dans la place, avec toutes ses forces, sans agir, et sans demander des secours, ni à Cicéron, qui était en Cilicie, ni à d'autres commandants voisins. Il est vrai qu'il se tira lui-même d'embarras, en engageant un seigneur parthe, qui avait des sujets de mécontentement, à exciter une révolte contre Orode, son roi; ce qui obligea celui-ci à rappeler l'armée qui faisait le siége d'Antioche. Bibulus, dans la guerre entre César et Pompée, eut le commandement général des flottes de ce dernier. Il mourut, sur mer, de maladie, dans le cours de cette guerre, l'an de Rome 704. Il avait épousé Porcie, fille de Caton.

* BICHAT (Marie-François-Xavier), célèbre anatomiste, né à Thoirette (Jura), le 11 novembre 1771, fit ses humanités au collége de Nantua, et sa rhétorique et sa philosophie au séminaire de Lyon. Fils d'un médecin, il eut l'avantage de cette éducation domestique qui fait recueillir sans effort des connaissances de faits et de mots dont l'acquisition indispensable consume plus tard un temps précieux. Bichat commença ses études médicales à Lyon, et se livra d'abord à l'anatomie et à la chirurgie sous Marc-Antoine Petit, chirurgien de l'Hôtel-Dieu, qui l'associa, quoique à peine âgé de 20 ans, à ses succès et à ses travaux. Après le siége de Lyon, en 1793, il vint à Paris et grossit la foule des élèves de Desault. Ce professeur avait coutume de commencer chaque leçon par une répétition analytique des documents présentés la veille : un jour il avait disserté sur la rupture de la clavicule, accident grave qui rappelle un de ses plus beaux triomphes en chirurgie; l'élève qui devait faire la récapitulation se trouvait absent, et Bichat se chargea de le remplacer; par l'exactitude de son analyse, l'ordre qu'il y établit et la finesse et la solidité de certaines vues qui, présentées sous l'apparence modeste de doutes et de questions, tendaient à améliorer le procédé qui avait été proposé et démontraient que le plan en avait été entièrement saisi, il annonça à son maitre tout ce qu'il pouvait attendre d'un tel élève. Desault le fixa dès ce moment dans sa maison, et s'en fit aider dans ses recherches jusqu'en 1795, époque à laquelle il fut enlevé subitement à son protégé. Bichat devint à son tour l'appui de la veuve et du fils de celui qui l'avait traité en père. Il termina le 4 vol. du Journal de chirurgie dans lequel

ce chirurgien répandait en Europe les fruits de son expérience, et y ajouta une notice historique, où il payait à sa mémoire un juste tribut d'hommages. En 1797, il réunit les divers principes de chirurgie épars dans ce journal ainsi que dans plusieurs écrits périodiques, et en forma 2 vol. in-8, qui parurent sous ce titre OEuvres chirurgicales de Desault, ou Tableau de sa doctrine et de sa pratique dans le traitement des maladies externes, Paris, 1797. Dans l'hiver de cette même année, Bichat fit son premier cours d'anatomie; l'année suivante il en fit un second. Après son service à l'Hôtel-Dieu, il guidait dans les dissections plus de 80 élèves; il faisait sur les animaux un grand nombre d'expériences physiologiques, et rédigeait ses observations pour la société médicale d'émulation, dont il était un des fondateurs. Il avait déjà fait paraître en 1796, dans le Recueil de cette société, des mémoires concernant une correction heureuse qu'il avait apportée à l'instrument du trépan, un nouveau procédé pour la ligature des polypes, et la distinction des cas où la fracture de la clavicule réclame ou rejette comme inutiles les secours de l'art. En 1800, Bichat publia son Traité des membranes, qu'il refondit plus tard dans l'Anatomie générale. Il en devait l'idée au professeur Pinel, qui, le premier en médecine, avait compris qu'une maladie ne peut être qu'une altération de tissus ou d'organes. La description et la distinction que ce dernier avait faite des membranes muqueuses et séreuses, et surtout sa classification de leurs maladies, avait frappé Bichat qui s'empara de cette idée première et étendit ses recherches à toutes les membranes du corps. Les Recherches physiologiques sur la vie et la mort suivirent de près ses premiers travaux sur l'anatomie. On trouve dans cet ouvrage de belles expériences, des faits nouveaux, des traits hardis et profonds à côté de plusieurs écarts d'imagination qu'il aurait corrigés si la mort n'y eût mis obstacle. En 1801, parut son Anatomie générale, qui fut traduite dans presque toutes les langues de l'Europe. C'est là le grand titre de gloire de Bichat, ce qui en a fait un des plus grands physiologistes de notre àge, et où l'on pressent tout ce qu'il aurait fait pour les autres parties de l'art, si une mort prématurée ne l'eût enlevé. L'anatomie pathologique, la matière médicale, la médecine elle-mème lui auraient dû de nouvelles lumières, à juger par les travaux qu'il avait entrepris. Quoiqu'à peine àgé de 28 ans, il avait été nommé, en 1800, médecin de l'Hôtel-Dieu. Ce fut moins dans les livres, comme il le dit luimême, qu'auprès des malades, qu'il alla chercher l'historique des maladies; dans un seul hiver, il ouvrit plus de six cents cadavres. Bichat s'occupait de réunir en un corps de doctrine les fragments d'anatomie pathologique disséminés dans tous ses ouvrages, et il aurait élevé à la science un monument digne d'elle; mais il succomba pendant l'impression de son Traité d'anatomie descriptive, dont il publia en 1801 et 1802 les deux premiers vol. et dont il laissa le troisième imparfait; cet ouvrage fut achevé par ses amis, MM. Buisson et Roux. Ce fut dans ce moment où son zèle infatigable embrassait en même temps les cinq branches fondamentales de

l'art de guérir, anatomie, physiologie, médecine, anatomie pathologique et matière médicale, qu'une chute faite sur l'escalier de l'Hôtel-Dieu lui causa une fièvre putride-maligne, dont il puisait d'ailleurs continuellement le germe dans les amphithéatres d'anatomie, au milieu des recherches cadavériques, et à laquelle il succomba le 22 juillet 1802, entre les bras de la veuve de son ancien maître dont il ne s'était jamais séparé. Sur la demande de Corvisart, le gouvernement impérial fit élever un monument en l'honneur de Desault et de Bichat à l'Hôtel-Dieu, où tous les deux avaient professé. Voici la liste des ouvrages de Bichat: Notice sur Desault, Paris, 1795, dans le 4 vol. du Journal de chirurgie de Dessault. Description d'un nouveau trépan; Mémoire sur la fracture de l'extrémité scapulaire de la clavicule; Description d'un procédé nouveau pour la ligature des polypes; Mémoire sur la membrane synoviale des articulations; Dissertation sur les membranes et sur leurs rapports généraux d'organisation; Mémoire sur les rapports qui existent entre les organes à forme symétrique et sur ceux à forme régulière. Tous ces mémoires ont été insérés dans les Mémoires de la société médicale d'émulation. Traité des membranes en général, et des diverses membranes en particulier, Paris, 1800, in-8, réimpr. en 1806 et en 1816. Recherches physiologiques sur la vie et la mort, Paris, 1800, in-8, 3e édit. en 1805; Anatomie générale appliquée à la physiologie et à la médecine, Paris, 1801, 2 vol. in-8; 1812, 4 vol. in-8; 1819, 2 vol. in-8; Anatomie descriptive (Voyez plus haut); Dissertation sur les émétiques, etc., Paris, 1805, in-8; Dissertation sur l'action des purgatifs, Paris 1803, in-8. Une statue a été élevée à ce grand anatomiste sur une des places de la ville de Bourg. BICLARE (Jean). Voy. VICTOR de Tunones. BIDAL D'ASFELD. Voy. Asfeld.

BIDELL ou BIDDLE (Jean), fameux antitrinitaire anglais, né à Wotton en 1615, dans le comté de Glocester, maître d'école en cette ville, fut mis en prison à cause de ses écrits impies. Cromwel l'en tira mais Charles II voyant qu'il continuait à répandre les mêmes erreurs, l'y fit remettre, et il mourut en 1662. Il niait la divinité de Jésus-Christ et soutenait que le Saint-Esprit n'était que le premier des anges.

* BIDERMANN (J.-Godefroi), curé du diocèse de Bamberg au XVIe siècle, a donné: Généalogie des comtes de Franconie, Erlangen, 1746; de la Noblesse du Voigtland, Culmbach, 1752, in-fol.; Tables généalogiques, etc.

* BIDERMANN (Jacques), jésuite, auteur d'un recueil de poésies assez estimé, intitulé: Heroum epistolæ et Sylvula hendecasyllabarum, lib. 3, Lyon, 1656, in-12.

BIDLOO (Godefroy), poète et médecin, professeur d'anatomie à La Haye, et médecin de Guillaume III, roi d'Angleterre, naquit à Amsterdam le 12 mars 1669, et mourut à Leyde en avril 1715. Il occupait dans cette ville la chaire d'anatomie et de chirurgie. Ses Poésies hollandaises ont été publiées à Leyde en 1719. Parmi ses ouvrages, le plus estimé est son Anatomia humani corporis, in-fol., avec de trèsbelles figures de Lairesse, Amsterdam, 1655. Ce

livre est d'une exécution admirable; mais il faut donner la préférence à la première édition: celles de 1739 et 1750 ne sont pas si belles, quoique plus complètes.

BIDOU (Charles-François), instituteur, a publié le Guide d'une mère pour l'éducation de ses enfants, 1803, in-8, réimprimé en 1805. Il est mort à Chaillot le 13 février 1824.

* BIE (Adrien de), peintre flamand, né en 1594, se perfectionna à Rome, et exécuta, sur des plaques d'or et d'argent et sur des pierres précieuses, un grand nombre de sujets en petit. Il fit pour l'église de Saint-Gomer à Lière, sa patrie, un Saint-Eloi, qui passe pour le meilleur de ses tableaux.

** BIEBERSTEIN (L.-B.-F. MARSCHALL, baron de), savant botaniste, né dans le Wurtemberg en 1768, embrassa l'état militaire et passa, jeune encore, au service de la Russie, où il reçut le titre de conseiller d'état et fut fait grand'croix de l'ordre de Saint-Wladimir. Passionné pour la botanique, il employa tout son crédit à favoriser l'étude de cette science, et parcourut lui-même les provinces voisines du Caucase, pour en composer l'herbier qu'il s'empressa d'offrir à l'académie de Pétersbourg. Ce zélé botaniste, dont les fatigues abrégèrent la vie, mourut en 1828 à 60 ans, laissant deux ouvrages fort estimés: Flora Taurico Caucasica, exhibens stirpes phænogamas in Chersoneso-Taurico et regionibus caucasicis sponte crescentes, Charcow, 180819, 3 vol. in-8; le premier a été réimprimé à Tubingue en 1816; Centuria plantarum Russiæ meridionalis, Pétersbourg, 1812, in-fol. Ce premier vol. ne contient que 50 planches; le second, qui doit compléter ce magnifique ouvrage, n'a point en

core paru.

BIEL (Gabriel), un des grands scolastiques de son siècle, est né, selon les uns, en Suisse, selon les autres, à Spire ou à Tubingen. Il enseigna longtemps la philosophie et la théologie à Tubingen, où il mourut vers l'an 1495. On a de lui des Commentaires sur le Livre des Sentences, une Exposition du Canon de la Messe, etc., Haguenau, 1519. Il ne faut pas le confondre avec Louis DE BIEL, professeur de philosophie à Vienne, dont on a Utilitates rei nummaria, Vienne, 1633, un vol. in-8, avec fig.

BIELFELD (Jacques-Frédéric, baron de), né à Hambourg le 31 mars 1717, accompagna en qualité de secrétaire de légation, le comte de Truchsès, ambassadeur du roi de Prusse à la cour de Londres. En 1745, le roi de Prusse le nomma précepteur du prince Auguste-Ferdinand son frère, curateur des universités en 1747, et, l'année d'après, baron et conseiller-privé. Il se retira ensuite dans une de ses terres dans le pays d'Altembourg, où il passa le reste de ses jours, partageant son temps entre l'étude et les soins de sa famille. Durant sa dernière maladie, il se fit transporter à Altembourg, où il mourut le 5 avril 1770. Nous avons de lui plusieurs ouvrages Institutions politiques, Liége, 1759-62, 3 vol. in-4, 1762, 4 vol. in-12, 1774, 3 vol. in-8, etc. «S'il n'en est pas le créateur (dit l'auteur de >> son éloge), il n'en est pas aussi le simple com» pilateur. » On y trouve une description géogra¬

phique de l'Europe, mêlée de réflexions politiques: il est facile de voir en lisant les articles qui concernent l'Espagne, le Portugal, l'Italie, etc., qu'il écrit en bon protestant. On y lit des choses d'une fausseté évidente, que la passion seule lui a dictées. Par exemple, tom. 3, p. 16, il dit que les Juifs de Portugal que l'on y découvre sont brûlés, et que leurs biens confisqués passent à Rome. Sa haine contre le clergé catholique va jusqu'à exclure les évêques, ces pasteurs des peuples, des assemblées nationales: opinion solidement réfutée par M. Necker, dans son traité de l'administration des Finances. « Dans les nations européennes, dit ce mi» nistre, le clergé que les donations des souverains » et des peuples ont rendu propriétaire de grands » biens, et qui par là forme un corps de citoyens » opulents et puissants, semble dès-lors avoir un >> droit acquis de parler ou de se faire représenter » dans les assemblées nationales. D'ailleurs, la >> confiance des peuples les met à portée de voir de >> près leurs besoins et de reconnaître leurs vœux.»> Bielfeld convient cependant que Luther et surtout Calvin ont porté de trop fortes atteintes aux revenus et aux honneurs du clergé. On remarque aussi dans cet ouvrage des maximes qui flattent le despotisme, et qui ne peuvent que tendre à l'asservissement des nations. Progrès des Allemands dans les Belles-Lettres, 1752, réimprimé en 1768, 12 vol. in-8: mauvaise compilation, où le fanatisme protestant tient souvent lieu de critique. Si l'on devait juger des progrès des Allemands par la manière dont son livre est rédigé, il n'y aurait point de nation en Europe moins avancée. Amusements dramatiques, qui n'amusèrent que lui. Lettres familières qui furent un enfant de son loisir, mais un enfant gâté et beaucoup trop familier. Erudition universelle; ce ne sont que des traits, l'ensemble manque. Une feuille périodique en allemand, intitulée l'Ermite, ouvrage qui s'est soutenu pendant trois ans. C'est beaucoup pour ce genre d'ouvrage qui n'a pas la vie longue quand il est faible. Un de ses intimes amis a lu son éloge dans une assemblée publique de l'académie de Berlin, en 1770: on comprend bien que l'auteur et ses ouvrages n'y sont pas sévèrement jugés.

BIELINSKI (Pierre), sénateur de Pologne, naquit en 1754. Au moment du partage de ce royaume, il était un des principaux dignitaires de l'état. Il avait, à plusieurs reprises, représenté ses concitoyens dans les diètes nationales, et fait partie de la commission des finances chargée de surveiller la perception des impôts. Toutefois l'élévation de Bielinski date plus particulièrement de l'année 1806. D'abord président du gouvernement insurrectionnel de Kalisch, il fut appelé, en 1807, à siéger dans la commission suprême du gouvernement, fut l'un des signataires de la constitution du grand-duché de Varsovie, donnée par Napoléon dans le cours de cette année, et désigné peu de temps après, avec deux de ses collègues, pour porter à l'empereur des Français, à Paris, l'hommage de la reconnaissance nationale. A son retour, il fut élevé à la dignité de sénateur palatin, et membre de la chambre haute, organisée selon la nouvelle charte par Frédéric-Auguste. Appelé, en 1827, à présider tempo

rairement le sénat, à l'occasion du procès intenté à l'Association patriotique polonaise, dévoilée à la suite de la célèbre conjuration russe de 1825, il amena la haute cour nationale, après une année de délibération, à prononcer à l'unanimité moins une voix, l'acquittement des accusés. Ce décret, dont la publication fut d'abord empêchée par une ordonnance ministérielle, fut plus tard sanctionné par le gouvernement. Bielinski mourut à Varsovie au mois de mars 1829.

* BIELKE (Nicolas, comte de), sénateur suédois, fut placé en 1782 à la tête du département des mines il introduisit dans cette branche de l'industrie publique, des réformes utiles. Il donna naissance à une société qui exploita dès lors les riches et vastes carrières de porphyre, qui se trouvent dans le district d'Elfdal, en Dalécarlie. Il se retira des affaires pendant la diète orageuse de 1789; il mourut à la fin du siècle dernier. On a de lui un Discours sur Gustave 1er et sur son règne, prononcé à l'académie de Stockholm, dont il était membre. * BIELKE (le baron de), issu d'une des plus anciennes familles de la Suède, qui a donné des reines à ce pays, et allié à la maison royale de Wasa, s'est acquis par sa fin tragique une funeste célébrité. Le 17 mars 1792, ayant appris, dès le matin, l'issue de l'horrible attentat d'Ankarstroem (Voy. ce nom), il prit une forte dose d'arsenic, qui lui fit éprouver durant toute la journée les douleurs les plus aiguës. Il expira à six heures du soir, entouré des agents de la police qui cherchaient, mais inutilement, à lui arracher des aveux. Un prêtre, son ami de collége, essaya de le réconcilier avec le ciel, et lui offrit les consolations de la religion, mais il les repoussa constamment. Bielke était plus que sexagénaire. Son cadavre fut traîné sur la claie jusqu'au lieu du supplice des criminels.

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BIELSKI (Martin), historien polonais du xvie siècle, a composé: Chronicon rerum Polonicarum ab origine gentis ad annum 1587, cum iconibus regum.

Son fils, Joachim BIELSKI, a écrit les Annales de Pologne, en polonais, et des Epigrammes, en latin.

BIENNÉ (Jean), célèbre imprimeur de Paris, fut l'émule des Morel et des Turnèbe, qu'il égala par la beauté de ses caractères, la correction de ses livres et la bonté des ouvrages qui sont sortis de ses presses. Maittaire ne l'a point oublié dans ses Vies des plus célèbres imprimeurs de Paris; il prétend que ses impressions grecques et latines ne le cèdent point à celles d'aucun des meilleurs typographes. Voy. dans cet auteur le catalogue des éditions les plus renommées de Jean Bienné. Cet imprimeur mourut à Paris en 1588.

* BIERKANDER (Claude), pasteur à Grefback, en Westrogothie, né en 1735, mort en 1795, a publié dans les Mémoires de l'académie de Stockholm, dont il était membre, un grand nombre d'observations sur les insectes, dont il avait fait une étude particulière; il en a donné aussi plusieurs sur les végétaux, écrites en suédois: Sur la transpiration des plantes, année 1773, transpiration qu'il constata le premier; Sur l'ustilago (ou la brûlure des végétaux), 1775; Sur les stations des plantes, 1776; De l'action et de l'effet du froid sur les végétaux, 1778;

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