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EN UNQUAM ille dies futurus esset quo vacuam hostibus Italiam... visuri essent? Le jour viendrait-il donc jamais où ils verraient l'Italie délivrée d'ennemis? (Conc., p. 213, 1. 13.)

La seconde répond d'ordinaire à ne ou à nonne; c'està-dire au français : est-ce que, ou est-ce que... ne pas. Ex.: ECQUID sentitis in quanto contemptu vivatis? Sentez-vous donc enfin, ou bien : ne sentez-vous donc

pas enfin dans quel mépris vous vivez? (Conc., p. 37, I. 21.)

Enfin ecquando veut dire : y a-t-il, y aura-t-il donc un jour, n'y a-t-il, n'y aura-t-il donc pas un jour où.

Ex.: ECQUANDO unam urbem... habere licebit? Y aurat-il donc, ou bien n'y aura-t-il donc pas un

jour où plébéiens et patriciens n'auront qu'une seule et même ville? (Conc., p. 32, 1.5.).

Ces trois interrogations sont inspirées le plus souvent par un ardent désir ou par une passion vive: c'est bien plutôt un cri de l'âme fortement agitée qu'une interrogation proprement dite, et il ne faut pas les employer indistinctement à la place de ne, num, nonne, etc.

CHAPITRE X

PROPOSITIONS INFINITIVES.

§ XXXIV. Dans la phrase suivante : credo te flere, il y a deux propositions : une principale, credo, une subordonnée, te flere, qu'on appelle infinitive, parce que son sujet est à l'accusatif et son verbe au mode infinitif.

Remarquons avant tout qu'une proposition infinitive peut être également le sujet ou le complément d'une autre proposition à un mode personnel.

Ex.: Credo te flere. Sujet et verbe : (Ego) credo; complément: te flere.

Illud te mihiignoscere æquum erit. (Conc., p. 194, 1. 21.)

Sujet : Te mihi illud ignoscere; verbe : erit; attribut : æquum.

Toute proposition subordonnée que domine un interrogatif ou une conjonction peut de même être le sujet d'une autre proposition, bien plus, d'un participe ou d'un adjectif à l'ablatif absolu.

Ex.

Proposition dépendant d'une conjonction et servant de sujet à un verbe au mode subjonctif : « Tuum erit consultare, UTRUM PRÆVALEAT QUOD EX ARMENIO CONCEPIT, AN QUOD EX ME GENITA EST.» (Conc., p. 393, 1. 16.)

Construction: Tuum erit consultare utrum: 1er sujet : (hoc, scilicet) quod ex Arminio concepit, an; 2o sujet : (illud scilicet) quod ex me genita est; verbe: prævaleat. (I t'appartiendra de juger si (ce fait : à savoir) d'avoir eu un enfant d'Arminius, ou (cet autre, à savoir) d'être née de moi, doit l'emporter.)

Propositions interrogatives servant de sujets à des ablatifs absolus:

« Nondum cognito qui fuisset exitus in Illyria (TAC., Annal., 1, 46). Construisez: (hoc, scilicet), qui fuisset exitus in Illyria, nondum cognito. Comme on ne savait pas encore quel avait été le dénoûment (de la révolte) en Illyrie. »

— « Intellecto in quos sæviretur. (Tac., Ann., 1, 49.) Construisez (hoc, scilicet), in quos sæviretur intellecto. Quand on eut compris quels étaient ceux qu'on voulait punir.

On trouverait aussi souvent la proposition infinitive employée d'une façon analogue: Patres vocantur, ADDITO consultandum super re magna... (TAC., Ann., 11, 28.)

De la proposition infinitive

CONSIDÉRÉE COMME COMPLÉMENT D'UNE PROPOSITION PRINCIPALE.

§ XXXV. A quel temps faut-il mettre le verbe de la proposition infinitive?

L'infinitif a quatre temps; il y a donc quatre règles à observer :

1° Si le verbe de la proposition principale et celui de la proposition infinitive expriment deux actions (1) simultanées, mettez le présent de l'infinitif, à quelque temps d'ailleurs que soit le premier verbe.

Ex.: Je crois qu'il est malade; on peut tourner: Je crois présentement qu'il est malade présente

ment; les deux actions sont simultanées; je traduirai donc : Credo eum ægrotare.

Je croyais, j'ai cru, j'avais cru, j'aurais cru qu'il était malade. On peut tourner encore: Je croyais,... j'aurais cru alors qu'il était malade alors; je mettrai donc encore ægrotare.

2o Si le verbe de la proposition infinitive marque une action antérieure par rapport à celle qu'exprime le premier verbe, mettez le passé de l'infinitif. Ex.: Je crois qu'il nous favorisait; on peut tourner je crois maintenant qu'il nous favorisait tout à l'heure, l'an passé, etc. La seconde action est donc antérieure à la première; je traduirai favisse. Je croyais qu'il était venu. Je croyais TOUT A L'HEURE, HIER, qu'il était venu AUPARAVANT, IL Y A HUIT JOURS, etc. (Venisse.)

3o Si le verbe à l'infinitif marque une action simplement postérieure par rapport à celle du premier verbe, mettez le futur simple de l'infinitif. Ex. Je ne pensais

(1) Nous disons actions pour abréger; il va sans dire que certains verbes expriment un état; exemple : je souffre; et d'autres, une conception de l'esprit; ex. : je crois. La règle leur est également applicable.

pas qu'il viendrait. On peut tourner: je ne pensais pas alors qu'il viendrait plus tard, le lendemain, les jours suivants, etc. : venturum, etc.

4o Si l'action marquée par le verbe de la proposition infinitive est à la fois postérieure par rapport à l'action du premier verbe, et antérieure par rapport à une autre proposition, à une autre idée de temps, exprimée ou sous-entendue, mettez le futur passé :

Ex.: Je crois qu'il sera venu quand vous partirez. Il sera venu, futur par rapport à je crois; antérieur par rapport à quand vous partirez.

Adventurum fuisse.

J'espère qu'il aura terminé son ouvrage (sousentendu, tout à l'heure, bientôt, demain, etc.) Il aura terminé, futur par rapport à je crois; antérieur par rapport à l'adverbe de temps sous-entendu. Perfecturum fuisse.

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NOTA. Voir au § XXII les différentes formes du futur infinitif.

Des verbes qui gouvernent la proposition infinitive.

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§ XXXVI. Tous les verbes que les Latins appellent verba declarandi et sentiendi, veulent après eux la proposition infinitive. Les principaux sont: dire et ses synonymes affirmer, soutenir, prétendre, avertir que, annoncer, mander, enseigner, apprendre, informer, prouver, démontrer, nier; - penser et ses synonymes: imaginer, supposer, soupçonner, juger, conjecturer, croire, admettre, reconnaître, concevoir, comprendre, sentir; — espérer, compter, se flatter; - promettre, assurer, garantir, jurer, etc.

NOTA. Si les verbes dire, avertir, mander, signifient ordonner, commander, ils prennent le subjonctif avec ut. (§ XXXVIII, 1°.)

DIFFÉRENCES ENTRE LE FRANÇAIS ET LE LATIN.

1° Souvent, en français, un des verbes cités plus haut

est suivi immédiatement de l'infinitif, qui veut en latin la proposition infinitive complète, et même, en certains cas, un autre temps que celui de l'infinitif français : Ex.: Je crois être malade : Credo ME esse ægrum.

J'espère le rencontrer: Spero EUM MIHI obvium

fore.

Mais le verbe croire, en ce cas, c'est-à-dire lorsqu'il a le même sujet que l'infinitif qu'il régit, et qu'il signifie : se sembler, se paraitre à soi-même, se rend très-élégamment en latin par le verbe videor, escorté des pronoms personnels mihi, tibi, sibi, nobis, etc. Ces pronoms même peuvent se sous-entendre. Ex.: Je ne crois pas parler à mon armée : Je ne me parais pas, il ne me semble pas que je parle à mon armée. Non equidem mihi cum exercitu meo loqui videor. (Conc., p. 180, 1. 1.)

Il croit avoir du goût: Il se paraît à lui-même avoir, il lui semble qu'il a du goût : Videtur ille sibi (ou) videtur ille sapere (1).

-

2o On sait que l'attribut qui suit le verbe être ou les verbes neutres et passifs qui ont quelque analogie avec le verbe être, se met au nominatif. Deus est sanctus; — ego nominor leo; graculus rediit mærens. Le même cas se conserve lorsque ces verbes, employés à l'infinitif, dépendent eux-mêmes d'un premier verbe qui n'exige pas après lui la proposition infinitive, tel que les suivants : Possum, soleo, incipio, pergo, desino, maturo, studeo, cupio, volo, nolo, malo, etc.

Il suffit que les deux verbes aient le même sujet.
Ex.: Je puis être bon: Possum esse bonus.

Je veux être indulgent: Volo esse indulgens. Toutefois, après les verbes volo (2), nolo, malo, cupio,

(1) Ne confondez pas videtur régi par ille ou tout autre sujet substantif ou pronom au nominatif, avec videtur employé au sens impersonnel et comme traduction du français: il semble, il parait, il parait bon.

(2) Quoique le verbe volo et ses analogues puissent gouverner la proposition infinitive, ce n'est pas une raison pour que, dans le

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