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<< Autre exemple: Desideria ex falsâ opinione nascentia UBI DESINANT non habent » (Sénèque). (Les besoins que les préjugés font naître n'ont point où s'arrêter.)

CHAPITRE IX

DES INTERROGATIONS.

§ XXXII. Interrogation en général. Sont ou peuvent être interrogatifs :

Quis, quæ, quid, ou quod avec un nom; Quid fecit? quod opus edidit?

Quisnam, quænam, quidnam ou quodnam avec un nom. Ecquis, ecqua, ecquid ou ecquod avec un nom. (Y a-t-il quelqu'un qui, quel homme, quelle femme, etc.) Cet interrogatif attend une réponse négative, ou se prend comme synonyme de nonne quisquam. (V. page 35.)

Qui, quæ, quod. On emploie qui à la place de quis, lorsqu'on s'informe du caractère de la personne, plutôt que de son nom, de son pays, de sa condition.

Quis est? qui est-il? (Quel est son nom, son pays, sa profession?)

Qui est? Quel est son caractère? quelles sont ses mœurs, ses habitudes?

Qualis, quantus, quotus, uter.

An, anne, ne (après un mot); nonne, num, utrum; ecquando (réponse négative ou synonyme de nonne unquam.) (V. fin du chapitre, page 93.)

Cur, quando, quare, qui, quomodo, quoties, etc.

Il est d'usage de distinguer l'interrogation directe de l'interrogation indirecte; l'interrogation simple de l'interrogation double.

L'interrogation est directe quand elle est immédiate, et que le mot interrogatif ne dépend d'aucun autre. Ex.: Venez-vous? Qui êtes-vous? Quelle heure est-il? Pourquoi faites-vous cela?

Elle est indirecte dans les autres cas. Ex.: Dites-moi SI vous venez? On demande qui vous êtes? J'admire COMMENT vous avez fait cela. Si, qui, comment, dépendent chacun d'une proposition marquée par les trois verbes: dites-moi, on demande, j'admire.

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Après l'interrogation directe, on met l'indicatif. Les quatre exemples ci-dessus se traduiraient donc : Venisne? Quis es? ou bien, si l'on veut s'enquérir du caractère de la personne, plutôt que de son nom, de son pays, de sa condition: Qui es? Quota hora est? — Cur id facis? L'idée du conditionnel et même celle du futur, quand, au lieu de marquer précisément l'avenir, il a plutôt le sens du conditionnel ou des verbes pouvoir et devoir, se rendent par le subjonctif. Ex.: Utrum tandem pluris ESTIMEMUS pecuniam Pyrrhi, an continentiam Fabricü? Lequel préférerons-nous, lequel pourrions-nous préférer, lequel devons-nous préférer, de l'argent de Pyrrhus ou du désintéressement de Fabricius? (V. page 65, n. 3.)

Certains interrogatifs français (que, pourquoi, où, comment, etc.), sont parfois suivis de l'infinitif. Il faut absolument en latin y substituer l'indicatif ou le subjonctif, à telle ou telle personne, selon le sens.

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Ex.: Pourquoi pleurer? quid fles, quid fletis, quid flemus, etc. Que faire? quid faciam, facias, faciat, etc., s'il s'agit de l'avenir, et qu'on puisse tourner par que ferai-je ? que feras-tu? que puis-je faire, que peux-tu faire, que peut-il faire, etc. Quid facerem, faceres,... s'il s'agit du passé et qu'on puisse tourner par qu'eussé-je fait, qu'eusses-tu fait, que pouvais-je faire, qu'aurais-je pu faire, etc.

Quand l'interrogation est indirecte, c'est-à-dire, subordonnée à une autre proposition, le verbe qui dépend de l'interrogation se met au temps du français et au mode subjonctif. Ex.: Ante oculos proponite QUE terrâ marique... PASSI SITIS. (Conc., p. 115, 1. 13.)

Si le verbe doit être à la fois au subjonctif et au futur,

on emploiera à l'actif, sim, sis, sit, essem, etc., avec le participe en rus, ra, rum; au passif, le même verbe avec le participe dus, da, dum, s'il y a obligation, et la locution futurumne sit, futurumne esset, etc., s'il s'agit de marquer seulement l'avenir. Ex.:

Nescio sitne venturus; nescio audiendusne sit; futurumne sit ut audiatur. (Je ne sais s'il viendra; s'il doit être écouté, s'il y a obligation de l'écouter; s'il sera écouté.) - (Voir § xxII, sur le futur subjonctif, page 39.)

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§ XXXIII. L'interrogation est simple, quoiqu'elle soit d'ailleurs directe ou indirecte, quand il n'y a qu'une seule interrogation, ou bien une suite d'interrogations qui n'offrent point d'opposition entre elles. Ex.:

Qui êtes-vous?

Que fait-il? Vous écoute-t-il? A-t-il profité de vos leçons? Elle est double quand il y a au moins deux interrogations opposées l'une à l'autre par la conjonction ou (exprimée ou sous-entendue).

Ex.: Vient-il, ou reste-t-il en route?

Que veut-il? Est-ce haine, est-ce amour qui l'inspire?

L'interrogation simple, dans les Verbes, se rend par ne et non par an. Si la réponse doit être négative, on emploie num; et si la proposition interrogative renferme en même temps une négation, on emploie nonne. Le mode varie selon que l'interrogation est directe ou indirecte. Ex.: PræstatNE utilitas honestati?

NUM cadit in bonum virum mentiri?

NONNE poetæ post mortem nobilitari volunt? (Cicéron.)

Supposez non dubitandum est, ne quæras, num dubius es, ou tout autre mot régissant ces trois propositions, et vous aurez præstet, cadat, velint.

Quand l'interrogation est double, on met à sa fantaisie utrum devant la première proposition interrogative, ou

ne (après le premier mot de cette proposition), ou rien du tout, à condition de mettre toujours an devant la seconde proposition. Ex.:

UTRUM defenditis, AN impugnatis plebem, tribuni (Conc., p. 47, 1. 9)? On aurait pu dire defenditisNE, AN impugnatis plebem, ou bien defenditis, AN impugnatis...

Supposez une proposition, un mot régissant cette interrogation, et vous aurez defendatis et impugnetis.

Uter, utra, utrum a quelquefois pour objet d'annoncer l'interrogation double sans en faire partie. Ex.:

Uter est doctior, tuNE AN frater?

Ou non, se rend par annon, ou necne. Ex.: Ea vos rata habeatis, NECNE, magis reipublicæ interest, quam meâ. (Que vous approuviez ou non ces actes, cela intéresse plus la république que moi-même.)

Ou, pouvant se tourner par et, ne marque pas une opposition entre les deux idées qu'il sépare, et se rend par

aut.

Ditiorne est AUT felicior ille quam tumetipse? L'interrogation est simple.

Par tous ces exemples, on peut voir que la vraie place de la particule an, celle que les écrivains du siècle d'Auguste lui ont d'ailleurs assignée, est après utrum ou ne, devant le second membre d'une interrogation double (1). Voilà pourquoi, chez ces auteurs, haud scio an, nescio an, dubito an, suivis d'un verbe, ne signifient point: Je ne sais si, je doute si, mais je ne sais si... ne pas, je doute si... ne pas, comme en opposition avec une première in

(1) Voilà pourquoi aussi la particule an, même au début d'une phrase, marque une opposition avec quelque idée précédente, exprimée ou s.-entendue, et signifie : ou bien est-ce que. Ex.: sed, per Deos immortales, quo illa oratio pertinuit? AN uti vos infestos conjurationi faceret. (Conc. p. 355, 1. 15) mais, au nom des Dieux! à quoi bon un pareil discours? Réponse : Première partie sous-entendue à rien. Ou bien alors avait-il pour objet de vous enflammer, etc.

terrogation sous-entendue. Ex.: nescio an modum excesserint. Rétablissons un moment la première interrogation: nescio utrum modum excesserint; il est clair que la particule an qui suivra sera escortée d'une négative: «< Je ne sais s'ils ont passé la mesure, ou s'ils NE l'ont PAS passée. Nescio an revient donc à nescio an non; autrement dit, nescio an veut dire peut-être. Il est vrai que les écrivains postérieurs n'ont plus observé rigoureusement cette règle, mais les exemples abondent au grand siècle. Nescio an in reliquis rebus idem eveniat (Cic.) (comme s'il y avait an non).

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Nescio an infestior hic adversarius, quam ille hostis, maneat. (Conc., p. 154, 1. 12.)

(Je ne sais si Varron ne te fera pas plus de mal qu'Annibal.)

Qui scis an prudens hùc se projecerit atque

Servari nolit? (Horace.) (Comment sais-tu s'il ne s'est pas jeté là exprès, et s'il ne veut pas ne pas être sauvé, autrement: s'il veut être sauvé), etc., etc.

La locution nescio quis est également à remarquer; elle est considérée quelquefois comme simple synonyme d'aliquis, et cesse alors d'influer sur le mode du second verbe.

Ex.: Nescio quis teneros oculus mihi fascinat agnos. (Virg.) (Je ne sais quel mauvais œil fascine mes jeunes agneaux.)

Signalons enfin, parmi les interrogatifs latins, les trois locutions oratoires en unquam, ecquid, et ecquando.

La première revient à nunquamne, ou unquamne, selon le sens général de la phrase, et suppose comme les deux autres une réponse négative.

Ex.: EN UNQUAM creditis fando auditum esse Numam Pompilium..., Romæ regnasse? Croyez-vous donc que nous n'ayons jamais entendu dire que Numa Pompilius... régna jadis à Rome (Conc., p. 38, 1. 3)?

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