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Tout exemplaire de cet ouvrage non revêtu de ma griffe sera réputé contrefait.

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PRÉFACE.

Une expérience de plusieurs années a suggéré l'idée de ce livre. Depuis longtemps on avait remarqué que les élèves de rhétorique, en général, pèchent à leur début par deux défauts qui suivent beaucoup d'entre eux pendant toute l'année : d'une part, l'ignorance ou l'oubli des règles de la grammaire latine; de l'autre, l'inexpérience des formes particulières de langage qui se rapportent à ces règles. La même observation n'est que trop applicable à la majorité des élèves de philosophie. Certes, nous déplorons, autant que qui que ce soit, cet état, et nous voudrions très-sincèrement, pour l'agrément et dans l'intérêt de la classe que nous professons, qu'il en fût autrement; mais le mal existe, cela est incontestable, et, qui plus est, on ne peut se dissimuler que les élèves n'apportent pas un vif empressement à le réparer, trouvant trop long ou même trop fastidieux de relire en entier soit Lhomond, qu'ils ont abandonné depuis la Quatrième, soit Burnouf, qui les effraie par ce qu'il a de trop savant et en quelque façon de trop complet. On a donc considéré qu'une classe se fait non-seulement pour les élèves les plus forts, mais pour tous les élèves sans exception, et on a voulu, en composant un livre court et facile à lire, fournir aux rhétoriciens et aux élèves de philosophie un moyen de se rappeler ou d'acquérir promptement les connaissances élémentaires indispensables à quiconque est tenu d'écrire quelques pages en latin.

Le plan de l'ouvrage est des plus simples et n'est nouveau qu'en apparence. A l'exemple des grammairiens, on a considéré que tout discours est une série de propositions, tour à tour simples, coordonnées, et subordonnées explicatives et complétives. On a donc rappelé, conformément à cette vieille division, et autant que possible dans l'ordre et avec les exemples adoptés par Lhomond:

1o Les règles et locutions principales se rattachant aux propositions simples, ou plutôt, aux différentes espèces de mots (substantifs, adverbes, verbes, etc.), qui entrent dans ces propositions. Ch. I ch. VII.)

2o Les règles et locutions propres aux adverbes conjonctifs qui unissent entre elles les propositions coordonnées : et, ou, ni, car, mais, or, donc, et leurs synonymes. (Ch. VIII.)

3o Les règles et locutions particulières aux mots par lesquels s'annoncent les propositions subordonnées : relatifs, interrogatifs, verbes à la proposition infinitive, participes et conjonctions. (Ch. VIII ch. XIII.)

4° Celles qui se rapportent spécialement aux propositions subordonnées, dites complétives. (Ch. XIII.)

Dans une 5o et dernière partie supplémentaire, on a expliqué

les règles du Discours indirect, cité les expressions qui servent à lier les différentes parties d'un paragraphe ou les divers paragraphes d'un discours, donné quelques conseils sur la construction des phrases latines, enfin transcrit par ordre alphabétique un certain nombre d'expressions du Conciones, qui avaient semblé plus particulièrement dignes de remarque. (Ch. XIV.)

Ce n'est donc point un simple résumé de grammaire qu'on offre ici aux élèves, mais plutôt une sorte de manuel à double fin: d'un côté, il contient toutes celles des règles grammaticales qu'on a cru bon de rappeler avec ou sans commentaires. Car, s'il y en a sur lesquelles on a jugé nécessaire d'insister, il en est quelquesunes, au contraire, ou trop connues, ou trop spéciales, qu'on a pensé pouvoir omettre sans inconvénient. D'autre part, l'ouvrage renferme les locutions et tournures les plus usitées qui se rattachent à chacune des règles rappelées. On ose croire, après épreuve répétée, que tout élève qui prendra la peine de consulter ce livre avec quelque attention, seul ou dirigé par un maître, donnera en peu de temps à ses compositions, non-seulement de la correction, mais déjà une physionomie latine. Sans compter qu'en se familiarisant avec les latinismes qu'il rencontrera presque à toutes les pages, il se rendra plus facile aussi l'intelligence de ses versions. C'est à ces titres divers que l'on ne craint pas de recommander ce petit ouvrage, avant tout, aux professeurs de rhétorique et de philosophie, mais généralement aussi à tous ceux qui voudront préparer, par une méthode rapide et toutefois sérieuse et solide, quelque candidat retardataire au baccalauréat ès lettres. On ose dire sérieuse et solide, car quiconque y jettera les yeux, s'apercevra aisément que si ce livre a l'avantage de rendre le travail plus facile aux élèves et plus promptement fructueux, il n'a pas le malheur de les en dispenser.

On a multiplié à dessein les exemples tirés du Conciones, et l'on a traduit tous ceux qui ont paru offrir quelque difficulté. L'utilité de ces citations s'explique assez d'elle-même. Mais afin que chaque exemple pût être rattaché au passage dont il fait partie dans le Conciones, et s'éclairer au besoin par ce rapprochement d'une lumière nouvelle, on a eu soin d'indiquer la page et la ligne d'où on l'avait extrait. L'édition qu'on a suivie est celle de M. Belin, l'éditeur même de cet ouvrage.

A. HENRY.

NOTA. Cette Révision devant servir pour la Version presque autant que pour le Discours, on a essayé de ramener à ses principes les plus simples l'art même de la traduction, et on les a exposés en quelques pages qui terminent le livre; il a semblé qu'elles en étaient le complément naturel.

A. H.

DES

PRINCIPALES RÈGLES ET LOCUTIONS

DE

LA GRAMMAIRE LATINE

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NOTIONS PRÉLIMINAIRES

CHAPITRE I

DES DIVERSES PROPOSITIONS.

381 30

§ I. Toute pensée s'exprime par une phrase simple ou composée; simple, quand elle n'est formée que d'une proposition; composée, quand elle en compte plusieurs. Les grammairiens ont divisé les propositions en trois espèces : les propositions simples, les coordonnées, les subordonnées; celles-ci se subdivisant elles-mêmes en explicatives et complétives. Or, l'expérience démontre que pour se remettre en mémoire les principales règles d'une langue, le moyen le plus élémentaire et le plus rapide à la fois est de suivre cette vieille division; c'est la méthode qu'on a essayé d'appliquer dans ce livre.

§ II. Les propositions simples sont celles qui n'expriment qu'un seul jugement et ne renferment qu'un verbe à un mode personnel. (L'infinitif est le seul mode dit impersonnel.)

Ex.: Dieu est souverainement juste.

L'amour de la patrie donne du courage aux hommes les plus timides.

Les propositions coordonnées sont des propositions simples qui, sans exercer d'influence les unes sur les autres, sont reliées toutefois entre elles par la suite des idées. Les

rapports qui les unissent sont marqués par les adverbes conjonctifs et, ou, ni, car, mais, or, donc, et leurs synonymes. Mais ces mots pourraient souvent se supprimer, sans que le sens de la phrase fût altéré.

Ex.: Virgile est un admirable poëte, mais Homère lui est encore supérieur, car il lui a servi de modèle.

Les propositions subordonnées sont celles qui dépendent d'une proposition principale sans laquelle elles ne sauraient subsister. Elles peuvent s'annoncer, en latin, de cinq manières 1o par les pronoms et adverbes relatifs; 2o par les mots dits interrogatifs; 3° par le verbe au mode infinitif; 4° par les participes; 5° enfin par les conjonctions telles que quando, quoniam, si, ut, etc.

Ex. 1° Errat qui putat.

2o Dic mihi quis sis.

3o Credo te flere.

4° Partibus factis, sic locutus est leo.
5° Si leges hunc librum, lætabor.

On distingue, ainsi qu'il vient d'être dit, deux sortes de propositions subordonnées. Lorsque la proposition principale offre par elle-même un sens complet, toute proposition subordonnée qui l'escorte est dite simplement explicative.

Ex. Pompée ne pouvait se résoudre à descendre du premier rang, lorsqu'il l'avait si longtemps occupé.

Dans cette phrase, la proposition principale, Pompée ne pouvait se résoudre à quitter le premier rang, présenterait encore à l'esprit un sens logiquement suffisant, quand même on retrancherait la proposition subordonnée; celleci est donc explicative.

Autre exemple: Jamais personne ne mérita mieux qu’Aristide les honneurs qui furent rendus à ses cendres.

Si je supprime la proposition subordonnée : qui furent rendus, etc., je retranche une partie importante de l'idée; je l'altère même dans une certaine mesure, puisque je

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