Page images
PDF
EPUB

l'intérêt public. (Lhomond n'indique pas cette dernière locution.

6° Refert, interest regis, ejus (pron. pers.). - Meâ, tuâ, nostra, suâ, quand le pronom personnel se rendrait par sui. Tuâ unius, tuâ ipsius, meá Cæsaris; — ad famam

nostram.

Verbes régimes d'autres verbes.

Ici encore il suffira de citer Lhomond, en y ajoutant quelques tournures et quelques observations nécessaires. Amat ludere. Eo lusum; venio ad ludendum, ut ludam, ludendi causa ou gratia, lusurus (1).- Redeo ab ambulando, ab invisendis agris. - Te hortor ad legendum, ad legendam historiam. Consumit tempus legendo (voir plus haut les observations sur le gérondif en do). - Dedit mihi libros legendos. - Vidi eum ingredientem.

Sur ce dernier exemple, remarquez que si l'action ne se fait pas au moment même, on emploie l'infinitif.

Ex.: Videmus feras ipsas HABERE beneficiï intellectum. Ajoutons à ces exemples le suivant : Memini me legere, je me souviens d'avoir lu. — Le présent, de l'infinitif, parce que je suis l'auteur de l'action.

Memineram C. Marium, navigio perparvo, in oras Africa desertissimas PERVENISSE. Le parfait, parce que la personne n'a pas pu voir le fait qu'elle se rappelle (2).

§ XXV.

De l'emploi de certaines formes dans les verbes latins.

1° Style épistolaire: imparfait pour le présent, plusque-parfait pour le parfait. Les Latins, en écrivant une lettre, se transportaient volontiers au moment où leur correspondant la lirait, et ils parlaient au passé. Au lieu

(1) Voir les prépositions, § XXVIII.

(2) Telle est la règle de Burnouf; mais d'assez nombreux exemples, de Cicéron et de Sénèque en particulier, prouvent qu'on peut mettre le parfait après memini. Ex: Meministine tibi te torsisse talum ? (Sén.)

de dire « Je n'ai rien à vous écrire, car je n'ai rien appris de nouveau, Cicéron écrivait à Atticus: Nihil HABEBAM quod scriberem, neque enim novi quidquam AUDIERAM; comme s'il eût voulu qu'à la lecture de sa lettre, Atticus pût dire « Cicéron N'AVAIT rien à m'écrire. » Horace a dit de même :

Hæc tibi dictabam post fanum putre Vacunæ.

Dictabam pour dicto.

Après Cicéron, l'usage prévalut d'employer les mêmes temps que nous employons en français.

2o Différence de sens entre le futur de l'indicatif et le futur marqué par le participe en rus, ra, rum, entre legam et lecturus sum.

Legam hunc librum, je lirai ce livre (sans que j'entende préciser le moment.)

Lecturus sum hunc librum se traduira, selon le cas je dois lire;-je vais lire; - · je songe à lire, je me propose de lire; je suis destiné à lire, je suis appelé à lire, je suis désigné pour lire; ou enfin, je suis sur le point de lire ce livre. (Voir nos observations sur le verbe devoir, § XII.) Le participe en rus, ra, rum peut se prendre en effet dans tous ces sens.

Ex.: Nec me ulla res delectabit quam mihi uni sciturus sum. (Rien ne me charmerait des choses que je serais condamné à ne savoir que pour moi.) - Plato et Aristoteles et omnis in diversum itura sapientium turba... (Platon, Aristote, et toute cette foule de sages qui étaient destinés à se séparer en sectes opposées). -Alexander geographiam discebat, sciturus quam exigua esset terra... (Alexandre apprenait la géographie, et il allait savoir combien est petite cette terre, etc. Pour savoir serait un contre-sens.)

3o Les Latins ont employé élégamment le subjonctif (au présent ou au parfait), tantôt pour énoncer une opinion avec réserve et sans prendre le ton affirmatif, tantôt pour repousser quelque chose avec vivacité, avec indignation. On traduit alors en français par le futur ou par le conditionnel, ou par l'infinitif.

Ex.: HAUD NEGAVERIM suspectam esse vobis punicam fidem. (Conc., p. 218, l. 15.) Je ne nierai pas que la loyauté des Carthaginois puisse vous être suspecte.

Illud etiam in tali consilio animadvertendum vobis CENSEAM. (Conc., p, 139, 1. 7.) « Je serais d'avis, j'oserais croire aussi que dans la circonstance présente il vous convient d'examiner ceci... etc. >>>

REDEAM ego in patriam. Vos REDIMAM! (Conc., p. 139-143, 1. 26.5.) Moi, rentrer dans ma patrie! Moi, vous racheter!

Illine ut impune CONCITENT finitima bella (Conc., p. 36, 1.8); sous-entendu fieri potest, ou decet. Quoi! ces genslà pourront nous susciter impunément des guerres avec les peuples voisins ! M. à m. : Convient-il, ou peut-il se faire que telles gens, etc.

4° On emploie l'infinitif pour exprimer le même ordre de sentiments:

Hoc vos scire, hoc posteris memoriæ TRADITUM IRI !..... Faut-il que vous sachiez, faut-il que la postérité apprenne un jour... (Conc., p. 30, 1. 3.)

Hæc ludibria religionum NON pudere in lucem proferre. Faut-il que vous ne rougissiez pas d'étaler au grand jour tant d'insultes à la religion! (Conc., p. 109, l. 1.)

5o Au passif, les élèves trop souvent mettent le présent ou l'imparfait au lieu du parfait et du plus-que-parfait, ou réciproquement. Il faut donc nous arrêter sur le verbe être.

Ce verbe, en français, s'emploie de trois manières différentes comme verbe substantif, comme auxiliaire du verbe passif, enfin comme auxiliaire de certains verbes neutres. Exemple :

1o Ton livre est lu; je te le renvoie; 2° Ton livre est lu de tout le monde; je t'en félicite. 3° Ton livre m'est arrivé ce matin; je le lis.

Dans le premier cas, ton livre est lu signifie : ton livre a été lu, on a lu ton livre, on a fini de le lire. Le verbe

être est ici verbe substantif, et le participe un véritable adjectif qui marque un certain état présent; on traduira donc lectus est tuus liber.

Dans le second cas, ton livre est lu signifie: on lit ton livre, il se lit. Le verbe être est auxiliaire d'un passif ; nous sommes au présent de l'indicatif du verbe être lu, legi, et nous traduisons : legitur liber tuus.

L'exemple suivant de Tite-Live fait bien comprendre la différence des deux cas : Operibus ingentibus SEPTA URBS EST, quibus intra muros COERCETUR hostis. (Conc., p. 49, 1. 9.) La ville est entourée (on a entouré la ville) d'immenses travaux par lesquels l'ennemi est contenu (qui contiennent l'ennemi) dans ses murs.

Dans le troisième cas, le verbe être remplace l'auxiliaire avoir pour former le passé indéfini du verbe neutre arriver; on traduira donc par le parfait d'advenio : advenit mihi liber tuus.

NOTA. Pour rendre l'idée indéfinie du pronom français on, l'on, les Latins recouraient principalement aux trois tournures suivantes: On dit que les cerfs vivent très-longtemps. Dicunt (homines, suj. s.-entendu) cervos diutissime vivere. - Ou bien : Dicuntur cervi diutissime vivere. Ou enfin Dicitur (sens impersonnel) cervos diutissime vivere.

Les verbes neutres mêmes peuvent se conjuguer sous cette dernière forme à tous les temps et à tous les modes; il suffit qu'ils aient un supin d'où l'on puisse tirer un participe neutre passif. On a ainsi la conjugaison suivante : advenitur (on arrive); adveniebatur (on arrivait); adventum est (on est arrivé); adventum, participe passé, au neutre, tiré du supin adventum; adveniatur (qu'on arrive), adventum esse (qu'on est arrivé), etc.; mais, bien entendu, la forme neutre n'implique pas l'existence de la forme masculine ou féminine, et adventus est, adventa est, sont des barbarismes. De même ne dirait-on pas studitum est, on a étudié, puisque studere n'a pas de supin.

CHAPITRE VI

DES ADVERBES.

§ XXVI. Adverbes de lieu.

Adverbes de lieu. On peut s'adresser, à l'occasion du lieu, quatre questions indiquées en latin par les quatre adverbes interrogatifs : ubi? quo? quâ? unde (1)?

Les règles propres aux adverbes de lieu sont des plus faciles; il importe seulement, dans cette révision, dé bien marquer la différence entre la question ubi et la question quo, et de rappeler le sens précis des quatre adverbes qui, dans chaque question, peuvent servir d'antécédents à l'un des quatre relatifs ubi, quo, quâ, unde.

1o La question ubi se rapporte au lieu où l'on est, où l'on fait quelque chose, même avec mouvement, pourvu qu'on ne sorte pas de l'endroit. Au contraire, on est à la question quò, et l'on doit suivre les règles qui la concernent, lorsque le verbe latin (le verbe français n'importe pas), marque direction d'un point à un autre, ne fût-ce que par métaphore et au sens moral, et que le nom, complément du verbe, exprime le terme où aboutit ce mou

vement.

Ex.: Question ubi. Tyriorum coloniæ pæne TOTO ORBE DIFFUSE sunt. Les colonies des Tyriens se ré

pandirent dans tout l'univers.

Question quo. « INDUCITE IN ANIMUM quod non induxerunt patres vestri. » (Conc., p. 85, 1. 8.) Mettez-vous dans l'esprit, etc. Ducere in, conduire dans; il y a mouvement et direction déterminée, et animum marque le but précis où aboutit ce mouvement.

(1) Ne pas oublier que ces quatre adverbes sont aussi relatifs. Par exemple, ubi signifiera tantôt en quel endroit? tantôt à l'endroit où; unde, de quel endroit, ou l'endroit d'où. De même des deux autres. Enfin ils ont aussi le sens exclamatif, et, en certains cas, ubi devra se traduire : Où! En quel endroit! etc.

« PreviousContinue »