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IDEM partem anni se agrum suum colere. (Ici le même mot répond à la locution française en revanche.)

Enfin on trouve dans Virgile (Georg., chant Ier, v. 71), au milieu de conseils adressés au laboureur :

Alternis IDEM tonsas cessare novales,

Et segnem patiere situ durescere campum. - Toi, le même laboureur à qui j'ai donné d'autres conseils, tu laisseras... etc. (c.-à-d. Tu feras bien encore de laisser, etc.).

3o Le que après idem, eadem, idem, se rend par qui, quæ, quod, ou par et, ac, atque. Ex.: Eadem utilitatis quæ honestatis est regula. La règle de l'utile est la même que celle de l'honnête.

(Par s'emploie quelquefois comme synonyme de idem, et il est suivi de et, ac ou atque. Par spatium atque est. La même distance que celle qui existe. Pariter atque, de même que.)

Quæritur idemne sit pertinacia ET perseverantia, (ou) ATQUE, (ou) AC perseverantia. On demande si l'obstination est la même chose que la persévérance.

§ XVI. - Ipse, ipsa, ipsum, donne lieu, de son côté, à deux tournures également remarquables.

1°Il y a des phrases françaises dont le verbe, pronominal ou réfléchi, est suivi des pronoms personnels moi-même, toi-même, etc., qu'on traduit en latin par ipse, a, um. Celuici reste au nominatif, s'il se rapporte au sujet qui fait l'action plutôt qu'à l'attribut qui la subit. Ex.: Je me console moi-même; (c'est moi-même qui me console), me ipse consolor.

Mais on dirait: ME IPSUM consolor, si l'on voulait dire : Je me console moi-même, et je ne console pas les autres. Autrement dit, mettez ipse au même cas que le nom ou pronom sur lequel retombe l'idée de même.

2o En français, nous ajoutons souvent à l'adjectif possessif le mot propre. Il fit périr sa propre mère. Les La

tins expriment ainsi la même idée: Suam ipsius (comme s'il y avait sui ipsius) matrem interfici jussit.

Suos ipsarum conjuges Danaides interfecerunt.

Unus s'emploie d'une manière analogue: Tua unius causa, pour tui unius causa. (Voy. § XVIII.)

§ XVII. - On a pu remarquer que tous les déterminatifs précités, excepté hic, ont le génitif en us, le datif en i, l'ablatif en o, a, o. Il y a toute une classe d'adjectifs ou pronoms qui suivent cette déclinaison. On les reconnaît en ce qu'ils expriment plus ou moins une idée de nombre ou de quantité, et non une qualité bonne ou mauvaise. Ce sont unus et solus; ullus et nullus; totus; alius et alter; uter et ses composés uterque, neuter, alteruter. Exceptez cunctus, universus, reliquus, qui se déclinent entièrement sur bonus, a, um.

NOTA. Observations particulières sur alius. 1° Après alius, le que français se rend par alius répété, ou par ac, atque, et, dans les propositions affirmatives, par quàm dans les propositions interrogatives ou négatives, ou par nisi, quand on peut tourner par si ce n'est. Ex.: Alia sentit, alia loquitur. Il parle autrement qu'il ne pense. (C'est le premier des deux alia qui rend le que du français.)

-Lux longè alia est solis ET lychnorum. (Cic.) La lumière du soleil est tout autre que celle des flambeaux. -Non aliud Eumeni defuit QUAM generosa stirps. (Corn. N.). (L'auteur eût pu écrire nisi generosa stirps au lieu de quàm, etc.)

Quid aliud, QUAM admonemus... (Conc., 37, 1. 5) (1).

(1) Remarquez, pour l'imiter à l'occasion, ce tour elliptique : quid aliud quàm admonemus..., pour quid aliud agimus quàm admonemus. Notez aussi le verbe qui suit quàm au même mode et au même temps que celui qui précède. En français, on aurait le mode infinitif précédé de la préposition de. Autre exemple plus remarquable encore du même tour: quid aliud quàm admonendi essetis, pour : quid aliud agendum esset quàm admonere vos... (Conc., p. 140, l. 3.)

Cette règle s'applique aux adverbes qui sont analogues ou opposés à alius: aliter, secus, æquè. Ex. : Aliter cum tyranno, aliter cum amico vivitur.

Nulla virtus est qua ego ÆQUE ATQUE temperantia gloriatus fuerim. (Conc., p. 211, 1. 13.)

« Positis adversus mortales certaminibus, HAUD SECUS QUAM Deos, consulere vos humano generi oportet. » (Conc., p. 262, 1. 7.) Puisque vous en avez fini avec les guerres contre les mortels, il ne vous convient pas moins qu'aux dieux de veiller au bonheur du genre humain. (Il faut que vous veilliez, non autrement que les dieux, etc.)

2o Une même proposition peut renfermer soit deux cas d'alius, soit l'adjectif alius à un cas quelconque avec un adverbe formé d'alius lui-même, qui soient opposés l'un à l'autre. L'un des deux se traduit bien par chaque ou chacun, et l'autre par l'adjectif différent ou l'adverbe différemment. Ex.: Aliud aliis videtur optimum; chacun juge différemment de la perfection.-Alii alio dilapsi sunt; chacun s'enfuit d'un côté différent.

3o Alius s'emploie en parlant de plusieurs personnes, alter en parlant de deux. Opposez de même à nemo ou nallus, à quis, à quisque, à undique, à primus, neuter, uter, uterque, utrinque, prior, qui éveillent toujours l'idée de deux. (Voyez aux comparatifs la règle Validior manuum.)

Les Latins ont encore deux autres adjectifs qui rendent l'adjectif français autre. Ce sont : (Ceterus), a, um, ceteri, æ, a, et reliquus, a, um. Le premier signifie tout ce qui reste d'un tout dont une partie a été désignée auparavant par alii, ou quidam, ou quelque mot analogue.

Ex. Ceteri sophista, tous les autres sophistes (dont je n'ai pas fait mention comme des autres).

Reliquus veut dire qui reste, qui est de reste, qui est de surplus, qui reste de...

Ex.: Pecuniam reliquam solvere. Solder un reliquat de compte. Reliqua vita, le temps qui reste à vivre.Reliqui magistratus, tous les autres magistrats.

Enfin, signalons le mot singuli qui traduit la locution. française les uns après les autres, et qui veut dire aussi un à un, un pour un, comme bini veut dire deux à deux, terni, trois à trois, quaterni, quatre à quatre.

Lhomond traduit la phrase: Pierre et Paul se louent l'un l'autre, Petrus et Paulus se invicem laudant. Il est justifié par Tacite qui, parlant des contemporains de Cicéron (Dial. des Orateurs), a dit se invicem obtrectabant; ils se dénigraient les uns les autres; cependant, avec invicem, les Latins ne semblent pas, en général, employer le pronom réfléchi. Pline le Jeune dit: invicem diligere -invicem nihil imputare, pour s'entr'aimer, ne se rien reprocher l'un à l'autre.

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Les Latins employaient également au sens actif et au sens passif leurs adjectifs possessifs, notamment avec les mots injuria, odium, invidia, gratia, et les analogues. Ainsi tuus amor peut signifier l'amour qu'on te porte, ou bien : l'amour que tu portes à tel ou tel. Exemples: « Nec esse in vos ODIO VESTRO consultum ab Romanis credatis. Ne croyez pas non plus que ce soit par haine contre vous que les Romains ont pris des mesures qui vous sont funestes. (Conc., p. 220, 1. 17.) Odio vestro, pour odio vestrî.

« Si quibus (pour aliquibus) tuorum MEIS CRIMINIBUS apud te crescere libet, » s'il plaît à quelques-uns de tes courtisans d'accroître auprès de toi leur crédit en m'accusant. (Conc., p. 251, 1. 19.) Meis criminibus, pour me criminando.

Ce sens passif de vestro et de meis, dans ces deux exemples, explique la tournure citée plus haut (parag. XVI), et montre comment suam ipsius matrem revient à sui ipsius.

Toutefois le sens passif est le plus souvent rendu par le génitif des pronoms personnels: meî, tui, suî, nostri, vestri.

Nicias vehementer TUA SUî memoria delectatur. Tuâ,

sens actif; le souvenir que tu gardes; sui, sens passif; le souvenir dont il est l'objet de ta part.

§ XIX. Nostrum, nostrî. — Vestrûm, vestrí (1).

Parmi les pronoms personnels, nos et vos ont deux formes de génitifs: nostrûm, vestrûm, nostrí, vestrí. Employez nostri, vestri au sens collectif ou réfléchi; employez nostrum, vestrum au sens partitif.

Sens réfléchi. NOSTRI melior pars animus est. Il y a retour, pour ainsi dire, de l'homme sur lui-même, pour rentrer au-dedans de lui-même.

...

Ut nolimus quemquam NOSTRI similem evadere civem. (Conc., p. 200, 1. 15.) Même cas que le précédent... (pour ne pas vouloir que personne devienne semblable à nous).

Sens collectif. Habetis ducem memorem VESTRI, oblitum sui; Cicéron, en prononçant ces mots, applique au corps entier du Sénat plutôt qu'à chaque sénateur en particulier le sentiment qui l'anime. De là vestri. Au cas contraire, il eût dit vestrum.

Sens partitif. Nemo NOSTRUM ignorat. - Optimæ parti VESTRÛM parcetur. (On épargnera les meilleurs d'entre vous, qui serez considérés isolément, un à un.)

Toute collection peut être envisagée comme une sorte d'unité. C'est pour cette raison que les Latins, considérant comme un singulier nostri et vestri, disaient vestrî adhortandi causâ (Conc., p. 123, 1. 1), et non adhortandorum.- Nostrum et vestrum, au contraire, sont du pluriel.

Volontiers aussi ils assimilaient à des partitifs les singuliers neutres de tous les déterminatifs, id, hoc, istud, illud, idem, quid, aliquid, quidquam, le neutre aliud, l'adverbe nihil, l'adjectif dimidium, etc. Ils prenaient pour un tout le nom qui les accompagnait, et le déterminatif indiquait en quelque sorte la part, la portion qui en était détachée.

(1) Sur l'emploi de suus, a, um, et de suî, sibi, se, voir chap. XIII, §§ 41 et 42.

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