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CHAPITRE IV

ADJECTIFS NUMÉRAUX OU NOMS DE NOMBRE.

ADJECTIFS DÉTERMINATIFS ET PRONOMS.

§ XIII. Nombres cardinaux : Unus, a, um.

Cet adjectif a un pluriel (uni, una, una, unorum, etc.), que l'on joint à certains substantifs qui ne sont employés qu'au pluriel. On dira donc una castra pour signifier un seul camp par opposition à plusieurs.

Unus, a, um, signifie souvent seul, unique. En ce cas, il a également les deux nombres, comme tout autre adjectif. Duo, Ambo.

Duo signifie deux; ambo signifie les deux, tous les deux, lorsqu'on parle d'objets qui vont ensemble (ambæ manus) ou dont il a été déjà question (ambo juvenes, les deux jeunes gens précités).

Déclinaison de duo.

Nom. Duo, duæ, duo;

Gén. duorum, duarum, duo

rum.

Acc. duos, ou duo, duas, duo; Dat. et abl. duobus, duabus,

duobus.

Ambo se décline de la même manière.

Entre dix et vingt, cinq nombres ont deux formes : Treize, tredecim, ou decem et tres, tria, (le plus grand nombre le premier).

Seize, sedecim ou decem et sex.

id.

Dix-sept, septemdecim ou decem et septem.

id.

Dix-huit, duodeviginti ou decem et octo.

id.

Dix-neuf, undeviginti ou decem et novem.

id.

Depuis vingt jusqu'à cent, quand le nombre est composé de deux chiffres, on les unit par et, si l'on met le plus petit

le premier; on supprime et, si le plus grand précède le plus petit.

Unus et viginti, ou viginti unus.

Duo et triginta, ou triginta duo, etc.

Au-dessus de cent, le plus grand chiffre va toujours le premier, avec ou sans et. Et l'on ne met jamais qu'un seul et, quelle que soit la quantité des termes dont le nombre total est composé.

Centum et sexaginta, ou centum sexaginta.

Centum et sexaginta quatuor, ou centum sexaginta qua

tuor.

Mille se traduit par mille ou millia.

Mille est adjectif ou substantif. Mille homines, mille hommes; cum mille et quingintis militibus: avec quinze cents soldats.

Comme substantif, mille répond au français un millier. Mille hominum, un millier d'hommes. Le verbe dont il est le sujet se met au singulier ou au pluriel,

Mille hominum VERSATUR (OU) VERSANTUR in hoc fundo. Mais il vaut mieux employer comme substantif millia, millium, millibus.

Tria millia hominum, tribus millibus hominum, etc. Nombres ordinaux. Quand ces nombres sont composés, les chiffres composants prennent la terminaison ordinale. De 13 à 19, le plus petit nombre se met le premier sans et; au-dessus de 20, le plus petit se met le premier avec et, et le second sans et.

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Ludovicus quintus decimus. · Primus et vicesimus ou vicesimus primus. Tertius et centesimus, ou centesimus tertius. Au-dessus de millième, on met devant millesimus les adverbes bis, ter, etc. : bis millesimus.

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Déterminatifs.

hic, hæc, hoc, -Iste, ista, istud, - ille,

NOTA. Ces mots employés seuls sont des pronoms;

s'ils accompagnent un substantif, ils sont dits adjectifs. De même pour idem, ipse, alius, alter, etc. (1).

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§ XIV. Il arrive aux Latins d'employer indifféremment les uns pour les autres ces quatre adjectifs ou pronoms. Chacun d'eux a pourtant dans l'occasion son sens propre et exclusif.

Dans leur acception primitive, hic signifie celui qui est près de moi, près de nous; iste, celui qui est près de toi, de vous; ille, tout autre. Hic se rapporte donc plutôt à la première personne ; iste, à la seconde ; ille, à la troisième. Is est plus particulièrement l'antécédent de qui, quæ, quod, et ne désigne expressément aucune personne de préférence aux deux autres. (Il va sans dire que hic, iste, ille, tout en se rapportant spécialement à telle ou telle personne, peuvent aussi jouer le rôle d'antécédents.)

« HEC omnia occurrebant... Hoc cœlum sub quo natus educatusque eram. » (Conc., p. 60, 1. 30.) Tous ces objets qui nous entourent se présentaient à mon imagination, etc.

Hic indique si bien la première personne, qu'il est parfois synonyme d'ego, comme le grec ode, ou de meus. Ex.: Tu si hic sis, aliter sentias (hic, c.-à-d. ego). Hoc corpus, comme en grec τóde σwμa (ce corps, c.-à-d. mon corps).

« Sed дих tandem ISTA merces est, quâ vos semper tribunos plebis habeamus? » (Conc., p. 72, 1. 24.) Ista merces, cette récompense que vous réclamez, et moyennant laquelle nous aurons le bonheur de vous avoir pour tribuns.

« Vos potius, Romani, beneficio vestro occupate Capuam quàm ILLOS (Samnites) habere per maleficium sinatis. » (Conc., p. 80, 1. 1.) Illos Samnites, ces Samnites qui nous assiégent là-bas (où nous ne sommes ni vous ni moi).

« QUOD Deos immortales expoposci, EJUS me compotem voti vos facere potestis. (Conc., p. 84, 1. 6.) La faveur que

(1) Remarquez que iste, ille, alius, font au neutre : istud, illud, aliud, tandis que ipse fait ipsum.

j'ai demandée aux dieux immortels, il dépend de vous qu'elle me soit accordée.

Les Latins ajoutent élégamment is, ea, id, à l'antécédent d'un pronom relatif, et même remplacent par ce démonstratif l'antécédent sous-entendu, dans des phrases où le français se contente de l'article le, la, les, ou emploie l'indéfini un, une, des. Ex.: Eâ gloriâ quæ parta est vivendum atque moriendum est. (Il me faut vivre et mourir avec la gloire (avec cette gloire particulière) que j'ai conquise).

Quæ mihi æmulatio cum eo esse potest, qui ne filio quidem meo æqualis sit. En quelle rivalité puis-je être avec un homme qui n'a pas même l'âge de mon fils?

Ce qu'on vient de dire explique pourquoi, dans la langue du barreau, hic signifie mon client, iste, mon adversaire, et ille toute autre personne.

Iste est quelquefois pris en mauvaise part, parce qu'on passe facilement de l'idée d'adversaire à celle de personne ou de chose méprisable; au contraire, ille a parfois le sens emphatique. Homines ISTIUS modi. ILLE Marcus Cato. Des gens de cette espèce, fam. : de cet acabit.

- Ce célèbre M. Caton.

Ces quatre démonstratifs servent indifféremment à rendre le déterminatif français ce placé devant le verbe être et un substantif qui suit.

Quand je dis en français : « C'est une partie de la vie heureuse que de se contenter de peu, » je veux faire ressortir principalement l'idée qui commence cette réflexion, et mettre en relief les mots : Une partie de la vie heureuse. » Les Latins suppriment la tournure et mettent en tête de leur phrase le substantif:

Pars est vitæ beatæ...;

Ou bien ils rendent le démonstratif par is, ea, id, hic, iste, ille; mais ils mettent l'adjectif au genre et au nombre du substantif:

EA pars est vitæ beatæ, parvo esse contentum.

II sunt insani; ce sont des insensés.

Ils disent de même : quæ magna felicitas est; ce qui est un grand bonheur.

Quæ dicitur philosophia; la prétendue philosophie (ce qui s'appelle philosophie).

Au contraire, il leur arrive de supprimer le démonstratif dans des locutions où figure en français celui, celle, ceux, etc.

« Si ora Italiæ infestior hoc anno, quàm Africæ, fuit. » (Conc., p. 156, 1. 17.) Si les rivages de l'Italie ont été cette année plus infestés que ceux d'Afrique. - On ne pourrait mettre quàm ILLA Africæ, que si l'on voulait donner un sens emphatique au déterminatif et exprimer ainsi cette idée ces rivages bien connus, ces rivages tant vantés, etc. § XV. - Idem, eadem, idem.

1o Les Latins, pour désigner deux qualités différentes réunies dans le même sujet, aimaient à employer idem, eadem, idem. Ce mot traduit en ce cas la locution française à la fois ou tout ensemble.

« Homines sceleratissumi, cruentis manibus, immani avaritiâ, nocentissumi, IIDEMQUE superbissumi. » (Conc., p. 338,1.2.)... Les plus coupables à la fois et les plus orgueilleux.

2o Ils se servaient du même terme pour dire : Une autre fois; en revanche, en retour; aussi, également, non moins.

Dans une énumération des sacriléges de Denys le Syracusain, l'historien raconte que le tyran fit enlever à une statue de Jupiter le manteau d'or qui la couvrait, puis il continue ainsi; IDEM (le même homme) Epidauri Æsculapio barbam auream demi jussit..., et plus loin: IDEM mensas argenteas atque aureas sustulit... (Dans les deux cas, idem se traduirait bien par une autre fois.)

Appius Claudius (Conc., p. 48, 1. 8), parlant de la solde qu'on venait d'établir, dit au peuple : « Molestè antea ferebat miles se suo sumptu operam reip. dare; gaudebat

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