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ce préjugé. Mais, malgré les louables efforts qui sont attribués à ce prince, les découvertes. géographiques, bien constatées, ne datent que de l'établissement de la dynastie des Lagides sur le trône des Pharaons.

Il paraît que les progrès des navigateurs furent très-lents sur la côte orientale de l'Afri

que. Tout ce que savait Ératosthène sur les pays situés au midi du détroit de Bal-el-Mandel, c'est qu'on y trouvait des peuples ichtyophages.

Du temps de Polybe on n'avait pu s'assurer encore si après l'embouchure du golfe arabique, l'Afrique s'étendait indéfiniment au midi, ou si, à peu de distance de ce golfe, elle était terminée par l'Océan '. Hipparque, le plus fameux astronome de ce siècle, pensait qu'audelà du cap Guardafui la côte africaine allait rejoindre les parties méridionales et orientales de l'Asie, et circonscrivait ainsi la mer des Indes dans un vaste bassin '. Cette hypothèse sub

les envoyer dans les déserts sablonneux de la Libye. Presque tous moururent à l'essai. (Deipnos., 1. 1, § 35.) 1. Polyb., Histor., 1. III, § 38.

2. Strabon, 1. 1.

sista long-temps après lui, malgré le poids que semblaient devoir donner à l'opinion contraire les noms de Cratès, d'Eratosthène et d'Aratus, et Ptolémée lui-même refusa de croire à la communication de la mer Atlantique avec les Indes'. Il fallut attendre que Diaz et Vasco de Gama vinssent démontrer cette vérité, combattue pendant plus de quatorze siècles.

On peut conclure de la relation publiée par Artémidore d'Éphèse, environ un siècle avant notre ère, que la limite des découvertes faites par les Grecs dans cette direction se trouvait sous le neuvième parallèle '. S'ils n'atteignirent pas l'équateur, du moins ils allèrent assez loin pour se convaincre que la zone torride n'était pas inhabitable.

A la lecture de ce périple et de quelques autres qui sont parvenus jusqu'à nous, il est impossible de n'être pas frappé de l'insouciance avec laquelle ceux qui les ont rédigés parlent des choses qui de tout temps ont le plus intéressé les auteurs de découvertes lointaines. On

1. Ptolem. Geograph., 1. vi, c. III, V.

2. Ce lieu s'appelait Noti cornu ou cap du Midi.

dirait que tous les navigateurs de ce siècle ne songeaient à s'enquérir que des richesses minérales ou végétales des pays où ils abordaient. Quant aux usages, aux traditions, aux mœurs et aux croyances des peuples, à peine daignaientils en dire quelques mots, mais ce n'était jamais sous la forme d'un problème historique ou philosophique à résoudre. Cette immense quantité d'ossemens humains qu'Agatharchide trouvait en Abyssinie entassés auprès d'outils et de marteaux de bronze '; ces anciens autels con. struits en pierre dure, ces colonnes chargées d'inscriptions en caractères barbares · ces temples d'une hauteur prodigieuse qu'il apercevait sur les promontoires d'Arabie3, à peine en a-t-il fait une légère mention dans la relation de ses voyages? Encore faut-il ajouter qu'il ne parle de tous ces monumens que pour aider

1. Agatharch., de mari Rubro.

2. Ces colonnes avec leurs inscriptions se trouvaient dans une île déserte dédiée à Isis; on y voyait des vestiges d'anciennes habitations construites en pierres. Ibid.

3. Ibid.

les navigateurs futurs à s'orienter sur les côtes de la mer Rouge'.

Mais si les découvertes que firent les Grecs à cette époque ne soulevèrent aucune de ces grandes questions qui ont été agitées plus tard chez d'autres peuples, du moins elles donnèrent lieu à des conjectures hardies sur la forme et les dimensions du globe. On alla même jusqu'à tenter d'en mesurer la circonférence; mais cette belle opération, qui termine d'une manière si brillante la carrière fournie génie grec, appartient plus particulièrement aux sciences mathématiques qui, depuis la fondation de l'école d'Alexandrie jusqu'à Ptolémée, firent peut-être plus de progrès qu'elles n'en avaient fait depuis l'origine du monde.

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par

§ VII.-SCIENCES MATHÉMATIQUES.

le

On a vu que dans la période qui précéda l'avènement d'Alexandre, l'astronomie n'était

1. Voyez les périples combinés d'Artémidore et d'Agatharchides, dans les Recherches sur la Géog. systématique et positive des anciens, par Gosselin, in-4°, vol. 11, p. 232.

pas encore assez riche en observations, pour être revêtue de formes rigoureusement scientifiques. Les découvertes de Méton et d'Eudoxe, qui supposaient assurément une grande sagacité, étaient cependant bien loin de fournir une explication satisfaisante des mouvemens des corps célestes. Quelques esprits avaient commencé à être frappés de la grandeur de ce spectacle; mais on ne s'était pas encore élevé à cette savante admiration que fait naître dans l'homme la connaissance des lois en vertu desquelles se meuvent les astres que nous voyons briller au-dessus de nos têtes.

<< De toutes les sciences naturelles, l'astrono<< mie est celle qui présente le plus long enchaî<< nement de découvertes. Il y a extrêmement << loin de la première vue du ciel à la vue géné<< rale par laquelle on embrasse aujourd'hui les «< états passés et futurs du système du monde. << Pour y parvenir, il a fallu observer les astres pendant un grand nombre de siècles; recon<< naître dans leurs apparences les mouvemens « réels de la terre, s'élever aux lois des mouve<< mens planétaires, et de ces lois au principe << de la pesanteur universelle; redescendre enfin

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