Page images
PDF
EPUB

gallo-romain de Montcastre sur lequel on a découvert quelques antiquités. Equilly, où il place Fanum-Martis, Legedia et Ad Fines dont il ne peut préciser la position, ne sont indiqués par aucune ruine ou fouille antiques. Les coudes qu'il donne à la voie n'ont ni encaissement, ni souvenir romain; on ne se rend même nullement compte de la direction exacte que prend le contours sud-ouest, si ce n'est qu'il passe en Pontorson et Antrain. Et cependant M. Tauxier ose se persuader que les chiffres des deux itinéraires qu'il a acceptés sans exception concordent néanmoins avec les distances réelles • sans qu'il ait eu besoin de les y forcer!» (1) Peut-on avoir volonté meilleure?

« aucune,

Sans doute que notre méthode ne satisfera pas encore notre estimable adversaire, mais après une étude de tous les systèmes tentés jusqu'à ce jour pour tracer la voie romaine de Coriallo à Condate, le nôtre a été approuvé comme très raisonnable par la Section géographique siégeant à la Sorbonne; la Section nous a même fait l'honneur d'imprimer notre travail ainsi que la carte qui l'accompagnait, et cela nous suffit pour ne plus revenir sur ce sujet. Nous laissons maintenant aux lecteurs, qui aiment ces études, à juger si nous approchons du vrai qui a toujours été l'objet constant de nos recherches.

E.-A. PIGEON.

(1) Mémoires de la Société Archéologique du département de la Manche, onzième volume, année 1893, page 150.

Le Père et la Mère de Gilles Picot,

SIRE DE GOUBERVILLE.

M. l'abbé Tollemer, ancien proviseur, a donné deux éditions d'une remarquable étude sur le Journal d'un sire de Gouberville (1) et du Mesnil-au-Val, (2) (1553-1562) manuscrit dont, paraît-il, on songe à publier le texte original.

Or, d'après cette étude, le sire de Gouberville, Gilles Picot, n'a point indiqué le nom de son père, ni celui de sa mère, des quels il n'a, du reste, que très rarement parlé dans ses notes.

M. Tollemer a pensé, avec raison, qu'un Guillaume Picot, sire de Gouberville, Lieutenant aux Eaux et Forêts en la Vicomté de Valognes, qui vivait au commencement du xvi siècle, était le Père de Gilles.

Deux actes, datés du 8 et du 9 mai 1522, confirment sa manière de voir, en même temps qu'ils renseignent sur le compte de la Mère de l'Auteur du Journal. (3)

Le premier commence ainsi : « Entre noble homme Guillaume Picot, seigneur de Goberville, présent pour luy et la « damoiselle son espouze, dame du Mesnil-au-Var....; le « second porte « Compareus noble homme Guillaume Picquot, seigneur de Goberville, pour luy et la demoiselle son « espouze, dame du Mesnil-au-Vare. »

Le moindre doute ne peut naître sur les liens de parenté qui

(1) Gouberville. Cherbourg.

Canton de Saint-Pierre-Eglise.

(2) Le Mesnil-au-Val.- Canton d'Octeville - Idem. (3) Archives de la Manche. - Bailliage de Carentan.

Arr. de

unissaient Gilles de Gouberville et les personnages ci-dessus cités.

Le nom de Picot ou Picquot est commun à Gilles et à Guillaume.

Il y a parité de seigneurie Goberville et Gouberville; seulement celui-ci est modernisé.

Une véritable comtemporanéité existe entre Guillaume de Goberville, qui vivait en 1522, et le Père de Gilles de Goberville, lequel, en 1517, procédait, avec son frère de Russy, au partage des biens laissés au décès de dame Tassine d'Orglandes, leur mère (1).

Par ailleurs, Guillaume était Lieutenant d'un des Maitres particuliers des Eaux et Forêts dans la Vicomté de Valognes (1529) et, bientôt après (1530), du Grand Maître en ladite Vicomté. Si, en 1553, Gilles remplissait les mêmes fonctions c'est qu'il les avait reçues de son père par droit d'hérédité.

Enfin, Gilles Picot ou Picquot, sire de Gouberville et du Mesnil-au-Var ou au Val, n'a pu prendre le nom de cette dernière terre que comme héritier de sa mère, la dame du Mesnil-au Var ou au Vare de 1522, épouse de Guillaume Picot.

Nous croyons être dans le vrai en disant que la dame du Mesnil-au-Var n'est autre que damoiselle Jeanne du Fou, fille de Guillaume du Fou, Capitaine du donjon de Cherbourg, en faveur duquel Charles VII érigea en Seigneurie la principale terre du Mesnil-au- Var, ainsi que le rapporte M. Le Chanteur de Pontaumont dans ses Olim de l'arrondissement de Cherbourg, à l'article du Mesnil-au-Val (2). A la vérité, la date de 1441, donnée à l'érection du Fief, est un anachronisme avec l'exercice à Cherbourg du pouvoir royal par le Roy de France,

(1) Journal du sire de Gouberville, pp. 20 et 21, 2o édition. (2) Olim, p. 19,

qui ne recouvra cette place forte qu'en 1450. Mais il est absolument certain que Guillaume du Fou, au temps de Charles VII, fut titulaire de la Capitainerie de Cherbourg. Son nom et son titre sont rappelés dans une sentence de l'Extraordinaire du Baillage du Cotentin, rendue en 1503 entre, d'une part, les Religieux de Notre-Dame-du-Vou et, d'autre part, Bertran de la Rocque, aussi Capitaine de Cherbourg (1). A Guillaume du Fou avait succédé Jean, son fils peut-être, qui, en 1463, était Echanson du Roi Louis XI, le quel lui donna 1200 livres à prendre sur le prix de vente des biens confisqués sur les Anglais et sur ceux de leurs adhérents qui avaient quitté le royaume (2).

Entre autre biens, la dame du Mesnil-au-Val possédait à Cherbourg une maison ou manoir, qui fut l'occasion d'un procès devant les Assises de Carentan, par suite d'un renvoi prononcé par le Parlement de Normandie.

Guillaume Picot, seigneur de Gouberville, et la dame du Mesnil-au-Val se portaient comme Plainctifs pour exceptz,

assault et agression faictz, en leurs personnes, en l'an << MilVcXIX, exercés sur eulx par noble homme Bertram de «la Rocque, Lieutenant du Cappitaine de Chierebourg (3),

(1) Archives de la Manche.-H 2468. Abb. de Cherbourg. (2) Jean du Fou portait pour armes d'Azur à une fleur de lys d'or et à deux Eperviers affrontés d'argent becqués et membrés d'argent. Histoire générale des Grands Bouteillers et Echansons de France. T 8, p 582 et Mémoire de la Société nationale académique de Cherbourg, année 1852, p. 25 et suiv. d'après le Chartrier de Tocqueville.

(3) Bertrand de la Rocque était seigneur de Blaisains (ou Blaisamis). Dès 1503, il était Capitaine de Cherbourg sous M. de la Marche. Il est qualifié tantôt capitaine, tantôt lieutenant général en la place de Cherbourg ou simplement Lieutenant du Capitaine. Il ne fut pas seulement en lutte avec Guillaume Picot, mais aussi avec les Religieux du Vou. Il soutenait, à l'encontre de ceux-ci, qu'un clos sis à Equeurdreville, nommé le Grand-Val-Quetivel, appartenait à la Capitainerie et non à l'Abbaye. Les Religieux eurent beau obtenir sentences sur sentences, les lui signifier et le mettre en demeure de retirer du clos ses chevaux et bestiaux, il se bornait à leur répondre qu'il en garderoit la pocession au ‹ Roy... qu'il n'en wyderoit rien, ne feroit wyder, et que se il y < trouvoit homme qui y meist la main, il le murtriroit de son

« par Nicollas de Sainct-Martin (1), Jeannet de Fontaines (2), ⚫et aultres leurs faucteurs et complices.

D

A ce moment, la guerre semblait prochaine et il fallait pourvoir aux dangers d'une descente sur les côtes du Cotentin. « Des lectres royaulx [furent] envoyées au dict de la Rocque... « par les quelles [était] mandé au cappitaine de Cherebourg et « au dict de la Rocque, son lieutenant, [de] procéder à l'achèvement des ramparts [de cette ville] nonobstant opposicions, appellacions et aultres voies processives quelconques...

«

[ocr errors]

corps. Et pour mieux affirmer sa décision, bientost après il envoya de ses gens d'armes de la place a tout (avec) chiens, herbalestes bandées, hallebardes, javelines et aultres bastons de guerre. De la Rocque défendit même que les Relligieux ne vaisse (ne vinssent) en la ville de Chierebourg jusques à ce que les dits Relligieux aient faict un passage a leur muraille a escallier pour aller à Nostre-Dame-du-Vou, ainxi que de tous temps ‹ y estoit. (Arch. de la Manche. Série H. nos 2468, 2689 et 2745). On trouve au XVe siècle, une famille de la Rocque en la vicomté de Valognes. En 1412, Pierre de la Rocque était Vicomte et receveur en la Vicomté, pour devenir Lieutenant général de Jehan Harpeley, Bailli de Cotentin (1430). Il avait fait sa soumission à Henri V d'Angleterre et obtint du Monarque la remise de ses héritages, à la date du 5 mars 1419. (Vaultier. Registre des dons, etc., p. 44). Montfaut trouva noble à Flottemanville, près Valognes, Pierre de la Rocque.

(1) Nicolas de Saint-Martin, neveu du sieur de la Rocque, seraitil un descendant de Roger de Saint-Martin qui, en 1200, donna à l'Abbaye du Vou la masure Osbert, sise à Equeurdreville, ou de Guillaume de Saint-Martin, chevalier, qui, en 1228, possédait un fief à Flamanville? En 1255, on trouve aussi Richard de Saint Martin, fils feu Arnulphe; en 1419, Jean de Saint-Martin, écuier, sieur du Breuil, qui fait sa soumission au roi d'Angleterre Henri V. Enfin, en 1499, Jehan de Saint-Martin, sieur du Breuil, possédait à NotreDame-d'Allonne des terres dont le curé et les religieux du Vœu revendiquaient concurremment les dimes. En 1558, M. de SaintMartin était secrétaire de Mme de Saint-Pol, dame de Bricquebec; un sieur de Saint-Martin était fils du Verdier de Valognes. (Arch. de la Manche. Série H, nos 2320, 2585, 2754 et 2958.- Registre des dons et confiscations par Charles-Vaultier, p. 78-79).

(2) Jehannot de Fontaines figure tout ensemble dans les actes de procédure du 8 et du 9 mai 1522, entre de la Roque et de Gouberville, et dans ceux du débat existant, en 1503 et 1504, entre Bertrand de la Roque et les Religieux du Vou. Il est qualifié noble homme. En 1463-64, Monfaut trouva noble à Osmanville près d'Isigny, Jean de Fontaines. (Arch. dép. 2745). V. Roissy, n° 1172.

« PreviousContinue »