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Comme son chef Montgommery, Jean d'Ouessey fit aux catholiques une guerre incessante. Maître d'Avranches, en mars 1562, il pillait la cathédrale, brùlait la chaire et les titres, enlevait tous les ornements précieux et les vases sacrés. Il faisait subir le même sort aux autres églises de la ville.

Un mémoire presque contemporain, il est de 1583, énumère en ces termes les méfaits imputés à ce redoutable et turbulent partisan : (1)

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Seigneur de la paroisse [du Touchet], il a pris et levé les << tailles et autres deniers du Roi qui se montent à grandes << sommes, et ce en temps de guerre comme en temps de paix ; << il a joui des biens de l'Eglise, des revenus du prieuré du «Rocher et de plusieurs autres bénéfices, sans en faire raison << aux titulaires; il a chassé de leur abbaye dix ou douze religieux qui ont été contraints d'aller à leur journée pour « gagner leur vie ; il a pris le Curé de Saint-Clément, un jour « de dimanche, disant la messe paroissiale, l'a traîné en habits « sacerdotaux tout le long de l'église, le battant à coups de « bâton et le laissant pour mort; il a fait venir en sa maison plusieurs habitants du Touchet, les a retenus plusieurs fois prisonniers, jusqu'à ce qu'ils aient versé l'argent qu'il exigeait; il en a eu jusqu'à onze mille livres, la dernière fois; « l'un d'eux a été tellement excédé qu'il en est mort; il a tué « de ses mains et de sang-froid, neuf pauvres hommes et << femmes dans leurs lits, a volé leur argent et pillé leurs <«< maisons; il était ordinairement accompagné de 200 voleurs, << en temps de paix comme en temps de guerre, tous lesquels <«< ont rançonné à discretion par bulletins, étapes et étiquettes, « le tabourin sonant, toutes les parroisses circonvoisines, et ce « trois ans durant; - de plus, il faisait battre et pendre qui << bon lui semblait, violait femmes et filles; il a volé et pillé « les villes de Domfront (1574) et du Mont-Saint-Michel « (1577); enfin, après meurtres et excès de tout genre, le sieur

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(1) Archives départementales de la Manche, No 592 de la série A.

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de Touchet mourut de mort violente et fut enterré dans son

église paroissiale par les 200 hommes, ses complices, armés « au blanc. >>

Malgré tout, des poursuites furent dirigées, en 1583, par la famille d'Ouessey contre plusieurs habitants de Mortain et environs comme fauteurs du meurtre commis sur la personne de Jean du Touchet. Elles aboutirent à la condamnation à mort, par contumace, d'un nommé Pierre Gaillard, contrôleur des tailles, à Mortain, peut-être une des victimes des excès de ce terrible homme de guerre. L'arrêt du Parlement est du 23 mars 1583.

La famille du Touchet portait pour armoiries : « d'azur au chevron d'or accompagné de trois mains senestres de même.»>

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LE CAPITAINE VAUCHEULLES, COUSIN DU SIEUR
DE BRAINVILLE. P.

Dans un article intitulé: « Paroisses, Fiefs portant le nom « d'Argouges » (1) on lit le passage suivant :

« Un autre (fief d'Argouges), scis en la dite viconté (de

Bayeux) étoit, en 1552, à Jean de Vaucel, écuyer. »

Il est présumable, sinon certain, que le Jean de Vaucel en question est le même que notre capitaine Vaucheulles.

D'abord, il vivait à l'époque où le calvinisme faisait de grands progrès par toute la Normandie (1552).

D'un autre côté, coincidence remarquable, il est parent du sieur de Brainville qui, nous croyons l'avoir établi, est un d'Argouges (2) et lui-même possède un fief d'Argouges.

Enfin, son nom patronymique de Vaucheulles, id est Vaucelles, semble se rattacher intimement à un petit fief noble de Vaucelles assis en l'ancienne paroisse de Saint-Michel de

(4) Archives de la Manche. Famille d'Argouges. (2) Voir la note sur le sieur de Brainville.

Housteville (1) et limitrophe d'un fief d'Argouges puisque des terres de Vaucelles butaient tout ensemble et sur « le courchon de Housteville et le courchon d'Argouges » (2) Houteville est voisin d'un lieu dit le Carrefour d'Argouges. (3)

C'est, à n'en pas douter, co capitaine Vaucelles qui, malgré le traité de 1563, malgré la protection que, sur l'ordre de la cour, Matignon accordait aux réformés molestés par les catholiques, tenta de faire assassiner ce dévoué serviteur de la monarchie! On sait comment Matignon se vengea. (4)

Les de Vaucelles étaient d'ancienne noblesse. Le Registre des dons et confiscations opérés par Henry V, roi d'Angleterre, après la conquête de la Normandie, nous apprend que Guillaume de Vaucheulles était écuyer, et que Gaultier de Vaucheulles avait été dépossédé de la seigneurie de ce nom au profit de Guillaume Mileston. (5)

UN SURNOMMÉ YVETOT, DE MARTINVAST. P.

Une famille d'Yvetot existait à Martinvast (6) au xve et XVIe siècle.

En 1438, Jean d'Yvetot était affranchi par Thomas Troudet de toute garantie relative au payement d'une rente de sept boisseaux de froment. (7)

En 1482, Jean d'Yvetot, écuyer, (était-ce le même ?) procédait avec un nommé Jean Vallée à des partages, en vertu des

(1) Commune de Mandeville, canton de Trévières, arrondissement de Bayeux.

(2) Archives de la Manche Déclaration des terres tenues du fief de Vaucelles, assis en la paroisse de Houteville.- H. No 4606. (3) Carte de l'Etat-major.

(4) Delalande et de Caillières, p. 55.

(5) Ch. Vaultier, p. 19, 23, 420

(6) Archives de la Manche.

Série H, No 2545.

(7) Archives de la Manche.

Série H, No 2904.

quels il devait à l'abbaye de Notre-Dame-du-Vou de Cherbourg une rente de 3 boisseaux de froment. (1)

Le 16 novembre 1491, Jehan Divetot et Robert, son fils, écuier, vendirent au prieur de Jobourg des terres et maisons sises à Martinvast, au hamel de l'Aleuf.

Enfin, en 1535-1538, François d'Yvetot, écuier, fut en procès avec l'abbé de Cherbourg au sujet des arrérages de la rente de 3 boisseaux de froment mise en charge à Jean d'Yvetot, son auteur, par les partages de 1482. (2)

Nous ne sommes pas éloignés de penser que François est le surnommé Yvetot qui participa, en 1574, au siège du château de Valognes par Montgommery.

BOURGEOIS DE SAINT-LO

ADAM (JEAN, MICHEL ET JACQUES) FILS DE NICOLAS. Leur père, sergier et bourgeois de Saint-Lo, vivait en 1535. (3) Il eut six fils: Jean, Raoul, Michel, Nicolas, Jacques et Richard. Jean mourut sans hoirs, avant le 1er octobre 1582. La part de sa succession revenant à Michel, Nicolas et Jacques fut vendue par ceux-ci à Richard, leur frère, en même temps que ce qui leur revenait des héritages de leur père Nicolas. Ces héritages étaient situés tant dans l'enclos de Saint-Lo qu'au Hamel du Grand-Campdol, en la paroisse Notre-Dame de cette ville. Jacques Adam avait épousé Chardine du Hamel, le 7 septembre 1578. (4) Michel était tanneur. (5)

(1) Archives de la Manche.

(2) Archives de la Manche.

Série H, Nos 2897 et 2908.
Série H, no 2897.

(3) Contrats devant les Tabellions de Saint-Lo, du 12 septembre 1579 et 1er octobre 1582.

(4) Registre de l'état civil de Saint-Lo, de 1557 à 1601.

4591.

Contrat devant les Tabellions de Saint-Lo, du 19 novembre

BADIN PHILIPPE ET MICHEL

Le 9 juillet 1565, Michel Badin épousait Guillemette Hamelin, veuve de Toussaint Flotard (registres de l'état-civil de Saint-Lo). Son décès est antérieur au 26 juin 1581. (1)

BELAMY (PIERRE) L'AINÉ.

Fils de Jean Belamy, bourgeois de Saint-Lo, Pierre Belamy l'aîné vendait, le 14 mai 1581, à Me Gilles Langlois, aussi bourgeois du dit lieu, une pièce de terre sise à Sainte-Croix-deSaint-Lo. Le 1er mars 1585, il cédait, à titre d'échange, à Michel Dufresne, bourgeois de Saint-Lo, une masure sise rue Torteron « vis-à-vis de la Porte Torteron entrante dedens l'enclos de la << dite ville de Saint-Lo. » (2) Il dut tomber en déconfiture. Le 3 novembre 1605, avait lieu en justice la répartition, entre ses créanciers, d'une somme de 1200 livres tournois provenant de la vente de ses biens à un nommé Pierre Dufresne. (3) Son frère Pierre Belamy, le jeune, demeurait à Hébécrevon. (4)

Il fut de ceux qui, après la publication de l'édit du 18 juillet 1586, préfèrèrent s'exiler plutôt que d'abjurer leurs croyances. (5)

FRANÇOIS, GILLES ET ROBERT BOURDON, FRÈRES.

Un François Bourdon est partie dans une transaction intervenue le 20 juillet 1594 et authentiquée le même jour devant les Tabellions de Saint-Lo. On ne peut affirmer qu'il est le même que le Bourdon de 1574, quoique les personnes avec lesquelles il traite soient sinon toutes, du moins en majorité, des protestants, les Vauville, les Quail, etc.

(1) Acte devant les Tabellions de Saint-Lo.
(2) Acte devant les Tabellions de Saint-Lo.
(3) Sentence en viconté de Saint-Lo.
(4) Acte devant les tabellions de Saint-Lo.

Toustain de Billy. - Histoire de Saint-Lo. page 114.

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