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Traité des Torrents, manuscrita.

Analyse de l'oraison mentale du P. de la Combe, à Verceil, en 16866. Pratique facile pour élever l'âme à la contemplation, par Malaval de Marseille, imprimée plusieurs fois c.

Lettre du même à M. Foresta de Colongue, pour répondre aux propositions de Molinos, à Marseille, en 1695 d.

Conférences mystiques d'Epiphane, abbé d'Estival en Lorraine, de l'ordre de Prémontré, à Paris, en 1676*.

Règle des Associés à l'enfance de Jésus, imprimée plusieurs fois.

a. Les Torrents spirituels. - Ce traité, dont il circulait un certain nombre de copies manuscrites, sous ce simple titre : les Torrents, à l'époque où la Bruyère écrivit les Dialogues (voyez ci-après, p. 649), a été condamné le 21 novembre 1695 par l'évêque de Chartres. Il n'a été publié qu'en 1704 dans les Opuscules spirituels de Mme Guyon. Nos renvois s'appliqueront à l'édition de Cologne, 1720, des Opuscules, où le livre des Torrents a été pour la première fois publié en entier. Des ouvrages cités dans les notes, celui-ci est le seul pour lequel nous ayons dû recourir à une édition que la Bruyère n'a pu voir. Ainsi que nous le faisons pour tous les extraits cités dans les Dialogues (voyez ci-dessus la Notice, p. 542), nous imprimons en italique, dans les extraits des Torrents, ce qui n'est pas la reproduction exacte du texte de l'édition que nous avons consultée; mais il convient de faire remarquer que le manuscrit des Torrents d'où sont tirés les extraits cités dans les Dialogues a pu être un peu différent de ceux qui ont servi à l'impression des éditions du dixhuitième siècle. Dans les extraits des Torrents, et par exception, les italiques n'indiquent donc pas nécessairement des altérations du texte original.

b. Orationis mentalis analysis, deque variis ejusdem speciebus judicium, ex divini Verbi, sanctorumve patrum sententiis concinnatum, per Patrem don Franciscum la Combe, Tononensem, presbyterum professum congregationis clericorum regularium S. Pauli, Vercellis, 1686. Ce livre a été condamné par l'Inquisition le 9 septembre 1688, par l'archevêque de Paris le 16 octobre 1694, par la conférence d'Issy le 10 mars 1695, et par l'évêque de Chartres le 21 novembre 1695.

-

c. Pratique facile pour élever l'âme à la contemplation, en forme de dialogue, Paris, 1670. La traduction italienne de ce livre a été condamnée par l'Inquisition le 1er avril 1688; le texte original, par la conférence d'Issy, le 10 mars 1695.

d. Lettre de Monsieur Malaval à Monsieur l'abbé de Foresta-Colongue, prévôt de l'église cathédrale, vicaire général et official de Monseigneur l'évêque de Marseille, Marseille, 1695.

e. Conférences mystiques sur le recueillement de l'âme pour arriver à la contemplation du simple regard de Dieu par les lumières de la foi, par le R. P. Epiphane Louis, docteur en théologie, abbé régulier d'Estival, procureur général de la réforme de Prémontré, Paris, 1676.

f. Règle des Associés à l'enfance de Jésus, modèle de perfection pour tous les états, Lyon, 1685. Livre condamné le 30 novembre 1689 par l'Inquisition, le 10 mars 1695 par la conférence d'Issy, et le 21 novembre par l'évêque de Chartres.

Dans les notes qui précèdent, nous n'avons cité que les réfutations et les censures antérieures à la mort de la Bruyère.

DIALOGUES POSTHUMES

DU SIEUR DE LA B***

SUR LE QUIÉTISME.

DIALOGUE PREMIER.

Que l'oraison de simple regard dispense et tient lieu, selon les quiétistes, de toutes les autres prières, et même des bonnes œuvres. Qu'elle empêche de faire le bien auquel on se sent porté et qu'on a la volonté de faire. Que sous prétexte de n'écouter que Dieu, et de suivre ses mouvements, on omet les devoirs les plus essentiels. Différence de la doctrine des catholiques et des quiétistes sur les motions divines. Contradictions des derniers sur ce sujet,

LE DIRECTEUR. Ah! Madame, quelle consolation pour moi de vous voir aujourd'hui ! Je songeois à vous lorsqu'on vous a annoncée, et il me sembloit qu'on ne vous avoit point vue depuis ce jour que je vous dressai un plan de toute notre doctrine, que vous comprites si bien, et en si peu de temps. Je commençois tout de bon à être fort inquiet de votre santé qui m'est très chère, comme vous savez: il y a dans ma chambre un billet tout écrit que j'allois envoyer ce matin chez vous par le petit saint, pour apprendre de vos nouvelles.

La pénitente. Il ne vous en auroit pas rapporté de fort bonnes, mon Père: on ne peut être plus languissante que je l'ai été ces jours-ci.

LE DIRECTEUR. Vous m'affligez, Madame; mais levez un peu vos coiffes, que je vous voie mieux. Comment? Vous avez le meilleur visage du monde, l'œil fort sain, un teint frais, et votre embonpoint ordinaire. Vous verrez, Madame, que ce

sont quelques légers accès de fièvre tierce, auxquels vous êtes si sujette il y paroît à vos mains.

:

LA PÉNITENTE. Trouvez-vous, mon Père? Cependant je vous dirai que la fièvre est le moindre des maux que j'ai soufferts depuis la dernière visite que je vous ai rendue : j'ai bien eu d'autres peines que celles-là,

LE DIRECTEUR. Quoi donc?

La pénitente. Ah! mon Père, j'ai essuyé des tracasseries et des humeurs de mon mari, qui m'ont pensé faire tourner l'esprit. LE DIRECTEUR. Des leçons de l'indigne homme?

LA PÉNITENTE. Ma belle-mère....

LE DIRECTEUR. Encore?

LA PÉNITENTE. Plus ignorante et plus dogmatisante que jamais, mon Père. Elle a remarqué que depuis quelque temps je me dispensois de la prière que l'on fait régulièrement le soir et le matin chez moi1; que je négligeois d'aller au sermon, et comme elle dit, d'entendre la parole de Dieu. (Si je 'vous vois rarement, mon Père, je profite du moins de vos instructions.) Elle a su aussi que je m'étois enfermée tout un dimanche matin, et elle s'est doutée que j'avois perdu la messe“. LE DIRECTEUR. Ne feignites-vous pas du moins, sur le midi, d'en aller chercher quelqu'une à l'église la plus proche? car il faut prévenir les grands scandales par bienséance.

pas
la messe '?

La pénitente. Oh! oui, mon Père.
LE DIRECTEUR. Vous n'entendîtes donc
LA PÉNITENTE. Non, Dieu merci, car on n'en disoit plus.
Le directeur. Vous aviez vos raisons?

LA PÉNITENTE. Et de pressantes, mon Père. J'étois ce jourlà exposée à entendre la messe sans goût, sans attrait, sans la moindre motion divine. Ce fut le jour qu'en suivant votre conseil, je me livrai à Dieu pour la première fois de ma vie, par le parfait abandon; et après trois bonnes heures de simple regard, j'en sortis comme j'y étois entrée, c'est-à-dire

1. « L'âme n'est pas plutôt appelée au silence intérieur qu'elle ne doit pas se charger de prières vocales........» (Moyen court, § xvi, p. 67.)

a. Les mots : «< et elle s'est doutée » ont été ajoutés dans un carton. b. VAR. Et vous entendites la messe ?

dans une sécheresse et une dureté de cœur pour le sacrifice, telle que je me crus fort heureuse de trouver toutes les messes dites; car autrement, étant à l'église toute portée, je pouvois succomber, ce qui m'auroit fort éloignée de Dieu.

LE DIRECTEUR. Hélas! oui, ma chère Dame, et vous êtes au contraire une âme bien chérie de Dieu, d'avoir, comme on dit, perdu la messe ce dimanche-là, en l'état où vous étiez, sans motion divine, et sans aucune inspiration extraordinaire1. Hé bien ils vous diront, ces bons catholiques, ces diseurs de prières vocales, ces gens qui récitent leurs psaumes et leurs matines (je parle de Monsieur votre mari et de Madame votre belle-mère), ils vous diront que toute bonne pensée et toute bonne action vient de Dieu, et est un effet de la grâce prévenante, qui tantôt agit sur le cœur des hommes et leur fait vouloir le bien par voie de douceur et d'insinuation, tantôt va jusqu'à vaincre en eux la résistance qu'ils apportent aux saints mouvements et aux bonnes inspirations, quelquefois aussi fortifie leur volonté contre le mal et contre les occasions du péché; car voilà leur doctrine. Et qui ne diroit pas, Madame, qu'elle approche fort de la pureté de la nôtre, lors surtout qu'ils veulent bien appeler cette grâce prévenante un mouvement divin, et même une motion divine, si la phrase étoit plus françoise? car ils avouent que l'homme n'étant point naturellement et de lui-même porté au bien, capable au contraire de tout mal, cette grâce qui le dispose à la vertu et qui la lui fait pratiquer, est surnaturelle; que c'est un mouvement qui ne vient point de la nature, mais qui est extraordinaire et divin.

LA PÉNITENTE. En quoi donc, mon Père, différons-nous en ce point de ces bons catholiques? que je le sache enfin une fois pour toutes.

Le directeur. Les plus parfaits d'entre eux, avec ces dépendances absolues de la grâce, où ils se croient être, au lieu

I. « L'âme.... doit se laisser mouvoir.... par l'esprit vivifiant qui est en elle, en suivant le mouvement de son action, et n'en suivant point d'autre.... Il faut nécessairement entrer dans cette voie, qui est la motion divine..... Il faut donc demeurer en paix, et ne nous mouvoir que quand Dieu nous meut. » (Moyen court, § XXI, p. 80 et 81; p. 92 ; et p. 87.)

de l'attendre paisiblement, sans trouble et sous le nom de motion divine1, et de Dieu seul, ils la demandent à Dieu sous ce seul nom de grâce, par des prières ferventes et continuelles, dans les larmes, dans les gémissements; ils jeûnent, veillent, psalmodient, usent leur corps par des austérités extérieures, s'excitent à la vertu, font de grands efforts vers la sainteté, ignorant parfaitement en quoi elle consiste. Chez nous au contraire, sans s'arrêter à toutes ces minuties 2 (mais vous le savez comme moi, et c'est ma chère fille, me faire

1. «< S'il faut que l'esprit qui est en nous, à la motion duquel nous nous abandonnons, le demande pour nous, ne devons-nous pas le laisser faire ?... Pourquoi, après cela, nous accabler de soins superflus, et nous fatiguer dans la multiplicité de nos actes, sans jamais demeurer au repos ? » (Moyen court, xx1, p. 95 et 96.)

....

Elle ne sauroit.... rien demander ni rien desirer de lui, à moins que ce ne fût lui-même qu'il lui en donnât le mouvement. >> (Explication du Cantique des cantiques, chapitre VIII, verset 44. p. 208.)

2. « Lorsque l'àme.... s'élève jusqu'au Créateur, alors Dieu la prend par la main..., et la mène, sans l'aide du raisonnement, par le chemin de la pure foi. Alors il fait que l'entendement abandonne toutes les réflexions et tous les raisonnements; il fait avancer l'âme, et la retire de l'état sensible et matériel où elle étoit, par le moyen de la connoissance obscure d'une foi simple,... sans qu'elle ait besoin, pour l'aimer, de la persuasion ni de l'instruction de l'entendement: parce que de cette manière son amour seroit fort imparfait, et qu'il dépendroit trop des créatures.... » (Molinos, Introduction à la Guide spirituelle, section 1, no 2, p. 2.)

....

L'àme.... dans la contemplation doit laisser là tous les raisonnements, demeurer.... dans le silence,... repousser.... toutes les imaginations, et se fixer toute à Dieu.» (Ibidem, section 11, no 13, P. 7)

« Il y a deux sortes de spirituels, des intérieurs et des extérieurs : ceux-ci cherchent Dieu au dehors par le secours du raisonnement, de l'imagination et des réflexions; ils tâchent d'acquérir la vertu à force d'abstinences, de macérations et d'austérités; ils revêtent le cilice, se donnent la discipline, se tiennent dans le silence, et se mettent en la présence de Dieu, en se le figurant tantôt sous l'idée d'un pasteur, tantôt sous celle d'un médecin, quelquefois sous celle d'un père ou d'un maître.... C'est le chemin extérieur et la voie de ceux qui commencent.... Mais les vrais spirituels, retirés dans le fond

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