Lettres de M. Guizot à sa famille et à ses amis

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Hachette, 1884 - 440 pages
 

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Page 248 - On m'accueille très bien ici, presque comme si on n'avait jamais eu d'humeur contre moi. Mais je suis et resterai profondément triste. Quel spectacle ! quel avenir ! Malgré mon optimisme, et, au fond de mon âme, j'ai toujours cru le mal très grand, et c'était une des causes de mon ardeur dans la lutte. Mais je ne le croyais pas si grand. Je suis venu ici pour voir encore mieux combien il est grand.
Page 215 - L'isolement n'est pas une situation qu'on choisisse de propos délibéré, ni dans laquelle on s'établisse pour toujours; mais, quand on y est, il faut y vivre avec tranquillité jusqu'à ce qu'on en puisse sortir avec profit. L'isolement a pour nous aujourd'hui un grand mérite, la liberté.
Page 322 - J'appelle tous les dévouements, tous les esprits éclairés, toutes les âmes généreuses, tous les cœurs droits, dans quelques rangs qu'ils se trouvent, et sous quelque drapeau qu'ils aient combattu jusqu'ici, à me prêter l'appui de leurs lumières, de leur bonne volonté, de leurs nobles et unanimes efforts pour sauver le pays, assurer son avenir et lui préparer, après tant d'épreuves, de vicissitudes et de malheurs, de nouveaux jours de gloire et de prospérité.
Page 354 - C'est aussi par là que je sympathise profondément avec vous. Toute dissidence est bien secondaire à côté de cette harmonie. Recevez, je vous prie, monsieur, avec tous mes remerciements, l'assurance de ma considération la plus distinguée.
Page 402 - Je pense, comme vous, qu'il ne faut confondre et absorber ni la philosophie dans la religion, ni la religion dans la philosophie. Je les veux libres l'une et l'autre dans leur manifestation et dans leur influence. Mais je ne fonde pas sur les mêmes bases que vous leur distinction ni leur accord. Pour moi, la philosophie n'est qu'une science, c'est-à-dire une œuvre d'homme, limitée, comme l'esprit humain luimême, dans sa sphère et dans sa portée. La religion, dans son principe et dans son histoire,...
Page 319 - Venise, le 22 décembre 1850. Je vous remercie bien, mon cher duc, de votre lettre du 2 décembre, et des sages réflexions qu'elle renferme. Je vous prie de remercier aussi pour moi l'auteur de la note que vous m'avez envoyée. Rien ne peut m'être plus précieux que ces communications d'un homme si bien placé sous tous les rapports pour juger la situation, et indiquer ce qu'il convient de faire. J'ai reconnu dans ces pages remarquables la supériorité d'esprit, la haute capacité et la longue...
Page 47 - Jamais aucun temps n'a été marqué comme celui-ci de l'empreinte de la fatalité; pas un parti, pas un homme qui fasse ce qu'il veut, qui veuille ce qu'il fait...
Page 221 - ... ce triste repos qui est encore un bien dans le malheur. Le roi, à travers des alternatives de larmes et d'abattement, est admirable de force d'esprit et de corps. La reine est soumise à Dieu. Madame est dévouée à son frère.
Page 264 - ... dix-sept mois, un drapeau qu'on attaque ou qu'on défend, avec ardeur. Je ne m'en plains point. Quoiqu'il doive arriver un jour, cela me convient aujourd'hui. En attendant, je resterai fort tranquille dans mon nid, disant mon avis quand je le croirai utile pour mon pays ou convenable pour moi-même, et ne me mêlant activement de rien tant que je n'y serai pas hautement et forcément appelé, si je dois jamais l'être encore, par un sentiment public très clair et par l'espoir d'un succès sérieux....
Page 163 - Je me laisserai aller au cours du sujet, prenant chaque époque, chaque grand événement de 1754 à 1836, et en disant mon avis, à l'occasion de la place qu'ya tenue mon prédécesseur ou de l'opinion qu'il s'en est lui-même formée. Chemin faisant, je rencontrerai l'époque où M. de Tracy en 1794, en prison à quarante ans, s'est avisé de devenir philosophe, et je dirai...

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