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CHAPITRE VI.

DU LIBERTINAGE (1).

Redoute la volupté : elle est mère de la douleur.

THALES.

Définition.

Le libertinage peut être défini : l'abus des organes génitaux dans leur exercice naturel, et la perversion de leur usage normal en un usage contre nature. Par abus, on doit entendre non-seulement les excès nuisibles à la santé, mais tout rapport sexuel en dehors du mariage, ou qui, dans cet état, tendraiț à éviter la propagation de l'espèce,

La perversion, dont les formes principales sont; l'onanisme, la pederastie ou sodomie, et la bestialité, ne saurait avoir un but capable de la justifier, l'acte étant de sa nature essentiellement vicieux.

La prostitution, proprement dite, se distingue des autres espèces de débauches en ce que, placée sous la surveillance immédiate de la police, la femme

(1) J'aurais désiré rejeter à la fin de ce volume, et sous la forme d'une simple note, la passion du libertinage, dont la place naturelle est à côté de l'article consacré à l'amour : il me semblait qu'il est de ces détails utiles mais repoussants, sur lesquels il faut passer avec rapidité, et qu'on doit, autant que possible, mettre à l'écart. Des personnes graves, dont je respecte autant l'autorité que le goût, ayant été d'un avis contraire au mien, je me suis décidé à terminer les passions animales par le LIBERTINAGE, et à commencer les passions sociales par l'article AMOUR.

qui s'y livre entre dans une maison de tolérance tenue par une maîtresse, pour y exercer son état infâme, suivant des règlements qu'elle ne doit pas enfreindre.

A un étage un peu moins bas se rencontrent: la femme entretenue, qui se vend; la femme galante, qui se donne, et la grisette, qui se passionne, se donne et se vend.

Puis vient le libertin, qui s'amuse un instant de ces malheureuses, et les quitte avec mépris quand sa passion brutale est satisfaite, ou que son caprice est passé.

Quant aux habitudes solitaires, dont Onan n'est pas l'inventeur, elles ont reçu tour à tour le nom d'onanisme, de cheiromanie, de masturbation, enfin celui de mastupration (manustupratio), auquel on aurait dû donner la préférence, parce qu'il dépeint ce vice et le flétrit tout à la fois.

Le monde commence à peine que Dieu est tenté de le détruire pour arrêter la corruption générale. Après le déluge, les hommes ne font que la répandre en se dispersant; le peuple choisi, lui-même, se livre sans frein au libertinage. En vain le feu du ciel descend sur Sodome et sur Gomorrhe; en vain la colère du Seigneur éclate par de nouveaux châtiments: l'impudicité ne cesse pas ses ravages, et Moloch est toujours adoré. L'Orient, devenu un foyer de corruption, infeste bientôt le reste du monde: Athènes, comme Babylone, élève des autels au phallus, à Priape; Solon encourage la prostitution, qui, plus tard, est mise sous la protection des dieux. La sodomie se répand dans

toute la Grèce; les écoles des philosophes deviennent des maisons de débauche, et les grands exemples d'amitié légués par le paganisme ne sont, pour la plupart, qu'une infâme turpitude voilée sous une sainte apparence. A Rome, les chefs de l'empire, rassasiés des plaisirs ordinaires, ont recours aux moyens les plus vils pour assouvir leur brutalité; le peuple imite leur exemple, et le monde ancien n'est plus qu'un temple de luxure. Avec de pareils éléments de dissolution, que serait devenu le genre humain, si le christianisme n'eût pas arrêté cet effroyable débordement, en commandant le respect et l'admiration par les prodiges de la chasteté (1)!

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Causes du libertinage en général. L'homme porte en lui-même la première cause de ses désordres sa liberté, la force de son imagination, son impressionnabilité, en font un être éminemment enclin aux pensées charnelles, et le distinguent des animaux, qui ne se livrent guère à des écarts contre nature que dans l'état de domesticité. Les causes du libertinage naissent, pour les sociétés,

(1) Une science toute matérielle est venue dire aux hommes que cette chasteté volontaire était un crime contre la société, parce qu'elle ravissait trop de citoyens à l'État. En vain des vierges innombrables, anges d'innocence et de bonté, avaient consolé les pauvres et formé l'enfance à la vie chrétienne; en vain des légions d'apôtres vierges avaient donné aux peuples catholiques des senti. ments nouveaux de paix et de charité, et fait germer dans leur sein des vertus inconnues: une philosophie impure est venue proclamer qu'il fallait rompre pour des liens moins parfaits les liens sacrés, source de tant de bienfaits; et, aujourd'hui, elle a dit à des êtres qu'elle a affranchis de toutes lois morales, enivrés de sensations grossières, entassés dans un même lieu sans distinction de

des conditions générales où elles se trouvent, et de plus, pour les individus, des circonstances particulières qu'ils subissent ou qu'ils se créent. Parmi celles qui entretiennent l'irritabilité nerveuse, et plus particulièrement l'excitabilité des organes génitaux, nous devons mentionner l'hérédité, les climats chauds, une alimentation aphrodisiaque ou trop abondante, l'influence du printemps, l'époque de la puberté dans les deux sexes; chez la femme, l'âge de retour, la prédominance de l'appareil cérébro-génital; chez les gens nerveux et chez les sanguins, l'excès d'activité circulatoire. Parmi les causes sociales, on doit signaler l'absence de religion, la contagion de l'exemple, l'oisiveté des masses, la fréquentation des spectacles et des bals, les mauvaises lectures, la déconsidération des femmes, la polygamie, enfin le despotisme, qui corrompt à la fois le maître et l'esclave: le maître, par l'habitude d'une autorité sans réserve; l'esclave, par la dégradation dans laquelle il vit. Terminons cette énumération par le tableau suivant, qui ne sera pas sans intérêt pour les personnes qui s'occupent de l'influence des profes sion sur les mœurs.

sexe: Tu ne formeras point une famille. Elle le dit à ceux-là précisément dont elle a rendu les passions plus précoces, et auxquels une union légitime serait plus nécessaire.

Nous osons à peine vous signaler une maxime plus perverse encore. D'autres sophistes ont compris l'impossibilité d'une semblable contrainte; mais, en y renonçant, ils ont osé conseiller à des époux chrétiens de tromper le vœu de la nature, et de rejeter vers le néant des êtres que Dieu appelait à l'existence. Que penser de ces impurs systèmes et de leur contradiction ? ( Msr D. - A. Affre, Instruction pastorale sur les rapports de la charité avec la foi; Paris, 1843, in-4°.)

TABLEAU statistique des professions exercées par les individus qui se sont présentés aux consultations de l'hôpital des Vénériens pendant l'espace de trois années (1).

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(1) On n'a présenté dans ce tableau que les professions qui ont

offert au moins quatre ou cinq malades dans une année.

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