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le nombre des enfants naturels, qui s'élève à 70,089; il faudrait aussi donner le chiffre des vénériens (1) et celui des aliénés pour toute la France, mais il nous a été impossible de nous procurer ces renseignements.

A Paris seulement, il a été admis, en 1838, à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce et à ses succursales, 849 vénériens.

Cette même année, les deux hospices de la Vieillesse (Bicêtre et la Salpêtrière) ont reçu 1,252 aliénés.

Dans ces divers établissements, le chiffre des vénériens s'est élevé, en 1840, à 1,213, et celui des aliénés à 1,332.

Pour ce qui concerne les erimes commis en 1840, le nombre des affaires excède de 225 (4 pour 100) la moyenne des trois années antérieures, et celui des accusés s'est accru dans la même proportion. D'autre part, les tribunaux de police correctionnelle on jugé en 1840, 152,892 affaires qui comprenaient 204,401 prévenus, chiffres qui offrent une augmentation d'environ 10,000 affaires et 12,000 prévenus sur les trois années précédentes : ainsi, de tous côtés, il y a progrès vers le mal.

- Un des plus pernicieux effets des passions dégénérées en habitude est d'étouffer le remords, ce cri accusateur de la conscience blessée. Quant à leur fatale influence sur la foi, il n'est aucun de nous qui

(1) Dans l'espace de vingt années (1814-1834), ces seuls malades ont occasionné aux hôpitaux civils de Paris une dépense de 4,940,226 francs. (Voir l'article LIBERTINAGE.)

n'ait observé sur soi ou sur les autres que le développement de quelque violent désir produit presque toujours l'affaiblissement de nos croyances et surtout la négligence des pratiques imposées par la religion. Du reste, c'est la plupart du temps l'orgueil et non la conviction qui nous rend incrédules. La religion est un frein qui nous gêne : nous nous en débarrassons pendant la fougue des passions; nous le reprenons quand notre cœur est redevenu calme.

CHAPITRE VIII.

TRAITEMENT DES PASSIONS.

Traitement médical. - Traitement législatif. - Traitement

religieux.

Ne corporis quidem morbos veteres et diu auctos, nisi per dura et aspera coerceas; corruptus « simul et corruptor, æger et flagrans animus haud levioribus remediis restinguendus est, quam libidinibus ardescit. »

TACIT., Annal., ш, 54.

La médecine moderne ne me paraît pas attacher assez d'importance au traitement des maladies produites ou entretenues par les passions. Le dirai-je? On voit tous les jours des praticiens distingués formuler exclusivement des prescriptions pharmaceutiques dans des cas où il faudrait, avant tout, s'occuper du moral des individus. D'autres fois, faute de temps, de patience ou d'intérêt pour leur client, après avoir découvert la cause de sa souffrance, ils se contentent de dire : « C'est une affection morale qui le mine; nous n'y pouvons rien !» et ils rendent leurs visites moins fréquentes, lorsqu'ils devraient les multiplier, les prolonger par ces douces causeries qui font tant de bien à celui qui voit prendre part à sa douleur. Non, sans doute, l'ambitieux, le vindicatif, le jaloux, atteints d'hépatique chronique, ne guériront pas à l'aide de nos seuls médicaments; mais si, par nos conseils ou

quelque adroit stratagème, nous parvenons seulement à affaiblir la passion qui les agite, nous verrons, dans un grand nombre de cas, survenir au physique une amélioration sensible. Cette amélioration, dont ils sentiront tout le prix, nous leur ferons craindre de la perdre s'ils reportaient trop leur pensée sur l'objet de leur passion: souvent alors ils sauront en faire le sacrifice au sentiment de leur propre conservation, et nous aurons ainsi opéré une double cure.

Le traitement médical des passions est, comme celui des maladies, préservatif ou curatif. Dans les deux cas, il exige l'emploi simultané des moyens physiques et moraux appropriés à l'excès que l'on veut prévenir ou faire cesser. En étudiant les passions en particulier, j'aurai soin de m'étendre sur le traitement relatif à chacune d'elles; aussi vais-je me borner à présenter ici une simple énumération des moyens que l'on peut employer avec le plus d'efficacité, et des circonstances qu'il faut prendre en considération.

Age. Chaque âge a ses passions particulières, que l'on ne saurait combattre de trop bonne heure. Ce n'est pas lorsqu'elles se sont fortifiées par une longue habitude qu'il faut songer à les attaquer; c'est aussitôt qu'elles apparaissent alors on les maîtrise avec assez de facilité; plus tard, le succès est douteux, souvent même impossible. Cette observation, sur laquelle les anciens insistaient avec tant de raison, n'est pas moins vraie en médecine qu'en morale; on ne saurait donc trop écouter le conseil d'Ovide:

Sexe.

Principiis obsta; sero medicina paratur
Quum mala per longas invaluere moras.

Quand nous aurons à traiter une même passion chez les deux sexes, n'oublions pas de faire agir deux puissants auxiliaires : l'intérêt chez l'homme; chez la femme, le sentiment.

Engageons surtout les parents à ne pas laisser exalter les facultés aimantes de leurs jeunes filles, chacune d'elles ayant déjà naturellement un roman dans le cœur.

Constitution. Nous avons vu précédemment quie notre constitution ne nous prédispose pas seulement à des maladies, mais aussi à des passions en quelque sorte déterminées: que les sanguins, par exemple, sont plus enclins à l'amour, les lymphatiques à la paresse, les bilieux à la haine, à l'ambition, à la jalousie. Mettant à profit cette remarque, le médecin cherchera donc à diminuer la prédominance fonctionnelle par un régime approprié, et, ramenant ainsi tous les organes à l'état le plus voisin de l'équilibre physique, il contribuera puissamment à maintenir l'équilibre moral, qui n'est autre chose que la santé de l'âme, que la vertu. Heredite et Allaitement. L'expérience ayant démontré que les passions se transmettent par hérédité et même par le lait d'une nourrice, on fera connaître à la femme qui serait sujette à la colère, à la paresse ou à l'ivrognerie, la nécessité de se corriger promptement, si elle ne veut pas s'exposer à faire périr l'enfant qu'elle porte dans son sein, ou à lui communiquer ses vices. La plu

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