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dû prévoir, il dit d'abord d'où nous venions, où nous allions, qui nous étions; Français, imaginez un peu! chez nos plus mortels ennemis, seuls, égarés, si loin de tout secours humain! et puis, pour ne rien omettre de ce qui pouvait nous perdre, il fit le riche, promit à ces gens, pour la dépense et pour nos guides le lendemain, ce qu'ils voulurent. Enfin il parla de sa valise, priant fort qu'on en eût grand soin, qu'on la mît au chevet de son lit; il ne voulait point, disait-il, d'autre traversin. Ah! jeunesse, jeunesse, que votre âge est à plaindre! On crut que nous portions les diamants de la couronne c'étaient les lettres de sa fiancée!

...

II. Le souper fini, ou nous laisse; nos hôtes couchaient en bas; nous, dans la chambre haute où nous avions mangé; une soupente élevée de sept à huit pieds, où l'on montait par une échelle, c'était là le coucher qui nous attendait, espèce de nid, dans lequel on s'introduisait en rampant sous des solives chargées de provisions pour toute l'année. Mon camarade y grimpa seul et se coucha tout endormi, la tête sur la précieuse valise. Moi, déterminé à veiller, je fis un bon feu et m'assis auprès. La nuit s'était déjà passée presque entière assez tranquillement, et je commençais à me rassurer, quand sur l'heure où il me semblait que le jour ne pouvait être loin, j'entendis au-dessous de moi notre hôte et sa femme parler et se disputer; et, prêtant l'oreille par la cheminée qui communiquait avec celle d'en bas, je distinguais parfaitement ces propres mots du mari: «Eh bien? enfin, voyons, faut-il les tuer tous deux ?» - A quoi la femme répondit: «Oui.»> Et je n'entendis plus rien.

...

Que vous dirai-je ? je restai respirant à peine, tout mon corps froid comme un marbre; à me voir, vous n'eussiez su si j'étais mort ou vivant. Dieu! quand j'y pense encore Nous deux presque sans armes, contre eux douze ou quinze qui en avaient tant! Et mon camarade mort de sommeil et de fatigue! L'appeler, faire du bruit, je n'osais; m'échapper tout seul, je ne pouvais; la fenêtre n'était guère haute, mais en bas deux gros dogues hurlant comme des loups En quelle peine je me trouvais, imaginez-le, si vous pouvez.

Au bout d'un quart d'heure, qui fut long, j'entends sur l'escalier quelqu'un, et, par les fentes de la porte, je vis le père, sa lampe dans une main, dans l'autre un de ses grands couteaux. Il montait, sa femme après lui, moi derrière la porte; il ouvrit, mais avant d'entrer, il posa la lampe que sa femme vint prendre; puis il entra pieds nus, et elle, de dehors, lui disait à voix basse, masquant avec ses doigts le trop de lumière de la lampe: <<Doucement! va doucement!» Quand il fut à l'échelle, il monte, son couteau dans les dents, et venu à la hauteur du lit, de ce pauvre jeune homme étendu, offrant sa gorge découverte, d'une main il prend son couteau, et de l'autre... il saisit un jambon qui pendait au plancher, en coupe une tranche, et se retire comme il était venu. La porte se referme, la lampe s'en va, et je reste seul à mes réflexions.

Dès que le jour parut, toute la famille, à grand bruit, vint nous réveiller, comme nous l'avions recommandé. On apporte à manger: on sert un déjeuner fort propre, fort bon, je vous assure. Deux chapons en faisaient partie, dont il fallait, dit notre hôtesse, emporter l'un et manger l'autre. En les voyant, je compris enfin le sens de ces terribles mots: Faut-il les tuer tous deux? Et je vous crois assez de pénétration pour deviner à présent ce que cela signifiait.

1. Le charbonnier.

(D'après Paul-Louis Courier.)

B.

I. Le milieu.

2. Le souper. 3. La soupente.

II. Exercices de grammaire.

*1. Plus nous cherchions, plus nous nous perdions. d'autres phrases avec plus plus.

soin.

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Formez

2. Enfin il parla de sa valise, priant fort qu'on en eût grand Formez des phrases analogues proposition principale, participe présent suivi d'une proposition subordonnée où entrent les participes des verbes suivants: souhaiter, désirer, prendre garde, supplier, avoir soin, défendre

• ...

3. C'était une espèce de nid, dans lequel on s'introduisait en rampant sous des solives. Faites entrer dans des phrases analogues avec lequel les verbes suivants: s'introduire, entrer, se glisser, arriver,

monter.

4. Il était nuit noire, quand nous arrivâmes près d'une maison fort noire. Je commençais déjà à me rassurer, quand j'entendis au-dessous de moi notre hôte et sa femme parler. Formez des phrases analogues proposition principale à l'imparfait et proposition subordonnée avec quand au passé défini.

*5. A me voir, vous n'eussiez su si j'étais mort ou vivant. Faites entrer dans des phrases, en français, les expressions ci-après, suivies d'un plus-que-parfait du subjonctif: Wenn man ihn gesehen hätte... Wenn man Sie gesehen hätte .... Wenn man ihn hörte . ... Wenn man uns ansah ... Wenn man uns besucht hätte ...

*6. Quand il fut à l'échelle, il monta. Dès que le jour parut, toute la famille vint nous réveiller. Formez, de la même manière, des phrases commençant par quand, dès que, lorsque.

7. Mon camarade se coucha, la tête sur la précieuse valise. Je vis le père, sa lampe dans une main. Il entra pieds nus. Faites entrer, d'après ces modèles, la traduction française des expressions suivantes dans des phrases: mit einem Messer in der Hand; mit einem Hut auf dem Kopfe; mit offenen Augen; mit einen Stocke in der Hand.

III. Rédactions.

1. Remplacer, dans les phrases où ils se trouvent, les mots suivants par des expressions synonymes (d'après le vocabulaire): voyager, compagnon, praticable, égarer, déplaire, soupente, solive, communiquer. *2. Décrivez le tableau qui s'offrait le matin, au moment où les charbonniers étaient montés à la soupente.

3. Unterhaltung der beiden Reisenden.

Vor dem Schlafengehen. - O, wie ich Schlaf habe! - Du wirst natürlich bald auf deinem wertvollen Kissen einschlafen, das die Diamanten der Krone enthält. Warum sagst du das? Hast du vielleicht Furcht? — Weißt du nicht, daß diese schlimmen Leuten, die Calabresen, besonders den Franzosen gram sind, daß sie uns tödlich hassen, daß es sehr gefährlich ist, in ihre Hände zu fallen? D, wie beklage ich dich! Das wären unsere Todfeinde, diese freundlichen, artigen Leute? Du hast den Reichen gespielt; du hast gebeten, daß man mit deiner kostbaren Tasche sorgfältig umgehe, nur um nichts auszulassen, was uns verderben konnte. — Ja, und ich habe sogar die ganze Waffensammlung unserer Gäste gesehen, die Flinten, Pistolen, Säbel, Messer, Dolche. D, ich hätte diese Unvorsichtigkeit voraussehen können!

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Am Morgen nach der Abreise. Nun, lebst du noch? Aber ich habe diesen Morgen große Angst um diesen Kapaun ausgestanden. Wirklich? Wieso denn? Nun, ich hörte, wie unsere Gastgeber heute morgen miteinander verhandelten; ich horchte am

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"

Kamin. Soll man sie alle beide töten?“ Und nach einer Viertelstunde kamen sie die Stiege herauf, der Vater mit einem Messer, die Mutter mit einer Laterne. Und da lagst du und botest deine bloße Kehle dar. Wenn sie uns gesucht hätten, statt des Schinkens!

IV. Documents.

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1. Unregelmäßige und regelmäßige Verben. 2. Konjug. § 45: haïssent, offrant, découverte, sert; vint. 3. Konjug. § 45: fit, suffit; crois, crut, parus, buvant; déplut, déplaisais; omettre, promit, mît; comprit; plaindre; introduisait. Auf oir. § 46: veulent; prévoir; assis; su;

fallait; pu; devais.

2. Reiner Infinitiv. §§ 24, 125, 137: appeler, je n'osais; vint prendre la lampe; j'entendis parler.

3. Konjunktiv. § 33: vous l'eussiez prise pour; priant fort qu'on eût soin de la valise, qu'on la mît; vous n'eussiez su si..

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4. Zusammengesezte Zeiten. §§ 40, 131: j'aurais pu prévoir (vgl. vorhergehender Abschnitt).

5. Verb mit seinen Verbindungen. §§ 117-120: ces gens en veulent aux Français; haïssent à mort; tomber entre les mains; j'avais pour compagnon un . . me fier à une tête de 20 ans; avaient mine de; vous l'eussiez prise pour; était de la famille; on eut soin; chargé de provisions; en faisaient partie; je vous crois assez de pénétration.

6. Partizip Präsens. §§ 37, 130: mon ami allant devant, un sentier nous égara; nous voilà mangeant et buvant; il parla de sa valise, priant fort que; je restai respirant à peine; la fenêtre n'était guère haute, mais en bas deux gros dogues hurlant comme des loups; elle disait, masquant avec ses doigts le trop de lumière; ce pauvre homme, offrant sa gorge découverte; en les voyant, je compris.

V. Répétition.

1. Konjunktiv. §§ 33—35, 139–142.

2. Partizip Präsens, Verbaladjektiv und Gerundium. §§ 30, 99, 130.

3. Unregelmäßige Verben. §§ 43-46.

4. Stellung des Personalpronomens und des Pronominaladverbs. §§ 69, 77, 78, 91.

5. Unverbundenes Personalpronomen. § 70.

*13.

2. Kurs.

Lettre de Paul à Gaston.

Sixt (Haute-Savoie), le 10 septembre 19 . . .

Mon cher Ami,

Depuis trois semaines, nous sommes installés dans ce pays ravissant de Savoie. Nous sommes tous charmés de notre séjour. Mais il faudra quitter ces contrées ravissantes.

Comme il est convenu, nous nous rencontrerons jeudi prochain, 16 septembre à Lyon, a l'hôtel du Lion d'Or, pour faire notre voyage à travers le midi et l'ouest de notre pays, avant de commencer nos études à Paris.

J'espère que tu as passé de bonnes vacances à Arcis. En passant par Les Laumes, n'oublie pas d'aller voir la statue de Vercingétorix.

Bien des amitiés de mes parents. Une bonne poignée de main de ton ami

Paul Freymond.

A.

14.

Vercingétorix.

I. Si jamais vous allez en chemin de fer de Montbard à Dijon, à travers le beau département de la Côte-d'Or, vous verrez à votre droite, au sommet d'une colline, se détacher sur le ciel une immense statue de bronze.

L'air fier du colosse, sa longue moustache, ses cheveux qui semblent flotter au vent, ses armes massives, vous rappelleront l'image d'un des vieux Gaulois.

C'est la statue de Vercingétorix.

Ce héros, l'une des plus anciennes gloires de la France, était un enfant des Arvernes.

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