CITOYEN DE GENÈVE, A CHRISTOPHE DE BEAUMONT, Archevêque de Paris, Duc de St. Cloud, Da veniam fi quid liberius dixi, non ad contumeliam tuam, fed ad defenfionem meam. Præfumfi enim de gravitate & prudentiâ tuâ, quia potes confiderare quantam mihi ref pondendi neceffitatem impofueris. Aug. Epift. 238 ad Pafcent: SECONDE EDITION A AMSTERDAM, 2 DE LA COUR DE PARLEMENT, QUI condamne un Imprimé ayant pour titre, Emile, ou de l'Education; par J. J. Rouffeau, Im primé à la Haye .... M. DCC. LXII. à être lacéré & brûlé par l'Exécuteur de la baute Justice. EXTRAIT DES REGISTRES DU PARLEMENT, CE Du 9 Juin 1762. E jour, les Gens du Roi font entrés, & M. Omer - Joly de Fleury, Avocat dudit Seigneur Roi, portant la parole, ont dit: neve, Qu'ils déféroient à la Cour un Imprimé en quatre volumes in octavo, intitulé: Emile, ou de l'Education, par J. J. Rousseau, Citoyen de Gedit Imprimé, à la Haye en M. DCC. LXII. Que cet ouvrage ne paroît compofé que dans la vûe de ramener tout à la Religion naturelle, & que l'Auteur s'occupe dans le plan de l'Education qu'il prétend donner à fon Eleve, à développer ce fiftême criminel. Qu'il ne prétend inftruire cet Eleve que d'a près la nature qui eft fon unique guide, pour former en lui l'homme moral; qu'il regarde toutes les Religions comme également bonnes & comme pouvant toutes avoir leurs raisons dans le climat, dans le Gouvernement, dans le génie du Peuple, ou dans quelqu'autre caufe locale qui rend l'une préférable à l'autre, felon les tems & les lieux. Qu'il borne l'homme aux connoiffances que l'inftinct porte à chercher, flate les paffions comme les principaux inftrumens de notre confervation, avance qu'on peut être fauvé fans croire en Dieu, parce qu'il admet une ignorance invincible de la Divinité qui peut excuser l'homme; que felon fes principes, la feule raifon eft juge dans le choix d'une Religion, laiffant à fa difpofition la nature du culte que l'homme doit rendre à l'être fuprême que cet Auteur croit honorer, en parlant avec impiété du culte extérieur qu'il a établi dans la Religion, ou que l'Eglife a prefcrit fous la direction de l'Efprit-Saint qui la gouverne. Que conféqueminent à ce fiftême, de n'ad-. mettre que la religion naturelle, quelle qu'elle foit chez les différens peuples, il ofe effayer de détruire la vérité de l'Ecriture Sainte & des Prophéties, la certitude des miracles énoncés dans les Livres Saints, l'infaillibilité de la révélation, l'autorité de l'Eglife, & que ramenanti tout à cette Religion naturelle, dans laquelle il n'admet qu'un culte & des loix arbitraires, il entreprend de juftifier non-feulement toutes les Religions, prétendant qu'on s'y fauve indiftinc-; tement, mais même l'infidélité & la réfiftance |