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MONSIEUR DE SOTENVILLE.

Oui, à genoux, et sans tarder.

GEORGE DANDIN.

(Il se met à genoux (1).)

Ô Ciel ! que faut-il dire?

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Madame, je vous prie de me pardonner. »

MONSIEUR DE SOTENVILLE.

«L'extravagance que j'ai faite. »

GEORGE DANDIN.

L'extravagance que j'ai faite » (à part) de vous épouser.

MONSIEUR DE SOTENVILLE.

Et je vous promets de mieux vivre à l'avenir. »

GEORGE DANDIN.

Et je vous promets de mieux vivre à l'avenir. »

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Prenez-y garde, et sachez que c'est ici la dernière de vos impertinences que nous souffrirons.

(1)

« Il se met à genoux, sa chandelle à sa main.» (Éd. 1672, 1682.)

(2) Dans l'édition originale et dans celle de 1674, il y a trois fois, ici et en tête des deux reprises suivantes : «M DE SOTENVILLE." Nous nous conformons, pour la correction de cette faute, aux textes de 1672 et de 1682.

MADAME DE SOTENVILLE.

Jour de Dieu! si vous y retournez, on vous apprendra le respect que vous devez à votre femme, et à ceux de qui elle sort.

MONSIEUR DE SOTENVILLE.

Voilà le jour qui va paroître. Adieu. Rentrez chez vous, et songez bien à être sage. Et nous, mamour, allons nous mettre au lit.

SCÈNE VIII.

GEORGE DANDIN.

Ah! je le quitte maintenant, et je n'y voi plus de remède; lors qu'on a, comme moi, épousé une méchante femme, le meilleur parti qu'on puisse prendre, c'est de s'aller jeter dans l'eau la tête la première.

FIN DE GEORGE DANDIN.

APPENDICE À GEORGE DANDIN.

Nous donnons à la suite de George Dandin: 1° le programme du divertissement dans lequel la pièce fut encadrée, et qui a été publié avant la fête, chez Robert Ballard, 1668, in-4o, sous ce titre : Le Grand divertissement royal de Versailles; 2° la description intitulée : La Relation de la fête de Versailles du 18 juillet 1668, ayant pour auteur André Félibien, et qui a paru chez Pierre le Petit en 1668, puis a été réimprimée en 1679, à l'Imprimerie royale, en un grand volume in-folio.

I

LE GRAND DIVERTISSEMENT ROYAL

DE VERSAILLES.

SUJET DE LA COMÉDIE QUI SE DOIT FAIRE À LA GRANDE FÊTE De Versailles.

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Pour passer du langage des Dieux au langage des hommes, le Roi est un grand Roi en tout, et nous ne voyons point que sa gloire soit retranchée à quelques qualités hors desquelles il tombe dans le commun des hommes. Tout se soutient d'égale force en lui; il n'y a point d'endroit par où il lui soit désavantageux d'être regardé; et de quelque vue que vous le preniez, même grandeur, même éclat se rencontre;

c'est un Roi de tous les côtés : nul emploi ne l'abaisse, aucune action né le défigure; il est tousjours lui-même, et partout on le reconnoît. Il y a du héros dans toutes les choses qu'il fait, et jusques aux affaires de plaisir, il y fait éclater une grandeur qui passe tout ce qui a été vu jusques ici.

Cette nouvelle fête de Versailles le montre pleinement : ce sont des prodiges et des miracles aussi bien que le reste de ses actions; et si vous avez vu sur nos frontières les provinces conquises en une semaine d'hiver, et les puissantes villes forcées en faisant chemin, on voit ici sortir, en moins de rien, du milieu des jardins les superbes palais et les magnifiques théâtres, de tous côtés enrichis d'or et de grandes statues, que la verdure égaye, et que cent jets d'eau rafraîchissent. On ne peut rien imaginer de plus pompeux ni de plus surprenant; et l'on diroit que ce digne monarque a voulu faire voir ici qu'il sait maîtriser pleinement l'ardeur de son courage, prenant soin de parer de toutes ces magnificences les beaux jours d'une paix où son grand cœur a résisté, et à laquelle il ne s'est relâché que par les prières de ses sujets.

Je n'entreprends point de vous écrire le détail de toutes ces merveilles : un de nos beaux esprits est chargé d'en faire le récit, et je m'arrête à la comédie dont, par avance, vous me demandez des nouvelles.

C'est Molière qui l'a faite. Comme je suis fort de ses amis, je trouve à propos de ne vous en dire ni bien ni mal, et vous en jugerez quand vous l'aurez vue : je dirai seulement qu'il seroit à souhaiter pour lui que chacun eût les yeux qu'il faut pour tous les impromptus de comédie, et que l'honneur d'obéir promptement au Roi pût faire dans les esprits des auditeurs une partie du mérite de ces sortes d'ouvrages.

Le sujet est un paysan qui s'est marié à la fille d'un gentilhomme, et qui, dans tout le cours de la comédie, se trouve puni de son ambition. Puisque vous la devez voir, je me garderai, pour l'amour de vous, de toucher au détail; et je ne veux point lui ôter la grâce de la nouveauté, et à vous le plaisir de la surprise; mais comme ce sujet est mêlé avec une espèce de comédie en musique et ballet, il est bon de vous expliquer l'ordre de tout cela, et de vous dire les vers qui se chantent.

Notre nation n'est guère faite à la comédie en musique, et je ne puis pas répondre comme cette nouveauté-ci réussira. Il ne faut rien, souvent, pour effaroucher les esprits des François : un petit mot tourné en ridicule, une syllabe qui, avec un air un peu rude, s'approchera d'une oreille délicate, un geste d'un musicien qui n'aura pas peut-être encore au théâtre la liberté qu'il faudroit, une perruque tant soit peu de côté, un ruban qui pendra, la moindre chose est capable de gâter toute une affaire; mais enfin il est assuré, au sentiment des connoisseurs qui ont vu la répétition, que Lully n'a jamais rien fait de plus beau, soit pour la musique, soit pour les danses, et que tout y brille d'invention. En vérité, c'est un admirable homme, et le Roi pourroit perdre beaucoup de gens considérables qui ne lui seroient pas si mal-aisés à remplacer que celui-là.

Toute l'affaire se passe dans une grande fête champêtre.

(1) André Félibien, dans la Relation que nous donnons à la suite de ce programme.

L'ouverture en est faite par quatre illustres bergers, déguisés en valets de fêtes (1), lesquels, accompagnés de quatre autres bergers qui jouent de la flûte, font une danse qui interrompt les rêveries du paysan marié, et l'oblige à se retirer après quelque contrainte.

Climène et Cloris, deux bergères amies, s'avisent, au son des flûtes, de chanter cette chansonnette :

L'autre jour, d'Annette, etc. (2).

Tircis et Philène, amants de ces deux bergères, les abordent pour leur parler de leur passion et font avec elles une

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Ces deux bergers s'en vont désespérés, suivant la coutume des anciens amants, qui se désespéroient de peu de chose. En suite de cette musique vient:

LE PREMIER ACTE DE LA COMÉDIE, qui se récite.

Le paysan marié y reçoit des mortifications de son mariage; et sur la fin de l'acte, dans un chagrin assez puissant, il est interrompu par une bergère, qui lui vient faire le récit du désespoir des deux bergers; il la quitte en colère, et fait place à Cloris. qui sur la mort de son amant vient faire une

PLAINTE EN MUSIQUE.

Ah! mortelles douleurs ! etc.

La fin de ces plaintes fait venir :

LE SECOND ACTE DE LA COMÉDIE, qui se récite.

C'est une suite des déplaisirs du paysan marié, et la même bergère ne manque pas de venir encore l'interrompre dans sa douleur. Elle lui raconte comme Tircis et Philène ne sont point morts, et lui montre six bateliers qui les ont sauvés; il ne veut point s'arrêter à les voir, et les bateliers, ravis de la récompense qu'ils ont reçue, dansent avec leurs crocs et se jouent ensemble; après quoi commence :

(1) Le programme donne en marge, dans des notes successives, les noms des acteurs et figurants. Nous les omettons, parce que la Relation qui suit les donne également.

(2) Voyez la suite de la chansonnette, comme de toutes les poésies suivantes, dans la Relation de Félibien, reproduite après ce programme.

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