Page images
PDF
EPUB
[merged small][merged small][graphic][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]
[merged small][graphic][subsumed][merged small][merged small][merged small][merged small]

Trois nefs divisent l'édifice celle du milieu, plus vaste, plus élevée, aboutit au chœur, dépourvu de collatéraux, dont l'aire se hausse de trois marches; les autres s'arrêtent aux transepts et sont séparées par deux rangs de colonnettes réunies en faisceaux qui s'élancent entre chaque ogive jusqu'aux nervures prismatiques de la voûte. Mais ce qui étonne, ce qui émerveille au milieu de cette disposition générale, commune à la plupart des églises liégeoises, ce qui ne saurait se décrire, c'est le sentiment délicat, l'heureux choix, la légèreté des ornements répandus sur cet ensemble. Une galerie brodée à jour circule au-dessus des ogives, parcourt le chœur, et suspend son balcon aventureux aux piliers des colonnes dont elle suit exactement les retraits et les saillies. Entre la galerie et l'arcade, au milieu d'un feuillage sculpté, jaillissent en relief des médaillons coloriés représentant des rois, des princes et des prophètes de l'Écriture. Les inscriptions empruntées à la Bible qui courent sur les murs les font reconnaître, et rappellent ces versets du Coran qui forment un des éléments décorateurs du style moresque. Ce n'est pas le seul emprunt que cette construction lui ait fait on retrouve évidemment le goût arabe dans certains ornements qui semblent plutôt empruntés à la broderie qu'imités de la végétation.

Ce fut l'évêque Baldric qui songea à élever cette basilique. La première pierre en fut posée le 26 avril 1016, et afin de pouvoir tout de suite y officier, on construisit une petite crypte dont la dédicace eut lieu la même année. Baldric mourut l'année d'après, le 29 août 1017, laissant l'église à peine élevée au-dessus du sol. Ses successeurs Walbodon et Durand poussèrent les travaux avec activité, et Réginard l'acheva le 25 août 1030. Les bâtiments de l'abbaye furent terminés et habités à la même époque par vingt-cinq religieux voués à la règle de Saint-Benoît. A l'exception de la tour, ce temple fut reconstruit, vers l'an 1522, et achevé seize ans après, pendant l'administration de l'abbé Nicolas Bolis.

révèle tout entier cette beauté symbolique de l'art ogival qui procède d'un admirable accord entre la forme et la pensée. (')

LES LECTURES POPULAIRES.

La saine littérature populaire est presque tout entière à créer parmi nous. Son absolue nécessité ne saurait pourtant être niée, surtout en présence des productions futiles ou immorales que le bon marché répand à l'infini. Trois sortes de lectures, et par conséquent d'ouvrages, dit M. de Lafarelle, dans son livre du Progrès social, me paraissent convenir plus spécialement aux classes laborieuses, savoir: 1° Les ouvrages tendant à moraliser l'homme, à réformer ses vices, à corriger ses mauvaises habitudes, à lui inspirer le sentiment et l'amour de ses devoirs en tous genres. Dans cette classe se rangent en première ligne les livres de piété ou de morale, et puis encore tous les traités d'économie politique mis à la portée populaire, tous les livres, en un mot, propres à lui suggérer le goût et l'habitude de l'ordre, de l'économie, de la prévoyance, ou à lui faire respecter et chérir son pays et l'ordre social lui-même.

2o Une seconde classe de la littérature populaire embrasserait de plein droit tous les traités ou manuels élémentaires des différentes professions que les hommes des rangs inférieurs sont appelés à exercer tels seraient les traités ou manuels des diverses branches de l'agriculture, de l'élève des bestiaux, de l'art du vétérinaire, de l'éducation des vers à soie, etc., et puis encore de tous les arts mécaniques ou autres qui composent le vaste domaine de l'œuvre manuelle.

3o Enfin il serait aussi très-heureux et très-essentiel que le peuple put se procurer sans peine des livres de pur agrément, propres à le délasser et à le récréer sans porter atteinte à ses sentiments religieux et moraux. Les voyages de tout genre, l'histoire des peuples anciens et modernes écrite à son intention, quelques romans empreints d'une réserve et d'une prudence toutes particulières, composeraient cette troisième classe. En trois mots, moraliser, éclairer et délasser le peuple, voilà le triple objet que dese proposer une littérature vraiment digne d'être appelée populaire.

En remontant vers le chevet de l'église, nous trouvons l'orgue, qui en occupe le fond, et qui s'appuie sur un prodigieux entassement de colonnettes, de niches, de statues, de rinceaux et d'arabesques. Toute cette construction, que nous n'essayerons pas de décrire, est d'une splendide couvrait leur qui invite le pinceau de l'artiste. Le buffet, qui élève ses tuyaux jusqu'à la voûte et se termine en cul-de-lampe à la portée de la main, dessine vigoureusement les teintes foncées de ses boiseries; les tons fauves d'une ancienne dorure font briller un rang de statuettes dans des niches revêtues de carmin; et des deux côtés de l'instrument, des panneaux peints sur fond doré viennent compléter l'éclatant effet de cette décoration. Ces panneaux, jadis fermés, ne s'ouvraient qu'aux jours de fète, pour inonder la nef d'une sainte harmonie. Aujourd'hui leurs gonds rouillés ne permettent plus de les ébranler : ils déploient en vain leurs grandes ailes, l'orgue reste muet, et les mânes d'André Séverin se plaignent de cet obstiné silence; car, ainsi que le dit une énigmatique épitaphe en mauvais vers, il se fit enterrer, en 1673, sous l'instrument qu'il avait construit :

André Séverin, en son art sans pareille,
Nous a fait ces orgues, l'une de ses merveilles;
Reçut à Maestricht sa vie et son estre,

Et mourut, rempli de grâces, dans ce cloître :
Ainsi d'un destin très-heureux

Son corps repose dans ces lieux,

Et son ouvrage au milieu.

C'est sur le tombeau de cet habile facteur, au pied de cet orgue (l'une de ses merveilles), qu'il faut jeter un dernier regard sur l'église.

Considéré dans son ensemble, Saint-Jacques, à lui seul,

L'auteur voudrait que ces livres ne fussent pas donnés gratuitement, et que, pour répandre la lecture jusque dans les villages, il s'en formât des bibliothèques ou cabinets de lecture annexés à l'école primaire. Il demande aussi la création d'un journal hebdomadaire, non politique, composé d'articles répondant aux trois divisions indiquées par lui pour les livres, et rédigé, publié, propagé, non comme spéculation, mais comme œuvre sociale, avec le concours d'hommes de talent et de dévouement, des administrations et du gouvernement. (*)

Il est des jours critiques dans la vie de l'homme et dans celle de l'humanité..... Chacun de nous, quelque humble, quelque insignifiant qu'il soit, a eu son jour marqué, le jour qui a décidé du sort de sa vie; son jour de providence qui altéra sa position personnelle ou ses relations avec les autres; son jour de grâce où l'esprit conquit la matière. En quelque façon que ce soit, chaque âme a, comme Jérusalem l'eut jadis, son JOUR.

Ah! si du moins, comme dit le Christ, en ce jour qui

(') Extrait de la Belgique monumentale.

(*) Alphonse Grün, Pensées des divers âges de la vie, excellent livre où respirent la plus douce morale et un amour sincère de | l'humanité.

t'est encore donné, tu connaissais ce qui te peut apporter la paix ! Cardinal WISEMAN.

LES ANIMAUX DOMESTIQUES.

Troisième article. Voy. p. 131, 155.

LES SOLIPEDES.

Nous avons deux solipèdes, l'âne et le cheval l'un, méprisé, injurié, maltraité, type d'humiliation; l'autre, le plus estimé de tous nos serviteurs, et, selon la belle expression de Buffon, la plus noble conquête que l'homme ait faite sur la nature.

Le cheval est, en effet, un des instruments les plus puissants de la civilisation. Plus une nation est riche et cultivée, plus elle possède de chevaux. Ils servent aux charrois de tout genre, tant pour les marchandises que pour les personnes; ils fournissent leur force à l'industrie comme à l'agriculture, et ils s'harmonisent, grâce à la magnificence de leurs allures, avec le luxe des cours et des grandes maisons, en même temps que leur rusticité leur permet de répondre à toutes les exigences du dur laboureur; enfin, et ce n'est pas là un de leurs moindres avantages, ils forment une puissance de guerre. Bien que leur rôle principal soit de nous aider en mettant à notre disposition leur force et leur vitesse, ils forment chez un grand nombre de peuplades asiatiques une ressource alimentaire de premier ordre, tant par leur chair que par le lait des juments; et déjà, dans plusieurs contrées de l'Europe, on a commencé à les utiliser de la même manière. L'engrais, la peau, les crins, sont également des objets considérables; et, si avantageux sous tant de points de vue durant sa vie, l'animal rend encore à la société des services après sa mort.

On peut croire que c'est avant tout le service militaire qui a recommandé le cheval à l'attention de l'homme. Les premiers cavaliers n'ont pu manquer de prendre promptement supériorité sur leurs voisins; et les succès des conquérants espagnols au Mexique et au Pérou nous montrent quel prestige la présence d'un tel auxiliaire dut exercer, dans le principe, sur les imaginations. Dans l'antiquité grecque la fable des centaures en naquit, et l'on voit dans Homère en quelle haute estime étaient tenus les chevaux de bataille des héros.

La domestication de l'espèce chevaline remonte bien au delà des temps héroïques de la Grèce. La fiction mythologique qui fait honneur à la puissance de Neptune de la production du cheval signifie peut-être tout simplement que cet animal avait été importé par mer à Athènes. Les Chinois, qui, au témoignage de leurs anciens livres, l'avaient reçu également de l'étranger, l'employaient déjà dans leurs expéditions militaires plus de deux mille ans avant notre ère. Les plus anciens monuments de l'Inde, de la Perse, de l'Egypte, donnent également témoignage de sa présence. Il est remarquable que dans les livres juifs il n'en soit fait mention qu'à partir de l'époque de Joseph; il semblerait qu'il faille en conclure que les Hébreux n'ont possédé cet animal qu'à partir de leur retour d'Egypte, l'en ayant peut-être ramené.

tion est certainement primitif. D'ailleurs la philologie vient ici en aide à la zoologie : on a constaté que les divers noms donnés au cheval dans les langues de l'Occident dérivaient tous du zend et du sanscrit, c'est-à-dire des langues de l'Asie centrale; c'est donc de cet antique foyer de la grande civilisation que l'espèce nous est venue en même temps que les noms qu'elle porte encore. Sauf les régions polaires, elle couvre aujourd'hui toute la terre.

Moins beau et moins robuste que le type précédent, l'âne est plus docile et plus sobre. C'est le cheval des classes pauvres. Placée sous le coup des mauvais traitements qu'elle a supportés depuis tant de siècles, la race de l'Occident a sensiblement dégénéré; mais dans plusieurs contrées de l'Orient l'âne jouit encore de ses caractères primitifs, et domine de beaucoup par son élégance et sa vigueur les humbles baudets de nos villages. Il serait impossible, dans les nuages où se perd la haute antiquité, de décider la question de priorité entre la domestication de l'âne et celle du cheval, et l'on peut sans trop d'erreur les considérer comme à peu près contemporaines. La différence des deux histoires repose sans doute sur la différence des deux patries. Celle de l'âne, au lieu de se trouver, comme celle du cheval, au centre de l'Asie, doit être cherchée dans le sud-ouest de cette partie du monde ou même dans le nord-est de l'Afrique. Dans ces régions, l'âne vit encore à l'état sauvage par troupes innombrables. Il a donc dù, par le fait de sa position primitive, devenir le lot des peuples sémitiques, comme le cheval est devenu celui des peuples indo-européens. Aussi en est-il parlé dans les livres des Hébreux dés le temps de la migration d'Abraham, et le trouve-t-on représenté sur les plus anciens monuments de la haute Égypte. L'étude des langues met également ici le sceau aux conclusions de la géographie zoologique, car elle montre que tous les noms donnés à l'âne dérivent d'un radical sémitique. On est donc aussi en droit de conjecturer, d'après cette différence d'origine, que l'âne n'a dû s'introduire en Gaule et dans le milieu de l'Europe que longtemps après le cheval, qui y était certainement arrivé avec les colonies celtiques.

Outre ces deux solipèdes sur lesquels la main de l'homme est étendue depuis si longtemps, la nature nous en offre encore plusieurs autres, soit en Asie, soit en Afrique, et notre esprit de conquête commence à se porter vers eux. Le zèbre, l'hémione, le dauw, le couagga, l'hémippe, sont même déjà sortis de leurs déserts pour attendre dans nos ménageries l'arrêt que nous allons prononcer sur les destinées de leurs races.

C'est le zèbre qui, grâce aux élégantes bigarrures de sa robe, a touché le premier les regards du monde moderne. Habitant de l'Afrique australe, son importation date des premières relations des Portugais avec ces régions. Dès le dix-septième siècle, il est fait mention de quatre zèbres que l'on attelait au carrosse du roi de Portugal; il y a eu depuis lors plusieurs exemples du même genre, mais isolés et qui n'ont pas abouti à la création d'une race domestique.

Malheureusement, il est à craindre que la domestication n'ait pour effet de troubler la régularité de ces zébrures qui forment le plus bel ornement de l'animal, et ne le ramène ainsi à peu près à la même condition que ses deux congénères et compatriotes le dauw et surtout le couagga, qui ne diffèrent guère de lui que par une robe plus simple.

La patrie primitive du cheval doit être cherchée dans Aujourd'hui, c'est du côté de l'hémione que paraissent l'Asie centrale. C'est de là qu'il a été exporté d'une part se tourner les préférences; on peut même dire, tant les essais dans l'extrême Orient, en Chine, de l'autre dans le Midi et sont avancés, que dès à présent nous possédons là une noudans l'Occident. L'espèce subsiste toujours à l'état libre velle race domestique. Il ne reste qu'à la multiplier et à dans ces contrées; elle habite les steppes, où elle est dis- lui faire prendre place dans les usages vulgaires. Cette belle persée en quantité innombrable. Il est probable que des conquête, digne de se ranger entre celle de l'âne et celle du chevaux domestiques sont venus se mêler à diverses re- cheval, est due à MM. Dussumier et Is. Geoffroy Saint-Hiprises à ces troupeaux sauvages, mais le fond de la popula-laire : l'un, importateur et donateur au Muséum des pre

miers individus de cette espèce qui se soient vus en Europe; le second, auteur persévérant des essais qui ont fini par réaliser l'acclimatation et la domestication. La race en est déjà à sa troisième génération, et de génération en génération les animaux se sont habitués de mieux en mieux à

Le Zèbre (Equus zebra).

la rudesse de nos hivers, sont devenus à la fois plus féconds et plus faciles à élever, et ont même gagné, grâce à leur nouveau régime, de la taille et de la vigueur. Il est à peine nécessaire d'ajouter que, malgré leur naturel impétueux, on est parvenu à les habituer à la selle et à l'attelage, et qu'ils s'y sont montrés d'un excellent service. Supérieure à la race asine sous le rapport de l'élégance aussi bien que de la force, et par conséquent de la vitesse, cette race est appelée, suivant toute probabilité, à se développer. Il n'y a d'autre obstacle que le temps nécessaire à sa multiplication, résultat qui ne saurait jamais être prompt dans la famille des solipedes, attendu la simplicité des naissances et la durée de la gestation et de l'élevage; mais il est aisé de tourner l'obstacle par l'importation de nouveaux individus pris à l'état sauvage, et l'on peut espérer qu'un objet de cette importance ne saurait tarder à attirer sérieusement les regards de la Société d'acclimatation.

Tous les membres de la famille des solipèdes paraissent susceptibles de se croiser entre eux suivant toutes les combinaisons imaginables, et quelques-uns de ces métis étant

Le Dauw (Equus montanus). féconds, la variété irait à l'infini. Le cheval et l'âne réunis ont donné depuis longtemps le bardot et le mulet. Ces animaux participent des caractères propres à leurs deux souches. Le mulet est celui des deux qui présente le plus d'avantages; produit de l'ane et de la jument, il se rapproche

du cheval par sa taille et sa force, de l'âne par sa dureté au travail et sa sobriété. Aussi est-il recherché dans les pays où les fourrages sont rares. Il était connu des anciens, et on le voit figurer dans Homère comme bête de trait; mais il n'y a aucune lumière sur l'époque et le pays qui l'ont vu naître pour la première fois. Comme il est rarement fécond dans nos climats, on n'est pas en droit de le considérer comme constituant une race domestique: aussi peut-on le mettre en parallèle avec ces animaux sauvages que l'on apprivoise, mais que l'on ne multiplie pas, de sorte qu'on possède des individus sans posséder en même temps une descendance.

Mais, grâce à nos acquisitions récentes, nous avons d'autres métis de solipèdes qui, doués de toutes les conditions propres à la reproduction, forment une véritable race ce sont principalement les produits du croisement de l'hémione avec l'ânesse; par sa couleur, la forme arrondie de sa croupe et l'ensemble de tous ses traits, cette race se rapporte au type paternel. Elle est à la fois vaillante et élégante, et paraît destinée à prendre place d'une manière définitive parmi nos animaux domestiques. L'hémione a été également croisé avec le zèbre, le dauw et l'hémippe. Malheureusement on n'a pu jusqu'à présent réussir à le croiser avec le cheval, et cependant c'est de cette alliance qu'on serait en droit d'attendre, à en juger d'après celle de l'âne et

[graphic]
[graphic][merged small][merged small]

COUPE EN ARGENT DU QUINZIÈME SIÈCLE.

Le vase ou bocal d'argent dont nous donnons le dessin est l'œuvre d'un artiste d'Ingolstadt (ville de Bavière) de la seconde moitié du quinzième siècle, et se trouve actuellement en la possession d'un commerçant de cette ville (M. Seeholzen). A l'intérieur du couvercle, on voit les armes du premier propriétaire, ou peut-être même du compositeur de cette œuvre d'art: c'est un dragon en argent et en émail bleu, sur fond vert, dans une bordure d'or. La surface du vase et le couvercle sont couverts d'ornements gravés représentant divers animaux et des figures bizarres. Le rinceau du milieu est doré, avec des fleurs en émail rouge foncé, ou rouge clair et graines d'or, sur un fond d'argent mat; il en est de même du rinceau qui entoure le pied; seulement les grappes de raisin y sont d'un émail tour à tour bleu ou vert. Tous les ornements

« PreviousContinue »