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sacrer les statues de tous ceux qui avaient remporté une victoire dans les jeux; mais à ceux qui avaient vaincu trois fois on élevait des statues iconiques, c'est-à-dire faites à leur ressemblance et d'après nature (ex membris ipsorum similitudine expressa).

L'honneur de semblables statues, d'abord réservé aux seuls athlètes vainqueurs, parce que leur victoire et la consécration de leur image dans le temple se liaient, comme les jeux eux-mêmes, au culte des dieux, ne s'étendit d'abord que fort lentement, et il fallut des circonstances tout à fait extraordinaires pour motiver en faveur d'autres citoyens un pareil témoignage de l'estime ou de la reconnaissance publique. Les plus anciennes statues honorifiques que l'on trouve mentionnées sont celles de Cléobis et de Biton, modèles de piété filiale, que l'on voyait à Delphes; et à Athènes, celles des vengeurs de la liberté, Harmodius et Aristogiton. Un siècle entier se passa presque avant qu'un autre citoyen reçût à Athènes une pareille récompense; s'il faut en croire Démosthènes, ce fut après le meurtre des trente tyrans qu'on érigea pour la première fois une statue à Conon. Parmi celles qu'on éleva plus tard, on cite celles de Chabrias, de Timothée, d'Iphicrate, de Philopomen. Ces statues honorifiques élevées aux frais de l'État, après une résolution prise en assemblée publique, n'étaient pas les seules que l'on voyait dans les temples, sur les places, dans les théâtres et les gymnases, sous les portiques, dans les jardins, etc. : il était permis aux particuliers de faire exécuter à leurs frais et de consacrer dans les temples ou dans les lieux publics les images de leurs parents, de leurs amis ou de citoyens dont le souvenir leur était cher. Une pensée religieuse s'associait toujours à cet hommage rendu à la mémoire des personnes. La plupart des statues élevées dans les lieux publics étaient dédiées à une ou à plusieurs divinités, comme le déclaraient les inscriptions qu'on y voyait gravées. Toucher à ces statues pour les renverser ou pour les dégrader d'une manière quelconque était considéré comme une impiété.

A s'en tenir au témoignage des écrivains de l'antiquité (car un bien petit nombre des monuments eux-mêmes ont subsisté jusqu'à nous), on peut encore juger de la profusion avec laquelle ces portraits de marbre ou d'airain, bustes ou statues, étaient partout répandus. Au temps où Pline écrivait son Histoire naturelle qui contient tant d'indications précieuses pour l'histoire des arts, on comptait à Athènes trois mille statues, malgré les spoliations des proconsuls et des empereurs romains; on n'en comptait pas moins à Olympie et à Delphes, qui étaient les grands sanctuaires de la Grèce. « Athènes, dit l'auteur d'une belle étude sur Phidias ('), Athènes fut surtout la ville des statues dans ces cités républicaines, et spécialement dans la plus démocratique, l'art exerçait une sorte de magistrature; les images en bronze et en marbre des hommes illustres, en même temps qu'elles servaient de luxe sévère à la place publique, portaient dans tous les cœurs l'enthousiasme et l'émulation. L'Athénien qui se rendait de sa maison à l'assemblée du peuple rencontrait partout sur son passage les figures des divinités protectrices de la cité, celles des magistrats et des héros révérés pour leur courage et pour leurs vertus civiques et patriotiques. Toutes les vertus, tous les succès, tous les talents, étaient l'objet de ces récompenses que l'art décernait. Elles n'étaient pas seulement le prix des services rendus à la patrie dans la politique et la guerre, de l'éclat répandu sur elle par la gloire de ses orateurs, de ses philosophes et de ses poëtes; elles étaient accordées même à de moindrès mérites, et parfois la grâce et la beauté suffisaient pour obtenir un pareil () Phidias, sa vie et ses ouvrages, par L. de Ronchaud. Paris,

1861,

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hommage. Périclès avait sa statue modelée par Crésilas dans l'acropole d'Athènes, au milieu des chefs-d'œuvre suscités par son génie, et Thémistocle dans le temple qu'il avait élevé à Diane; Solon avait la sienne à Salamine, Pindare à Thèbes, devant le temple de Mars; dans le temple d'Apollon, à Delphes, à côté de la statue en marbre de Lysandre, on voyait aussi la statue dorée de Gorgias, le brillant rhéteur, à l'érection de laquelle les cités grecques avaient contribué à l'envi, et celle de la belle Phryné, ouvrage de Praxitèle. L'énumération faite par un écrivain ancien des statues de femmes exécutées par des maîtres grecs à une époque assez reculée suffirait à montrer avec quelle abondance la statuaire avait multiplié partout les portraits. Et ce n'est pas seulement à Athènes, la plus religieuse des villes grecques, au dire de Pausanias, et aussi la plus artiste, ou dans les grands sanctuaires de Delphes et d'Olympie, que la piété et la reconnaissance avaient consacré ces images: il en était de même partout, même à Sparte, depuis un temps fort ancien, puisque, d'après Hérodote, on y honorait les rois morts à la guerre en leur élevant des statues honorifiques. Un semblable honneur y fut encore plus facilement accordé par la suite. Plutarque rapporte comme un fait digne de remarque que le roi Agésilas ne permit jamais à aucun sculpteur ou peintre de faire un portrait de lui, parce qu'il était boiteux et ne voulait pas que cette infirmité passât à la postérité. Des ennemis même, que Sparte savait honorer à l'égal de ses plus grands citoyens, y avaient des statues, comme Artémise d'Halicarnasse, et le Perse Mardonius dont on voyait l'image à côté de celle de cette reine, sur l'une des places de la ville. Les Athéniens aussi dressèrent des statues à plusieurs étrangers, et cet honneur était envié par les plus puissants princes. · La suite à une autre livraison,

RUINES DU CHATEAU DE SAINT-ULRICH, A RIBEAUVILLÉ

(DÉPARTEMENT DU HAUT-RHIN).

Lorsqu'on a traversé la petite vallée de Sainte-Marieaux-Mines et qu'on s'est engagé sur la route qui conduit à Ribeauvillé, on se voit entouré de sites charmants et pittoresques, bien faits pour tenter le crayon de l'artiste et la plume du poëte. On se rapproche des Vosges, qui se découpent à l'horizon plus vives et plus hautes, et du département du Bas-Rhin on entre dans celui du HautRhin. On est à 555 kilomètres de Paris et à 86 kilométres de Bâle.

Ribeauvillé, dont la population ne dépasse guère le chiffre de 7000 habitants, qui s'occupent des industries spéciales à l'Alsace, tanneries, filatures, toiles peintes, fabriques de kirsch-wasser, est le chef-lieu de canton de l'arrondissement de Colmar. Le nom allemand de Ribeauvillé est Rappoltzveiler, et cette petite ville le doit à une famille noble du huitième siècle, celle des Rappoltstein (en français, Ribeaupierre), qui fut longtemps une des plus importantes de l'Alsace. Elle n'a d'intéressant, pour le voyageur, que son hôtel de ville et son église paroissiale, dédiée à saint Grégoire. Mais si l'on sort de la ville et si l'on se décide à gravir la montagne qui la domine à l'ouest, on aperçoit les ruines de trois châteaux fort curieux : le Girsberg, le Saint-Ulrich et le Rappoltstein. Le Rappoltstein est le plus élevé des trois, mais le Saint-Ulrich est le plus important: c'est celui que représente notre dessin.

C'est un château du treizième siècle, qui renfermait jadis dans son enceinte une chapelle dédiée à saint Ulrich, d'où son nom. Les actes du temps l'appellent tantôt cas

trum majus, à cause de la superficie qu'il occupait, tantôt castrum inferius, à cause de sa position relativement au Rappoltstein. Il n'en reste debout que le donjon et quelques débris de bâtiments d'habitation, parmi lesquels une

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vaste salle dont le mur, percé de fenêtres à plein cintre géminées, permettrait de supposer que là était autrefois la chapelle dédiée à saint Ulrich. Ce qui confirmerait cette supposition, c'est la différence de niveau qui existe entre le

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proie le visitent plus volontiers que les touristes, et cependant son histoire, ou, si vous voulez, sa légende, se lie intimement à celle du Saint-Ulrich, et l'on ne saurait guère parler de l'un sans parler aussi de l'autre. Ils étaient jadis habités par deux frères, grands chasseurs comme

Ruines du château de Saint-Ulrich, à Ribeauvillé (Haut-Rhin). - Dessin de Thérond.

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tous les nobles d'alors, qui remplaçaient volontiers les méditations pacifiques par les exercices violents. Chaque jour, au premier chant du coq, le seigneur de Saint-Ulrich bandait son arc et envoyait une flèche dans le volet de la tour qu'habitait son frère le seigneur de Girsberg, afin que le bruit le réveillat et l'avertit qu'il était temps de partir pour la chasse. Un matin, ce dernier, réveillé naturelle ment et étonné de ne pas entendre le signal habituel, entr'ouvrit le volet de sa tour; à ce moment son frère, qui venait d'ouvrir le sien, lui envoyait la flèche destinée à l'avertir elle le tua.

:

Voilà la légende, ou, si vous préférez, l'histoire des deux châteaux voisins, le Saint-Ulrich et le Girsberg; elle ressemble à celle de beaucoup d'autres châteaux de la même époque, où les liens de la famille étaient souvent brisés d'une façon sanglante, avec cette différence toutefois qu'ici le fratricide avait été involontaire, et que le crime n'était qu'un malheur.

COURANTS DE LA MER.

VOYAGES DES BOUTEILLES.

L'étude si nouvelle et si féconde des nombreuses traces qui attestent les bouleversements dont la surface de notre planète a été le théâtre, durant les premières périodes de sa formation, nous indique l'existence de prodigieux courants causés par le déplacement des mers primitives, et transportant les énormes débris de roches que les géologues désignent sous le nom de blocs erratiques. Ces débris, dispersés sur une grande partie de nos continents, ont donné lieu à différentes hypothèses relatives aux révolutions du globe, et ont aidé à mieux comprendre les déluges que toutes nos traditions placent à l'origine de l'humanité.

L'Océan nous apparaît ainsi d'abord, dans sa mystérieuse et redoutable immensité, comme une cause d'imminents désastres; mais un jugement plus attentif et plus éclairé nous apprend aujourd'hui que ces changements du lit des mers préparaient à l'homme sa demeure actuelle, et qu'à une époque moins éloignée ils ont peut-être aussi favorisé la formation de l'humanité, en contraignant à de lointaines migrations les premières tribus dont les descendants ont peuplé la terre.

Le transport d'arbres déracinés, de branches, d'herbes flottantes et de débris, d'une région à l'autre de la mer, a depuis longtemps prouvé l'existence des courants de l'Océan, et montré que ce vaste amas d'eau, mis chaque jour en mouvement par les marées, devait être soumis aussi à des lois de circulation analogues à celles qui régissent la plus grande partie des phénomènes que la nature présente à notre observation.

Il est maintenant hors de doute qu'avant la découverte du nouveau monde, des indigènes d'Amérique avaient été poussés par des courants et des tempêtes jusqu'aux îles de la mer du Nord. Les habitants des Orcades avaient gardé la mémoire de ces apparitions de navigateurs inconnus, et leurs traditions, recueillies par Colomb pendant son voyage en Islande, l'affermirent sans doute, ainsi que les bois sculptés jetés par les courants sur la côte des Açores, dans sa croyance à l'existence d'un continent situé dans la partie occidentale des régions inexplorées que les géographes arabes nommaient la mer immense et ténébreuse. »

C'est dans le cours de son troisième voyage que Colomb reconnut l'existence du grand courant qui entraîne les eaux des mers équatoriales: «Les eaux se meuvent, dit-il dans sa relation, comme le ciel, de l'est à l'ouest. » Il ajoute que « c'est dans la mer des Antilles que ce mouvement

est le plus fort. » Cette observation très-juste lui fit supposer qu'un vase de tôle qu'il avait trouvé entre les mains des habitants de la Guadeloupe pouvait provenir d'un navire entraîné par le courant équatorial, et naufragé sur les côtes d'Amérique.

Après Colomb, Anghiera reconnut que ce courant suivait les contours du golfe de Mexico et se prolongeait jusqu'à Terre-Neuve. Continuées par d'autres navigateurs, ces observations rendirent bientôt probable l'existence de l'immense circuit qui portait jusqu'aux rives de l'Irlande et de la Norvége les coquilles, les végétaux, les fruits et les graines des Antilles. Mais il fallait des observations plus nombreuses et plus exactes pour déterminer la direction de ce courant général qui tournoie dans la partie septentrionale de l'Atlantique, et qui constitue une des principales artères de la circulation de l'Océan.

Les plantes marines arrachées au golfe du Mexique et flottant à la surface ont d'abord indiqué aux navigateurs les deux grandes branches qui viennent baigner les côtes de l'Europe occidentale, l'une se dirigeant vers la mer du Nord et l'autre vers les Açores. On a retrouvé sur nos côtes septentrionales les épaves de bâtiments naufragés dans la mer des Antilles. Humboldt cite le fait d'un navire brisé sur les écueils de la côte d'Afrique, près du cap Lopez, dont quelques débris furent reconnus à la pointe nord de l'Ecosse, après avoir deux fois traversé l'Atlantique d'abord de l'est à l'ouest, en suivant le courant équatorial; puis de l'ouest à l'est, en suivant la prolongation de ce courant qui traverse le golfe du Mexique et vient aboutir dans nos mers.

Ces découvertes, dues au hasard, n'auraient probablement conduit à aucune notion précise sur les courants de l'Océan si les navigateurs n'avaient eu l'heureuse idée de renfermer dans des bouteilles cachetées l'indication du jour et du lieu où ils les jetaient à la mer (1). Retrouvées par d'autres navigateurs ou par les habitants des côtes, ces bouteilles donnèrent des renseignements plus exacts sur la direction des courants et sur leur vitesse. Ce n'était encore, sans doute, qu'une approximation; mais, en se multipliant, ces indications permirent de tracer avec plus de certitude des directions moyennes, et servirent à établir une base expérimentale, sur laquelle on pouvait désormais s'appuyer pour proposer des théories plus rationnelles que celles imaginées par les premiers observateurs.

Le major Rennell, dans ses Recherches sur les courants de l'Atlantique, raconte les voyages de bouteilles flottantes retrouvées sur les rives d'Europe ou d'Amérique, et qui toutes indiquaient l'existence du courant général et circulaire, reconnu déjà en diverses parties de son cours. M. Daussy, ingénieur hydrographe, en France, et le capitaine Becher, de la marine royale, en Angleterre, ont construit des cartes sur lesquelles sont marqués les trajets d'un grand nombre de ces bouteilles, avec la double date des jours où elles ont été recueillies ou jetées à la mer. D'après ces dates, on peut supposer que quelques-unes ont fait plusieurs fois le tour de l'Atlantique.

L'usage de ces nouveaux agents laissait encore beaucoup d'incertitude sur la direction réelle des courants et sur leur vitesse dans les différentes parties de leur trajet. On ne pouvait guère connaître, dans la plupart des cas, que des directions et des vitesses probables. Mais, par l'intérêt qu'elles excitaient, ces données insuffisantes, jointes aux observations des navigateurs, devaient bientôt conduire à une recherche plus scientifique qui, en France, fut ouverte par le savant Ch. Romme, associé de l'Institut national, auteur des Tableaux des vents, des marées et des

() Voy. t. XIV, 1846, p. 124.

courants observés sur toutes les mers du globe. L'introduction de ce remarquable et très-utile travail s'ouvre par les lignes suivantes :

«Les grands mouvements de l'atmosphère et des mers commandent, comme ceux des corps célestes, l'attention et l'admiration des hommes. Ils ont en partie leur source dans des causes semblables; ils paraissent être un des grands développements de la puissance de la nature; et c'est à l'étude de ces mouvements, ainsi que de leurs circonstances, qu'on pourrait recourir, comme à celui du cours des astres, pour remonter aux principes généraux de l'organisation de cet univers. »>

C'est avec la même hauteur de vues, la même élévation d'esprit, qu'un savant officier de la marine nationale des États-Unis, le commandant Maury, a suivi la large voie ouverte par Ch. Romme. Nous ferons connaître l'organisation et les services de la puissante association de navigateurs fondée par ce marin illustre, et grâce à laquelle la géographie physique et la météorologie de la mer sont définitivement entrées dans leur période de développement scientifique. La suite à une autre livraison.

PENSÉES DE LACORDAIRE (').

En général, les grands hommes de l'antiquité ont été pauvres. Aujourd'hui tout le monde échoue là: on ne sait plus vivre de peu. Pour mon compte, un grand cœur dans une petite maison est toujours ce qui m'a touché davantage ici-bas.

-La lecture des chefs-d'œuvre littéraires ne forme pas seulement le goût, elle maintient l'âme à des hauteurs sérieuses. Il n'y a pas un homme remarquable qui n'ait été ami des lettres.

- A part le besoin des recherches dans un but utile, il ne faut lire que les chefs-d'œuvre des grands noms; nous n'avons pas de temps pour le reste.

L'amitié, le souvenir des beaux lieux, le goût des lettres, toute cette partie supérieure des jouissances de l'âme est le vestibule du temple où nous adorons Dieu.

-Les certitudes inébranlables n'habitent que des intelligences profondes et des cœurs fortement trempés par la main de Dieu. Il faut aspirer à ce but d'être des hommes de convictions fermes, pures, désintéressées. Le plus sûr moyen d'être constant à soi-même, c'est de n'avoir pas d'ambition; et on n'a pas d'ambition quand on sait se réduire à des goûts modestes, ne cherchant le bonheur qu'en Dieu, dans l'étude et dans quelques âmes qui vous aiment.

- Le beau est l'harmonie du vrai et du bien dans une même chose, la splendeur confondue de l'un et de l'autre. Si vous rencontriez un visage où la rectitude des lignes et la grâce des contours fussent parfaites, mais sans une expression de bonté quelconque dans les yeux et les lèvres, ce serait la tête de Méduse.

-De grands coupables par l'esprit peuvent avoir des noms glorieux. Habituez-vous de bonheur à mépriser les renommées les plus hautes quand elles ont été le fruit d'une action perverse, et à n'estimer jamais que le bien et le vrai dans l'homme qui écrit comme dans l'homme qui agit. Ecrire, c'est agir.

Un enfant ne doit ni commander, ni être obéi à tout propos, comme le sont les enfants gâtés; mais il ne faut pas non plus qu'il soit asservi comme un esclave, et qu'il - ait peur d'avoir une pensée. Un enfant qui ne délibére jamais, qui ne pense jamais, qui est passif dans tous ses actes, ne sera propre un jour qu'à obéir lâchement aux (") Lettres du R. P. Lacordaire à des jeunes gens, publiées par

l'abbé Henri Perreyne.

hommes et aux choses qui le domineront par l'effet du hasard.

Il est probable que votre vie se passera au milieu des vicissitudes publiques les plus diverses; vous n'y demeurerez pas indifférent, mais vous les supporterez avec courage, faisant à chaque fois dans la mesure de vos forces et de vos devoirs. Un bon citoyen, lorsqu'il aime Dieu et sa patrie, fait tout ce qu'il peut, rien que ce qu'il peut; il est prudent sans être lâche, et, comme il est désinté– ressé, il se trompe rarement sur ce qu'il doit.

On se figure aisément que les lieux nous donnent ce qui nous manque; on appelle la règle quand on n'en a plus, et quand on en a une on la trouve incommode et sans résultat. Nous sommes ainsi le jouet de notre imagination. Tel se figure que s'il était transporté sur la montagne de Kolsim, en Égypte, au milieu du désert de saint Antoine, il deviendrait un saint; et si Dieu, par hasard, exauçait son rêve, il ne pourrait y vivre loin des hommes plus d'une semaine, peut-être plus d'un jour.

Suite.

CARTES CÉLESTES.

- Voy. p. 18, 90, 124, 163, 195, 231. Planche IX. Nous retrouvons, au no 45, la Harpe de Georges III, qui est aujourd'hui supprimée, puis, au no 44, le Fleuve Eridan, qui part du pied droit d'Orion, et qui suit une ligne sinueuse pour arriver auprès du Phénix, planche XII. A l'extrémité de ce cours d'eau se trouve l'étoile de première grandeur marquée, et qui se nomme Achernar, c'est-à-dire la dernière du Fleuve. Comme l'Éridan part de l'étoile ẞ d'Orion ou Rigel, qui n'appartient pas cependant au Fleuve, on peut, quand on est dans l'autre hémisphère, se représenter l'Eridan comme unissant Rigel et Achernar, l'une et l'autre de première grandeur, mais surtout Rigel. Notre planche montre un Sceptre entre l'Eridan et le Lièvre. Cette petite constellation n'a point de numéro, et il n'y a rien à en dire. Le Lièvre, no 72, qui est au-dessous d'Orion, c'est-à-dire au sud, n'a que des étoiles de troisième et de quatrième grandeur; prés de lui est la Colombe, no 71, dont la principale étoile, a, s'aperçoit très-bien à Paris quand on est dans une station où l'horizon est tout à fait dégagé. C'est une belle étoile de seconde grandeur. Les autres étoiles sont insignifiantes.

Au no 73 est la belle constellation du Grand-Chien, dont l'étoile ẞ, qui est entre Sirius et le Lièvre, est de seconde grandeur, ainsi que 8, 2et n. L'étoile ɛ est presque de première grandeur. En rapprochant cette constellation de celles du Petit-Chien, d'Orion et du Taureau, avec les Gémeaux au-dessus, on a une grande région du ciel peuplée d'astres splendides. Ce sont les constellations d'hiver, qui l'emportent de beaucoup sur celles d'été pour l'éclat. Cependant les étoiles les plus basses du Grand-Chien perdent un peu par leur proximité de l'horizon. Mais en Espagne et en Grèce l'étoile e atteint presque la première grandeur. Quand Sirius scintille, et prend successivement diverses couleurs, si on donne de légers chocs au télescope on transforme l'étoile en une guirlande de mille couleurs, comme si c'était une couronne de fleurs des plus variées : c'est, du reste, ce qu'on peut faire avec toutes les étoiles de première grandeur quand elles sont près de l'horizon. Tout le monde sait que Sirius ou le Grand-Chien est la plus belle étoile du ciel.

Au no 74 est l'Atelier de l'imprimeur, et au no 75 la Boussole, qui a été détachée de la grande constellation du Navire, que les anciens appelaient Argo. Au no 77 sont les Voiles du Navire, les seules étoiles de cette constellation qui soient visibles en Europe. Au no 47 est la Licorne, dont

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