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entièrement utile, en ce que voyant continuellement les misères dont ils sont accablés, et que même dans l'extrémité de leurs maladies ils manquaient des choses les plus nécessaires, qu'après cela il faudrait être bien dur pour ne pas se priver volontairement des commodités inutiles et des ajustements superflus. (')

La vraie force des honnêtes gens, c'est leur estime; qu'ils la gardent pour la justice et la légalité. LABOULAYE.

Il en est du cerveau comme d'un tonneau où une liqueur fermente tout est à craindre si vous y laissez du vide. JEAN-PAUL.

LE PÈRE PINGRÉ.

trouvez au pied de l'éminence sur laquelle est bâtie la ville espagnole, d'où s'élève le clocheton gracieux d'une église.

Fontarabie n'est plus aujourd'hui qu'une très-petite ville; mais de coquettes et solides habitations attestent sa splendeur passée et son ancienne importance. On ne voit plus que des fragments de ses défenses d'autrefois détachés par la mine, et qui ont roulé de ci, de là, et à travers lesquels il faut marcher pour pénétrer jusqu'aux rues habitées.

Par sa situation sur les limites tracées entre la France et l'Espagne, Fontarabie était placée mieux qu'aucune autre ville pour être témoin des combats qu'Espagnols et Français se livraient souvent sur cette frontière. A diverses reprises, Fontarabie a même joué un rôle assez actif dans ces combats, et l'assaut qu'elle soutint en 1638 est surtout resté célèbre.

A cette époque, le cardinal de Richelieu, ayant résolu de diriger les forces du royaume vers les Pyrénées, crut que l'opération la plus importante était la prise de Fontarabie.

Le P. Pingré était un docte génovéfain dont le nom, vénéré de quelques savants, échappe complétement au sou-II la confia, en conséquence, au prince de Condé et à venir des gens du monde; mais, toujours prêt, comme l'abbé de la Caille, dès qu'il s'agissait d'un calcul géographique à vérifier, d'une observation astronomique à faire, il s'en allait résolument au bout du monde et revenait après quelques mois à sa vieille abbaye, sans exiger aucune récompense, sans songer qu'on pouvait mettre même son nom dans la gazette. En 1772, son beau chronomètre lui fut volé au sortir de l'Académie. Après la perte d'un perroquet qu'il avait rapporté d'Afrique, et auquel il consacra des vers fort passables pour des vers d'astronome, ce vol fut, à coup sûr, ce qui l'affligea le plus durant le cours de ses longues pérégrinations. Il faut être astronome, il faut être le P. Pingré pour terminer ainsi une relation de voyage: « Tel jour nous avons quitté l'Espagne, et nous mettons le pied sur le territoire français. Ainsi nous sommes rentrés en France 1 an 3 mois 18 jours 19 heures 53 1/, minutes après l'avoir quittée. »

FONTARABIE.

Escoubleau de Sourdis, archevêque de Bordeaux, qui devait amener devant la place la flotte française. Ce dernier, ayant défait la flotte espagnole dans la rade de Gattari, se rendit donc à son poste. Mais cette première victoire n'était qu'un augure trompeur; bientôt la mésintelligence, la jalousie de pouvoir entre les chefs, l'incapacité, la faiblesse, et aussi la trahison, firent tourner la fortune contre nos armes. Le duc de la Valette fut celui dont le mauvais vouloir, nous dirons même l'infamie, rendit le plus inévitable l'insuccès de l'armée française; irrité de ce qu'on l'avait forcé de céder de son côté la conduite de l'assaut à l'archevêque, ennemi personnel de d'Épernon, son père, il se retira à la distance d'une lieue, et, de même que son collègue Saint-Simon, il refusa de porter du secours au prince qui lui en envoyait demander. Le soir il défila, sans avoir combattu, avec les fuyards des autres quartiers. Le quartier de Grammont abandonna aussi, sans avoir été attaqué, une redoute qu'on lui avait confiée. Diverses particularités autorisèrent d'ailleurs à croire que les ennemis étaient bien avertis de tout ce qui se passait parmi les assiégeants. Aussi l'amiral de Castille, qui vint le 7 septembre attaquer les ligues des Français pendant qu'ils livraient un assaut, n'eut-il pas beaucoup de peine à les forcer. Deux mille hommes furent tués, cinq ou six cents furent faits prisonniers, et un grand nombre de drapeaux tombèrent au pouvoir de l'ennemi. Dès le lendemain, il n'y avait plus un seul Français sur le territoire de l'Espagne.

La France fut plus heureuse dans une expédition qu'elle tenta en 1719 contre Fontarabie. Le régent ayant, par le traité de la quadruple alliance, déclaré la guerre à l'Espagne, le maréchal de Berwick, chargé du commandement en chef de l'armée, entra immédiatement en cam

Lorsqu'on va de France en Espagne, il est rare qu'on ne visite pas Fontarabie, ou plutôt Fuenterabia, comme disent les Espagnols. On s'arrête à Béhobie, d'où l'on se dirige vers Hendaye. Ce groupe de maisons est le dernier village français de la frontière. Il est situé sur la rive droite de la Bidassoa, dans l'angle qu'elle forme avec la mer, et tout à fait en face de Fontarabie, qui est à l'angle opposé. On sait qu'Hendaye doit une assez grande célébrité à ses eaux-de-vie. Il y a bien longtemps qu'on n'en fait plus dans ce malheureux village; mais enfin la renommée lui reste : c'est tout ce qu'il a conservé du passé. Florissant autrefois, comme Fontarabie, sa rivale et son ennemie, comme elle aussi Hendaye est considéra-pagne. Le 27 mai 1719, il était devant Fontarabie, dont blement déchu. Bombardées en 1794, ses maisons sont il mena le siége avec assez d'habileté pour que la ville cademeurées telles que les a laissées le canon espagnol de pitulat le 16 juin suivant. Fontarabie. Les unes n'ont que la façade, d'autres n'ont plus que le rez-de-chaussée; quelques-unes n'ont qu'un pan de mur, dont les déchirures se dessinent sur l'horizon. Les pierres gisent çà et là recouvertes d'herbe et de fleurs des champs. La nature aime à parer les ruines. Où le canon a fait un trou, dit un poëte, elle met une touffe de fleurs. »

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Des bateaux vous transportent d'Hendaye à Fontarabie. Là vous traversez quelques champs de maïs, et vous vous

(1) Vie de Pascal, par Mme Périer, sa sœur.

Les rives de la Bidassoa virent encore d'autres combats lors de la révolution. Quand on visite la ville, il semble qu'elle vienne d'être emportée d'assaut la veille, et pourtant soixante-huit années se sont écoulées depuis la prise de cette place, brillante action qui commença la gloire du général Lamarque.

Voici le fait tel que l'a raconté Barrère dans la séance de la Convention nationale du 21 thermidor (8 août 1794):

«Le 14 thermidor (31 juillet 1794), Garreau, représentant du peuple, marcha vers Fontarabie avec trois

cents hommes, braves soldats. Lamarque, adjoint à l'étatmajor, capitaine de grenadiers, celui-là même qui est en ce moment à votre barre, porteur des drapeaux espagnols, commandait cette troupe républicaine. Les soldats prennent un poste au-dessus de Fontarabie, après avoir essuyé une décharge à mitraille qui tua trois hommes à côté de Garreau. Celui-ci, maître de la hauteur, fait sommer Fontarabie de se rendre. Lamarque entre dans la ville en qualité de parlementaire, et menace de l'assaut si elle ne se rend dans quelques heures. Le conseil de guerre était assemblé; on délibère, mais le temps s'écoule. Lamarque retourne près de Garreau, qui le renvoie avec une nouvelle sommation. Cette fois, six minutes seulement sont accordées, après lesquelles la ville sera prise et la garnison passée au fil de l'épée.

Il y avait dans la place huit cents Espagnols défendus par cinquante bouches à feu. Mais la peur présidait le conseil de guerre. Le commandant, d'ailleurs, fatigué du bombardement qui avait détruit une partie de la ville, s'est

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rendu prisonnier de guerre, ainsi que la garnison, abandonnant drapeaux, armes, artillerie et munitions. On ne saurait peindre leur étonnement quand ils ont vu qu'ils s'étaient rendus à trois cents républicains. Ils croyaient avoir affaire à plus forte partie. »>

Depuis cette époque, nos armes ont cessé de troubler Fontarabie, qui n'est plus pour un Français qu'un objet de curiosité, une ruine intéressante et pittoresque.

La grande rue de la ville aboutit à une porte jadis crénelée, et s'élève en suivant une pente assez rapide jusqu'à l'église, derrière laquelle on voit encore le palais qu'habita Jeanne la Folle. Sur ce plan incliné qu'évite l'édilité moderne, les maisons s'étagent avec une variété de lignes vraiment charmante, et qui fait souvenir des villes les plus espagnoles de la Péninsule.

L'église diffère peu des autres églises d'Espagne, c'està-dire que ses chapelles sont ornées de clinquant et de sculptures en bois doré. Quant aux vêtements sacerdotaux, ils sont d'une magnificence peu commune. Mais ce

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- Est-on charitable en ce pays? demandais-je à un ami qui est maire de son village?

Pas autant qu'il le faudrait, me fut-il répondu; en général on ne refuse pas, mais on n'invite pas à demander; or demander est plus difficile que donner. Il y a ici une pauvre jeune femme que la mort d'un mari laborieux a laissée sans ressources; elle est délicate et ne peut travailler à la terre; encore l'été glane-t-elle un peu; mais l'hiver elle en est réduite à coudre presque pour rien des

TOME XXXI.-JANVIER 1863.

chemises de grosse toile, le plus souvent à ne rien faire. Rarement, traquée par la faim et le froid, elle se hasarde dans le village et soulève d'une main timide le loquet des fermes; sa petite fille est avec elle, grelottant sous la bise. On leur coupe un morceau de pain, et elles n'osent pas demander une place dans l'atre; ce pain de l'aumône indifférente est indigeste et dur; les malheureuses le trempent de leurs larmes; elles en partagent la dernière miette avant d'affronter de nouveau la charité refrognée. Lorsque

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nous ajouterons tant de livres pour eux. » Tel est le suprême effort de la charité dans nos campagnes, et jusqu'à présent je n'ai pu rompre encore les barrières étroites de l'égoïsme. Mais je ne désespére pas, et à mesure que l'in

nétrer un demi-jour dans les esprits, ceux que le cœur ne porte pas au dévouement saisissent mieux l'ensemble des nécessités et des lois sociales. On arrive à sentir que les pauvres et les malheureux ont aussi le droit de vivre.

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je fais ma tournée dans la campagne, j'essaye d'adoucir les cœurs; je dis aux jeunes mères : « La pauvrette a une jolie petite fille qui jouerait bien avec les vôtres. » Quelques-unes s'indignent, et je leur tourne le dos; la plupart, intimidées, honteuses de leur répugnance, disent que l'en-struction, gagnant les profondeurs des masses, fait péfant est sauvage et la mère orgueilleuse. « Croyez-moi, toutes deux sont craintives; elles fuient devant la main qui leur montre la porte en leur jetant un morceau de pain; on ne leur laisse pas le temps de dire merci; et les pauvrettes vont se cacher dans leur triste asile, défendues au moins contre le dédain par des murs lézardés et un chaume pourri. Lorsque vous apprivoisez des oiseaux, que d'avances ne leur faites-vous pas? C'est de l'échaudé, du biscuit pour aiguiser leur bec, du plantin que vous cueillez vous-mêmes; ce sont des caresses légères, maternelles, amoureuses; encore s'envoleraient-ils si vous ne preniez soin de leur rogner les ailes. Comment vous étonnez-vous que des êtres humains, doués de raison et de dignité personnelle, soient éloignés par votre réserve et votre froideur! Il faut de la douceur pour apprivoiser les âmes; l'affection d'une mère reconnaissante, le sourire d'un enfant, croyez-moi, valent bien la chanson d'un oiseau. Cette fierté qui vous choque doit au contraire exciter votre zèle; n'est-ce pas le seul bien qui reste à ces femmes, le seul degré qui sépare la misère de l'avilissement? Cette fierté vous permet encore de les traiter en sœurs; si vous la brisez, elles ne seront plus que des mendiantes hébétées et serviles. Mais, pendant qu'il en est temps encore, arrêtezles sur la pente de l'humiliation, portez une part de leur fardeau, de peur qu'elles ne succombent. Plus tard, il vous sera plus difficile, plus répugnant peut-être d'appliquer le tendre précepte: Aimez le prochain comme vous-mêmes; aimez-vous les uns les autres!» Au moment où je crois avoir gagné la cause de mes protégées, le mari survient et dit avec un respect ironique : « M. le maire parle vraiment comme M. le curé. » Et j'ai perdu ma peine. Je m'en vais alors à la chaumière, et je console la mère et l'enfant; la petite sait déjà lire, la mère a obtenu le matin, d'un fermier qui tuait un porc, quelques menus morceaux; elles viennent de manger à leur faim, et leurs joues ont repris couleur. Il y a en elles un charme, et je les aime mieux que toutes les fermières et tous les enfants du pays.

Vous me dites que vous allez de maison en maison, cherchant à convertir les femmes à la charité; mais n'avezvous aucune prise sur les hommes, sur les paysans riches? --- Cela dépend absolument des caractères et des tempéraments. Ceux qui sont d'une nature débonnaire et confiante se montrent charitables pour suivre leur penchant ou mes conseils. Mais la plupart ne comprennent rien à mes raisons; le curé a peut-être plus d'empire, lorsqu'il dit au nom de la foi: «Aimez-vous les uns les autres! »> Cependant quelques-uns saisissent la vérité de ce principe: <«< Faites à autrui ce que vous voudriez qu'on vous fit. »> Seulement ils n'en comprennent que l'utilité pratique; le sens vrai, profond, leur échappe. En vain je leur dirais que la société a pour but la protection mutuelle et la conservation de l'espèce; que la vie humaine est sacrée; qu'un pauvre mort d'inanition accuse l'humanité qui n'a pas su le nourrir; qu'on pèche par omission comme par action et qu'il faut aller au-devant des misères timides. Il n'y a lå pour eux que de belles paroles; la conclusion même leur déplaît. « Nous ne pouvons pourtant, disent-ils, nous déranger pour des vagabonds, des paresseux, des mendiants; nos champs, nos métiers, nos familles nous réclament. Que ceux qui ne gagnent pas leur pain fassent au moins un pas pour l'obtenir; tant que nous aurons un morceau de trop pour nous-mêmes, nous le leur donnerons; nous ferons même plus toutes les fois que nous cuirons le pain,

:

- Certes, ils ont acquis ce droit en naissant. Mais il faut prendre garde aussi qu'à moins d'imbécillité ou de faiblesse avérée, ils ont, s'ils veulent faire valoir leur droit, un devoir à remplir; il faut que l'aumône intelligente n'encourage pas la paresse. Il faut que des certificats de vertus apparentes n'attirent pas sur quelques hypocrites la bienfaisance qui doit surtout favoriser le travail, l'infirmité, la maladie. C'est ainsi que, dans les villes, fourmillent les mendiants de profession qui tendent à la pitié des passants une main pleine de force; c'est ainsi que beaucoup de malheureux bien plus à plaindre gisent dans des trous infects, et, faute de protection, faute de souplesse bien souvent, n'obtiennent pas les secours qu'ils méritent. Cependant, jusqu'au jour où tous les infirmes sans parents et sans ressources seront nourris dans des hôpitaux; où tous les pauvres capables de gagner leur vie trouveront le travail qu'ils réclament ou qu'ils fuient; jusqu'à l'heure où les associations bienfaisantes n'auront qu'un poids et qu'une mesure, il ne peut être que salutaire et honorable de donner à qui demande, certain que l'on est d'obliger un plus malheureux que soi. Soyons donc toujours prêts à faire l'aumône à toute misère, car la société se doit à elle-même d'empêcher, lorsqu'elle le peut, la mort d'un de ses membres, si indigne soit-il de la pitié qu'il sollicite; quoi qu'il puisse arriver, ne craignons pas de rendre service à un ingrat. La charité n'est pas infaillible, mais ses erreurs sincères ne seront jamais cause de repentir ni de remords.

CARTES CÉLESTES (1).

Le ciel nous offre, dans une nuit claire et sans lune, une grande varieté d'astres dont l'éclat est très-inégal, depuis les étoiles de première grandeur jusqu'à celles de sixième ou même de septième grandeur, que les vues privilégiées peuvent distinguer dans les circonstances les plus favorables. Le télescope continue ensuite cette graduation pour les étoiles invisibles à l'œil nu. Comme ces astres gardent entre eux les mêmes positions relatives, on les a groupés d'après des divisions souvent assez bizarres qui ont reçu le nom de constellations. Les noms de ces diverses régions étoilées ne sont pas moins arbitraires que le choix qui a présidé à leur réunion en plusieurs espaces circonscrits. Les noms des personnages, des animaux et autres objets, des figures mythologiques, qui ont été attribués aux diverses constellations, n'ont souvent aucun rapport avec la configuration des astres qui forment le groupe. Mais

(') La suite des articles que nous commençons aujourd'hui sous le titre de Cartes célestes est le complément nécessaire de nos études précédentes sur la construction des observatoires d'amateurs et sur l'emploi des télescopes. Au moyen de douze planches, nous donnerons un tableau du ciel qui facilitera la recherche des astres et mettra tout lecteur un peu attentif à même de lire au firmament, pour ainsi dire, «< comme dans un livre. » Ces douze planches, dessinées par un habile observateur, M. Bullart, paraîtront toutes dans les limites du présent volume. Le texte, rédigé pour notre recueil par M. Babinet, de l'Institut, étant entièrement entre nos mains, il n'y a pas lieu de craindre une de ces interruptions auxquelles nous ne nous résignons jamais

qu'avec peine, lorsqu'elles nous sont imposées par des circonstances plus fortes que notre volonté.

l'antiquité de ces dénominations les rend vénérables, et l'on a la certitude historique que les Égyptiens, les Grecs et les Romains ont contemplé ces constellations au même point de vue que nous. Un grand nombre de beaux vers font allusion au ciel étoilé. Enfin les changements mêmes que les siècles ont amenés dans les relations des saisons avec les diverses étoiles du ciel au milieu desquelles le Soleil se trouve au printemps, dans l'été, à l'automne et dans l'hiver, sont très-importants à noter. Ainsi, les premiers astronomes avaient le printemps quand le Soleil arrivait au milieu des étoiles du Bélier. Maintenant pour la même saison, c'est au milieu de la constellation des Poissons que se trouve l'astre qui donne à la terre la fécondité et la vie.

Il est nécessaire de rappeler que l'on ne peut fixer les planètes, comme les étoiles, sur les cartes célestes, car leur position dans le ciel varie continuellement.

Les planètes suivent à peu près dans le ciel la même route que le Soleil et la Lune, et visitent les mêmes constellations. Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne, sont les seules visibles à l'œil nu. On les distingue des étoiles en ce que celles-ci ne brillent pas d'une lumière calme comme les planètes. Les étoiles scintillent continuellement, surtout quand elles sont près de l'horizon. Comme les planètes peuvent être prises pour des étoiles et fausser l'aspect des constellations zodiacales, il est bon, pour reconnaître les diverses constellations, de partir des étoiles du nord, comme la Grande-Ourse, la Petite-Ourse, Cassiopée, le Dragon, pour marcher ensuite vers d'autres groupes d'astres qui sont à droite, à gauche, en dessus, en dessous des constellations qu'on vient de reconnaître. Ainsi, on cherchera le Lion au-dessous de la Grande-Ourse, le Dragon autour de la Petite-Ourse, et Andromède au-dessous de Cassiopée.

de petits grains tels que ceux des déserts et des grèves de l'Océan.

Enfin le ciel nous offre plusieurs milliers de voies lactées, ou nébuleuses, ou amas d'étoiles, qui, échelonnées l'une derrière l'autre, nous donnent l'idée de l'infini de l'infini. Parmi les auteurs anciens qui ont décrit les constellations, on cite le grec Aratus, traduit en latin par Cicéron et par Germanicus César, et, ce qui est plus honorable encore, commenté par le grand Hipparque. Il y a aussi le poëme latin de Manilius, à peu près tout mythologique. Enfin Hipparque vint et fit un vrai catalogue d'étoiles par constellations. C'est de lui que Pline a dit : « Il osa nombrer les étoiles pour la postérité, chose qui serait même pénible à un Dieu, laissant ainsi le ciel en héritage à tous les mortels. » C'est très-éloquent; mais quand on compare le pauvre millier d'étoiles enregistrées par Hipparque avec les centaines de milliers d'étoiles de nos catalogues modernes, on est bientôt convaincu que la réalité modeste des travaux de nos jours est infiniment au-dessus de ce que préconisait l'emphase poétique de l'écrivain qui le premier appela un ouvrage : l'Histoire de la nature (Histoire naturelle).

Le nombre des constellations est variable suivant les divers auteurs. Plusieurs astronomes, et Lalande entre autres, s'étaient arrogé le droit d'introduire de nouvelles divisions dans le ciel. Ces constellations, faites la plupart du temps aux dépens des petites étoiles perdues entre les grandes constellations anciennes, étaient plutôt la honte. que l'honneur de ceux à qui elles étaient dédiées. Il n'y avait pas jusqu'au chat de Lalande qui n'eût usurpé une place dans le ciel. Les seules constellations nouvelles qui aient survécu sont celles que Lacaille, au milieu du siècle dernier, établit dans le ciel austral après son célèbre voyage, où il enregistra huit mille étoiles invisibles en Europe.

Quand on veut apprendre à reconnaître les étoiles et les appeler par leur nom, il faut commencer par les constellations voisines du pôle; car pour celles qui avoisinent. l'équateur, il arrive souvent qu'une planète telle que Mars,

Parmi tous ces astres innombrables ou soleils, qu'il ne faut donc pas confondre avec les planètes, on observe des étoiles brillantes ou faibles d'éclat, colorées de diverses nuances ou parfaitement blanches, constantes dans leur éclat ou variables suivant des périodes plus ou moins lon-Jupiter, Saturne, vient briller au travers des étoiles équagues, enfin des étoiles temporaires, c'est-à-dire qu'après avoir subitement brillé d'un éclat très-vif dans une région où il n'y avait précédemment aucune étoile, ces derniers astres récemment éclos pour nous s'affaiblissent d'éclat et disparaissent complétement.

Il y a de plus, mais seulement pour le télescope, des étoiles doubles qui paraissent n'en faire qu'une à la vue simple, mais qui se décomposent en deux, trois ou même un plus grand nombre quand la vision est aidée par des moyens artificiels.

Les cartes célestes enregistrent encore les amas d'étoiles plus ou moins rapprochées, les nébuleuses où les étoiles sont tellement serrées qu'elles ne présentent à l'œil et au télescope qu'une petite tache de lueur blanchâtre, comme les diverses parties de la Voie lactée, dont la pâleur diffuse résulte de même d'un immense amas de points lumineux formant une lueur continue par suite de la trop grande proximité des innombrables points lumineux qui la composent.

La Voie lactée, qui ne nous apparaît à Paris que dans les nuits les plus sereines et en se mettant à l'abri des mille lumières artificielles. qui font qu'il n'y a point de nuit pour cette belle capitale, cette Voie lactée qui occupe le ciel tout alentour de nous, doit être considérée comme l'amas innombrable de soleils dont le nôtre fait partie. Cet amas est de forme irrégulière. En compter les étoiles, ce serait épuiser la puissante numération décimale qui, en quelques chiffres, représente le nombre de grains de sable que contiendrait la terre si elle était tout entière un amas

toriales et dérange l'aspect de ces constellations.

Un jour un amateur (pas fort) accourut me dire qu'il venait de découvrir une très-belle étoile tout à fait nouvelle dans la constellation du Lion; il me tira de force de mon cabinet pour me rendre témoin de ce prodige. C'était Mars qui, en effet, était fort brillant. Je lui dis que malheureusement la découverte de cet astre remontait à Adam, c'est-à-dire au premier œil humain qui se fût ouvert pour contempler la voûte céleste.

Remarquons, avant d'entrer dans le détail de nos constellations, que tandis que les voyageurs sont obligés de parcourir la terre et de se déplacer pour en explorer les diverses régions, le mouvemeut de la sphère céleste, qui pousse les astres d'orient en occident, amène sous les yeux d'un observateur assis dans un belvédère les diverses régions du ciel étoilé. Une fatalité irrésistible semble faire surgir de l'orient tous les astres qui, suivant l'expression. d'Homère, servent de couronne au ciel, tandis qu'à l'occident ils disparaissent sous l'horizon. En un mot, la nature complaisante semble dire à l'homme, pour les astres : « Contemple, et contemple sans peine ! »

DESCRIPTION DES PLANCHES.

Nos deux premières planches comprennent la partie du ciel qui avoisine le pôle que nous voyons élevé dans cet hémisphère.

La petite constellation qui porte le no 1 dans la première planche est la Petite-Ourse, constellation ainsi nommée par Thales, et qui comprend sept étoiles à peu près

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