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Les guêpiers (voisins par leur organisation des martinspêcheurs) semblent avoir été créés pour s'opposer à la trop grande propagation des guêpes et des abeilles. La nature, comme pour l'hirondelle et l'engoulevent, a compensé la brièveté de leurs pieds par la longueur de leurs ailes, et les a lancés, dans les contrées chaudes de l'ancien continent, à la poursuite de ces insectes. On les trouve au Sénégal, au cap de Bonne-Espérance, à Madagascar, dans l'Inde, à Java, aux Moluques, aux Philippines.

Une seule espèce, le guêpier commun, habite l'Europe. Belon rapporte qu'il l'a rencontré, dans l'île de Candie, en telle abondance que les enfants s'amusaient à le prendre à la ligne une épingle recourbée, attachée au bout d'un long fil, une cigale embrochée sur l'épingle et qui n'en continuait pas moins à voler, faisaient tous les frais de cette pêche en plein air; l'oiseau fondait sur l'appåt, avalait l'hameçon avec la cigale, et se trouvait pris. Le guepier commun habite aussi l'Italie et le midi de la France,

TOME XXXI. JUIN 1863.

d'où il se répand quelquefois, par troupes de dix à douze individus, dans les pays plus septentrionaux. Buffon a vu l'une de ces bandes en Bourgogne: «Ils se tinrent toujours ensemble et criaient sans cesse, comme pour s'appeler et se répondre; leur cri était éclatant sans être agréable, et avait quelque rapport avec le bruit qui se fait lorsqu'on siffle dans une noix percée; ils le faisaient entendre étant posés et en volant; ils se tenaient de préférence sur les arbres fruitiers qui étaient alors en fleur, et conséquemment fréquentés par les guêpes et les abeilles ; on les voyait souvent s'élancer de dessus leur branche pour saisir cette petite proie ailée. »

Le guêpier commun est un bel oiseau, à peu près de la taille du merle. Il a le dessus du corps d'une couleur marron, plus foncée et nuancée de vert sur la tête, plus pâle sur le dos; les ailes d'un vert olivâtre; la gorge d'un jaune vif avec un demi-collier noir; le devant du cou, la poitrine et le dessous du corps d'un vert bleuâtre qui va toujours

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s'éclaircissant vers la partie postérieure; le bec est noir et les pieds bruns. Il fait son nid à la façon de l'hirondelle de rivage et du martin-pêcheur: avec son bec et ses pieds, il creuse un long canal oblique sur le flanc des coteaux sablonneux où poussent les plantes aromatiques aimées des abeilles, ou bien sur les berges escarpées des rivières, dont il se plaît à parcourir la surface; la femelle dépose ses œufs au fond de ce trou, sur un lit de mousse. Les petits vivent en famille avec leurs parents, jusqu'au moment où ils sont appelés eux-mêmes à se reproduire de là, sans doute, la réputation de piété filiale que les anciens naturalistes ont faite à ces oiseaux.

LA JUSTICE DU BOYAR.

SOUVENIR D'UN VOYAGE EN VALACHIE.

Suite. Voy. p. 179.

Le lendemain matin, un domestique vint me prévenir que son maître m'attendait dans la salle à manger. J'y trouvai mon ami en conférence avec un individu qui s'appuyait sur des béquilles. A sa mine basse, à son air patelin et obséquieux, je devinai que c'était l'intendant. Le boyar me tendit la main et congédia d'un geste ce personnage, qui se retira en entremêlant de profonds soupirs et de gémissements plaintifs ses profonds saluts et ses témoignages d'un respect servile.

Ce méchant diable, dit G... avec une pitié dédaigneuse, ils l'ont arrangé de la belle manière! Ces coquins-là perdent tout sentiment de subordination. Je vais leur donner une leçon dont ils se souviendront. Vous allez voir.

J'allais répliquer et entamer une discussion, quand Mme G... parut, vêtue d'un élégant peignoir blanc garni de riches dentelles et de noeuds de ruban rose; un tissu léger en soie écrue, brodé de paillettes d'or, était négligemment posé sur ses cheveux noirs. Les bouts flottaient sur ses épaules. Je songeai aussitôt à m'en faire une alliée pour obtenir la grâce de ses paysans. Elle devait être sensible et bonne, et certainement mon ami ne pourrait résister à une prière de sa bouche. Je baisai la main qu'elle me présenta, et, m'asseyant près d'elle à table, je cherchai à lui paraître aimable; et quand je la crus bien disposée pour moi, me tournant vivement vers son mari, je lui dis à brûle-pourpoint :

Quelle peine comptez-vous infliger à vos paysans? --Celle du talion, mon cher. N'est-ce pas juste? Je vais faire donner la falangue aux coupables.

La falangue? Qu'est-ce que c'est que cela?
La femme du boyar me répondit avec un gracieux

sourire :

---C'est une punition en usage chez nous on lie le patient sur une table, et on lui administre, sous la plante des pieds, une certaine quantité de coups de bâton, vingt, trente, cent, quelquefois plus, quand la faute est grave.

Cette explication fut donnée si naturellement et avec le ton d'une si parfaite indifférence que j'en demeurai confondu.

Sans doute, Madame, vous n'avez jamais été témoin de ce cruel spectacle?

Comment donc dit en riant le mari; elle s'est donné souvent ce plaisir. En mon absence, c'est elle qui gère le village, et je puis vous assurer qu'elle est plus sévère que moi.

Ma jolie voisine ne démentit point son mari. Elle répondit d'un air satisfait :

Il le faut bien! Chez nous, les femmes ne comptent

pour rien. Si nous voulons qu'on nous obéisse, il faut nous montrer plus inflexibles que les hommes.

--Permettez-moi de ne pas vous croire, Madame; pour vous faire obéir, il vous suffit de rester bonne comme vous l'êtes naturellement. En voulez-vous une preuve? Demandez pour moi à M. votre mari la grâce de ses paysans: il obéira, j'en suis certain.

La jeune femme, moitié flattée, moitié confuse, me tendit la main, et un regard suppliant qu'elle lança à son mari vint au secours de mon éloquence. Le boyar semblait embarrassé.

Un moment! me dit-il; la chose est grave. Si je ne les punis pas, adieu à mon autorité : ils massacreront tous mes intendants, et, plus tard, qui sait s'ils ne s'en prendront pas à moi-même !

Mais avez-vous au moins éclairci la question? Je soupçonne que votre intendant n'a que ce qu'il mérite. Il a la mine d'un franc coquin. Savez-vous de quel còté se trouve le bon droit?

Croyez-vous donc qu'il soit si facile de savoir qui a tort, qui a raison? Vous craignez que je ne punisse des innocents; il n'y en pas. Mon intendant les vole et me vole moi-même, je le sais bien; mais les paysans m'ont manqué en le frappant. Ce sont eux que je dois punir les premiers. Vous ne savez pas comme ces drôles-là sont hypocrites et rusés. Ils vont être ici dans une heure. Venez avec moi; vous verrez comme ils se défendront.

-Je vous préviens que je ne tiens nullement à voir donner la bastonnade. Si vous êtes dans l'intention de l'ordonner, prêtez-moi votre fusil; j'irai, pendant ce tempslà, courir vos lièvres.

-Coeur de poule! dit le boyar en éclatant de rire. Restez; pour vous plaire, je leur pardonnerai. Vous me faites commettre une imprudence.

J'avais gagné ma cause, grâce à l'intervention muette de Mme G... Elle se leva et vint embrasser son mari. Elle se chargeait ainsi de mes remercîments. Il ne me restait plus qu'à me taire et qu'à attendre. Comment le boyar allait-il s'y prendre pour me tenir sa promesse sans risquer d'ébranler son autorité? Je l'ignorais.

Un rez-de-chaussée élevé de quelques pieds au-dessus du sol, devant la façade principale une sorte de péristyle étroit, une cour commune aux maîtres et à toute espèce d'animaux domestiques, tel est le plan de la plupart des maisons de boyars. De loin, on dirait de l'architecture; de près, c'est un grossier maçonnage qui n'est ni régulier ni solide. Les colonnes supportant la galerie sont en bois recouvert de terre glaise blanchie à la chaux. Les architectes du pays, juifs ou allemands, y prodiguent des enjolivements qui rappellent de loin le style corinthien. La pluie y cause souvent des dégâts désastreux; une corniche se détache, une grande plaque de terre se détrempe, s'éboule, laissant à nu une partie de l'arbre grossièrement équarri qui forme le fût de la colonne. Pour quelques piastres, le maçon fait un nouveau chef-d'œuvre, et tout est dit. C'est du haut d'une galerie de ce genre que mon ami le boyar prononce ses sentences sans appel.

Une heure s'était à peine écoulée que nous entendimes un murmure confus de voix d'hommes et de cris d'animaux. Un domestique vint prévenir monseigneur que ses paysans l'attendaient dans la cour.

C'est bon, répondit-il, qu'ils attendent.

Et il continua de fumer tranquillement son tchibouk, tout en avalant, de temps en temps, une gorgée de café turc. Quand il eut savouré à loisir toutes les douceurs qui sont le complément d'un excellent déjeuner, il se leva et m'invita à le suivre.

Le spectacle qui m'attendait avait, du moins, pour moi

l'attrait de la nouveauté. Les paysans, la tête nue et revêtus de leurs habits du dimanche, étaient rangés devant la galerie. Aussitôt que le maître parut, tous se prosternèrent en lui souhaitant toutes sortes de bénédictions, en apparence très-sincères : « Monseigneur, que Dieu vous garde en bonne santé ; qu'il vous donne tout le bonheur que vous méritez; et encore plus de richesses;

qu'il vous envoie des honneurs qu'il vous fasse voda (1). » Un vieillard se lève et s'approche lentement jusqu'au pied du balcon; c'est le même qui m'a tant ému la veille. Ses cheveux blancs se confondent presque avec la blanche toison d'un bel agneau qu'il porte sur son cou, les quatre pattes ramenées sous son menton.

---Que Monseigneur accepte le plus beau de mes agneaux; je l'ai élevé pour Monseigneur.

Bien, répond froidement le boyar. Mets-le ici. Le bonhomme se retire, un autre lui succède. Celui-ci est sans doute un de ceux que le seigneur autorise à chasser, car il tient à la main un lièvre superbe.

Je me suis levé avant le jour, afin que Monseigneur puisse le manger à son diner, dit-il d'un ton respectueux, au fond duquel perce pourtant une certaine indépendance.

Toi aussi, Joan, lui dit le boyar, tu es mêlé là-dedans? Mauvaise affaire !

Le chasseur dépose son présent et se retire l'oreille basse, ce qui ne l'empêche pas de lancer un regard rempli de malice à l'intendant appuyé sur ses béquilles et jouant à merveille le moribond.

Un troisième paysan présente des poulets; un quatrième, des œufs; un autre, des légumes. Chacun donne ce qu'il a. C'est un pêle-mêle bizarre: on nous prendrait pour des marchands de comestibles dans l'exercice de leurs fonctions. Ah! maintenant, c'est fini. Les paysans, serrés les uns contre les autres, attendent que monseigneur daigne leur faire connaître ses intentions.

Le boyar prend un air magistral, et, passant sa main blanche dans le devant de son gilet, il leur tient à peu près ce langage:

- Marauds, vauriens, c'est donc ainsi que vous res pectez l'autorité de votre seigneur! Qui est votre maître. ici?

Les paysans s'inclinent.

Vous, Monseigneur.

· Bine (bien). Qui m'a mis au-dessus de vous? Ils se signent pieusement.

-Dieu, Monseigneur.

Bine. Si c'est Dieu qui m'a mis au-dessus de vous, et personne n'en doit douter, vous devez donc m'obéir comme à lui-même. (Signes d'approbation de la part des paysans.) Puisque Dieu m'a donné autorité sur vous, ne puis-je, à son exemple, me décharger sur un autre du soin de vous commander?

Les malheureux, qui sentent arriver la conclusion, n'approuvent plus que faiblement; mais le boyar n'y prend pas garde. Il reprend :

J'ai le droit de remettre mon autorité aux mains de qui bon me semble; vous devez à mon représentant l'obéissance et le respect que vous me devez à moi-même, qui suis le représentant de Dieu parmi vous. Donc, en le battant, c'est moi que vous avez battu.

- Parbleu, dis-je à G... à voix basse, dites alors à votre intendant de vous passer ses béquilles!

Chut! ce n'est pas le moment de plaisanter. Et s'adressant de nouveau à ses paysans:

- Quelle punition mérite votre erime? Vous avez trois

() Voda, prince régnant.

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juges parmi vous. Qu'ils prononcent suivant leur conscience.

Trois des plus anciens sortent du groupe et s'avancent jusqu'au pied de la balustrade. L'un d'eux est l'orateur de la veille.

Grégori, dit le boyar à son intendant, approche. Grégori, subitement interpellé, oublie de se servir de ses béquilles. Il ne se souvient qu'il est estropié qu'en arrivant devant son maître. Alors il recommence ses contorsions et ses plaintes.

- Que méritent ceux qui l'ont mis dans cet état? demande le boyar.

Dès qu'on interroge trois hommes sur le même sujet, on peut s'attendre à trois avis différents.

Le premier juge, celui qui a offert au boyar un bel agneau blanc, penche du côté de l'indulgence. Selon lui, il n'y a point eu grand mal à donner au seigneur vatave une leçon méritée, puisque lui-même avait manqué à son devoir et dépassé la limite de ses droits. Il finit en demandant la grâce des coupables. Le discours du vieillard me parait sensé; son attitude, en le prononçant, est digne, simple et respectueuse: il a décidément toutes mes sympathies.

Le second juge, d'une physionomic infiniment moins franche, et désirant sans doute faire sa cour au boyar, se prononce pour la prison.

Le troisième paraît être dans une grande perplexité. Dans son regard, qui va du boyard à l'intendant et de l'intendant au boyar, je lis clairement cette pensée : « Domnou Grégori peut fort bien conserver ses fonctions. En parlant pour lui, je m'en fais un ami; mais si, au contraire, monseigneur le chasse... » Un hochement de tête du paysan m'avertit qu'il vient de prendre son parti,

Monseigneur est le maître, dit-il; il peut faire grâce aux coupables, si tel est son bon plaisir; mais, en bonne justice, ils méritent la bastonnade.

Un murmure s'élève dans le groupe des paysans. Alors le boyar, se tournant vers moi:

-C'est assurément le plus honnête des trois, qu'en dites-vous?

- C'est le plus lâche. Et prenez-y garde! si vos paysans se soulevaient contre vous, ce serait peut-être le plus dangereux.

Mon ami haussa les épaules,

Vous êtes incorrigible. Promenons-nous un instant. Je veux vous prouver que nous n'avons rien à craindre. Et le jugement?

Ils l'attendront.

-C'est cruel. Puisque vous êtes décidé à pardonner, annoncez-leur tout de suite cette bonne nouvelle et renvoyez-les.

Non pas. Vous voulez que je les dispense de la bastonnade, j'y consens; mais laissez-moi, au moins, leur faire peur. Il ne faut pas qu'ils en soient quittes à si bon marché; ils recommenceraient demain. Non, vous ne connaissez pas ces gens-là. Je vous répète qu'on ne les maintient que par la crainte et par les coups: ce sont là les seules raisons qu'ils comprennent.

La fin à la prochaine livraison.

SUR LE MIRAGE.

Voy. la Table des vingt premières années.

Pour qu'un objet soit reproduit par le mirage, il faut que son existence soit réelle au delà et à portée du lieu où il se produit. Dans la circonstance extrêmement rare, au milieu des déserts, où cet objet ne se trouverait pas en

vue directe du spectateur, il faut qu'il ne soit pas à une distance qui le mette hors de portée de vue, sans quoi l'image, ordinairement affaiblie et souvent défigurée par la réfraction, serait de même inappréciable à l'œil. Aussi les mirages plus ou moins étonnants que l'on observe hors de ces conditions ne sont que des reproductions plus ou moins défigurées d'objets réellement réfléchis.

L'effet de mirage le plus ordinairement reproduit au milieu des déserts consiste dans la teinte du ciel que réfléchissent les couches d'air dilatées inégalement sur certaines parties de la surface du globe: elles ressemblent à de l'eau, par cela seul que, comme une surface liquide, ces couches d'air réfléchissent le ciel. Cependant cette similitude n'est pas parfaite en tout point; les contours d'une surface liquide sont fixes et nettement dessinés, tandis que ceux du mirage gazeux sont moins nets et ont presque toujours une certaine mobilité, une espèce d'oscillation qui vient de ce que l'air n'est jamais d'un calme parfait. Cet effet de mirage se produit dans trois circonstances principales: Ou bien la surface réfléchissante se trouve isolée sur les plages de sable; elle ressemble, par conséquent, à un lac ou à une mare d'eau. Ou l'effet de mirage se produit à l'horizon et se lie avec le ciel, et il n'en résulte d'autre effet que celui de faire paraître l'horizon plus bas qu'il n'est réellement. Enfin le troisième mirage de cette sorte, qui se prête à des illusions très-diverses, est celui dans lequel l'effet, se trouvant un peu au-dessous de l'horizon, ne touche le ciel que par certains points, les plus bas de la ligne d'horizon. Alors il suffit quelquefois que le spectateur se baisse ou se redresse pour que le contact ait ou n'ait pas lieu; mais, quand il a lieu, il ne se produit pas par une jonction d'abord peu sensible, comme on pourrait le croire: malgré une ligne de séparation assez appréciable, il se produit spontanément sur une certaine largeur, et le ciel et son image réfléchie se marient par des contours arrondis. Je ne saurais mieux comparer l'effet de ce contact qu'à celui de deux cuillerées d'eau qui, étant versées parallèlement sur une table, viendraient peu à peu à se joindre leur contact, au lieu de commencer d'abord par un point imperceptible, s'accomplit spontanément sur une certaine largeur, et cette jonction produit des contours semblables à ceux dont je viens de parler, bien que la cause physique de ces effets soit différente.

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des objets mêmes. Ainsi, l'un des effets de ce genre les plus remarquables que j'aie vus, c'est le mirage d'un rang de palmiers-doums qui s'est réfléchi sur quatre et cinq rangs en avant les uns des autres. Il produisait l'aspect d'un quinconce: cependant, avec un peu d'attention, on remarquait que les rangs inférieurs, qui auraient dù paraître plus gros et plus nettement dessinés s'ils eussent été réels et en avant des autres, paraissaient, au contraire, d'une forme plus vague et de même grosseur que les plus éloignés, c'est-à-dire les plus élevés.

Dans ce même endroit, on voyait aussi des réflexions du ciel, quoique l'horizon fùt borné par des montagnes. Pour que le mirage ait lieu dans cette circonstance, il faut que les couches d'air jouissent d'une grande puissance de réfraction, et cela arrive quand une brise fraîche, autant qu'elle peut l'être sous un soleil brûlant, s'arrête ou se calme sur un sol fortement échauffé. Alors il dilate vivement les couches inférieures, et leur donne une puissance de réfraction qui arrive à réfléchir les rayons lumineux sous un angle plus prononcé. Il est d'autres conditions qui favorisent encore le mirage: par exemple, si, entre le spectateur et l'objet réfléchi, le sol présente un affaissement ou une concavité, alors un rayon lumineux partant de l'objet pour atteindre le bord de cette concavité peut subir une série de réfractions qui lui font décrire une courbure rapprochée de celle du sol. Dans ce cas, cette longue suite de réfractions, en s'accumulant sur le développement de la courbure, finit par réfléchir ce rayon lumineux dans une direction fortement déviée. Il résulte de là, et c'est ce qui a lieu en réalité, que le plus grand nombre des effets de mirage semble se produire uniquement sur les parties de ces concavités les plus voisines de l'observateur. Maintenant on comprendra facilement que si, devant un spectateur, il se présente plusieurs dépressions ou concavités sur le sol, chacune de ces dépressions peut produire séparément un effet de mirage. C'est ce qui paraît avoir lieu dans beaucoup de circonstances, quand le même objet est reproduit plusieurs fois ou que les réflexions du ciel se multiplient les unes devant les autres. (')

LA LIONEDDE.

La lionedde est un instrument de musique en usage dans l'île de Sardaigne, et qui se compose de trois tubes en roseau percés de trous, que l'on embouche tous trois ensemble. Les joues du musicien tiennent lieu du soufflet de la cornemuse. Le plus court des trois tubes fait le soprano, le moyen le ténor et le plus long la basse.

Les effets de mirage sont plus ou moins compliqués : tantôt on voit à l'horizon une suite de contacts du ciel avec son image réfléchie; ils ne laissent entre eux que quelques points visibles dont les formes, plus ou moins fantasmagoriques, se prêtent à bien des illusions. Ces taches, dont la couleur est peu appréciable dans le lointain, sont pour un voyageur des rochers, pour un autre des arbres ou un paysage, pour un troisième des îles verdoyantes, etc. Quant à l'aspect verdoyant, il est probable que le grand désir qu'a le voyageur de jouir d'une verdure dont il est privé dans le désert contribue autant que l'éloignement à lui faire attribuer cette couleur aux figures vaporeuses qu'il aperçoit, surtout quand elles lui paraissent affecter des formes de végétaux. D'autres encore voient dans le contact du ciel avec son image réfléchie l'entrée d'un port de mer, et dans les points visibles de l'horizon des vaisseaux à l'ancre LE CONFESSIONNAL DE L'ÉGLISE SAINT-PAUL,

ou à la voile. Il est aussi question, dans je ne sais plus quelle relation, de chameaux en mouvement sur des quais; mais je pense que des taches, oscillantes peut-être, qui ont été prises pour des chameaux en Nubie ou en Arabie, auraient pu être prises pour des éléphants au Soudan ou pour des gondoles à Venise.

Quant aux effets de mirage qui reproduisent les objets réels et non défigurés, ceux-là sont moins équivoques; mais ils se produisent toujours en avant ou à proximité

Les dernières paroles du cardinal Wolsey furent, diton, celles-ci:

« Ah! si j'avais servi Dieu comme j'ai servi mon roi, je serais plus tranquille. »

A ANVERS.

Cette belle œuvre de sculpture en bois, qui orne l'église Saint-Paul, à Anvers, a été longtemps attribuée à Quellin. Mais, d'après des recherches faites récemment dans les archives de l'église Saint-Paul même, on paraît incliner å croire que le véritable auteur a dû être Guillaume Kerricx,

(') P. Tremaux, Voyage en Éthiopie, au Soudan oriental et dans la Nigritie, t. Ier.

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né à Termonde en 1652, et mort, à Anvers en 1719. Cet artiste avait été, en 1692, prince de la Société Violieren

(chambre de rhétorique de la Violette, dépendante de la corporation de Saint-Luc, célèbre confrérie de peintres).

Sculpture en bois. - Le Confessionnal de l'église Saint-Paul. à Anvers. - Dessin de II. Clerget.

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