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Quand on aura acquis de la hardiesse à ce premier exercice, on tentera, au lieu de marcher, à se pousser sur les deux pieds en même temps, les pointes en dedans pour prendre élan, et tout en se glissant l'on ramènera les ta

ler en arrière, qui conduisent à toutes les autres, on pourra étudier le pas de dehors en arrière.

:

Pour ce dernier pas, il faut glisser avec courage en arrière sur les deux jambes, la tête tournée sur l'épaule du côté où l'on veut aller ainsi l'élan pris, la tête par exemple à droite, on jette son pied gauche avec force derrière soi. Au même moment le corps s'abandonne sur la carre du patin du côté droit, les genoux tendus, les deux bras ouverts, les mains de même. Puis, la tête, qui était à droite en prenant l'élan, doit se tourner subitement à gauche, les yeux portés en avant du chemin que l'on doit parcourir, pour éviter tout danger.

Il faut avoir soin, quand on veut continuer les dehors en arrière, comme quand on les multiplie en avant, de ne pas attendre que l'élan soit sans vigueur pour le reprendre sur l'autre jambe.

Le dedans en arrière est le moins aisé et le plus circonscrit des quatre principaux pas, soit que cela vienne de la difficulté de lui donner un grand élan, ou de celle de garder longtemps sur la carre un équilibre gracieux.

On peut prendre élan, pour former un dedans en arrière, de la même façon que pour faire un dehors de ce côté.

Les patineurs en 1813. Le pas de dehors en avant.

lons l'un vers l'autre ; ensuite, au moment où ils seront prêts à se toucher, on les écartera de nouveau pour recommencer encore, de manière à former toujours des espèces d'ovales enfilés en chapelet.

Après de longs exercices pour se perfectionner dans ce pas, et dès qu'on y aura saisi un certain aplomb, il faudra essayer d'aller sur un pied par le moyen du même élan;

Dehors en arrière.

ce qui est assez facile en portant le corps avec précaution sur une jambe, l'autre levée derrière.

Une fois familiarisé avec ces deux ou trois façons d'al

Révérence en ligne directe.

Ainsi, en supposant que l'on veuille l'exécuter sur la jambe droite (celle que j'ai toujours adoptée jusqu'à présent pour démontrer un pas), l'on portera son corps en arrière sur les deux jambes, en s'y poussant vivement; et quand on se sentira assez d'élan, on lèvera la gauche, en se laissant glisser sur l'autre, les pieds et les cuisses écartés à l'ordinaire, le haut du corps porté sur la jambe qui glisse, et penché en avant, les bras tendus, les mains toujours

ouvertes.

Lorsque l'on veut se reprendre sur l'autre jambe, on la passe derrière après s'en être servi pour se donner élan ; ensuite on s'y pose de même en situation.

On peut encore se servir de la révérence pour se placer sur l'attitude de dedans; ainsi, après avoir fait la révérence à gauche, on portera son corps sur le pied droit.

Les règles qui précèdent ne doivent être considérées, en réalité, que comme des indications propres à donner une idée générale de l'art de patiner. Quoique, si elles sont bien observées, elles puissent suffire à la rigueur pour enhardir les essais, elles ne peuvent tenir lieu cependant de l'exemple et des leçons pratiques d'un patineur exercé.

Si, en patinant, on veut déployer de la grâce, il y a beaucoup d'étude à faire pour la pose des bras, qu'on peut tenir, soit toujours fixés, sans variations, sur une partie de son corps (par exemple croisés sur la poitrine, ou derrière le dos, ou les mains dans les poches, etc.), soit associés aux divers mouvements du corps avec abandon.

Les mains doivent presque toujours rester ouvertes.

Il faut éviter, autant que possible, de porter des vêtements trop flottants et qui pourraient nuire à l'aplomb du corps.

Ce serait entrer ici trop avant dans les finesses de l'art de patiner que d'enseigner les pirouettes, les crochets ni les mille pas composés auxquels se complaisaient les anciens patineurs émérites, tels que la Révérence, le Pas de huit, la Renommée, le Dehors croisé, le Manége, le Manége supposé, les Olivettes, la Bouline hollandaise, le Saut de Zéphyre, le Pas d'Apollon, le Courtisan, le beau Narcisse, le Lourdeau, la Nymphe, le Postillon embourbé, le Roi de Rome, l'Ecrevisse, l'Adonis, le Pas débité,

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Le pas d'Apollon.

l'Anglaise, la Vénus, la Chinoise, le Pas chéri, la Couleuvre, la Valse, le Rétif, le Casse-Cou, la Navette, le Pas de chasse, les Tourtereaux, la Guirlande, la Guirlande croisée, etc.

au

Qui voudra s'initier à toutes ces figures pourra les étudier dans un petit livre assez rare imprimé en 1813, et qui se vendait alors chez son auteur, Jean Garcin, troisième étage de la maison n° 74 de la rue Saint-Andrédes-Arts (1). C'est à cet ouvrage que nous avons emprunté les conseils qui précèdent et les gravures ci-jointes, où sont représentés les costumes et quelques poses des patineurs émérites sous l'empire. M. J. Garcin avait dédié son ouvrage à Mile Gosselin aînée, première danseuse de

(") « Le Vrai patineur, ou Principes de l'art de patiner avec grâce, » précédé de réflexions et de remarques critiques sur la manière de » quelques patineurs inélégants, ainsi que sur les différentes formes » de patins, le choix que l'on doit en faire, et les variations dont cette » chaussure est susceptible; le tout orné de gravures représentant les » principales attitudes du patineur. >>

La Glacière en 1813 (').

était moins indifférent qu'on ne l'est aujourd'hui à l'art de patiner. M. Garcin, du moins, affirme lui-même, dans

(') La Glacière était un joli vallon, situé à proximité des anciennes barrières Saint-Jacques et d'Italie; il dépendait du Petit-Gentilly. La

Quand on aura acquis de la hardiesse à ce premier exercice, on tentera, au lieu de marcher, à se pousser sur les deux pieds en même temps, les pointes en dedans pour prendre élan, et tout en se glissant l'on ramènera les ta

ler en arrière, qui conduisent à toutes les autres, on pourra étudier le pas de dehors en arrière.

Pour ce dernier pas, il faut glisser avec courage en arrière sur les deux jambes, la tête tournée sur l'épaule du côté où l'on veut aller : ainsi l'élan pris, la tête par exemple à droite, on jette son pied gauche avec force derrière soi. Au même moment le corps s'abandonne sur la carre du patin du côté droit, les genoux tendus, les deux bras ouverts, les mains de même. Puis, la tête, qui était à droite en prenant l'élan, doit se tourner subitement à gauche, les yeux portés en avant du chemin que l'on doit parcourir, pour éviter tout danger.

Il faut avoir soin, quand on veut continuer les dehors en arrière, comme quand on les multiplie en avant, de ne pas attendre que l'élan soit sans vigueur pour le reprendre sur l'autre jambe.

Le dedans en arrière est le moins aisé et le plus circonscrit des quatre principaux pas, soit que cela vienne de la difficulté de lui donner un grand élan, ou de celle de garder longtemps sur la carre un équilibre gracieux. On peut prendre élan, pour former un dedans en arrière, de la même façon que pour faire un dehors de ce côté.

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ce qui est assez facile en portant le corps avec précaution bien observées, elles puissent suffire à la rigueur pour sur une jambe, l'autre levée derrière.

enhardir les essais, elles ne peuvent tenir lieu cependant de

Une fois familiarisé avec ces deux ou trois façons d'al- l'exemple et des leçons pratiques d'un patineur exercé.

Si, en patinant, on veut déployer de la grâce, il y a beaucoup d'étude à faire pour la pose des bras, qu'on peut tenir, soit toujours fixés, sans variations, sur une partie de son corps (par exemple croisés sur la poitrine, ou derrière le dos, ou les mains dans les poches, etc.), soit associés aux divers mouvements du corps avec abandon.

Les mains doivent presque toujours rester ouvertes.

Il faut éviter, autant que possible, de porter des vêtements trop flottants et qui pourraient nuire à l'aplomb du

corps.

Ce serait entrer ici trop avant dans les finesses de l'art de patiner que d'enseigner les pirouettes, les crochets ni les mille pas composés auxquels se complaisaient les anciens patineurs émérites, tels que la Révérence, le Pas de huit, la Renommée, le Dehors croisé, le Manége, le Manége supposé, les Olivettes, la Bouline hollandaise, le Saut de Zéphyre, le Pas d'Apollon, le Courtisan, le beau Narcisse, le Lourdeau, la Nymphe, le Postillon embourbé, le Roi de Rome, l'Ecrevisse, l'Adonis, le Pas débité,

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Le pas d'Apollon.

l'Anglaise, la Vénus, la Chinoise, le Pas chéri, la Couleuvre, la Valse, le Rétif, le Casse-Cou, la Navette, le Pas de chasse, les Tourtereaux, la Guirlande, la Guirlande croisée, etc.

Qui voudra s'initier à toutes ces figures pourra les étudier dans un petit livre assez rare imprimé en 1813, et qui se vendait alors chez son auteur, Jean Garcin, au troisième étage de la maison no 74 de la rue Saint-Andrédes-Arts ('). C'est à cet ouvrage que nous avons emprunté les conseils qui précèdent et les gravures ci-jointes, où sont représentés les costumes et quelques poses des patineurs émérites sous l'empire. M. J. Garcin avait dédié son ouvrage à Mile Gosselin aînée, première danseuse de

(1)« Le Vrai patineur, ou Principes de l'art de patiner avec grâce, » précédé de réflexions et de remarques critiques sur la manière de » quelques patineurs inélégants, ainsi que sur les différentes formes

» de patins, le choix que l'on doit en faire, et les variations dont cette » chaussure est susceptible; le tout orné de gravures représentant les » principales attitudes du patineur. >>

La Glacière en 1813 (').

était moins indifférent qu'on ne l'est aujourd'hui à l'art de patiner. M. Garcin, du moins, affirme lui-même, dans

(') La Glacière était un joli vallon, situé à proximité des anciennes barrières Saint-Jacques et d'Italie; il dépendait du Petit-Gentilly. La

son avant-propos, que quoique Paris soit situé dans un climat qui permet peu de patiner souvent, c'est la ville du monde où les patineurs ont la meilleure grâce.

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Beaucoup de personnes, il est vrai, surtout celles » du Nord, imaginent que courir, aller vite, ou faire de » longues courses sur la glace, c'est savoir bien patiner; >> il est bon de leur apprendre qu'ici nous ne faisons pas » grand cas de ce savoir; que même nous ne donnons pas » le titre de patineur à ceux qui n'ont d'autre talent que » celui-là, qui d'ailleurs peut s'acquérir en peu de temps, » et que nous abandonnons aux laitières et marchandes de » nos provinces septentrionales. »

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» des allées de glisseurs prolongées en double et triple. »rang; enfin, un peuple de quarante à cinquante mille ames >> occupant ou entourant ce joyeux rendez-vous d'hiver. » L'ouvrage de M. Garcin se termine par quelques observations, les unes curieuses, les autres utiles. Il nie que jamais patineur ait jamais écrit, d'un seul élan et d'une seule course, son nom sur la glace. Un nom, ne fût-il que de deux lettres, il faudrait au moins deux élans, et l'on ne peut reprendre le second élan sans poser le pied qui n'a pas tracé la première lettre. Il invite les patineurs à toujours regarder un peu au loin dans la direction où ils se dirigent, et le plus vivement ou le plus rapidement possible à leurs pieds; - å ne pas faire de pas qui exigent un grand élan, s'ils ne sont pas en ligne directe et presque dépourvus de carre, quand il y a beaucoup de personnes avec eux sur la glace; -à n'aller patiner que lorsque le thermomètre a baissé constamment de deux degrés au-dessous de zéro pendant deux jours consécutifs. Il ajoute cet avis:

Si l'on tombe dans un trou et que l'on ait au plus de l'eau jusqu'à la ceinture, il est imprudent, pour s'en retirer, de poser les mains et les pieds sur les bords. Il faut, à l'aide d'un élan, appuyer ses mains le plus loin possible, puis les chasser légèrement par les genoux qui les remplacent et ne doivent même servir qu'à augmenter l'impulsion nécessaire pour se jeter à plat ventre hors d'embarras, les bras et les jambes écartés. On se traîne ainsi assez loin pour se relever sans avoir besoin de se-cours.

AMOUR DE PASCAL POUR LA PAUVRETÉ.

Il avait un amour si grand pour la pauvreté, qu'elle lui était toujours présente; de sorte que dès qu'il voulait en

M. Garcin donne ensuite, dans un style aujourd'hui hors de mode, un tableau animé de ce qu'étaient, vers 1813, les réunions du canal ou fossé de l'Arsenal, « où les hom» mes de toutes les classes et distinctions, entremêlés et » pour ainsi dire confondus sans déguisements, luttent » ensemble d'agilité, de force et de talent; où l'on voit >> l'illustre comte se précipiter au pied de son valet de >> chambre, qui, très-empressé à le relever, y réussit as>> sez comiquement, si toutefois il ne lui fait pas répéter » sa chute en tombant lui-même sur son maître; où l'é» légant myope, un peu transi de froid, la lorgnette à la >> main, voit, sans s'y attendre, une partie de son frac >> en lambeaux et emporté au bout du patin du mauvais » apprenti qui l'a si bien équipé : ici, c'est un gros réjoui » qui, au moment d'une forte gaieté, reçoit un coup de » bambou du patineur qui s'en servait pour rattraper l'équilibre, et qu'il ne retrouve pourtant que lorsque, » tombé à plat, il voit voler son balancier loin de lui, » bondissant encore sur la tête des joyeux spectateurs ; » là, c'est un traîneau aux flancs larges et massifs qui, poussé par vingt bruyants forcenés, renverse ou froisse » vivement dans sa course indomptable tout ce qu'il ren-treprendre quelque chose, ou que quelqu'un lui demandait » contre partout on entrevoit la famille nombreuse des >> humbles sellettes, armée de deux picots ferrés, circu>> lant dans la foule et harcelant de toutes parts, ou in» quiétant l'aimable patineur au gilet rouge: enfin, sans » détailler les chars à la Panurge, les cygnes aux ailes argentées, les gondoles légères, le crocodile à gueule » béante, et tous les monstres épouvantables qui con» trastent souvent si bien avec les beautés qui les guident, >> l'on voit encore cette scène varier dans l'horizon par » des tentes et des abris de toutes couleurs qui s'y dé» ploient galamment; des groupes de marchands ambu>> lants; des monceaux de neige plaisamment couronnés; Bièvre s'y promène en plusieurs bras. L'hiver, au moyen d'une vanne, on inondait les prairies. L'eau, y étant peu profonde, gelait facilement et formait de vastes étendues de glace qui était recueillie et conservée dans une glacière pour la consommation de Paris. Ces plaines de glace furent longtemps le principal rendez-vous des patineurs parisiens; on n'avait guère à y redouter qu'un bain de pieds un peu froid. Plus tard, des habitations ont envahi une partie du vallon et ont constitué un village appelé la Glacière; les prairies ont été coupées par des murs de clôture. On y recueille encore de la glace; mais les patineurs élégants se portent maintenant aux étangs artificiels du bois de Boulogne, pompeusement décorés du nom de lacs.

D

conseil, la première pensée qui lui venait en l'esprit, c'était de voir si la pauvreté pouvait être pratiquée. Une des choses sur lesquelles il s'examinait le plus, c'était cette fantaisie de vouloir exceller en tout, comme de se servir en toutes choses des meilleurs ouvriers, et autres choses semblables. Il ne pouvait encore souffrir qu'on cherchât avec soin toutes ses commodités, comme d'avoir toutes choses près de soi... et mille autres choses qu'on fait sans scrupule, parce qu'on ne croit pas qu'il y ait du mal. Mais il n'en jugeait pas de même, et nous disait qu'il n'y avait rien de si capable d'éteindre l'esprit de pauvreté comme cette recherche curieuse de ses commodités, de cette bienséance qui porte à vouloir toujours avoir du meilleur et du mieux fait; et il nous disait que, pour les ouvriers, il fallait toujours choisir les plus pauvres et les plus gens de bien, et non pas cette excellence qui n'est jamais nécessaire, et qui ne saurait jamais être utile... Cet amour qu'il avait pour la pauvreté le portait à aimer les pauvres avec tant de tendresse qu'il n'a jamais pu refuser l'aumône, quoiqu'il n'en fit que de son nécessaire, ayant peu de bien, et étant obligé de faire une dépense qui excédait son revenu, à cause de ses infirmités. Mais lorsqu'on lui voulait représenter cela, quand il faisait quelque aumône considérable, il se fàchait et disait : « J'ai remarqué une chose, que quelque pauvre qu'on soit, on laisse toujours quelque chose en mourant. » Ainsi il fermait la bouche... Il m'exhortait avec grand soin à me consacrer au service des pauvres, et à y porter mes enfants. Et quand je lui disais que je craignais que cela ne me divertît du soin de ma famille, il me disait que ce n'était que manque de bonne volonté, et que comme il y a divers senal et de la Bastille, qui avait été destiné à devenir et est effective- degrés dans cette vertu, on peut bien la pratiquer en

Le village de la Glacière, compris en 1840 dans l'enceinte fortifiée, a été, en 1860, annexé à Paris; il fait partie du treizième arrondissement, où il constitue le quartier de la Maison-Blanche. La Gare est un bassin rectangulaire formé par une dérivation de la Seine, avec laquelle il communique au moyen d'un canal décrivant une courbe. Cette gare, établie en 1769, devait avoir plus d'étendue. Les travaux furent arrêtés par le refus que fit le Parlement d'enregistrer les lettres patentes qui les avaient ordonnés. On la nomme actuellement gare Trioson. La gare a donné son nom au quai où elle

est située, et à un village qui s'est créé autour de la gare et le long du quai; village et quai sout, depuis 1860, compris dans le treizième arrondissement de Paris, quartier de la Gare.

Le canal, aujourd'hui gare de l'Arsenal, est l'ancien fossé de l'Ar

ment devenu le bassin inférieur par lequel le canal Saint-Martin communique avec la Seine.

sorte que cela ne nuise pas aux affaires domestiques... Il nous disait encore que la fréquentation des pauvres est

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