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Je n'ai pas pêché les poissons typiques. Je n'ai pas arrêté l'eau courante. Je n'ai pas séparé l'eau de son courant. Je n'ai pas éteint la lumière à son heure. Je n'ai pas enlevé aux dieux leurs offrandes. Je n'ai nui à la manifestation d'aucun dieu. Je suis par! je suis pur! je suis pur! je suis pur!»

Telles sont les paroles que le fidèle devait se sentir en état de venir articuler un jour en personne devant le tribunal de Dieu. C'est l'âme elle-même qui était chargée de décliner ses titres. La religion s'en remettait à elle. L'impression produite par cette institution devait être vive. Au moment de se laisser tenter par la paresse, par la fraude, par la violence, par le mensonge, l'homme était porté à réfléchir et à se dire: « Comment pourrai-je prononcer les paroles du rituel?» Il se rappelait involontairement le formulaire récité solennellement à chaque cérémonie funèbre, et qui ne pouvait manquer d'être présent à sa conscience comme à la mémoire de tous. Hors de cette condition, nul espoir d'être admis à la vie céleste, et la vie d'épreuve et de misère recommençait jusqu'à ce qu'enfin l'âme se fut mise en droit de rendre d'elle-même le témoignage voulu. N'y avait-il donc pas possibilité de racheter ses fautes par l'expiation et le repentir, et de se réhabiliter sans avoir besoin de repasser par une nouvelle existence? C'est ce que, dans l'état actuel de nos connais sances sur l'Égypte, on ne saurait décider sûrement, bien qu'il faille avouer que les textes que nous venons de citer paraissent assez clairement opposés à cette croyance consolante.

Du reste, Osiris, pour admettre l'âme dans son divin royaume, n'exige pas une innocence absolue, car on la voit demander à ses juges d'effacer ses fautes; mais s'il n'est pas nécessaire qu'elle soit exempte de toute faute, il l'est du moins qu'elle soit exempte de tout crime, et l'on voit reparaître ainsi cette différence légitime entre les actes coupables que le christianisme a également consacrée. Quelques articles de ce code de morale, que l'on peut surnommer le Décalogue égyptien, sont particulièrement délicats. On ne peut s'empêcher d'être touché de la défense d'imposer au travailleur au delà de sa tâche, de celle de calomnier l'esclave devant son maître, ou encore de celle de faire pleurer. Il y a là un sentiment élevé d'humanité. Les préceptes touchant la mansuétude à l'égard des animaux sont également d'une haute moralité, et la défense d'ôter le lait de la bouche des nourrissons rappelle celle que fait Moïse d'òter les épis de la bouche du bœuf qui foule les gerbes dans l'aire. On observera qu'il n'y a rien de spécial touchant les devoirs envers les parents, et peutêtre est-il permis d'attribuer cette lacune au même sentiment qui avait porté Solon à exclure de son code le parricide; car on sait que le culte de la famille, même en remontant aux ancêtres, était un des traits caractéristiques des mœurs de l'Égypte. Du reste, si-toutes les fautes ne sont pas textuellement indiquées dans cette récapitulation de conscience que Champollion nommait une confession négative, du inoins y sont-elles toutes implicitement comprises. La préparation à la vie céleste y est représentée par la victoire sur toutes les mauvaises passions. Dans une des hymnes, l'âme prononce, en parlant de la vie terrestre, ces belles et significatives paroles: « J'y suis venue en faucon et j'en sors en phénix. »

Rien dans la théodicée des Grecs et des Romains n'approche de la profondeur avec laquelle sont indiquées dans celle-ci la différence de la condition des bons et des méchants dans l'autre vie. C'est la privation de Dieu qui en fait le fond. A cet égard, le rituel des morts n'est qu'un développement de l'inscription déchiffrée sur une sépulture royale de la vingtième dynastie. « Ils n'appartiennent pas à

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FAIRE FORTUNE AVEC UNE SOURIS MORTE. Des marchands indiens causaient du commerce et de ses chances.

Ce n'est pas grande merveille, dit l'un d'eux, qu'un homme fasse fortune lorsqu'il débute dans les affaires avec un capital suffisant; moi, qui n'avais rien, je n'ai pourtant pas trop mal réussi. Voici mon histoire :

Mon père mourut avant ma naissance, et aussitôt de mauvais parents dépouillèrent ma mère de tout ce qu'elle possédait. Elle se réfugia chez une de ses amies presque aussi pauvre qu'elle. Ce fut là que je naquis. Longtemps nous vécûmes d'aumônes; mais lorsque je commençai à grandir, ma mère, malgré sa pauvreté, parvint à me faire donner un peu d'instruction. Quand je sus lire, écrire et compter, elle me dit :

« Tu es le fils d'un marchand. Il faut donc, mon fils, que tu commences dès maintenant à faire du commerce. Va trouver le changeur Visikala: c'est le plus riche marchand de la ville, et je sais qu'il aime à faire des avances à des jeunes gens pauvres, fils de marchands et de race pure. Tu demanderas à lui faire un emprunt. »

J'allai chez le changeur; mais ce fut pour l'entendre répondre avec dédain, à moi, fils de marchand :

«Tu vois bien à terre cette souris morte eh bien, un homme qui aurait de la chance ferait fortune rien qu'avec cela. Si je te prêtais une bonne somme, je crois que j'en attendrais longtemps l'intérêt; tu ne serais peut-être pas même en état d'en faire le compte. »

Je levai fièrement les yeux vers le changeur: « Je prends cette souris, lui dis-je. C'est un capital que tu me prêtes. » Et après lui avoir signé un reçu, je partis avec ma souris, tandis qu'il riait à mes dépens.

Je vendis la souris deux poignées de pois à un marchand qui la donna à manger à son chat. Je pilai ces pois, je pris une cruche d'eau, et, sortant de la ville, j'allai m'installer au bord d'un chemin, à l'ombre, sous un arbre. Passent des porteurs de bois bien fatigués; je leur offre très-poliment de l'eau fraîche à boire et des pois; chacun d'eux, en retour, me donne quelques morceaux de bois que je mets sur mon dos et que je vais vendre au marché.

Avec le prix, j'achète un peu plus de pois, et le lendemain je reviens attendre les porteurs et je recommence le

même commerce.

Je persévérai longtemps. Quand j'eus ainsi mis de côté un petit capital, j'achetai, trois jours de suite, tout le bois que ces gens portaient. Tout à coup survinrent de grandes pluies qu'on ne prévoyait pas. Le transport des bois devint impossible; j'en profitai pour vendre le bois que j'avais en réserve quelques centaines de panas. Avec cet argent, j'ai monté une petite boutique je n'ai pas mal mené mes affaires, et peu à peu je suis devenu riche. Alors j'ai fait faire une souris en or, et je l'ai envoyée au changeur Visikala comme remboursement de son prêt; il m'a donné sa fille en mariage. Je suis connu sous le nom de Mushaka (la Souris). Vous voyez donc qu'avec rien j'ai pu faire fortune. (')

LE MUSÉE DE PESTH.

Le Musée de Pesth se compose de collections d'histoire naturelle, d'une bibliothèque de 120 000 volumes, et de galeries d'antiquités, de sculptures, de peintures, et de

curiosités de diverses sortes. Fondé en 1802, par le comte Francis Szechienyi, qui fit don à la ville de sa bibliothèque et de sa belle collection de monnaies d'or, d'argent et de bronze, il a été successivement agrandi par les libéralités de plusieurs citoyens, notamment par celles de l'archevêque d'Erlau, Ladislas Pyrker, et du professeur Piller. Parmi les tableaux, les plus curieux paraissent être le portrait de Jean Ziska ('), de Mathias Corvin, roi de Hongrie; quelques peintures par Marco Basaiti, Gentile Bellini, Bonifazio Bembi, Lucas Kranach, et des toiles modernes qui font connaître les artistes hongrois contemporains: MM. Charles Karoly, Marko et Miklos Barabas, Lieder, Grimm, Giergi, Brocki, etc.

Dans la galerie des antiques, on voit des sculptures romaines, des poteries, des bronzes, des bijoux, des meubles, des instruments de musique rares. Un des objets les plus intéressants est un vase antique en verre soufflé, dont le couvercle porte des groupes de petits oiseaux, et dont le centre est entouré de lettres grecques formant des espèces de petites anses.

La collection des armes du moyen âge et de la renaissance est riche en œuvres d'orfévrerie et de joaillerie, et

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le nombre des races, des variétés de moutons est-il pour ainsi dire illimité, chaque pays en ayant souvent plusieurs très-distinctes. On peut voir dans les bêtes ovines les proportions varier, les prolongements frontaux manquer ou prendre les formes les plus dissemblables, le chanfrein de venir droit ou concave au lieu de rester convexe, la laine varier dans sa nature, dans sa longueur, disparaître même et être remplacée par un pelage ras en tout pareil à celui des mouflons.

Dans la gravure qui accompagne cette note, nous avons figuré quelques-unes des races les plus dissemblables, profitant de leur présence à Paris pour les faire connaître.

Les différences que nous sommes à même d'observer dans les races ovines sont dues à deux ordres de causes. Nous devons les races naturelles, c'est-à-dire celles à la constitution desquelles l'homme n'a pris qu'une part indirecte, celles qu'il a laissées se produire auprès de lui sans en avoir conscience, aux influences ambiantes, c'est-à-dire au climat, à l'altitude des lieux habités et à la manière de vivre. Au contraire, c'est à l'action intelligente et éclairée de l'homme, à des soins raisonnés, poursuivis pendant de longues suites d'années, qu'est due la formation des races artificielles, qui sont, pour ainsi dire, établies de toutes pièces dans un but déterminé, et ne sont conservées que grâce au traitement intelligent et judicieux dont elles sont l'objet.

Dans notre gravure, nous voyons des représentants de ces deux sortes de races: le mouton dit morvan, le mouton d'Abyssinie, nous offrent d'excellents exemples de races naturelles que l'homme a laissées se former auprès de lui; le mérinos d'Espagne, et mieux encore les modernes races de boucherie créées en Angleterre, nous fournissent des types remarquables de races artificielles.

Le mouton dit morvan, que les naturalistes désignent sous le nom de mouton à longues jambes (Ovis longipes), est peut-être, de tous les moutons, celui dont les caractères s'éloignent le plus de ceux que nous sommes habitués à attribuer aux espèces ovines. Haut sur jambes, osseux, ses proportions et ses formes rappellent plus la chèvre que le mouton; son cou et ses épaules portent une épaisse crinière qui achève de lui donner un aspect étrange; ses cornes, contournées horizontalement en spirale, sont en général assez pou développées, et manquent le plus souvent à la brebis. Les animaux de cette race ne portent pas de laine; ils sont couverts de poils courts, comme les mouflons, dont ils se rapprochent encore par la brièveté de leur queue. Leur chanfrein est busqué.

Ce curieux mouton se rencontre dans toute l'Afrique centrale, depuis le pays des Touaregs jusqu'à celui des Hottentots, de la côte orientale à la côte occidentale. Une variété d'une grandeur colossale (1,30 au garrot) habite l'Inde, où elle joue le même rôle que la variété africaine. Ce mouton sans laine donne à ses possesseurs du lait et de la viande; la nature ne lui a pas donné de toison: il n'en pouvait avoir besoin dans les chaudes régions où on le rencontre.

Un corps blanc, une grosse queue charnue, une tête petite et noire, des oreilles courtes, caractérisent le mouton d'Arabie et d'Abyssinie (Ovis melanocephala), qui est, comme le précédent, dépourvu de laine. Autant les formes du mouton morvan sont maigres et osseuses, autant celles du mouton à tête noire sont lourdes et empâtées. La peau, dans cette race, forme sous le cou un rudiment de fanon qui rappelle jusqu'à un certain point celui des boeufs.

Le mouton de Caramanie (Asie Mineure) appartient à la race ovine dite à large queue (Ovis lati ou crassicauda). De forte taille, bien conformée, de couleur blanche, marquée de noir autour des yeux et aux quatre pieds, le corps

couvert de laine, cette race présente des cornes horizontalement enroulées en spirale qui acquièrent un volume considérable. La queue atteint parfois, dans les moutons de Caramanie, des dimensions énormes. Au lieu de ne descendre que jusqu'au jarret, comme chez d'autres moutons à queue adipeuse, elle tombe assez bas pour traîner à terre, au point que l'on est obligé de la placer sur une planche portée sur des roulettes et attachée aux reins de l'animal ('). La graisse qui donne à la queue son volume est un mets fort estimé des habitants des pays où se trouvent ces singuliers animaux; elle est d'un goût fort délicat que nous ne saurions mieux comparer qu'à celui de la moelle de bœuf; conservée, cette graisse sert à accommoder les mets et remplace le beurre que nous employons usuellement.

Les moutons à grosse queue sont fort répandus en Afrique, dans l'Inde, à Madagascar; on en rencontre aussi quelques variétés dans la Russie méridionale.

Suivant les localités, ces animaux prennent certains caractères fixes et constituent de véritables races trèsdistinctes; parmi celles-ci, une des plus curieuses est celle des moutons à quatre cornes que nous avons figurée; l'animal qui a été représenté est originaire d'Algérie, où ce curieux dédoublement des prolongements frontaux se rencontre assez souvent.

Les moutons de Lietenburg et ceux des steppes hongroises ont entre eux les plus grands rapports; tous deux, originaires du même royaume, se rapprochent par la nature de leur toison; ils produisent une laine grossière, à mèches démesurément longues et très-frisées. Aussi ces mèches, au lieu de former une toison comme celles que nous voyons le plus souvent, retombent-elles à droite et à gauche de la ligne médiane du dos, superposées les unes aux autres comme les tuiles d'un toit. La longue laine de ces moutons cachant une partie de leurs membres, ils semblent très-près de terre. Ils sont d'ailleurs bien faits et justement estimés pour la qualité de leur chair.

Les bêtes ovines de Lietenburg vivent dans les plaines occidentales de la Hongrie, tandis que le mouton des steppes occupe les confins orientaux du pays; ces deux races diffèrent entre elles par les cornes celle de Lietenburg porte des prolongements frontaux très-développés et enroulés horizontalement en spirale; celle des steppes hongrois, et mieux encore celle de Valachie, a les cornes presque verticales et enroulées de telle sorte qu'elles ont l'aspect d'une corde tordue sur elle-même, l'axe de la spirale se trouvant dans la corne même au lieu d'être placé dans l'intervalle que laissent entre eux les différents tours de la corne enroulée, comme dans les quelques races dont nous avons parlé jusqu'ici.

Le mouton de Seeland, dépourvu de cornes, est remarquable surtout par la largeur, l'empâtement, pour mieux dire, de son chanfrein, fortement busqué. Originaire de l'ile de Seeland, en danois Siolland, cette race ovine, de grande taille, nous fournit un excellent exemple de ce que sont les moutons des pays humides et bas; tout en elle trabit son origine, car ses formes sont lourdes, ses os gros, sa laine commune et sèche; cette conformation permet de supposer que la viande de ces animaux est sans saveur et sans qualité.

Le mérinos d'Espagne que nous avons fait dessiner provenait de ces troupeaux transhumans qui passent l'hiver dans l'Estramadure et l'été sur les montagnes du Léon ou des Asturies; cette race ne diffère par aucun caractère essentiel de nos races mérinos françaises. La taille est un

() Voy. notre volume des Voyageurs anciens, p. 81.

En somme, agrandir ses pas de plus en plus sans perdre l'équilibre, chercher son aplomb dans de très-petits mouvements sous son centre, voilà tout ce qu'on devra tenter pendant quelque temps.

peu moindre que celle de nos gros animaux de Ram- | les pieds sont privés d'articulation à la naissance des orbouillet; sa conformation n'a pas été perfectionnée au même teils, et qu'on ne peut agrandir ses pas qu'en glissant å degré, mais la qualité de la laine ne laisse rien à désirer. l'aide d'un petit élan de l'un des pieds, que l'on ramène Les laines espagnoles continuent à tenir dans l'industrie de suite au corps sans lui laisser toucher la glace. le haut rang qu'elles avaient atteint alors que l'Espagne produisait presque seule les belles laines fines; aujourd'hui que les moutons mérinos sont répandus sur tout le globe, que l'acclimatation en a été faite en Australie, dans l'Amérique du Sud et presque partout, il n'est pas sans intérêt de considérer un de ces représentants des troupeaux espagnols, de ces troupeaux d'où sont sortis les animaux qui ont enrichi leurs inappréciables toisons par l'agriculture de tous les pays.

Nous regardons d'ailleurs comme d'un grand intérêt de pouvoir, lorsque l'occasion s'en présente, étudier et montrer les différentes formes auxquelles sont arrivées les espèces sujettes à l'action de l'homme. Aussi ne saurionsnous trop féliciter le Muséum d'histoire naturelle et le Jardin zoologique d'acclimatation du bois de Boulogne, qui poursuivent avec zèle la formation d'une collection d'animaux domestiques de tous les pays. Ce n'est qu'en conparant ce que sont devenus les animaux soumis à l'homme que nous pourrons mesurer l'intensité de l'action que nous avons sur la nature : « L'homme, dit Buffon, ne sait pas assez ce que peut la nature et ce qu'il peut sur elle. »

L'ART DE PATINER.

Faites choix d'une paire de patins bien proportionnés à la largeur et à la longueur de votre pied, d'une solidité à toute épreuve, et dont la garniture, faite en bandes de cuir, soit aussi simple que possible, très-forte, et toujours bouclée avec le plus grand soin.

La garniture à l'anglaise est très-solide, mais compliquée. La monture à la parisienne n'est autre chose qu'un soulier qui a pour semelle le bois et le fer du patin.

En commençant, on doit préférer des patins bas, épais, et dont le fer, court de bec, peu long, sera large à sa base on aura ainsi plus de chance de garder l'équilibre, et on s'exposera moins à accrocher les autres et soi

même.

Les patins dont les fers sont courbés et cannelés en dessous donnent aussi plus de solidité au patineur, mordent mieux la glace et surtout le verglas, mais ils n'aident pas à glisser avec aisance et vitesse, particulièrement quand la glace est fatiguée et neigeuse.

Tout fer de patin a deux carres ou angles: la carre qui est en dedans des pieds, la carre qui est en dehors.

Le coup de patin, quel qu'il soit, s'exécute toujours sur une des carres du patin.

Mais avant de faire un coup ou un pas de patin, il faut savoir marcher sur la glace.

Quand on descend pour la première fois sur la glace avec des patins, on ne doit avoir d'abord qu'une seule préoccupation: se maintenir en équilibre.

Dans ce but, après avoir attaché ses patins très-attentivement, de manière à ce qu'ils fassent étroitement corps avec les pieds et obéissent à leurs moindres impulsions, il faut prendre l'attitude suivante :

Se dresser sur ses patins sans roideur, le corps penché et porté en avant, les genoux un peu ployés, les deux pieds en dehors.

Une fois posé ainsi, on essaye de faire de très-petits pas en avant.

Après s'être rompu à cette marche pendant quelque temps, on rentre peu à peu la pointe des pieds en dedans, et l'on continue le même exercice, sans jamais oublier que

Il ne faut pas adopter, pour glisser, un pied de préférence à l'autre.

Dès qu'on aura acquis suffisamment d'aplomb et de hardiesse, on s'essayera à glisser d'un pied en avant du côté de la carre du dedans; c'est ce qu'on appelle faire un dedans en avant. C'est le pas le plus naturel.

Tout l'art de patiner dérive de quatre pas élémentaires, qui sont le dedans et le dehors en avant, et le dedans et le dehors en arrière.

Pour exécuter le dedans en avant, il faut se préparer å former une ligne courbe, surtout vers le bout qui doit la terminer; c'est-à-dire qu'après avoir pris l'élan convenable du côté où l'on veut aller, on se jettera doucement sur le pied choisi pour tracer cette courbe, et qui, relativement au corps qu'il porte, sera tourné en dehors. Ce pied qui a donné l'élan restera ensuite derrière, la pointe basse. Les genoux devront être bien tendus et tournés un peu en dehors. Dans cette attitude, on se laisse aller aussi longtemps que l'on a d'élan, à la fin duquel on rapetisse son cercle, que l'on termine ou recommence à volonté.

Cette pose du dedans est la même que l'on a en faisant un dehors en avant sur l'autre pied. Il n'y a qu'un changement de jambe qui différencie la situation du dedans et celle du dehors. Pour exécuter un dedans, il faut avoir le pied en dehors; et pour faire le dehors, il faut le tenir en dedans.

Ainsi, lorsque l'on veut faire un dehors en avant, on se donne l'élan convenable pour former aussi une courbe sur la carre du dehors; c'est-à-dire encore que la jambe droite, si c'est elle qui l'exécute, doit parcourir un demi-cercle qui finisse à droite, en observant que le pied qui pousse doit rester en arrière, la pointe basse à trois ou quatre pouces de hauteur de la glace, la cuisse faiblement appuyée contre l'autre, et surtout le genou tendu, car il est préférable de traîner le pied (ce qui pourtant n'est pas beau) que de ployer le genou; c'est ce qu'en terme de patin l'on appelle donner de l'éperon, et, à vrai dire, rien n'est plus désagréable à l'œil. En même temps le. corps doit se pencher mollement en avant, et se tourner un peu en dehors, ainsi que les deux bras, le gauche plus élevé que l'autre, mais tous les deux étendus également, les mains ouvertes, comme pour embrasser quelqu'un bras dessus, bras dessous.

Quand on aura exercé ce dehors à droite, et dans l'attitude qui vient d'être indiquée, on l'exécutera à gauche dans la position opposée, c'est-à-dire que l'on se poussera du pied droit pour glisser sur le gauche, le corps porté en avant et penché dans l'intérieur du cercle, les bras étendus et ouverts de ce côté.

Quand on est parvenu à exécuter le pas de dehors selon les principes et avec facilité, les autres pas ne demandent ordinairement plus que peu d'étude.

C'est ne savoir patiner qu'à moitié que d'être inhabile à exécuter en arrière tous les pas qu'on sait faire en

avant.

Pour patiner en arrière, on place la pointe des pieds en dedans, on porte en arrière le bas du corps, on se tient cambré, le buste droit, la tête haute, et, dans cette position, on s'essaye encore à faire d'abord de petits pas en arrière.

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