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lution; mais les bases de ce travail n'ayant point été suffisamment discutées lors de leur adoption, cette table a été rejetée. Les résultats qu'elle présente sont inutiles aux chimistes, parce que ce n'est pas seulement du chlorure de sodium qu'on ajoutait au salpêtre, mais encore une eau-mère qui contenait, en quantités indéterminées, des chlorures de calcium et de magnésium, des nitrates de ces bases, etc.

Lorsqu'on eut constaté que la table publiée par la Régie des Poudres ne donnait que des corrections fausses, on voulut en reconnaître la cause; c'est alors que Fourcroy et M. Vauquelin ramenèrent à un nouvel examen le phénomène observé par Lémery. (Ann. de Chim., XI, 125.)

M. Vauquelin publia, quelque temps après (Ann. de Chim., XIII, 86), un travail ayant pour titre : Expé¬ riences sur la dissolubilité du sel marin dans les dissolutions de différens sels neutres, etc. Ce célèbre chimiste ajouta de nouveaux faits à ceux qu'il avait fait connaître dans le Mémoire qui lui est commun avec Fourcroy. Je vais présenter ici ceux qui me semblent les plus notables.

Le chlorure de sodium précipite de leurs dissolutions: Le sulfate de soude, et le thermomètre s'est élevé

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centigr.

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Le chlorure de potassium, idem. ::
L'hydrochlorate d'ammoniaque, idem..
Le chlorure de barium, idem.

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Le chlorure de sodium ne précipite pas de leurs dissolutions:

Le sulfate de chaux, et le thermomètre a

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Le nitrate de potasse ne varie pas.

Le chlorure de sodium ne se dissout pas dans les dissolutions de nitrate de chaux et de chlorure de

calcium.

Le chlorure de sodium est plus soluble dans la dissolution de certains sels qu'il ne le serait dans l'eau distillée; c'est, par exemple, ce qui arrive avec les dissolutions de sulfate de chaux, de sulfate d'alumine.

M. Vauquelin fait remarquer que, dans aucun cas, le chlorure de sodium ne fait précipiter tout le sel de la dissolution saline avec laquelle on la fait agir.

Cet accroissement de dissolubilité du nitrate de potasse par le chlorure de sodium fut encore le sujet des recherches de plusieurs autres chimistes (1); mais aucun n'avait envisagé le phénomène sous le rapport de la théorie. M. Berthollet, qui, dans sa Statique chimique, a soumis à un nouvel examen un grand nombre de phénomènes, a tâché, le premier, d'indiquer les causes de celui-ci ; et c'est à l'action mutuelle des sels qu'il les a rapportées. (Tome I, page 51.)

(1) Annales de Chimie, t. XXIII, pag. 225,

C'est aussi à l'action mutuelle des sels que l'auteur rapporte la formation des eaux-mères incristallisables. (I, 52.)

Si c'est l'action mutuelle qu'exercent les sels qui est la cause de l'accroissement de solubilité du nitrate de potasse par le chlorure de sodium, il faut reconnaître cette force comme très-énergique; car je ferai voir, par la suite, que la dissolubilité du nitrate de potasse est augmentée de près de 53 pour 100, c'est-à-dire, qu'une quantité d'eau distillée qui n'aurait le pouvoir de dissoudre que 100 parties de salpêtre, en dissoudra 152,64 lorsqu'il y aura en présence une suffisante quantité de chlorure de sodium. Si les eaux-mères sont dues à l'action mutuelle des sels, ce sera une des plus fortes que les chimistes doivent considérer; car il arrive un terme où l'eau-mère se prend en masse plutôt que de laisser séparer le sel cristallisable, quoique celui-ci soit en plus grande quantité que l'eau du liquide n'en pourrait retenir si elle ne contenait point d'autres sels (1). Mais pour que l'action des molécules salines s'opère, il faut qu'elles puissent se mouvoir: or, la viscosité des eauxmères est un obstacle à leur mouvement. Aussi n'obtient-on que des cristaux très-ténus dans la dernière

(1) J'ai fait dissoudre du salpêtre très-pur dans une dissolution de nitrate de chaux pure; lorsqu'après plusieurs cristallisations il ne m'a plus été possible d'obtenir du nitre par ce moyen, j'ai constaté que la liqueur à 5° centigrades se trouvait contenir : eau, 17,26; nitrate de chaux, 16,33; salpêtre, 5,57, c'est-à-dire, plus du double de salpêtre que 17,26 d'eau ne peuvent dissoudre à cette température.

cristallisation du nitrate de potasse, mêlé avec des sels déliquescens. Mais M. Berthollet, bien loin de regarder comme énergique l'action mutuelle des sels, ne la considère, au contraire, que comme très-faible. (I, 225.)

Si l'action était mutuelle, elle serait exercée par le nitrate de potasse sur le chlorure de sodium, comme l'on pense que cela arrive dans l'inverse: or, il n'en est pas ainsi; car je me suis assuré que le nitrate de potasse n'augmente que très-peu la dissolubilité du chlorure de sodium.

En faisant d'autres considérations de ce genre, je soupçonnai bientôt la cause du phénomène que j'attribuai à la décomposition réciproque des deux sels; et l'expérience confirma ce que j'avais prévu; car, ayant mêlé ensemble 33 parties de nitrate de soude et 33 parties de chlorure de potassium, j'obtins, par une première cristallisation, 28 parties de nitrate de potasse. Après avoir ainsi vérifié la justesse de mes soupçons, je ne poussai pas plus loin l'expérience, et je laissai dans l'oubli l'explication du phénomène. Mais aujourd'hui que, par des travaux que j'ai faits subséquemment, je crois pouvoir, au moyen de cette théorie, amener des changemens heureux dans l'art du salpêtrier, je vais appeler l'attention sur ce sujet.

Je me suis d'abord attaché à reconnaître la quantité de nitrate de potasse dont des quantités variées de chlorure de sodium favorise la dissolution. Je vais présenter ici le résultat de ces recherches; il pourra servir aux chịmistes et aux personnes qui s'occupent de travaux sur le salpêtre, pour apprécier, sans analyse, la quantité de nitrate de potasse et de chlorure de sodium que contient

une dissolution de ces deux sels, lorsqu'elle est saturée du premier.

J'ai opéré à 18 degrés centigrades, et toutes les liqueurs y ont toujours été ramenées. A cette température, la pesanteur spécifique d'une dissolution saturée de salpêtre est de 1,151, et se compose de :

Eau, 78,37;

Salpêtre, 21,63.

La première colonne présente la quantité de dissolution de salpêtre employée; la seconde, celle du sel marin ajoutée; la troisième, celle du salpêtre dissous à la faveur du sel marin; la quatrième, celle du salpêtre primitivement dissous; la cinquième, le total du salpêtre que contenait la liqueur, soit celui primitivement dissous, soit celui que le sel marin a fait dissoudre ; enfin, la sixième présente la pesanteur spécifique des dissolutions de salpêtre et de chlorure de sodium.

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Le dernier résultat présente le maximum de nitrate de potasse et de chlorure de sodium que peut contenir

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